La matière médicale : liste des médicaments


ABROTANUM

Artemisia abrotanum ou Aurone mâle, des jardins ou citronnelle, de la famille des Composées, est une plante herbacée vivace de 60 cm à 1 m qui est cultivée dans les jardins pour l'odeur agréable de citron que dégagent ses feuilles lorsqu'on les froisse, d'où le nom de citronnelle ou d'armoise citronnelle qu'on lui donne. Nom de citronnelle qu'elle partage d'ailleurs avec la mélisse.

Les feuilles Artemisia abrotanum sont utilisées en infusion contre la fièvre et les vers, et comme sudorifiques.

L'expérimentation pathogénétique de l'aurone mâle reproduit chez l'homme sain des troubles de la nutrition générale et une inflammation chronique de la séreuse péritonéale .

Les symptômes évocateurs de Abrotanum sont:

—Au niveau du métabolisme général, un amaigrissement progressif et considérable, surtout des membres inférieurs, avec conservation de l'appétit. Malgré sa faim vorace, le malade maigrit tout en mangeant bien; sa peau est flasque et ridée, son aspect vieillot, son regard triste, et la faiblesse extrême.

—Au niveau de l'abdomen, ballonnement avec présence de noyaux indurés de péritonite chronique; diarrhée chronique ou alternance de diarrhée et de constipation.

Comme Natrum muriaticum (le sel traité par dilutions - dynamisations successives), Abrotanum est le remède d'amaigrissement par troubles de la nutrition; mais Natrum muriaticum répond à des troubles d'assimilation nutritionnelle et Abrotanum est le remède des amaigrissements et cachexies par maladies chroniques évolutives: tuberculose (surtout péritonéale), rhumatisme avec atteinte cardiaque, cachexie des cancéreux, bref toutes les maladies métastatiques et cachectisantes. A l'extrême, de telles cachexies évoquent l'aspect de l'araignée: ventre difforme et membres squelettiques.


ACONITUM NAPELLUS

L'aconit napel est une plante vivace de la famille des Renonculacées, qui porte de nombreux noms communs: Casque de Jupiter, coqueluchon, capuchon (à cause de la forme des fleurs), char de Vénus, pistolet, tue-loup. Aconit provient d'un mot grec qui signifie caillou; et napel évoque la forme tubérifiée de ses racines qui ressemblent à celles d'un navet.

L'Aconit est une plante des lieux couverts, humides et pierreux des régions montagneuses, Jura et Suisse notamment.

Décorative, I'Aconit est malheureusement une plante très toxique qui peut causer des accidents mortels lorsqu'elle est confondue avec des plantes comestibles. Quelques grammes de sa racine suffisent pour entraîner la mort. Et l'Aconit a été utilisé depuis la plus haute antiquité comme poison très violent aussi bien en boisson que sur la pointe des flèches.

L'Aconit renferme plusieurs alcaloïdes très toxiques dont le principal dans les racines est l'aconitine, utilisée en médecine à des doses très faibles 1/2 à 1 milligramme.

L'intoxication par l'aconit provoque d'abord une sensation de brûlure à la bouche avec hypersalivation, fourmillements et engourdissements sur la peau; puis des douleurs névralgiques et un état congestif diffus avec accélération du pouls et élévation de la tension artérielle; enfin un ralentissement du pouls et de la respiration, une baisse de la tension artériel le avec malaises et angoisses, des paralysies, et la mort avec conservation de la conscience jusqu'à la fin.

L'expérimentation pathogénétique de Aconitum napellus reproduit une congestion active (artérielle) aiguë et violente, avec anxiété et agitation remarquables, et troubles de la sensibilité qui est exacerbée: douleurs lancinantes de type névralgique, engourdissements, fourmillements ou picotements intolérables.

Les symptômes de Aconitum napellus sont remarquables par leur violence et leur soudaineté d'apparition.

- La fièvre: brusquement, sans signe avant-coureur de maladie, le patient est saisi de frissons généralisés, aggravés au moindre mouvement et montant des pieds à la poitrine et à la tête; la température s'élève d'emblée à 39 - 40° et la peau est brûlante, rouge et sèche, la soif intense, de grandes quantités d'eau froide; la respiration est rapide et le pouls très accéléré, dur. Cette fièvre brutale d'allure très congestive provoque une très grande agitation physique avec anxiété et désir de soins immédiats.

- Les douleurs: inconstantes dans les états fébriles aigus, elles sont caractéristiques dans les congestions aiguës localisées. Douleurs intolérables par leur acuité et leur intensité; plus marquées la nuit (l'heure d'aggravation des symptômes de Aconit nap. est vers minuit); avec fourmillements et engourdissements comme si des insectes couraient sur la peau; douleurs que rien ne calme et qui provoquent l'agitation anxieuse caractéristique du remède; douleurs très mal tolérées parce qu'elles s'accompagnent d'un état d'hypersensibilité sensorielle, d'hyperesthésie du malade; douleurs de type névralgique le plus souvent et dues à un refroidissement, après exposition à un temps sec et froid, Aconit nap. est le remède des affections classiquement décrites comme étant « a frigore »; douleurs aggravées dans une chambre chaude ou en étant couché sur le côté douloureux; douleurs améliorées par la transpiration, après avoir transpiré.

Douleurs et congestion aiguë (fébrile ou non; localisée ou non) résument parfaitement l'essentiel du tableau pathogénétique de l'Aconit nap. et permettent d'en prévoir les applications pratiques.

Aconit. nap. est le remède initial des fièvres très élevées d'apparition brutale, de type congestif avec agitation neuropsychique: malade qui se tourne sans cesse de côté et d'autre dans son lit, qui cherche à se lever, à se découvrir, qui gémit par peur et réclame un traitement immédiat, qui souffre parfois de façon intolérable (par hypersensibilité sensorielle). Aconit. nap. correspond très souvent à la modalité réactionnelle initiale d'un individu qui commence une fièvre éruptive ou une maladie à virus. La violence de la congestion fébrile témoigne de la vigueur du malade et de la rapidité de la mise en œuvre des réactions de défense de son organisme.

Remède neuro-vasculaire, de congestion artérielle brutale, il est normal que Aconit. nap. soit un remède de poussée d'hypertension artérielle ou de congestion cérébrale aiguë en dehors de toute maladie d'origine infectieuse. La poussée hypertensive de Aconit. nap. est remarquable par l'intensité des réactions d'agitation anxieuse du malade, la brutalité et l'intensité de l'élévation tensionnelle, le caractère dur et plein du pouls, et surtout par la rougeur du visage qui fait place à une pâleur impressionnante lorsque le malade veut se lever ou s'asseoir.

Remède de congestion artérielle brutale, Aconit. nap. est le remède des accidents hémorragiques congestifs, avec sang rouge brillant, clair; au cours de poussées hypertensives ou de congestions actives localisées (infectieuses ou non), pulmonaires notamment; avec toujours cette agitation extrême et cette angoisse ou peur de mourir caractéristiques.

Aconit. nap. est enfin le remède des douleurs de type névralgique d'apparition aiguë (surtout la nuit), d'intensité intolérable, angoissantes, et caractérisées par des sensations de picotements ou d'engourdissements qui tantôt accompagnent la sensation douloureuse tantôt lui succèdent.

Retenir une modalité caractéristique de Aconit.: L’apparition brutale d'un état congestif localisé après un refroidissement; qu'il s'agisse d'une angine ou d'un enrouement, d'une laryngite aiguë; ou qu'il s'agisse d'une diarrhée glaireuse et verte comme des épinards hachés après refroidissement nocturne ou après avoir absorbé des boissons glacées.


