LA MEDECINE DU SEMBLABLE


De la pathologie générale les médecins ne connaissent que les symptômes descriptifs des maladies et les signes de souffrance des malades: toux, douleur, vomissements, diarrhée, gêne respiratoire. En dehors de leur valeur d'orientation diagnostique ces symptômes sont considérés comme des réactions passives, des manifestations nuisibles ou indésirables (mais de toute façon inutiles) qu'il faut combattre pour rétablir le bien-être du patient et obtenir sa guérison (ou du moins les apparences de la guérison).

Or la maladie, ce n'est pas tant ce que subit le malade que sa manière de réagir. Le malade est plus que le support d'une maladie (qui n'existerait pas sans lui). Comme toutes les manifestations de la vie la maladie a un aspect dynamique; c'est la résultante de processus de défense qui visent à rétablir l'équilibre toujours précaire des fonctions vitales. Le déroulement d'une maladie est le résultat des efforts d'adaptation d'un organisme confronté à des besoins nouveaux. Les symptômes, les manifestations réactionnelles, les modalités de défense des malades méritent d'être étudiés pour être mieux compris et pour servir de base à un traitement plus efficace, individualisé; depuis cent soixante ans l'expérimentation sur l'homme de nombreuses substances médicamenteuses a permis de les reproduire.

La douleur et l'infection sont deux motifs fréquents de consultation...

Quels que soient son siège, sa cause, sa nature, son intensité la douleur est souvent le premier symptôme de la maladie; le symptôme le plus significatif, celui qui attire l'attention, qui amène à consulter, qui oriente l'examen vers un organe précis et qui permet d'orienter le diagnostic vers une lésion, ou un trouble de la motricité (spasme des viscères ou des muscles soumis à la volonté) ou un trouble sécrétoire ou enfin un trouble au niveau de la transmission de l'influx nerveux (névralgie par exemple). La douleur est un symptôme qui renvoie à une cause qu'il faut rechercher mais c'est aussi le type même du symptôme considéré comme une manifestation à combattre.

La connaissance des maladies infectieuses a été bouleversée par les progrès de la microbiologie inaugurée par Pasteur. La diversité des espèces microbiennes explique la diversité des maladies infectieuses, le pouvoir pathogène spécifique des bactéries et des virus et leur tropisme expliquant la diversité des lésions et de leurs localisations.

L'originalité de la pneumonie (maladie due au pneumocoque), de la blennorragie (gonocoque) ou de la méningite cérébro-spinale (méningocoque) est bien due à l'action du germe en cause. L'inoculation à un animal réceptif (cobaye ou souris) d'une dilution bactérienne permet de reproduire chez cet animal une maladie analogue à celle qui est observée chez l'homme; et le même germe est retrouvé dans les tissus de l'animal au cours de son autopsie.

Et cependant l'agent microbien n'est pas tout. Hors des conditions de laboratoire, il ne fait pas à lui seul la maladie. Au cours d'une épidémie de grippe, tous les membres d'une collectivité sont exposés au même risque de contamination par­ce que tous côtoient le virus de la même façon, mais il y a beaucoup plus de contaminés que d'infectés; que de malades. Ne font une maladie clinique que ceux qui en raison d'une déficience de leur état général doivent lutter pour s'opposer à l'imprégnation de l'organisme par le virus; que les individus réceptifs et vulnérables qui doivent lutter pour repousser l'agression. Les autres (bien portants) ne présenteront pas de manifestation morbide; le virus tenu en respect par un système de défense efficace ne semble avoir aucune prise sur leur organisme, et cependant beaucoup d'entre eux feront une maladie (réelle mais inapparente) attestée par le virage à quelques semaines d'intervalle des réactions sérologiques, témoin de l'immunité récemment acquise.

Dans la genèse d'une maladie l'agent microbien est donc moins important que le terrain sur lequel il se greffe. La maladie n'existe pas en l'absence d'une réaction de l'organisme, réaction dynamique orientée vers le retour à l'état de santé antérieur. L'existence d'individus protégés contre la virulence des germes qu'ils transportent et contre leur pouvoir de prolifération le prouve. Ces individus sont des porteurs de germes qui ne sont pas pathogènes pour eux (en raison de la résistance offerte par leur «terrain» et par leur bon état général) mais ces germes peuvent être pathogènes pour autrui à la faveur de mauvaises conditions organiques.

Le déroulement d'une maladie est toujours conditionné par l'état général du malade, mais les symptômes du malade ne traduisent pas seulement son degré de moindre résistance, son état de faiblesse (les lésions sont d'autant plus graves et diffuses que le fléchissement de l'état général est plus important). Par leur intensité et par leur efficacité les symptômes du malade permettent d'apprécier sa capacité de résistance. Par leurs modalités ils permettent à l'observateur averti d'identifier les processus de guérison mis en œuvre par l'organisme et ces processus ont pour nom: L’inflammation (aux très nombreuses formes histologiques), la congestion, l'exsudation, la suppuration, l’ulcération et la fistulisation, la nécrose, la sclérose et la fibrose, l'ankylose, la prolifération tumorale (tumeurs bénignes ou malignes) etc... altérations des tissus qui doivent être considérés comme des mécanismes de guérison avant d'être traitées en lésions à combattre; maladies réactionnelles et processus dynamiques de guérison qui ont été reproduits par l'expérimentation chez l'homme en bonne santé de centaines de substances médicamenteuses.

De l'analyse des syndromes ainsi reproduits et analysés est résultée une meilleure connaissance des états intermédiaires entre le normal et le pathologique, entre l'état de santé et la maladie cataloguée, entre le tableau clinique de la réaction précoce de défense et le tableau de la lésion constituée. Et ces milliers de syndromes expérimentaux ont été recueillis en une œuvre clinique monumentale qui est devenue la base d'une méthode thérapeutique: L'HOMÉOPATHIE.



QU'EST-CE QUE L'HOMÉOPATHIE?


L'Homéopathie est à la fois une méthode d'analyse des symptômes du malade (une sémiologie) et une méthode thérapeutique qui utilise des microdoses, des dilutions convenablement préparées de substances médicamenteuses douées d'un pouvoir pathogène expérimental.

L'Homéopathie est à la fois un moyen d'analyse des réactions du malade et un moyen pharmaco-dynamique de les utiliser pour activer sa guérison.

L'Homéopathie est une méthode thérapeutique qui exige à la fois le semblable (au stade du diagnostic médicamenteux) et l'infinitésimal (pour utiliser l'activité pharmaco-dynamique spécifique de chaque remède).

L'Homéopathie peut être définie comme une méthode thérapeutique qui consiste à administrer (à doses infinitésimales) à un malade déterminé la substance capable de reproduire expérimentalement (à doses pondérables, chez un sujet sain) la même maladie ou le même ensemble de troubles; c'est-à-dire la substance capable de reproduire chez un sujet sain la maladie expérimentale la plus semblable à la maladie clinique à traiter, parce que affectant le même organe ou le même groupe de cellules, suivant un processus analogue.

Cette méthode thérapeutique est l'application d'une loi, dite de similitude (les semblables sont guéris par les semblables) entrevue par Hippocrate trois siècles avant Jésus-Christ et redécouverte au début du siècle dernier par un médecin originaire de Saxe: Samuel Hahnemann, né à Heissen en 1755, mort à Paris en 1843, à l'âge de quatre-vingt-huit ans.