AESCULUS

Aesculus hippocastanum, Hippocastanum vulgare ou Marronnier d'lnde, de la famille des Hippocastanées, est un grand arbre originaire d'Asie et acclimaté partout en Europe en en Amérique du Nord, bien connu pour les vertus antihémorroïdaires de ses fruits ou marrons d'lnde. Bien que très riches en matières amylacées d'un grand pouvoir nutritif, les marrons d'lnde ne sont pas comestibles en raison des glucosides qu'ils renferment et qui lui confèrent un goût amer et une certaine toxicité.

L'expérimentation du marron d'lnde crée un état de congestion veineuse affectant le corps tout entier mais prédominant au niveau du système porte (ensemble des veines qui drainent le sang de l'appareil digestif vers le foie) et des veines hémorroïdaires.

Les symptômes de Aesculus sont:

— Un état de pléthore veineuse avec sensation de plénitude et de battements au niveau des veines, dans les membres et la tête, et surtout dans l'abdomen et la sphère ano-rectale. Cette sensation d'engorgement veineux est toujours aggravée pendant le sommeil ou après un bain chaud, ou encore par le mouvement ou la station debout, alors qu'elle est améliorée par un exercice modéré et assez prolongé ou par le froid, les bains frais, l’air frais.

— Des hémorroïdes: de teinte pourpre ou violacée, externes ou internes, peu ou pas saignantes, mais souvent douloureuses; avec sensation de démangeaisons, de brûlures, de sécheresse; et très souvent sensation de plaie ou sensation d'avoir le rectum plein d'aiguilles. Ces hémorroïdes qui saignent rarement s'accompagnent d'une sensation de lourdeur battante dans le bas du dos; et cette sensation de lourdeur lombosacrée est aggravée par la station debout, en se baissant ou par l'ascension rapide d'un escalier.

— Une congestion des veines du pharynx et de l'œsophage; aspect rouge foncé du pharynx avec sensation de sécheresse ou de brûlure de la veine porte. Si le remède ne peut agir sur la cause lésionnelle de l'hypertension portale, Aesculus peut du moins améliorer dans certaines limites le débit sanguin dans les veines dilatées, atoniques, et en améliorant la circulation sanguine de retour vers le foie réduire les risques de rupture dramatique de varices de l'œsophage ou de l'estomac.

—Au niveau des membres inférieurs, gonflement des veines avec tendance aux varices, mais dans un contexte de congestion du foie et surtout de congestion portale avec lourdeur battante de la région lombaire.

— Enfin le malade souffrant de congestion veineuse type Aesculus n'est pas seulement un ralenti circulatoire mais aussi un ralenti intellectuel. Toujours plus lourd physiquement le matin que le soir, il éprouve une grande lassitude mentale au réveil; incapable au lever de penser sans faire un effort, de travailler sans difficulté, il n'améliore sa lourdeur intellectuelle qu'après un exercice prolongé à l'air frais.

Les indications de Aesculus vont de l'état de congestion hépatique et portale de l'auto-intoxiqué digestif (abus alimentaires avec excès de poids, insuffisance digestive et tendance à la constipation et aux hémorroïdes, type Nux vomica) à la grande hypertension portale associant les varices œsophagiennes, l'insuffisance hépatique (foie plus insuffisant et scléreux que congestionné) et les hémorroïdes douloureuses, type Lycopodium.


AETHUSA

Aethusa cynaplum ou petite ciguë des jardins, Persil de chien, faux persil, est une plante annuelle de la famille des Ombellifères qui croit dans les jardins de France et du centre de l'Europe. Elle est souvent confondue avec le persil, ce qui donne lieu à de graves accidents; elle s'en distingue cependant par des tâches rougeâtres à la base de la tige et par son odeur désagréable de souris lorsqu'on froisse les feuilles (d'un vert plus foncé) entre les doigts, alors que l'odeur du persil est aromatique et agréable.

L'expérimentation pathogénétique de la petite ciguë crée des troubles digestifs aigus (de type gastro-entérite) avec atteinte rapide de l’état général par souffrance cérébrale.

Les symptômes caractéristiques de Aethusa (remède du nourrisson) sont d'une part l'apparition de vomissements brusques et violents à la moindre absorption de lait qui est vomi aussitôt absorbé; L’apparition d'une diarrhée verdâtre souvent gluante, précédée de coliques, peu ou pas fétide, peu abondante; mais—fait très caractéristique—aussi bien les vomissements que les selles diarrhéiques sont suivis d'un état de prostration, de faiblesse et d'assouplissement hors de proportion avec la faible quantité de lait ou de liquide rejetés;

— D'autre part la capacité d'évolution défavorable de l'affection: L’amaigrissement est extraordinairement rapide; la faiblesse et l'assoupissement du jeune malade de plus en plus évidents.

Aethusa est un remède spectaculaire - que tout médecin devrait connaître - des gastro-entérites aiguës et graves du nourrisson, évoluant vers la déshydratation rapide et vers la toxicose à manifestations convulsives (Cuprum et Cicuta, ou Oenanthe).


AGARICUS

Agaricus muscarlus ou amanita muscaria, Amanite fausse oronge ou amanite tue-mouches, de la famille des Agaricacées est un champignon vénéneux qui ressemble beaucoup à l'oronge comestible: port élégant, pied blanc et chapeau rouge (orné de taches blanches). L'amanite tue-mouches croît en automne dans les bois, surtout près des bouleaux.

L'intoxication accidentelle par la fausse-oronge provoque dans les 2 ou 3 heures après l'absorption un tableau de gastro-entérite aiguë: vives brûlures d'estomac, vomissements et diarrhée; puis un tableau d'intoxication atropinique; délire très agité avec logorrhée et rires, mouvements désordonnés ou stupeur avec somnolence ou sommeil profond; avant un lent retour à l'état normal.

L'expérimentation pathogénétique de l'amanite fausse-oronge reproduit une altération profonde du système nerveux avec manifestations spasmodiques prédominantes, et troubles vaso-moteurs.

Les symptômes caractéristiques de Agaricus (aussi bien chez l'expérimentateur du remède que chez le malade) sont:

— D'abord des spasmes ou secousses spasmodiques de localisation variable. Tics (surtout de la face) ou spasmes des paupières; nystagmus (oscillations ou mouvements rotatoires des globes oculaires); mouvements incontrôlés et constants de la tête; agitation permanente dans les jambes avec secousses nerveuses. Tremblements localisés aux mains avec maladresse dans les gestes; difficulté d'élocution, difficulté à articuler les mots; démarche incertaine, de type ébrieux par incoordination des mouvements et tremblements dans les jambes (le malade trébuche en marchant).

— Ensuite des troubles de la sensibilité (surtout thermique) liés à des troubles de la vasomotricité: sensation localisée de froid glacial avec douleurs piquantes comme par des aiguilles de glace; ou sensation de chaleur brûlante comme par des engelures; et dans les deux cas objectivement, rougeur et gonflement de la région douloureuse réalisant un aspect d'engelure, et sensation de démangeaisons brûlantes ou de picotements.

— Enfin à un stade avancé de l'expérimentation ou de la maladie; épuisement nerveux allant de la simple torpeur intellectuelle (difficulté de compréhension, difficulté de travail intellectuel par fatigue cérébrale rapide, troubles de la mémoire, difficulté à exprimer des idées, à trouver les mots justes) ou délabrement nerveux général des vieillards, des alcooliques ou des malades médullaires.

Les indications de Agaricus en pratique homéopathique sont:

— Les spasmes localisés à un groupe musculaire: secousses involontaires, tremblements, tics, etc... liés à une fatigue cérébrale par exemple, surmenage scolaire; ou après excès sexuels;

— Des troubles de la sensibilité ou paresthésies (sensation de brûlure comme par une engelure, sensation de picotements, ou d'engourdissement, sensations de décharges électriques...), troubles neuro-sensoriels en rapport avec une atteinte médullaire, ou névritique;

— Des troubles vaso-moteurs artériolo-capillaires prenant l'aspect d'une engelure, et surtout localisés aux extrémités du corps (doigts, oreilles et orteils) et pouvant évoluer vers des lésions d'ischémie aiguë;

— Enfin le grand tableau du délabrement psycho-moteur des vieillards, des alcooliques, des malades médullaires, ou des enfants arriérés.

— Le surmenage cérébral, certaines intoxications (végétaux ou poissons vénéneux), les excès d'alcools ou les excès sexuels, les lésions de la moelle épinière sont les causes principales des manifestations de type Agaricus.


AGNUS CASTUS

Agnus castus ou Vitex agnus castus, gattilier, de la famille des Verbenacées.

Son expérimentation reproduit une forte dépression surtout mentale et sexuelle.

La dépression nerveuse est faite de tristesse avec l'idée fixe d'une mort prochaine, d'apathie, de baisse de l'énergie; d'affaiblissement de l'intelligence et de la mémoire avec désespoir de se sentir«fini»; de peur de la mort qu'il croit proche et dont il parle sans cesse.

Mais plus caractéristique du remède est l'état d'insuffisance sexuelle qui accompagne cette dépression morale et intellectuelle. L'impuissance est totale: L’absence complète de désirs sexuels, les organes génitaux sont froids et sans tonicité, flasques (pénis et scrotum), aucune érection mais parfois écoulement involontaire de sperme la nuit.

Agnus castus est le remède de la vieillesse prématurée et de l'impuissance après des abus sexuels ou des blennorragies répétées.


AILANTHUS

Ailanthus glandulosa, ou Vernis du Japon, Vernis de Chine, Arbre du ciel, de la famille des Simaroubées est un arbre qui peut atteindre 30 mètres de hauteur et qui ne porte des feuilles qu’aux extrémités des branches, sur le bois de l'année; ces feuilles peuvent atteindre un mètre de long, et répandent une mauvaise odeur lorsqu'on les froisse; les fleurs, en forme de grappe, sont verdâtres.

Cet arbre est originaire de Chine. Le suc est irritant et peut provoquer des éruptions; mâchée, l’écorce provoque des nausées et des sueurs froides avec vertiges.

L'expérimentation pathogénétique du vernis du Japon reproduit chez l'homme sain un état d'adynamie et de prostration avec inflammation livide des muqueuses et tendance ulcérative.

Ailanthus est le remède des états infectieux — ou des maladies infectieuses comme la Diphtérie et la Scarlatine—à évolution maligne. L'aggravation de l'état général est toujours rapide: prostration et stupeur, adynamie, tendance au délire avec marmottements; température élevée; langue sèche, brune et craquelée, mauvaise haleine. Eruption faite de taches pourpres, livides, éparses, disparaissant sous la pression pour reparaître lentement.

Dans les états infectieux avec localisation pharyngée: rougeur foncée, livide de la muqueuse qui est gonflée, tuméfiée et couverte de taches pourpres et d'ulcérations. La déglutition est très douloureuse (douleurs irradiant aux oreilles) . Le cou est enflé avec présence d'adénopathies. Les sécrétions nasales et pharyngées sont fétides, irritantes, excoriantes (et parfois sanguinolentes) .

Ailanthus est le remède des formes malignes des maladies éruptives; des angines malignes de la diphtérie et de la scarlatine.


ALLIUM CEPA

L'oignon ou Allium cepa, de la famille des Liliacées, est une plante bulbeuse bien connue comme condiment ou aliment, dont les propriétés médicinales ont été reconnues dès les temps anciens: diurétique (alcoolature ou vin d'oignon), anti-infectieuse, anti-scorbutique, stimulant de l'appétit et de la digestion, hypoglycémiant, actif contre le prostatisme, aphrodisiaque et même selon certains travaux modernes fluidifiant du sang (diminuant les risques de thrombose et d'infarctus) .

L'expérimentation pathogénétique de l'oignon crée une irritation aiguë des voies respiratoires supérieures et des yeux avec exagération des sécrétions.

Les symptômes de Allium cepa sont:

— Un coryza aigu par irritation de la muqueuse nasale avec sensation de muqueuse à vif. L'écoulement est aqueux et abondant, irritant excoriant les narines et la lèvre supérieure; souvent fluent, tombant goutte à goutte. Les éternuements sont fréquents. Ce coryza est le plus souvent provoqué par l'humidité, par un vent humide et froid, ou par refroidissement humide des pieds. II est aggravé dans une chambre chaude et amélioré au grand air ou dans une chambre tempérée.

— L'irritation de la muqueuse nasale peut s'étendre au larynx en provoquant un enrouement avec toux sèche et spas­modique, précédée par une sensation de chatouillement laryngé ou de petite plaie à vif sur la muqueuse laryngée; toux sèche aggravée en parlant, ou en aspirant de l'air froid, ou en entrant dans une chambre chaude; obligeant le malade à porter la main à son cou.

— Un larmoiement abondant avec irritation des yeux, rou­geur et sensation de douleur brûlante ou piquante, intolérance aux lumières vives (photophobie).

— Des douleurs névralgiques à type d'élancements fili­formes le long d'un nerf traumatisé ou à un moignon d'ampu­tation (douleur fantôme d'un nerf sectionné).

Allium cepa est surtout le remède des coryza aigus, au stade précoce des éternuements et de l'écoulement séreux. Sa prescription doit être intégrée dans un traitement associant: Silicea toujours (baisse de l'état général avec frilosité), Pulsatilla (congestion veineuse des muqueuses et catarrhe fonctionnel) et souvent Mercurius solubilis (état infectieux subfébrile et évolution de l'écoulement vers le coryza muco-purulent).


ALOE

On désigne sous le nom d'aloès le suc épaissi des feuilles membraneuses, charnues, dentées sur les bords d'une douzaine d'espèces botaniques d'Aloès, plantes de la famille des Liliacées qui poussent dans les pays chauds. Les homéopathes utilisent l'Aloès socotrin, le plus recherché, provenant de l'île de Socotora dans l'Océan Indien.

L'action purgative de l'Aloès semble avoir été connue dès les premiers temps de la Médecine. A doses faibles, l’Aloès augmente la tonicité de l'estomac et de l'intestin, stimule la sécrétion biliaire et excite l'appétit à doses purgatives et laxatives, il détermine une certaine congestion des organes du bassin: gros intestin mais aussi organes génito-urinaires, et congestionne les vaisseaux hémorroïdaux en provoquant une sensation de chaleur et de cuisson à l'anus.

Le suc d'Aloès est recueilli par section des feuilles et concentré soit lentement à l'air soit par ébullition soit dans des chambres à vide. Sa composition chimique est complexe et mal connue. Son odeur est forte, caractéristique, et sa saveur très amère, désagréable.

A petites doses, en Médecine classique, l’Aloès est utilisé comme stimulant de l'appétit et de la tonicité de l'estomac; à doses moyennes, c'est un laxatif et un cholagogue, facilitant le drainage de la bile contenue dans les voies biliaires hors du foie, surtout dans la vésicule biliaire; enfin à doses plus élevées, l’aloès est un purgatif très violent et un emménagogue, provoquant l'apparition des règles.