La double découverte de Hahnemann a été, d'une part, de constater qu'une maladie naturelle pouvait être traitée et guérie par une substance capable de provoquer une maladie artificielle semblable, chez un sujet sain; et d'autre part, de démontrer que la dilution de plus en plus poussée, jusqu'à l'infinitésimalité, de substances quelconques (même inertes comme la silice) pouvait faire apparaître des propriétés pharmaco-dynamiques nouvelles, insoupçonnées, d'une prodigieuse efficacité sur un organisme en état de réceptivité, sensibilisé par une affection bien déterminée.

C'est en 1790 que Samuel Hahnemann découvrit la loi de similitude. Déçu par l'exercice en clientèle d'une médecine peu efficace, il s'était consacré à la traduction d'ouvrages scientifiques étrangers.

Alors qu'il lisait la «Matière Médicale», de Cullen, célèbre médecin écossais du XVIII ème siècle, il fut frappé par l'incohérence des explications de l'auteur concernant le mode d'action thérapeutique du quinquina dans les états fébriles intermittents.

Il expérimenta le remède sur lui-même; et—probablement sensibilisé au quinquina par le paludisme—il eut la surprise de constater que l'absorption prolongée de quinquina à doses fortes provoquait chez lui les symptômes d'une fièvre intermittente, semblable aux accès fébriles guéris par le remède.

Il reprit sur lui-même et sur son entourage l'expérimentation d'autres substances telles que la belladone, le mercure, la coque du levant, la digitale... et put vérifier ainsi l'universalité de la loi de similitude.

En traitant ses malades, il fut amené empiriquement, pour obtenir les meilleurs résultats thérapeutiques, à utiliser des dilutions de plus en plus poussées du remède individualisé.

En 1810, Hahnemann publiait le résultat de ses travaux dans la première édition de son Organon, ouvrage qui renferme l'exposé historique de la doctrine homéopathique. Et en 1828 le «Traité des Maladies Chroniques» exposait ses conceptions sur les grandes diathèses, notions doctrinales encore admises par tous les homéopathes traditionalistes.

Nul n'ignore les effets provoqués par l'absorption excessive de café: insomnie, hypersensibilité nerveuse, hyperactivité cérébrale et corporelle.

Le sujet entend les moindres bruits; devient très sensible aux odeurs; lit avec plus de facilité, même les caractères fins d'imprimerie (hyperactivité sensorielle).

Afflux d'idées, de pensées; projets d'avenir; promptitude à l'action (hyperactivité cérébrale).

Etat d'euphorie avec augmentation du tonus et du rendement musculaire (hyperactivité du corps).

Cette exaltation de processus physiologiques normaux détermine une insomnie particulière, insomnie qu'on retrouve en pratique courante en dehors de toute absorption de café: après une journée marquée par une surprise joyeuse, un événement heureux, un succès professionnel ou sentimental.

A une personne souffrant d'une telle insomnie, prescrire une infusion de café ou une formule médicamenteuse renfermant de la caféine serait un non-sens, mais l'expérience prouve que le café prescrit en hautes dilutions, à doses infinitésimales, guérit rapidement et simplement un tel malade, par régulation de ses fonctions cérébrales et sensorielles.

Innombrables sont les substances de toute origine (minérale, végétale, et même organique) qui portent en elles, de la même façon un pouvoir thérapeutique latent qui ne peut être révélé que par le procédé de dynamisation en hautes dilutions et dont ne peut bénéficier que le malade présentant les mêmes symptômes que ceux développés par l'expérimentation du remède.

Pour étudier le remède homéopathique dans ses indications cliniques, ses modalités de prescription et son mode d'action, une substance végétale universellement connue comme l'oignon, ou Allium cepa (famille des Liliacées), est un bon choix.

Allium cepa a été étudié pour la première fois en tant que remède homéopathique par un disciple de Hahnemann au siècle dernier: Hering, autour d'une monumentale matière médicale homéopathique en dix volumes.


QU'EST-CE QU'UNE PATHOGÉNÉSIE?


La pathogénésie est la description des troubles observés chez un individu sain après administration d'une substance à doses nocives pendant un temps suffisamment prolongé.

La pathogénésie est beaucoup plus qu'un fouillis de symptômes sans lien apparent. La pathogénésie est le reflet de l'activité d'un organe ou d'un groupe de cellules ou d'une fonction vitale, et le but de l'expérimentation pathogénétique est de reproduire les mécanismes naturels par lesquels un organisme soumis à un type précis d'agression réagit pour satisfaire de nouveaux besoins.

Tableau d'un empoisonnement progressif (à doses subtoxiques) par une substance déterminée, elle permet de reconstituer la genèse d'une maladie clinique ayant même affinité tissulaire, mêmes modalités lésionnelles et symptomatiques, même déroulement chronologique.

L'administration d'une substance médicamenteuse n'acquiert de valeur expérimentale que dans la mesure où elle laisse à l'organisme le temps de réagir, de créer une véritable «maladie» d'adaptation, de défense, spécifique d'un certain type d'agression.

En corollaire, croire qu'un empoisonnement aigu par un corps toxique (arsenic ou plomb, par exemple) puisse être guéri radicalement par la même substance prescrite en dilution homéopathique, est une grossière erreur. Le malade empoisonné massivement ne présentera jamais les symptômes réactionnels (de défense) de l'expérimentateur.

Une substance en dilutions homéopathiques n'est jamais l'antidote d'un corps toxique. Tabacum (le tabac) n'est pas le remède désintoxiquant des fumeurs invétérés mais le remède des grands syndromes de vagotonie, qu'ils soient consécutifs ou non à une intoxication par le tabac.

Pour la description d'une pathogénésie, l'expérimentateur —en général un médecin, excellent clinicien—note tous les symptômes dans leur ordre d'apparition. Analyse soigneusement toutes les manifestations psychiques, affectives ou sensorielles provoquées par l'administration continue du remède. Les classe par organe ou par appareil; par ordre d'importance. Note leurs modalités d'aggravation ou d'amélioration. Compare enfin ses observations personnelles avec les descriptions publiées par d'autres expérimentateurs de façon à obtenir un portrait, un tableau anatomo-clinique aussi exact et aussi précis que possible du remède, en éliminant les symptômes inconstants ou de peu d'importance.

Certaines pathogénésies d'ailleurs ne se développent normalement que chez des sujets sensibilisés au corps étudié. Ainsi la poudre de Lycopode, substance inerte par excellence puisque utilisée en pharmacie comme excipient de pilules et en dermatologie comme topique protecteur n'exerce ses effets physiopathologiques extrêmement puissants que chez des expérimentateurs prédisposés aux troubles hépatiques.

Pour certaines pathogénésies enfin il est tenu compte des tableaux cliniques d'intoxication volontaire ou accidentelle (crime ou tentative de suicide...).

Toutes les substances n'ont pas la même capacité de créer des maladies réactionnelles expérimentales. Les pathogénésies les plus intéressantes (parce que d'utilisation courante) sont celles qui ont pu être développées par l'administration prolongée de plantes aux alcaloïdes très actifs (la belladone, la noix vomique, la fève de Saint Ignace, les éllébores...) ou de substances très toxiques: minérales (l'arsenic, le mercure, les acides minéraux...) ou organiques (les venins...).

L'intérêt de ces expérimentations lentes à doses peu toxiques est de laisser à l'organisme le temps de réagir. Les pathogénésies ne sont pas le témoignage d'un état de souffrance ou de dérèglement organique mais l'expression clinique d'un processus intime de guérison bien adapté à une certaine forme d’agression extérieure et leur grand nombre révèle la diversité des mécanismes par lesquels l'organisme assure la régulation de l'activité de ses organes et coordonne leur fonctionnement.