L'expérimentation pathogénétique de l'aloès reproduit une irritation de la muqueuse du gros intestin et surtout un état de congestion veineuse (passive) de tous les organes du petit bassin et du système veineux porte.

Les symptômes caractéristiques de Aloe sont:

— Un état de flatulence abdominale avec torpeur intellectuelle, aversion pour le moindre effort intellectuel qui provoque une extrême lassitude. L'abdomen est très ballonné, lourd et chaud; avec beaucoup de gargouillements soulagés par l'émission de gaz remarquablement chauds et même brûlants. Très caractéristique également est le besoin fréquent d'aller à la selle, avec le sentiment de ne pouvoir la retenir, de ne pouvoir contrôler le sphincter de l'anus. Cette sensation particulière d'insécurité rectale accompagne non seulement l'émission des gaz mais aussi l'émission des urines, qui peuvent être suivies de l'évacuation d'une petite selle même solide. Lorsque les selles d'Aloe sont liquides elles sont très impérieuses, en jet, avec du mucus ressemblant à de la gelée et surviennent rapidement après avoir bu ou mangé.

- Un état de congestion veineuse passive intéressant le système porte, qui draine le sang veineux à partir de l'appareil digestif vers le foie. La congestion portale se traduit par une sensation de pesanteur au niveau du foie et du rectum, avec d'une part des douleurs abdominales par flatulence, des faux besoins d'aller à la selle et une tendance diarrhéique, et surtout des hémorroïdes très grosses, congestionnées, sensibles au moindre contact, saillantes comme une grappe de raisin, saignant facilement, avec des démangeaisons brûlantes calmées par des applications froides. Cette congestion portale est souvent due à des abus alimentaires avec sédentarité; et se manifeste encore par une certaine congestion cérébrale passive; sensation de lourdeur au niveau du front, paresse mentale (aversion pour le moindre travail intellectuel), tristesse aggravée par le mauvais temps, chaud et humide, mauvaise humeur enfin par temps chaud ou après avoir mangé.

Aloe est un remède important de l'homme de la quarantaine, sédentaire et surchargé digestif, gros mangeur pléthorique, physiquement et mentalement lourd, au ventre ballonné et chaud; incommodé par des gaz chauds, par une sensation d'insécurité rectale, et par des hémorroïdes très congestives en grappe de raisin, saignant facilement.

Aloe est un grand remède des états de congestion portale même lorsque cette congestion est due à une lésion abdominale relevant à plus ou moins longue échéance de la chirurgie.

Grand remède ano-rectal, Aloe est le remède des congestions du petit bassin avec perte de contrôle du sphincter de l'anus; et un remède dont on retrouve toujours les indications — à un moment donné ou à un autre—chez un malade affligé d'hémorroïdes.


ALUMINA

L'alumine ou oxyde d'aluminium est un constituant essentiel de l'argile (qui est un silicate d'aluminium) et entre pour 15 à 40% dans la composition des poteries céramiques. L'alumine exerce un effet astringent sur la peau et sur les muqueuses.

L'expérimentation pathogénétique de l'alumine reproduit une sécheresse extrême de la peau et des muqueuses et une faiblesse parétique, un affaiblissement de la contractilité musculaire en rapport avec une affection chronique profonde.

Les symptômes de Alumina sont:

—La sécheresse générale des tissus. Peau sèche et ridée, épaissie et souvent crevassée, craquelée: sensation de toile d'araignée ou de blanc d'œuf coagulé sur le visage; les crevasses, les éruptions sèches ou les démangeaisons (intolérables par la chaleur du lit) apparaissent surtout l'hiver.

Les ongles sont fragiles et cassants; les cheveux tombent. Sécheresse intense du pharynx avec rougeur inflammatoire de la muqueuse, sensation d'écharde ou d'arête de poisson à la gorge; déglutition difficile par contraction spasmodique de l'œsophage; les aliments secs « descendent » mal et provoquent des éructations prolongées et des douleurs constrictives à chaque bouchée; les aliments liquides et chauds «passent» mieux. La sécheresse de la muqueuse intestinale associée à l'atonie du rectum explique la constipation opiniâtre du malade. La sécheresse de la muqueuse gastrique explique l'intolérance du malade aux féculents, aux pommes de terre, aux soupes épaisses. La sécheresse des muqueuses respiratoires provoque de l'enrouement et une toux sèche, continuelle, suffocante, aggravée au réveil (long accès) ou en parlant. Enfin la sécheresse des muqueuses oculaires oblige le malade à se frotter les yeux constamment; et s'accompagne souvent d'une sensation de brûlure des conjonctives et de démangeaisons aux angles de l'œil.

—Une parésie générale; musculaire et organique. La vision est troublée: les objets apparaissent comme enveloppés d'un brouillard; besoin de cligner rapidement pour mieux voir, ou de se frotter les yeux; chute des paupières supérieures qu'il est difficile de relever; strabisme par parésie des muscles de l'œil; les malades se plaignent de ne pas voir clair, que leurs yeux se voilent ou sont recouverts d'une sorte de pellicule, que leurs yeux sont secs également. Tendance à l'enrouement par sécheresse de la muqueuse du larynx mais aussi par parésie de la musculature: malade incapable de soutenir longtemps un effort vocal, parésie des cordes vocales des chanteurs ou des orateurs. Constipation chronique par sécheresse des muqueuses mais aussi par faiblesse de la musculature de l'intestin et surtout du rectum; pas de besoin, aucun désir d'aller à la selle; L'intestin semble paralysé et aller à la selle nécessite de grands efforts, le malade se cramponne au siège et doit contracter tous ses muscles abdominaux même si la selle est molle; en général ses selles sont grosses (le besoin ne se manifeste qu'après accumulation dans le rectum), dures et en petits morceaux, noueuses, et souvent couvertes de mucus; après la selle, sensation d'excoriation à l'anus. Pour uriner, le malade est obligé d'attendre longtemps avant que l'urine s'écoule; il est obligé de faire des efforts comme pour aller à la selle; retard, lenteur et faiblesse de la miction par parésie et de la vessie et du sphincter de la vessie. La faiblesse musculaire des jambes provoque un besoin fréquent de s'asseoir, et s'accompagne de lourdeur et d'engourdissement des membres inférieur.

— Une dépression mentale et intellectuelle. Malade toujours triste et gémissant, tourmenté et chagrin, inquiet et soucieux, plein d'appréhensions; d’humeur instable, jamais satisfait. Par ailleurs, esprit embrouillé surtout au réveil avec difficulté de concentration; et indécision: incapable de prendre une décision et de réaliser un projet; mais hâte apparente: le temps passe trop lentement, et cependant pas de réalisation rapide. Insomnie avant minuit et sommeil troublé par des rêves, des réveils en sursauts, ou des paroles et des cris. Autres caractéristiques du remède: la phobie du sang ou des instruments piquants, des couteaux (impulsions au meurtre ou au suicide); et l'impression en disant quelque chose que c'est quelqu'un d'autre qui parle (dédoublement de la personnalité).

Les deux éléments essentiels du tableau pathogénétique de Alumina sont: la sécheresse des muqueuses et la faiblesse parétique générale. Mais l'insuffisance sécrétoire générale peut faire place localement à un catarrhe chronique, épais et adhérant: au niveau du larynx (où la présence de mucosités adhérentes et visqueuses oblige le malade à racler et à tousser le matin au réveil et le soir pour éclaircir la voix), et au niveau de l'utérus et du vagin (où la malade présente un écoulement abondant et jaunâtre, transparent mais corrosif, excoriant, capable de couler le long des cuisses en l'absence de garnitures) .

Alumina est surtout le remède des vieillards amaigris, à la peau sèche et ridée, aux fonctions glandulaires atteintes d'insuffisance sécrétoire et d'atonie (constipation, troubles urinaires, faiblesse des membres inférieurs...).

Mais c'est aussi un remède d'insuffisants digestifs atoniques à peau sèche; et un remède de début de paralysie par sclérose progressive médullaire.


AMBRA GRISEA

L'ambre gris est constitué par des concrétions intestinales de cachalot et se présente sous forme de masses compactes cireuses de couleur grise, flottant à la surface de la mer, après avoir été rejeté par les cachalots avec les matières fécales.

L'expérimentation pathogénétique de l'ambre gris reproduit un état d'hypersensibilité nerveuse avec spasmes chez des personnes surmenées ou affaiblies par l'insomnie ou par l'âge.

Les symptômes évocateurs de Ambra grisea sont très nombreux; ils ont pour modalités majeures d'être aggravés pour la moindre cause (car la caractéristique du malade est d'être extrêmement impressionnable), et d'être aggravés surtout par la présence d'autres personnes, ou en pensant à des ennuis imaginaires ou grossis.

La moindre chose, la moindre excitation bouleverse le malade. Hypersensibilité: le malade a du mal à respirer; le cœur s'accélère et bat plus fort, avec sensation de battements artériels dans tout le corps, ou sensation de poids sur la poitrine; impression de défaillance avec sensation de froid interne, d'engourdissement (surtout au bras), de tremblements, avec tressaillements musculaires ou spasmes. hyperémotivité: la musique fait pleurer et aggrave les malaises. Timidité invraisemblable: désir d'être seul car le malade est mal à l'aise en société et incapable de faire quoi que ce soit en présence d'un étranger; difficulté ou impossibilité d'uriner en sentant un étranger près de soi. Insomnie (surtout le soir) avec excitation mentale et besoin de se lever. Toux nerveuse, violente, spasmodique, avec éructations et enrouement, surtout en parlant. Démangeaisons au niveau des parties génitales, prurit génital voluptueux, règles en avance et abondantes ou saignements de l'utérus hors des règles pour la moindre cause (émotion, longue promenade, effort physique).

Ambra grisea est le remède des malades qui vivent en permanence «sur les nerfs», qu'un rien bouleverse et fait pleurer, qui ne supportent pas la présence d'un étranger; qui sont très sensibles à la musique et à la moindre excitation; et mieux dans le calme ou après une promenade en plein air à pas lents.

Ambra grisea est le remède de l'hyperémotivité d'allure névropatique, ou se manifestant sur un terrain prédisposant à la spasmophilie.


AMMONIUM CARBONICUM

Le carbonate d'ammonium, ou Alcali volatil concret, sel volatile d'Angleterre, est un sel blanc cristallin d'odeur ammoniacale, utilisé en thérapeutique classique comme stimulant, sudorifique et modificateur des sécrétions bronchiques par voie interne; et utilisé en inhalations sous forme de sels anglais (smelling salts) ou de sel de Preston (carbonate d'ammonium imbibé d'ammoniaque et aromatisé avec diverses essences) en applications sur la peau il est rubéfiant, provoquant un érythème comme celui de la scarlatine.

Expérimentalement, le carbonate d'ammonium crée une dépression du système nerveux (manque de réaction générale et faiblesse maladive) et une dépression du nerf pneumogastrique (troubles cardio-respiratoires).

Les symptômes de Ammonium carbonicum sont:

— La faiblesse maladive et l'absence de réaction générale. Malade généralement gras et lourd, bedonnant et bouffi, mais surtout indolent, sans réaction. Malade constamment préoccupé de sa santé; d'une faiblesse maladive qui contraste avec son apparence robuste; déprimé moralement, triste et geignard; avec tendance à se trouver mal, tendance aux crises de défaillances (nécessitant l'emploi de «sels», s'il s'agit d'une femme). Malade souvent assoupi dans la journée, affaissé et somnolent dans un fauteuil, perpétuellement las. Malade d'aspect négligé dans sa tenue et dans ses soins corporels, car il a horreur de se laver. Très frileux, il craint le froid et surtout le froid humide, le temps orageux ou couvert. II recherche la chaleur.

—Le coryza sec. Coryza chronique, sec avec obturation du nez la nuit, réveillant la malade la nuit (surtout si la chambre est chaude), et l'obligeant à respirer par la bouche; besoins inefficaces de se moucher.

— Les troubles cardio-respiratoires, indissociables. Oppression considérable, gêne respiratoire: à l'effort (après avoir monté quelques marches) mais aussi en entrant dans une pièce chaude (suffocation) ou la nuit vers 3 heures du matin; avec encombrement bronchique (par des mucosités jaunâtres ou écumeuses difficiles à expectorer), respiration sifflante, sensation de faiblesse de la poitrine en parlant ou sensation d'élancements à la poitrine en toussant. Simultanément le pouls est faible et rapide; le malade ressent des palpitations angoissantes perceptibles à l'oreille, avec prostration et sueurs froides; tendance aux malaises ou à la syncope; et tendance aux hémorragies (sang noir): saignements de nez en se lavant le matin ou après avoir mangé.

Les indications de Ammonium carbonicum se retrouvent chez les emphysémateux, les bronchiteux chroniques évoluant vers l'insuffisance cardiaque ou l'asthme cardiaque; et chez les urémiques ou les malades souffrant d'insuffisance rénale avec tendance à l'hypertension artérielle.

La suffocation en entrant dans une pièce chaude ou en s'endormant dans une chambre chaude, et la crise de dyspnée cardio-respiratoire vers 3 heures du matin sont deux symptômes très évocateurs de Ammonium carbonicum. La gêne respiratoire de Kalium carbonicum est différente de celle de ce remède; Kali carbo est plus fatigué qu’essoufflé à l'effort; Kali carbo est le remède du ballonné digestif essoufflé, avec fatigabilité musculaire rapide et anormale obligeant à s'asseoir. Ammonium carb. est le remède d'un sujet assez âgé et gras, au thorax dilaté par une bronchite emphysémateuse chronique, ou une insuffisance cardio-respiratoire; avec carence de l'hématose, c'est-à-dire de l'élimination du gaz carbonique et de l'oxygénation du sang au niveau des poumons; et tendance aux défaillances ou à la syncope.


ANACARDIUM ORIENTALE

Anacardium orientale ou fève de Malacca, noix de marais, est un arbre de la famille des Anacardiacées, originaire de l’Inde.

Son expérimentation pathogénétique reproduit un état de dépression du système nerveux s'accompagnant de baisse de la mémoire et d'indécision; et des troubles digestifs.

Les indications essentielles de Anacardium orientale sont:

—La dépression intellectuelle et mentale caractérisée par une perte de mémoire avec difficulté de la compréhension, et une perte de confiance en soi avec indécision, irrésolution (le malade se sent comme tiraillé par deux volontés opposées). L'étudiant saturé par son travail ne peut plus apprendre et ses connaissances acquises n'émergent plus; il se plaint de «tête lourde et vide». Le malade indécis est victime d’impulsions contradictoires, tantôt désagréable avec les personnes qu'il aime et tantôt riant de choses graves et sérieuses ou sérieux devant des choses gaies. Ces impulsions irrésistibles peuvent provoquer de la mauvaise humeur avec tendance à l'irritabilité et aux grossièretés. La fatigue intellectuelle et un affaiblissement des perceptions sensorielles provoquent parfois des hallucinations (malade qui entend des voix, qui sent des odeurs irréelles), des peurs non motivées (se croit poursuivi, éprouve un besoin irrésistible de s'enfuir en courant; devient soupçonneux, irritable et méchant) et même un dédoublement de la personnalité (se croit double; croit son corps et son esprit séparés; se croit soumis à deux influences opposées; vit en état de rêve). Cette dépression intellectuelle et mentale est pire à jeun; est aggravée par tout effort intellectuel mais toujours améliorée en mangeant (au cours du repas ou très tôt après).