Les pathogénésies créent un lien entre des maladies très différentes d'aspect ou de causes diverses mais proches («semblables») par la façon de réagir de l'organisme affecté. C'est ainsi que la maladie réactionnelle expérimentale (la pathogénésie) du Raisin d'Amérique ou Phytolacca correspond à des affections aussi disparates cliniquement (et sans lien apparent) que les angines, les adénomes des seins, les kystes des ovaires, les névralgies ovariennes, affections observées simultanément chez beaucoup de femmes prédisposées.

Là où le profane ne voit qu'un fouillis de symptômes sans lien apparent le médecin homéopathe recrée mentalement une entité représentative d'une certaine forme universelle de guérison et de défense. De même que les dosages de laboratoire sont le reflet quantitatif de l'activité sécrétoire des organes glandulaires, de même que les hémogrammes sont le reflet quantitatif de l'activité des cellules sanguines, de même les symptômes pathogénétiques sont le reflet qualitatif d'une certaine activité des organes et des tissus

Expression de la défense d'un organisme malade, la pathogénésie permet de décrire à côté de la sémiologie traditionnelle (les symptômes descriptifs des maladies) une clinique plus approfondie dont les symptômes sont moins de signes de souffrance que des modalités réactionnelles de malades.

Les pathogénésies sont des entités cliniques qui n'entrent dans aucun cadre nosollogique classique. Leur signification n'est pas descriptive (de maladie) et statique mais dynamique et caractéristique d'un certain comportement de malade.

L'expérimentation de Allium cepa (l'oignon) crée chez un individu sain une inflammation aiguë des voies respiratoires supérieures avec catarrhe oculo-nasal et une irritation spasmodique hypersécrétoire des muqueuses des paupières et du nez.

Syndrome nasal: éternuements fréquents, coryza aqueux abondant goutte à goutte, irritant pour les narines et la lèvre supérieure.

Syndrome oculaire: irritation des yeux avec rougeur et photophobie, douleurs piquantes, larmoiement abondant mais doux, non irritant.

L'expérimentation plus poussée du remède aboutit à une inflammation du larynx: enrouement avec toux spasmodique, annoncée ou déclenchée par un chatouillement laryngé obligeant le malade à porter la main à son cou.

A un stade expérimental ultime apparaissent des douleurs névralgiques peu étendues, «filiformes», semblables à ces douleurs lancinantes qu'on observe après un traumatisme ou au niveau des moignons d'amputation.


MODALITES


L'expérimentation d'une substance médicamenteuse ne reproduit pas seulement les symptômes d'une maladie réactionnelle mais permet également de mettre en valeur l'influence de l'environnement et des modalités d'amélioration ou d'aggravation sur les symptômes du malade.

Beaucoup de troubles et même de lésions sont influencés par l'environnement. Il n'est pas inutile pour un médecin traitant de savoir que telle douleur est calmée par le froid et telle autre par la chaleur; que certaines douleurs sont améliorées par l'immobilité absolue ou par la pression forte, et d'autres par le mouvement et même l'agitation; que certaines douleurs rhumatismales apparaissent aux changements de temps et que d'autres sont aggravées par l'humidité sous toutes ses formes; que les troubles caractériels, les variations de l'humeur peuvent être en rapport avec certaines formes d'insuffisance digestive ou avec des maladies de peau ou avec des troubles des règles, etc...

La pathogénésie s'intéresse à toutes les modifications du comportement réactionnel des malades lorsqu'elles sont dues à l'influence des conditions extérieures, atmosphériques, climatiques, saisonnières (humidité, température, etc...); des conditions psychologiques (toutes les émotions, colères, peurs, angoisses...) ou des conditions sensorielles (la vue, le toucher, l'odorat, l'ouïe, le goût) ou de l'alimentation. Ou encore aux aggravations ou améliorations par le mouvement ou le repos ou la position. Enfin à la périodicité ou à la latéralité dominante des symptômes.

Pour Allium cepa, les modalités essentielles du catarrhe oculo-nasal sont: une apparition plus fréquente au printemps; et après une exposition à un temps froid et humide. Une amélioration des troubles en plein air, ou dans une chambre froide.


COMPARAISONS


L'expérimentation de l'oignon (Allium cepa) reproduit donc un tableau de coryza aigu. Parmi les quelque deux mille remèdes homéopathiques expérimentés une centaine d'entre eux renferment dans leurs pathogénésies un syndrome aussi banal. Comment choisir et sur quelles bases?

La prescription d'un remède homéopathique ne doit pas être décidée sur une simple similitude de maux, sur la recherche d'une concordance littérale parfaite entre les symptômes du malade et certains symptômes (extraits parmi beaucoup d'autres) du tableau expérimental d'un remède.

Le médecin doit garder une vision claire et précise des propriétés pharmaco-dynamiques de tous ses remèdes.

Ne doivent être retenus comme remèdes d'un état pathologique que ceux qui présentent une similitude symptomatique globale, et surtout mêmes caractéristiques physiopathologiques d'ensemble.

En pratique médicale courante, il n'existe que deux remèdes susceptibles d'être confrontés avec Allium cepa, en raison de leur affinité pour les voies respiratoires, supérieures; Euphrasia et Sabadilla.

Euphrasia provoque chez le sujet sain une inflammation catarrhale aiguë des yeux et du nez. Mais l'inflammation prédomine au niveau des paupières et des conjonctives, où elle détermine un larmoiement très irritant, excoriant; alors que le coryza aqueux, s'écoulant goutte à goutte ne l'est pas. Donc: prédominance du catarrhe oculaire, modalité inverse de celle d’Allium cepa.

Sabadilla provoque chez l'expérimentateur au niveau de ces mêmes muqueuses rhino-pharyngées et oculo-palpebrales une action beaucoup plus spasmodique qu'inflammatoire.

Eternuements spasmodiques paroxystiques avec larmoiement et coryza aqueux abondant, aggravés par les odeurs (fruits et fleurs) avec « démangeaisons très particulières à la voûte du palais, obligeant le malade à coller sa langue au palais pour empêcher la crise».

Sabadilla est le remède type du coryza spasmodique ou du rhume des foins.


DILUTION


Le choix du remède est donc simple et logique. Comment prescrire?

C'est d'une façon empirique, involontaire pourrait-on dire, que Hahnemann fut amené à utiliser des dilutions de plus en plus poussées de ses remèdes.

Il avait remarqué que l'administration des remèdes homéopathiques provoquait à dilutions moyennes des symptômes d'aggravation immédiate par effet cumulatif toxique (aggravation différente de l'aggravation médicamenteuse réactionnelle favorable, temporaire, observée au début du traitement d'un état chronique).

Prescrire à un malade atteint de coryza spasmodique ou infectieux une teinture officinale de Allium cepa sous forme d'inhalations ne ferait qu'aggraver son état! Il est donc nécessaire—pour obtenir un effet thérapeutique—de traiter la substance expérimentée, de «l'atténuer» par des déconcentrations successives.

Voici quelle était la technique historique de Hahnemann pour la préparation de ses dilutions infinitésimales.

C'est «par un procédé qui lui est propre et qu'on n'avait jamais essayé avant elle (que) la médecine homéopathique développe tellement les vertus médicinales dynamiques des substances grossières qu'elle procure une action des plus pénétrantes à toutes, même à celles qui avant d'avoir été traitées ainsi—n'exerçaient pas la moindre influence médicamenteuse sur le corps de l'homme.