— Les troubles digestifs des malades psychasthéniques, améliorés en mangeant ou après un repas. Sensation de vide ou de pesanteur à l'estomac; spasmes d'estomac; ou même douleur gastrique ulcéreuse. Anacardium est le remède des maux d'estomac ou de la sensation de faim douloureuse (toujours calmés en mangeant) des malades indécis et victimes d'une perte de mémoire; ou des malades qui présentent des troubles du comportement par impulsions non contrôlées: fugues, vols, mensonges grossiers; ou des malades qui se croient possédés ou persécutés.


ANTIMONIUM CRUDUM

Antimonium crudum ou sulfure noir d'antimoine, antimoine cru est un minéral assez commun qui fut très apprécié par les anciens mais n'est plus utilisé en thérapeutique classique.

Son expérimentation reproduit un état d'atonie de l'estomac et de l'intestin avec inflammation et hypersécrétion des muqueuses; et des troubles de la nutrition générale avec tendance à l'obésité, aux altérations de la peau et des ongles et une tendance aux rhumatismes et à la goutte en particulier.

Les symptômes de Antimonium crudum sont:

— L'embarras gastrique après ingestion d'aliments gras (porc, charcuterie, pâtisseries) ou d'aliments acides (plats épicés, vinaigre, vins acides). La langue est recouverte sur toute sa surface d'un enduit épais blanc laiteux (comme du plâtre). Au niveau de l'estomac, sensation de plénitude et de pesanteur; éructations ayant le goût ou l'odeur des aliments; nausées ou vomissements contenant des débris alimentaires; dégoût de la nourriture surtout à la pensée ou à l'odeur des aliments mais désir d'acidités. Au niveau de l'intestin: diarrhées après avoir trop mangé; selles fréquentes, d'un aspect aussi évocateur que l'aspect de la langue: selles liquides avec des matières solides, selles mi-liquides mi-solides, avec besoins persistants. Au niveau de l'anus: hémorroïdes avec démangeaisons et suintement continu qui tache le linge.

—Un caractère difficile, irascible, et même hargneux. Le malade glouton et gras ne supporte pas qu'on le regarde ni même qu'on le touche; toujours d'humeur maussade et bourrue.

—La frilosité avec horreur de l'eau froide. Aversion pour les lavages à l'eau froide ou pour les bains froids. Le froid peut provoquer aussi bien des maux de tête que des douleurs rhumatismales. un coryza (avec troubles digestifs), ou un arrêt des règles.

— Des altérations trophiques des téguments: ongles déformés et cassants, verrues cornées et douloureuses sur les mains, cors et durillons très sensibles et douloureux; épaississement corné, induré et douloureux de la plante des pieds.

— Enfin des éruptions vésiculeuses suintantes ou croûteuses épaisses, jaunâtres, avec tendance aux gerçures; pyodermite avec gerçures au niveau des commissures des lèvres ou des paupières, ou au pourtour des narines.

Antimonium crudum est surtout le remède de l'embarras digestif après avoir trop mangé; mais aussi le remède du glouton irritable ou hargneux qui présente des troubles de la digestion (par surcharge), une tendance à l'embonpoint ou à l'obésité, et une tendance à la goutte.


ANTIMONIUM TARTARICUM

L'émétique ou tartre stibié, tartrate d’antimoine et de potasse est une poudre blanche toxique utilisée à la dose de trois à cinq centigrammes comme vomitif énergique (pour adultes) et à la dose de cinq à dix centigrammes comme purgatif.

L'expérimentation de l'émétique reproduit une inflammation catarrhale aiguë des voies respiratoires avec dyspnée intense pouvant aller jusqu'à l'asphyxie à la fois par parésie de la musculature bronchique et par hypersécrétion bronchique. En outre l'expérimentation provoque une dépression du système nerveux central (somnolence irrésistible et faiblesse générale) et une irritation du nerf pneumogastrique (nausées et vomissements).

Le tableau clinique de Antimonium tartaricum est celui d'une maladie broncho-pulmonaire aiguë avec atteinte rapide de l'état général .

—Malade prostré et assoupi avec tendance irrésistible au sommeil. Faiblesse extrême avec tremblements. Pâleur du visage et souvent froideur de la peau. Vertiges dès que le malade soulève la tête sur son oreiller.

—Gêne respiratoire intense et respiration bruyante même à distance. Respiration difficile avec tendance à l'asphyxie; les narines sont dilatées et animées de battements rapides; la toux est suffocante, épuisante, aggravée par l'absorption d'aliments, ou vers 3 heures du matin, obligeant le malade à s'asseoir dans le lit, soutenu tant sa faiblesse est grande; l’expectoration est difficile, visqueuse et filante, peu abondante et ne modifie pas l'envahissement des bronches par une grande accumulation de râles humides. L'asphyxie est souvent menaçante avec cyanose des lèvres, faciès angoissé, yeux cernés et sueurs grasses et visqueuses, froides.

—Etat nauséeux permanent et vomissements pénibles et épuisants; avec beaucoup d'efforts douloureux qui aggravent la tendance asphyxique de la maladie et l'anxiété du malade. Sueurs froides au front pendant les nausées; au fur et à mesure que le malade vomit, son état d'épuisement s'aggrave. Dégoût de toute nourriture et du lait mais désir de boissons acidulées, de fruits acides.

Antimonium tartaricum est un grand remède de bronchites aiguës ou d'affections broncho-pulmonaires lorsqu'il existe un encombrement des voies respiratoires par des mucosités abondantes et une gêne respiratoire intense avec tendance à l'asphyxie par troubles sérieux de la ventilation pulmonaire (et donc de l'hématose, de l'oxygénation du sang au niveau des bronches) .


APIS MELLIFICA

Apis mellifica est une préparation homéopathique obtenue par trituration de l'abeille entière avec du sucre de lait ou macération de l'abeille écrasée dans l'alcool.

L'expérimentation pathogénétique de l'abeille reproduit une inflammation aiguë œdémateuse de la peau et des muqueuses et une inflammation aiguë exsudative (avec formation d'un épanchement) des séreuses, avec apparition de douleurs aiguës piquantes et brûlantes.

La douleur et l'œdème localisés sont les symptômes essentiels de Apis.

— La douleur est très aiguë, piquante et brûlante comme par des aiguilles chauffées au rouge, rougies au feu; douleur extrêmement violente aggravée par la chaleur sous toutes ses formes, chaleur locale, chaleur ambiante (dans une chambre chaude ou fermée par exemple); cette douleur est encore aggravée par la pression ou le simple toucher, mais calmée par le froid ou en découvrant la région affectée.

— L'œdème localisé a l'aspect d'une enflure par piqûre d'abeille: macule rouge à élevure centrale pâle, ortiée, qui grossit et rougit rapidement pour se transformer en un œdème ou pâle ou translucide, brillant, extensif, très sensible aux agressions physiques: le froid, la pression ou même le simple contact.

— Cette inflammation aiguë œdémateuse des tissus est améliorée par la réapparition de la diurèse normale, car pendant la durée de la maladie, les urines sont très peu abondantes et le malade n'a pas soif, deux symptômes très importants et très évocateurs.

Les indications de Apis mellifica sont nombreuses et correspondant à un processus inflammatoire aboutissant à un œdème douloureux ou cuisant, extensif, quelle que soit la nature de l'affection: allergique, infectieuse ou traumatique.

Ne pas méconnaître la gravité potentielle des piqûres d'insectes, guêpes ou abeilles, chez certains malades allergiques ou simplement sensibilisés par des piqûres antérieures: possibilité d'œdème extensif très rapide, régional ou à distance, cérébral par exemple (œdème cérébro-méningé avec convulsions ou coma); ou possibilité d'anurie par blocage des fonctions rénales. De telles complications dramatiques s'observent surtout après piqûre d'un vaisseau superficiel ou d'une région très vascularisée comme le visage (paupières, lobe de l'oreille, la bouche), ou la muqueuse pharyngée ou la pulpe des doigts... Les œdèmes extensifs sont caractérisés par leur aspect brillant (pâle ou rosé), leur rapidité d'apparition, leur modalité douloureuse: sensation de piqûre brûlante, leur extrême sensibilité au toucher, au moindre contact, et surtout par une diminution importante de la sécrétion urinaire (qui redevient normale après guérison de l'œdème).

Suivant la localisation de l'œdème: au niveau de la peau ou d'une muqueuse, œdème neurotoxique par piqûre d'insecte; œdème allergique (urticaire, œdème de Quincke, coryza spasmodique avec œdème important et obstructif de la muqueuse nasale...); œdème infectieux (érysipèle, Iymphangite, périphlébite); angine phlegmoneuse avec œdème de la luette qui pend comme un battant de cloche transparent; œdème de la glotte ou du poumon; et surtout néphrite aiguë par œdème inflammatoire, par infiltration œdémateuse du rein dans les complications d'angine, de scarlatine, de grossesse, de rhumatisme articulaire, dans toutes les maladies aiguës (intoxications, comas avec anurie...) caractérisées par une diminution considérable de la sécrétion urinaire et par l'apparition d'albumine (Apis en étant le remède vasomoteur, Cantharis et surtout Mercurius corrosivus en étant les remèdes lésionnels à un stade plus tardif de l'évolution).

Au niveau d'une séreuse viscérale: pleurésie aiguë, péritonite séro-fibrineuse, péricardite et méningite aiguës, toutes localisations marquées par une hypersécrétion exsudative ou un épanchement clair non purulent. Les indications précises de Apis dans les inflammations méningées aiguës (aussi bien méningites qu'œdème cérébro-méningé) sont: un état d'inconscience et de stupeur pouvant aller jusqu'au coma; un état de somnolence avec les yeux mi-clos mais avec agitation convulsive de la tête qui est enfoncée dans l'oreiller et qui roule de côté et d'autre; une intolérance à la lumière; une céphalée qui provoque des cris perçants et inarticulés, des cris encéphaliques; une agitation des extrémités; un besoin de se découvrir (ne pas oublier que le malade Apis ne supporte ni la chaleur ni le contact); une tendance au délire marmottant; et enfin une tendance à l'anurie ou à une réduction considérable du volume des urines. A noter que le malade atteint de Méningite Apis est soulagé par des applications froides mais ne porte jamais la main à la nuque: aggravation des douleurs par le moindre contact.

Au niveau d'une séreuse articulaire: arthrite aiguë avec gonflement de l'articulation, peau lisse et luisante, tendue, rosée, très sensible au moindre contact; épanchement intra-articulaire ou épanchement à l'intérieur des bourses séreuses (hygroma). Apis est toujours un remède d'inflammation aiguë (et donc récente) et brutale: rhumatisme articulaire aigu (en association avec Bryonia et Ledum; et parfois Aconitum napellus), synovite aiguë, hygroma, crise de goutte (complémentaire encore: Ledum). Et toujours rechercher les modalités essentielles du remède: L’aggravation par la chaleur sous toutes ses formes et par le contact, la pression; L’amélioration par le froid ou en se découvrant, l’amélioration par les compresses froides ou par le bain froid. Enfin ne pas oublier les indications traumatiques de Apis: entorses, foulures ou luxation (après réduction) avec œdème caractéristique; ou tendinite aiguë très inflammatoire.


APOCYNUM

Apocynum cannabinum ou chanvre du Canada, de la famille des Apocynacées est une plante vivace originaire de l'Amérique du Nord, qu'il ne faut pas confondre avec le chanvre indien dont on extrait le hachisch, Cannabis indica de la famille des Cannabinacées (ordre des Urticacées).

Très toxique, le chanvre du Canada provoque une dépression aiguë du système nerveux avec chute de tension, accélération du pouls d'abord puis arythmie et arrêt du cœur et de la respiration.

L'expérimentation du chanvre du Canada provoque essentiellement une infiltration séreuse des tissus (hydropisie) par diminution du volume des urines et de la transpiration.

L'insuffisance de la fonction rénale est l'élément essentiel du tableau de Apocynum et se manifeste par une réduction considérable de la diurèse: urine très peu abondante et expulsée en très petite quantité à la fois, malgré la soif du malade qui l'oblige à boire beaucoup. L'eau envahit les tissus: œdème superficiel (des jambes, de la paroi abdominale ou du scrotum, des paupières) ou épanchement au niveau des séreuses (ascite, hydrothorax). Le malade devient essoufflé et oppressé (avec sensation de malaise au creux épigastrique); le cœur est faible avec pouls lent et irrégulier, petit; dans la journée, assoupissement fréquent mais insomnie la nuit.

Apocynum est en homéopathie le remède de l'insuffisance urinaire due soit à une affection cardiaque (décompensation cardiaque des malades valvulaires) soit à une lésion rénale (avec azotémie) soit à une maladie cardio-respiratoire de type Ammonium carbonicum. L'action de Apocynum est de type diurétique mais ne saurait résoudre le problème de l'affection causale.


ARGENTUM METALLICUM

L'argent est un métal précieux blanc, brillant et inoxydable; trop connu pour qu'il soit nécessaire de le présenter. L'argent n'est utilisé en thérapeutique classique qu'à l'état de sels ou de préparation colloïdale qui lui confèrent les propriétés antiseptiques.

L'expérimentation pathogénétique de l'argent crée une inflammation chronique à tendance hypertrophique ou ulcérative des cartilages, du larynx ou du pharynx, des testicules ou des ovaires, avec dépression du système nerveux et tendance aux contractures.

Les symptômes nerveux de Argentum metallicum sont: la faiblesse mentale et la faiblesse musculaire.

— Faiblesse mentale: aversion pour la parole, malade triste et taciturne inquiet sur sa santé, se croit gravement malade; de mauvaise humeur; souvent réactions très vives, en colère pendant longtemps pour un petit ennui, ou fou de joie pour un petit plaisir.

— Faiblesse musculaire: faiblesse des avants-bras en écrivant, engourdissement et tremblements, raideur articulaire avec douleurs; vertiges surtout en regardant l'eau couler.

Au niveau du larynx: enrouement chronique avec sensation d'écorchure ou d'écharde au larynx en toussant ou en parlant. Enrouement chronique et douloureux (par inflammation ulcérative de la muqueuse) aggravé en toussant ou en parlant, après avoir chanté ou parlé (laryngite des chanteurs ou des orateurs). Avec expectoration faible de mucosités grisâtres et visqueuses, épaisses; et toux sèche et cassante, provoquée par le rire (ou la parole).

Au niveau du pharynx: inflammation chronique de la muqueuse avec rejet tous les matins de mucosités grisâtres, gélatineuses et visqueuses, et douleur au niveau de la gorge en toussant.