On prend deux gouttes du mélange à parties égales d'un suc végétal frais avec de l'alcool; on les fait tomber dans 98 gouttes d'alcool et on donne deux fortes secousses au flacon contenant le liquide.

On a ensuite 29 autres flacons aux trois quarts remplis de 99 gouttes d'alcool et dans chacun desquels on verse successivement une goutte du liquide contenu dans le précédent, en ayant soin de donner deux secousses à chaque flacon. Le dernier—ou trentième—renferme la dilution au décillionième degré de puissance, celle qu'on emploie le plus souvent. (Hahnemann, Organon de l'Art de guérir, § 269-271).

Comme on peut le constater, Hahnemann recommandait:

1° - De préparer les remèdes par dilutions successives et par flacons séparés. La quantité de solvant ou de liquide-véhicule nécessaire à la préparation d'emblée d'une dilution à la quatrième centésimale (soit 1/100.000.000 de gramme de substance active) serait de 100.000 litres.

2° - D'imprimer à chaque flacon, à chaque opération successive deux secousses pour assurer «l'homogénéité" de la dilution. Mais vers la fin de sa vie, il recommanda d'augmenter le nombre de «secousses» à effectuer entre chaque dilution. Quel est. en effet, le temps essentiel dans la préparation du remède homéopathique? Est-ce la «déconcentration» de la substance active; n'est-ce pas plutôt la « succussion» théoriquement destinée à assurer la simple homogénéisation des dilutions successives ? Il est certain que l’agitation brutale d'une solution entraîne des modifications physico-chimiques de structure moléculaire. La verdunisation le prouve.

La verdunisation est cette méthode de stérilisation des eaux (par dissolutions successives d'hypochlorite de soude avec brassage de l'eau à traiter), qui a été découverte à Verdun pendant la première guerre mondiale. Cette méthode de stérilisation permet de désinfecter les eaux de boisson avec des doses minimes de chlore qui seraient inefficaces par simple contact.

Les molécules d'un corps s’organisent selon des architectures complexes et il est probable que la dynamisation (c'est-à-dire le traitement d'une substance par dilutions et succussions successives) entraîne des modifications importantes de l'organisation spatiale de ces molécules.

Pour expliquer les propriétés énergétiques nouvelles des remèdes homéopathiques (prescrites à l'état de traces impondérables) la fragmentation ou la dissociation de la matière semble un temps plus important que sa raréfaction, que sa déconcentration...

Cette fragmentation n’entraînerait-elle pas la libération d'une certaine énergie, ou la libération de principes actifs nouveaux, grâce à une transformation de la structure moléculaire que la science n'a pas encore étudiée? Les principes qui régissent les rapports existant entre la structure moléculaire et les propriétés dynamiques des remèdes dilués sont encore à étudier. En biologie moléculaire, la structure spatiale a une importance aussi grande que la nature de l'élément chimique. Plusieurs exemples le démontrent.

L'exemple le plus simple, celui qui vient immédiatement à l'esprit, est celui des propriétés différentes des formes isomères d'un corps, formes qui diffèrent par une symétrie de structure par rapport à un plan.

Le pouvoir de transmission des caractères héréditaires d'un embryon, inscrit dans la formule physico-chimique des acides ribonucléiques des gamètes mâle et femelle en est un autre exemple.

Tous les caractères héréditaires qui différencient un individu de son voisin sont fixés (dès la conception) dans la formule d'un corps simple: L’acide désoxyribonucléique. Comment les nuances morphologiques et caractérielles, comment les imperfections physiques (souvent minimes) et les prédispositions à certaines maladies qui caractérisent l'héritage transmis par les ascendants à leur progéniture pourraient-elles être fixées à l'intérieur des cellules sexuelles autrement que par une modification de l'arrangement spatial des molécules des six corps chimiques simples qui composent cet acide organique?

Les acides aminés qui forment la totalité des protéines ne sont au nombre que d'une vingtaine. Comment expliquer l'extraordinaire variété histologique des tissus dans la composition desquels entrent les protéines autrement que par une modification de l'assemblage de ces acides aminés?

A l'intérieur d'une espèce animale, les caractéristiques morphologiques des races et des familles ne sont pas inscrites dans des substances chimiques de formule différente mais sont liées à une disposition architecturale différente des molécules composant les gènes; à un enchaînement différent des nucléotides porteurs de l'hérédité.

Le «programme» de développement de l'organisme à naître est fixé à l'intérieur des acides ribonucléiques de l'ovule fécondé; et tout ce qui est nécessaire pour faire d'une cellule embryonnaire un fœtus, un enfant, un adolescent, un adulte apte à procréer... tout ce qui fera de cet être humain un individu marqué par l'héritage physique, psychique, et pathologique de ses parents est inscrit dans des gènes, c'est-à-dire dans des fragments d'acide désoxyribonucléique (ADN) le long desquels sont codées les informations nécessaires à la fabrication des protéines par les cellules et toute agression physique ou physico-chimique susceptible de porter atteinte à cette disposition des nucléotides, dans l'espace provoquera le développement de monstruosités anatomiques, de malformations, en dehors de toute altération de la formule chimique des éléments constituant les cellules embryonnaires!

Le mode d'action des acides ribonucléiques capables de «programmer» l'existence d'un être vivant est bien de nature dynamique, énergétique, hors des lois communes d'activité physico-chimique et de proportionnalité des effets aux doses de la matière brute, à l'état pondéral. Et l'activité pharmacodynamique des remèdes homéopathiques est de même nature.

C'est bien la structure physico-chimique du gène qui conditionne son pouvoir à l'échelle de la cellule. C'est dans la forme physico-chimique des remèdes homéopathiques traités par dynamisation que réside leur pouvoir thérapeutiques à l'échelle de l'infinitésimal.

La matière et l'énergie représentent les deux états extrêmes que peut occuper un élément et il est admis que tous les éléments ou corps simples peuvent se transformer en énergie par désintégration. Tout semble indiquer que les remèdes homéopathiques se trouvent sous une forme intermédiaire entre l'état matériel (pondérable) et l'état énergétique, et agissent directement sur l'organisme sans devoir être assimilés ou transformés par des processus métaboliques.

L'empirisme montre que la succussion en milieu très dilué est capable de modifier radicalement les propriétés pharmacodynamiques d'une substance médicamenteuse. Le remède homéopathique n'agit plus par sa masse (qui est réduite à l'état de traces infinitésimales); le remède homéopathique n'agit plus par sa matière (qui a pratiquement disparu aux hautes dilutions...); le remède homéopathique agit par une certaine forme d'énergie qui est apparue, qui s'est développée au cours des opérations successives de dilution-dynamisation, énergie « marquée» par les caractéristiques pathogénétiques de la substance non traitée.

Le fait de disperser une substance à l'état de traces à l'intérieur d'une masse considérable de solvant en mouvement confère à ces traces impondérables (très proches du stade de la dissociation de la matière) un pouvoir énergétique nouveau que ne possèdent pas les éléments constitutifs de la substance brute lorsqu'ils sont fortement liés les uns aux autres. Et la différence qui sépare le corps chimique à l'état brut et inerte de ce même corps transformé en énergie peut être parcourue par paliers en passant par des états intermédiaires correspondant à des dilutions-dynamisations de plus en plus poussées.

Comme les acides ribonucléiques, les remèdes homéopathiques orientent, contrôlent et activent l'énergie des cellules et des organes. Chaque remède joue le rôle d'un activateur d'une fonction très précise (et cette action dynamogénique se manifeste en dehors des lois quantitatives de l'action de masse), mais cette action ne peut se manifester que si l'énergie potentielle du remède se trouve en concordance avec la forme d'énergie profonde mise en action par le système de défense de l'organisme malade. Cette action ne peut se manifester que lorsque l'énergie du remède «rencontre» une énergie «semblable» développée par l'organisme.

S'il fallait un autre exemple du rôle joué par l'état de dissociation physico-chimique d'une substance médicamenteuse dans son activité biodynamique, nous choisirions l'exemple des eaux minérales et thermales.

L'activité thérapeutique (empirique) d'une eau minérale, reconnue et admise par tous sans discussion depuis de nombreux siècles, n'est pas liée à l'action de masse de ses principaux constituants, mais semble davantage liée au degré d'ionisation des sels minéraux qu'elle renferme. Dans le pouvoir thérapeutique d'une eau minérale, il y a autre chose qu'un apport nutritionnel, alimentaire en quelque sorte, de sels minéraux à forte concentration; les eaux minérales agissent de façon énergétique, par le pharmacodynamisme de quelques éléments minéraux en état de dissociation ionique.

La formation d'une eau minérale rappelle d'ailleurs le mode de préparation des remèdes homéopathiques: le brassage et le cheminement souterrains à grande profondeur et la dissolution simultanée des sels minéraux constituants créent un état moléculaire spécial désigné sous le nom d'état naissant, impossible à reproduire par simple dilution. L'analogie des propriétés pharmacodynamiques des eaux minérales et des remèdes homéopathiques n'est pas sans rapport avec le mode identique de préparation des uns et des autres: dilution et brassage simultanés.


DILUTION HAHNEMANNIENNE


L'activité pharmacodynamique des remèdes homéopathiques n'est pas proportionnelle à la dose, c'est-à-dire à la masse pondérale de la substance médicamenteuse, mais est déterminée par son degré de dissociation matérielle.

La méthode hahnemannienne (fractionnements successifs, en flacons séparés) est la seule méthode de préparation reconnue par le Codex français depuis 1948.

Le Codex n'admet comme préparations officinales que les dilutions ou triturations inférieures à la neuvième centésimale (ou dix-huitième décimale).

En effet, à s'en tenir au nombre d'Avogadro (nombre de molécules - 6x10-23 - contenues dans une molécule-gramme), aucune préparation homéopathique ne saurait contenir la moindre trace de matière au-delà de la onzième dilution centésimale, l'atome étant indivisible.

Et cependant les très hautes dilutions agissent d'une manière encore plus profonde et plus prolongée que les dilutions moyennes.

Comment expliquer cela: les hautes dilutions agissent d'une manière encore plus profonde et plus prolongée que les dilutions moyennes.

Comment expliquer cela: chaque dilution infinitésimale est douée d'une activité spécifique, contrôlable chez le malade (chez le malade sensibilisé, et non sur l'individu sain) alors que le calcul démontre que toute matière a disparu, s'est évanouie à u ne tel le déconcentration . . . !

Comment expliquer qu'un solvant possède la spécificité d'action d'un corps qui n'existe plus?

Et encore comment expliquer que la «division» d'une unité. si infime soit-elle. aboutisse non pas à deux moitiés égales, mais à deux zéros?

Faut-il soutenir que la fragmentation d'une substance aboutisse au néant, au vide absolu à partir duquel aucune trace de substance originelle ne puisse être détectée, sinon dosée?


PROCÉDÉ DE KORSAKOW


Certaines méthodes de préparation des remèdes homéopathiques n'utilisent qu'un seul flacon.

La plus ancienne de ces méthodes est la méthode de Korsakow (officier du tsar), créée du vivant même de Hahnemann et largement utilisée par ses premiers disciples.

Toutes les opérations successives de remplissage, de succussion mécanique (en un temps donné) et de vidange sont effectuées dans un même flacon de volume tel qu'après chaque vidange il est censé rester (par adhérence aux parois du verre) le centième de la quantité de liquide initialement versée (99 cm3 d'eau distillée).

Les dilutions ainsi obtenues (théoriquement centésimales) portent un numéro qui est celui du nombre d'opérations effectuées (6, 30, 200, 1.000), suivi ou non de la lettre K.

En réalité, les phénomènes d'adhérence échappant à tout contrôle, ce numéro ne correspond pas au titre centésimal théorique de la solution. L'expérience prouve que la déconcentration du remède s'effectue d'une manière irrégulière et beaucoup moins rapide par ce procédé que par la méthode de Hahnemann.

Des tables de correspondance très approximative ont été établies entre dilutions hahnemanniennes et dilutions korsakowiennes.

A la 6° K semble correspondre la 4° centésimale hahnemannienne.

A la 30° K semble correspondre la 5° CH.

A la 200° K semble correspondre la 7° CH.

A la 1.000° K semble correspondre la 9° CH.

Certains auteurs ont calculé que la 23° centésimale hahnemannienne correspondait à la milliardième korsakowienne environ et la 30° hahnemannienne à la 3.931.300.000.000° korsakowienne.

Quoiqu'il en soit, les seules préparations légalement reconnues et autorisées en France sont les dilutions hahnemanniennes.


PRESCRIPTION


En pratique, comment prescrire Allium cepa à un malade qui présente le tableau clinique d'un coryza aigu analogue au tableau expérimental du remède?

Une dilution moyenne (quatrième ou cinquième centésimale hahnemanienne) suffit pour guérir rapidement un malade d'une bonne vitalité, atteint de coryza « a frigore ». La posologie habituelle du remède est de deux granules, toutes les deux ou trois heures.

A un malade atteint de coryza chronique type Allium cepa, un médecin uniciste (c'est-à-dire un médecin homéopathe partisan des prescriptions d'un seul remède à la fois) prescrira Allium cepa seul en hautes dilutions (korsakowiennes de préférence) en prises espacées de plusieurs semaines ou de plusieurs mois.

Vantée par les médecins partisans du remède unique, la prescription d'un seul remède pour un état pathologique complexe est rarement satisfaisante pour l'esprit.

Si vaste soit-il le champ d'action d'un remède ne saurait couvrir l'ensemble des symptômes présentés par un malade.

La difficulté pratique n'est pas de trouver le remède dont la pathogénésie se retrouve en totalité dans le tableau clinique du malade mais de trouver un malade qui ne présente que les symptômes d'un seul remède. Ceci est vrai pour le jeune enfant et bien davantage encore pour l'adulte et le vieillard dont la maladie actuelle n'est que le dernier maillon d'une longue chaîne d'affections ayant pu altérer le fonctionnement de tous les organes.

La maladie cataloguée ne résulte jamais de l'action d'une seule pathogénésie mais est constituée par l'intrication de processus pouvant prédominer au point de se retrouver au premier plan du tableau clinique. La maladie est rarement la description à l'état pur d'un tableau pathogénétique mais est le résultat de l'action conjuguée et simultanée de processus réactionnels différents. Aucune pathogénésie ne reproduira la totalité des symptômes d'un malade atteint de rougeole, ou d'un malade atteint d'une banale rhino-pharyngite.

D'autre part la médecine de l'adulte voit les problèmes à résoudre se multiplier et se diversifier lorsque le malade prend de l'âge et lorsque ses fonctions souffrent de l'usure et du vieillissement des organes.

La prescription de remèdes multiples en association n'est pas une solution de facilité comme voudraient le faire croire certains unicistes (ce sont les prescriptions unicistes qui entretiennent cette croyance du public en l'idée que l'homéopathie est une thérapeutique d'action lente) mais correspond à une nécessité pratique (la guérison rapide et complète du malade) et peut seule donner au médecin l'assurance de traiter immédiatement tous les facteurs essentiels de la maladie. Et ceci explique qu'en présence d'un malade présentantà des degrés divers—les indications de plusieurs remèdes, un médecin homéopathe puisse préférer associer aux deux ou trois remèdes d'indication impérieuse reconnue par tous un ou deux remèdes complémentaires différents de ceux qu'un confrère tout aussi compétent et consciencieux prescrirait dans l'immédiat.

En présence d'un malade atteint de coryza infectieux, les traitements à préconiser sont les suivants:

A un malade jeune ou à un adulte sain atteint d'un coryza infectieux non fébrile prescrire Allium cepa 4CH associé à un autre remède fonctionnel de catarrhe congestif des muqueuses :

Pulsatilla 4CH.

A un malade fébrile associer à ces deux remèdes Mercurius solubilis 4 CH, remède d'inflammation aiguë exsudative, lésionnelle.

A un malade «sans réaction», à l'état général déficient, atteint de coryza traînant, prescrire des remèdes d'état général: Sulfur et Silicea, en hautes dilutions (une dose de 9CH) et en basses dilutions (4CH) associées.


FRÉQUENCE DES PRISES


Le grand précepte de Hahnemann est que la prise d'un remède ne doit pas être renouvelée aussi longtemps que l'effet médicamenteux persiste et l'expérience prouve que le remède homéopathique agit de façon d'autant plus profonde et durable qu'il est plus hautement dilué. En pratique l'effet thérapeutique du remède en 4° ou 5° CH persiste de deux à quatre heures; L’effet d'une haute dilution (9° CH) persiste de 8 à 15 jours. Une très haute dilution (15° à 30° CH) ne doit être renouvelée qu'à des intervalles de 4 à 6 semaines.

Les remèdes en dilutions moyennes (4° — 5° CH) sont prescrits sous forme de granules (habituellement deux granules toutes les deux ou trois heures dans les affections aiguës).

Les remèdes en hautes dilutions (7° CH et au-delà) sont prescrits sous forme de «doses», petits tubes de globules ou ampoules buvables dont le contenu doit être absorbé en une fois.

Rappelons que l'action des remèdes homéopathiques est caractérisée par une excitation spécifique destinée à solliciter une réaction cellulaire précise à l'intérieur du système de défense de l'organisme.

Dans les états aigus, il est nécessaire de faire appel à l'activité rapide mais brève des basses dilutions en espaçant les prises au cours de la journée (et les jours suivants) dès que l'amélioration désirée est obtenue.

Dans les affections chroniques et les déséquilibres mentaux, il est indispensable de prescrire en hautes dilutions associées le remède le mieux individualisé, en se souvenant que l'action des hautes dilutions est d'intensité maximum dans les premières vingt-quatre heures (pendant lesquelles elle risque de provoquer des phénomènes passagers d'aggravation médicamenteuse), et qu'une telle dilution (9 CH par exemple) doit être renouvelée périodiquement aussi longtemps que persistent les indications cliniques caractéristiques du remède.

Les remèdes agissant par effet de stimulation, ne pas répéter trop souvent les sollicitations médicamenteuses afin d'éviter un effet de saturation (et donc d'inhibition) de l'organisme. Dans les affections chroniques, il est utile «d'oublier» la prise d'un remède en dilution moyenne (4 CH par exemple) pendant un ou deux jours par semaine, et d'espacer progressivement (toutes les deux ou trois semaines), les prises de hautes dilutions (9 CH), aussi longtemps toutefois que l'indication du remède persiste.

Multiplier le nombre des prises dans des affections qui ne sont pas très aiguës est inutile et témoigne plus d'un manque de confiance dans la justesse de la prescription que d'un manque de confiance dans l'efficacité des remèdes prescrits. Sauf cas très aigus ou lorsque la vie du malade est. en danger les prises de remèdes ne doivent pas être répétées plus de quatre à six fois par vingt-quatre heures.

La réponse de l'organisme à une prise d'un remède en 4 CH est très rapide, et se fait sentir en 10 ou 20 minutes en général dans les troubles aigus, récents; mais cette réponse n'a pas la profondeur ni la durée d'action d'une prise du même remède en 9 CH.

L'activité des très hautes dilutions telles que la 15 CH peut sembler douteuse, incertaine. L'expérience montre cependant que de telles dilutions sont utiles en complément des dilutions 4 CH ou 9 CH dans certaines affections aux origines lointaines: dépressions nerveuses prolongées (Ignatia), maladies diathésiques telles que l'obésité (Calcarea carbonica)...


DURÉE DU TRAITEMENT


La durée du traitement homéopathique est très généralement fonction de la durée depuis laquelle évolue la maladie, et de la précision du traitement immédiatement mis en œuvre.

Dans les affections vues tardivement, ou dans les manifestations itératives de maladies de terrain (diathèse allergique, rhumatismale, lithiasique, goutteuse...; terrain migraineux, névralgique...) pour lesquelles il n'existe en médecine traditionnelle aucun traitement «de fond» efficace, il est nécessaire de prévoir des traitements prolongés (plusieurs semaines ou plusieurs mois) et d'en avertir le patient, toujours compréhensif d'ailleurs.

La guérison par l'Homéopathie d'un état aigu et en particulier d'une maladie infectieuse est presque toujours spectaculaire et surtout d'une qualité remarquable: convalescence très écourtée et absence de toute complication évolutive (ce qui donne aux familles— et souvent aux confrères— l'impression que le médecin homéopathe ne voit que les cas les plus simples, les plus bénins... ! Mais une affection n'est bénigne que rétrospectivement, lorsque la guérison a été rapide et complète !).

Il est une autre catégorie d'affections pour lesquelles la thérapeutique homéopathique nécessite des cures sinon prolongées, du moins renouvelées. Il s'agit des maladies fonctionnelles. Aucun organisme vivant n'est à l'abri de troubles fonctionnels. Très rares sont les individus qui ne souffrent d'aucune «faiblesse» dans le fonctionnement de tel ou tel organe, qui ne présentent aucun « point faible» à l'intérieur des appareils ou des organes qui concourent au maintien de l'état de santé et à l'entretien de la vie.

Il est important pour chacun d'apprendre à se connaître, d'apprendre à «s'écouter», à être attentif aux symptômes qui dénotent un trouble profond et pour cela il est nécessaire de connaître les manifestations réactionnelles révélées et reproduites par l'expérimentation des grands remèdes homéopathiques. A chaque pathogénésie correspond un dérèglement fonctionnel précis; chaque remède homéopathique répond à un besoin précis.

Par ailleurs ne pas oublier que beaucoup de maladies fonctionnelles sont favorisées sinon provoquées par des fautes d'hygiène générale: erreurs d'alimentation ou excès, surmenage professionnel et fatigue, tension nerveuse excessive entretenue par des difficultés, sentimentales ou professionnelles, fautes d'hygiène corporelle ou domestique, etc... Pour une guérison durable un changement dans les habitudes associé à un repos d'une durée suffisante est indispensable et c'est pourquoi les médecins homéopathes recommandent à leurs malades d'éviter tout abus toxique (surtout pendant la durée du traitement); supprimer l'alcool et le tabac, les excitants, les médicaments agressifs; supprimer tout contact avec les produits aromatiques (camphre, menthol, eucalyptus...) qui antidotent les remèdes homéopathiques. Le retour à une alimentation et à une vie saines, la solution des problèmes psycho-affectifs ou socioprofessionnels qui entretiennent un état de tension nerveuse préjudiciable au bon fonctionnement du système neuro-végétatif sont les conditions préliminaires essentielles à un prompt rétablissement et à une guérison parfaite.


MODE D'ACTION


Le grand reproche adressé à l'homéopathie par les milieux scientifiques est d'être une médecine empirique, une thérapeutique au mode d'action inexpliqué. Empirisme dans la découverte des relations qui existent entre l'action pathogénétique des nombreuses substances qui composent la pharmacopée homéopathique et leur activité thérapeutique après dilution-dynamisation simultanée. Empirisme de l'activité pharmacodynamique de ces remèdes; ignorance quant à leur mode d'action.

Reconnaître le caractère empirique d'une médication ne suffit pas pour la discréditer. Personne encore n'a pu prouver l'activité antalgique de médicaments aussi connus que l'aspirine et la morphine; ni démontrer leur efficacité chez l'animal et encore moins l'expliquer. C'est la seule observation des malades qui a conduit à la découverte des propriétés de l'acide acétylsalicylique et son efficacité n'est attestée que par la simple opinion des patients qui l'utilisent depuis 1900. Médicament empirique dont l'activité thérapeutique n'est « prouvée» que par la «croyance» des malades en son efficacité, l’aspirine fait cependant l'objet d'une sur consommation mondiale: L'Américain consomme en moyenne un comprimé tous les deux jours de sa vie et les Français en consomment cent millions de comprimés par mois (plus d'un milliard de comprimés par an). Les propriétés antithermiques, analgésiques et antirhumatismales de l'aspirine sont connues (empiriquement) depuis près de 80 ans mais il a fallu attendre plusieurs décennies pour que la Médecine découvre enfin non pas le mode d'action de ce médicament si populaire mais ses inconvénients (méconnus pendant si longtemps): agressivité pour la muqueuse digestive en rapport avec son caractère acide et son activité anti-inflammatoire, action sur les facteurs de l'hémostase avec tendance aux hémorragies (saignements des gencives ou du nez, saignements des muqueuses gastro-intestinales, règles plus abondantes et prolongées, etc...) et enfin risque de néphropathie toxique (en association avec des analgésiques comme la phénacétine ou le pyramidon).

L'empirisme est une des bases de la Médecine et de toute science: L'empirisme a toujours été à la base des grandes découvertes médicales et c'est encore l'empirisme qui préside aux succès personnels de nombreux médecins et qui justifie les habitudes thérapeutiques de chacun.

Une thérapeutique empirique se dépouille d'une partie de son mystère dans la mesure où la connaissance de ses indications gagne en précision; elle cesse d'être une thérapeutique aveugle lorsqu'elle s'appuie sur de solides connaissances expérimentales et lorsqu'elle est soumise au critère de la réussite constante; entre l'empirisme et la connaissance scientifique il n'y a pas d'autre différence fondamentale que celle qui sépare l'observation élémentaire d 'un phénomène et sa compréhension par une recherche méthodique.

Condamner une thérapeutique d'une efficacité éprouvée par des générations de malades et de médecins au nom d'une théorie (les dilutions infinitésimales « ne peuvent pas », guérir) est une attitude indigne d'un scientifique. Lorsqu'une théorie est en contradiction avec les faits, ce ne sont pas ceux-ci qui ont tort, c'est la théorie qui est mauvaise et qu'il faut condamner; et changer.

Bien que révélée d'une manière empirique, l’efficacité des remèdes homéopathiques (comme celle de l'aspirine) ne saurait être niée et c'est là le point essentiel. Cette efficacité se juge non seulement sur la guérison subjective des malades fonctionnels mais surtout sur la guérison anatomique plus rapide d'un grand nombre de lésions que nulle autre médication ne peut guérir.

Un des arguments avancé par les détracteurs de l'homéopathie est qu'il n'y a « plus rien » dans les remèdes au-delà de la onzième dilution centésimale (à s'en tenir au nombre d'Avogadro) et que de toute façon aucune méthode d'analyse ne permet de retrouver ou d'identifier des traces de substances médicamenteuses dans les dilutions homéopathiques quel que soit leur degré de déconcentration (ce qui les condamne à être inactives) .

Cet argument est condamné à brève échéance car il ne tient pas compte des progrès considérables réalisés ces dernières années dans l'amélioration de la sensibilité des méthodes modernes d'analyse. Avant 1945 les chimistes ne savaient doser que des quantités de substances chimiques de l'ordre du microgramme (millième de milligramme ou 10 puissance-6 g), Actuellement les méthodes de fluorescence permettent de doser quelques nanogrammes (10 puissance-9 g); les méthodes de chromatographie en phase gazeuse (avec détecteur par capture d'électrons) des quantités de l'ordre de 10 puissance-10 g; et les méthodes d'absorption atomique des quantités de l'ordre de 10 puissance-14g (correspondant à la 7° centésimale hahnemannienne). Avec une méthode d'analyse dont la sensibilité atteint 10 puissance-14 on détecte donc 10 puissance-16 atomes-grammes d'une substance dont le poids atomique est de 100; ce qui rapproche du nombre d'Avogadro qui n'est que de 6x10 puissance-23 atomes par atome-gramme.

Dans la réalité des faits quotidiens l'efficacité des remèdes homéopathiques ne saurait être niée par des observateurs de bonne foi et sans parti-pris. La réalité d'un fait ne dépend pas de l'existence d'une théorie capable de l'expliquer. Un fait existe par lui-même, qu'on l'explique ou non. Et il est facile de stigmatiser en retour ceux qui ironisent sur l'homéopathie (l’ironie n'est-elle pas l'argument suprême des faux-savants qui ne veulent pas faire le point de leurs ignorances?), ou les ignorants qui solutionnent les problèmes qui les dépassent par un « je n'y crois pas» péremptoire et définitif, sans appel. Quelle valeur peut-on attribuer à l'opinion de gens qui ignorent tout des faits dont ils parlent pour les condamner? Ceux qui condamnent l'homéopathie le font par ignorance et ceux-là devraient savoir que l'homéopathie vit d'abord (et depuis fort longtemps) des échecs thérapeutiques de leurs détracteurs.

Dans une lettre célèbre adressée à l'Académie de Médecine, du vivant même de Hahnemann, le ministre du roi Louis-Philippe, GUIZOT, a donné une leçon de tolérance et d'objectivité à ceux qui réclamaient déjà la condamnation de l'homéopathie

«La science doit être pour tous. Si l'Homéopathie est une chimère ou un système sans valeur propre, elle tombera d'elle-même. Si elle est au contraire un progrès, elle se répandra malgré toutes nos mesures de préservation, et l'Académie doit le souhaiter avant tout autre, elle qui a la mission de faire avancer la science et d'encourager les découvertes».

Il est exact que le problème du mode d'action des remèdes homéopathiques n'est pas encore résolu mais en attendant que les progrès rapides de la science apportent une explication valable à l'activité des dilutions-dynamisations homéopathiques (comme à l'activité de tant de médicaments classiques), il n'est pas interdit d'émettre des hypothèses personnelles.

A l'image des gènes, ces fragments de molécule d'acide désoxyribonucléique qui détiennent dans leur structure spatiale non seulement les informations, codées mais aussi le pouvoir dynamogénique nécessaire à l'exécution du programme de développement de l'embryon et à l'entretien de la vie de l'organisme, chaque remède homéopathique ne tient-il pas d'une modification de l'organisation spatiale de ses molécules dispersées dans un volume considérable de solvant son pouvoir spécifique de stimulation de tel ou tel centre nerveux régulateur d'une fonction vitale définie et identifiable par l'expérimentation ?

Les remèdes homéopathiques guérissent à faible dilution dynamisée ce qu'ils sont capables de reproduire à doses fortes, mais nul ne sait encore comment!


LIMITES D'ACTIVITÉ ET INDICATIONS


L'activité des remèdes homéopathiques (activité pharmacodynamique de l'infinitésimal physico-chimique à l'échelle de l'infinitésimal organique, la cellule) s'exerce dans tous les domaines de la pathologie mais a des limites très précises puisqu'elle nécessite pour s'exercer que l'organisme soit capable d'une certaine forme de réaction (locale ou générale), qu'il soit capable en réponse à une certaine agression de fournir l'effort nécessaire pour rétablir l'harmonie de ses fonctions et l'intégrité de ses tissus.

Les limites de l'homéopathie sont donc représentées par les cas d'urgence et par les lésions médicalement incurables parce que trop évoluées et irréversibles, au-delà de toute ressource pharmacologique.

L'Homéopathie doit céder la place à la thérapeutique classique:

1° Lorsque la virulence ou l'intensité de l'agression (microbienne ou traumatique) risque de submerger le système de défense de l'organisme, ou déborde manifestement les possibilités réactionnelles de l'individu.

La pullulation microbienne des septicémies traduit en fait l'incapacité de l'organisme d'endiguer l'infection par ses propres moyens.

Perforations viscérales, hémorragies graves, abcès à inciser, collections purulentes à évacuer sont du domaine exclusif de la chirurgie d'urgence.

2° Lorsque les déséquilibres fonctionnels ou humoraux créent un état de choc immédiatement et rapidement grave: choc traumatique, choc hémorragique, insuffisances fonctionnelles graves (cardiaque, rénale, surrénale, thyroïdienne, hépatique), coma toxique, coma diabétique, etc... Tous les états de souffrance nerveuse ou de défaillance organique mettant en péril l'existence du malade incapable de réagir efficacement.

3° Lorsque les possibilités de cicatrisation ou de guérison naturelle complète de l'organisme sont épuisées: stade de sclérose irréversible (cirrhose, arthrose, artériosclérose, paralysies constituées...) ou stade de formation tumorale (kystes, fibromes, tumeurs diverses)... Lésions définitives, domaine de la chirurgie d'exérèse, ou dans certains cas (un pis-aller également) de la chirurgie de transplantation.

Toutes ces affections sont des maladies d'exception généralement prévisibles, qu'un traitement précoce plus efficace aurait pu prévenir.

Les limites de l'activité des remèdes homéopathiques sont toujours fixées par les capacités de défense, par les possibilités de réaction de l'organisme malade.


NOTIONS PRATIQUES ET CONSEILS


Pratiquer l'homéopathie, c'est s'habituer à de nouvelles façons de penser, à de nouvelles façons de voir le malade et de l'interroger, à de nouvelles façons de traiter.

Ne pas demander aux pathogénésies d'éclairer un diagnostic de maladie, les symptômes pathogénétiques correspondent à des réactions de défense du malade.

Pour guérir il ne suffit pas de faire un diagnostic de maladie et d'en faire disparaître les symptômes ou d'administrer au malade le traitement de sa maladie. C'est l'aspect réactionnel de chaque maladie qui doit guider son traitement.

Pour prescrire en homéopathie il faut connaître les différences qui existent entre ces remèdes et les médicaments classiques. Différence dans le mode de préparation pharmaceutique: c'est la dilution-dynamisation des substances les plus diverses qui leur confère les propriétés pharmacodynamiques nouvelles insoupçonnées, et inexploitables en l'absence d'expérimentation pathogénétique.

Différence au stade de l'absorption et de l’assimilation par l'organisme. Les remèdes homéopathiques sont immédiatement assimilés sans avoir à subir des transformations métaboliques complexes et sans laisser de résidus chimiques plus ou moins bien dégradés. Ils sont immédiatement actifs par l'énergie immatérielle (ou à la limite de l'immatériel) qu'ils apportent au malade.

Différence pharmacologique. Les médicaments classiques agissent par un effet direct proportionnel aux doses; un organisme en bonne santé réagit toujours à l'action toxique des médicaments classiques. Un remède homéopathique dont les symptômes pathogénétiques ne sont pas en accord avec les modalités réactionnelles du malade n'est pas un remède dangereux; il est simplement inutile.

Enfin les remèdes homéopathiques ne sont pas interchangeables. La dilution-dynamisation est la seule méthode de préparation médicamenteuse capable de mettre à profit la remarquable affinité de telle ou telle substance pour un groupe précis de cellules.

La pratique de l'homéopathie nécessite un apprentissage long et difficile. Pour éviter les erreurs grossières de prescription, il faut attacher plus de valeur indicative à une juste compréhension de l'activité pathogénétique du remède qu'à une similitude au mot pour mot entre les symptômes du malade et ceux du remède. Deux individus peuvent percevoir de façon plus ou moins intense un même trouble. L'important, ce n'est pas l'intensité de la douleur ou de la sensation perçue; ce qui importe, c'est la nature du trouble perçu.

Dans les maladies aiguës il faut lutter contre une certaine tendance à ne pas prendre les remèdes assez souvent au début du traitement ni assez longtemps. Lorsqu'on est sûr du choix d'un remède, il faut lui rester fidèle aussi longtemps que ses indications précises n'ont pas disparu. Dans certaines affections très aiguës (Aconit nap, Carbo vegetabilis, Latrodectus, Aurum metall, Arsenicum album...), ne pas hésiter à rapprocher les prises du remède au cours de la première heure. Mais un remède qui n'apporte aucune amélioration subjective même temporaire dès les premiers jours du traitement est certainement un remède mal choisi et il faut analyser à nouveau les symptômes réactionnels du malade. La rigueur dans le choix d'un remède est la condition essentiel le du succès thérapeutique; un remède ne peut guérir que la maladie qu'il est capable de reproduire (expérimentalement).

Ne pas oublier que la durée d'un traitement homéopathique est fonction du retard apporté à sa mise en œuvre. Il faut se garder d'une impatience excessive dans l'attente des résultats. ne pas établir de comparaisons entre l'effet rapide et souvent brutal des médicaments utilisés pour combattre la fièvre, la douleur et les autres symptômes de maladies et l'action curative et stimulante des remèdes homéopathiques. L'efficacité des premiers est toujours liée à l'importance des doses administrées et à la toxicité du produit sans laquelle il n'y aurait pas d'action antagoniste; L’activité des seconds ne permet pas d'abréger en deçà de certaines limites les délais naturels de cicatrisation des lésions ou les délais de restauration parfaite d'une fonction.

Enfin il ne faut pas laisser passer l'heure de l'Homéopathie. Chaque médecine a ses indications et ses limites; il faut considérer les différentes formes d'exercice de la Médecine comme complémentaires et non pas les opposer. Le domaine de l'Homéopathie, c'est la pathologie qui commence aux frontières de l'état de santé pour aboutir aux maladies lésionnelles caractérisées par leur réversibilité.

L'Homéopathie, médecine des malades, est au centre de la Médecine générale et empiète sur le domaine des spécialités parce qu'elle apporte une meilleure connaissance des réactions de tous les malades et qu'elle permet en toutes circonstances de leur venir en aide par des remèdes capables d'accélérer leur guérison .



Guide d'homéopathie

du Docteur QUENTIN

UA-77509179-1