Au niveau de l'utérus et des ovaires: hypertrophie et induration chronique des ovaires avec douleur irradiant à la cuisse et au dos. Inflammation et souvent ulcération du col de l'utérus avec leucorrhée jaunâtre et irritante, de mauvaise odeur, très fétide; et souvent également prolapsus de l'utérus.

(bien entendu, Argentum metallicum n'est pas « Le» remède du cancer du col de l'utérus).


ARGENTUM NITRICUM

Le nitrate d'argent, obtenu par dissolution de l'argent dans l'acide nitrique se présente sous la forme de cristaux incolores, d'une saveur métallique désagréable, solubles dans l'alcool et dans l'eau; fondu et coulé dans une lingotière, il se solidifie en petits cylindres ou crayons utilisés comme caustiques sous le nom de pierre infernale contre les verrues, végétations ou ulcérations (il agit comme oxydant sur les matières organiques). en solution pour usage externe, le nitrate d'argent est utilisé comme antiseptique et astringent dans les conjonctivites, angines, urétrite blennorragique.

A noter que les premières dilutions centésimales du nitrate d'argent se font en utilisant l'eau distillée, puis un mélange à parties égales d'alcool et d'eau distillée, et enfin d'alcool en excès seul à partir de la 3ème CH. En effet en faisant agir un mélange d'alcool en excès et de nitrate d'argent (ou d'acide nitrique et d'argent) on obtient du fulminate d'argent qui détone au moindre choc. Les détonateurs ou amorces détonantes sont préparées à partir du fulminate de mercure, le fulminate d'argent sert à la préparation de certains artifices.

L'intoxication aiguë par le nitrate d'argent provoque des troubles digestifs avec vomissements et selles noirâtres. L'intoxication chronique provoque en outre un liseré noirâtre au pourtour des gencives et une pigmentation gris ardoisé indélébile des muqueuses exposées à la lumière et de la peau (argyrie) .

L'expérimentation pathogénétique du nitrate d'argent reproduit une inflammation des muqueuses (surtout laryngée et digestive) avec tendance ulcérative et suppurative; et un état d'excitation du système nerveux avec précipitation et anxiété, troubles de la coordination motrice, phobies et maux de tête congestifs.

Les symptômes de Argentum nitricum sont les suivants:

—Atteinte profonde du système nerveux produisant une agitation fébrile et anxieuse, un état de fébrilité nerveuse permanente. Malade toujours pressé, pour qui le temps passe trop vite; qui voudrait avoir déjà terminé ce qu'il entreprend car il a peur de ne pas avoir le temps de faire ce qu'il a commencé. Impulsion irrésistible à marcher vite car il a toujours peur d'être en retard. Parfois précipitation désordonnée avec tendance à l'incoordination motrice, à la difficulté de coordonner les mouvements nécessaires à l'exécution d'un geste. En outre, anxiété aiguë, et angoisse à l'idée d'avoir à faire une chose inaccoutumée; phobie de la parole, mal à l'aise dans un lieu public ou appréhension de se retrouver dans la foule; ou au contraire phobie d'être seul; peur de traverser un grand espace dégagé ou peur de se heurter à l'angle des maisons; peur des rues étroites aux façades élevées qui donnent le vertige ou donnent l'impression que les maisons des deux côtés de la rue vont se rapprocher et l'écraser; peur d'être atteint d'une maladie incurable, de devenir fou, de céder à une impulsion de se jeter dans le vide. Vertiges avec sensations de tremblements et de faiblesse dans les jambes; vertiges à la vue des maisons élevées ou en regardant dans le vide, mais aussi dans l'obscurité ou en fermant les yeux. Ce déséquilibre nerveux, fait d'agitation anxieuse permanente, de phobies et de vertiges, est aggravé par la chaleur et le surmenage intellectuel.

—Maux de tête congestifs avec sensation d'augmentation de volume du cerveau ou sensation d'éclatement de la tête; maux de tête en casque après un long travail mental ou une excitation cérébrale, améliorés de façon évocatrice par une pression forte en serrant fortement la tête soit avec les mains soit avec un bandeau très serré; maux de tête aggravés par l'effort intellectuel mais aussi par les secousses de la marche; et améliorés en plein air, par le vent, par l'air froid.

— Goût inhabituel ou permanent pour les sucreries ou pâtisseries (Argentum nitricum est un remède de diabète, un remède de dégénérescence ou d'inflammation chronique du pancréas). Aérogastrie considérable; flatulence après repas, surtout localisée à l'épigastre; éructations bruyantes immédiatement après le repas mais qui ne soulagent que momentanément; douleurs gastriques soit flatulentes sous les fausses côtes gauches soit rongeantes et transfixiantes du creux épigastrique à l'omoplate gauche. Et comme le malade fait toujours tout à la hâte, il mange trop vite.

—Enrouement chronique, laryngite chronique avec rougeur et gonflement de la muqueuse autour des cordes vocales, et tendance à l’ulcération (sensation d'un éclat de bois, d'une écharde fichée dans la gorge). Enrouement des chanteurs ou des professionnels de la voix (professeurs, orateurs) surtout le matin avec rejet de mucosités adhérentes obligeant le malade à tousser ou à racler. Enrouement aggravé par la chaleur, dans une chambre chaude ou un local fermé; aggravé en parlant ou en chantant (surtout aux notes élevées); aggravé dans une atmosphère enfermée, surtout par le tabac; amélioré enfin par le grand air frais.

— Diarrhée verte, surtout infantile. Diarrhée faite de mucus ou de membranes d'un vert épinard ou verdissant rapidement à l'air, comme des épinards hachés. Selles éclaboussantes, avec expulsion bruyante de gaz fétides, avec ballonnement de l'abdomen, et souvent douleur et rougeur du bout de la langue (et papilles proéminentes).

—Palpitations violentes provoquées par les émotions ou appréhensions; aggravées la nuit en étant couché sur le côté droit.

— Inflammation suppurative des yeux. Gonflement et épaississement des paupières avec sécrétions muco-purulentes jaunes ou jaune-verdatre, abondantes, peu irritantes, mais avec tendance à l’ulcération de la cornée et à la photophobie (intolérance à la lumière). Ophtalmie des nouveau-nés, ophtal­mie purulente, ulcération de la cornée, blépharo-conjonctivite chronique...

— Inflammation chronique à tendance suppurative de l'urètre et de la vessie. Brûlures urétrales en urinant; sensation constante d'une écharde dans l'urètre; sensation d'urine restant dans l'urètre après avoir uriné; et souvent émission de quelques gouttes d'urines après avoir fini d'uriner.

— Inflammation chronique suppurative de l'utérus. Gonflement et ulcération du col de l'utérus, avec leucorrhée irritante, jaune-verdatre; brûlures vaginales constantes et douleurs vaginales pendant les rapports sexuels.

Retenir de cette longue énumération de symptômes que Argentum nitricum est le remède des personnes toujours pressées, impatientes et anxieuses; aux lésions inflammatoires à tendance ulcéreuse; et aux maux de tête congestifs avec état vertigineux ou plus exactement avec instabilité à la marche (précipitée) ou à la station debout (oscillante).

Les maux de tête de Argentum nitricum ne sont pas d'origine vasculaire (comme les migraines) mais témoignent d'un état de souffrance métabolique des cellules cérébrales; semblent en rapport avec un trouble de l'utilisation de l'oxygène et du glucose par les cellules nerveuses après un travail excessif ou une tension psychique prolongée.

Enfin noter que Argentum nitricum est le remède de base d'une prédisposition constitutionnelle à certains troubles du comportement et aux angoisses ou phobies.


ARNICA

L'arnica est une jolie plante des prairies et pâturages d'altitude (Vosges, Alpes, Jura, Pyrénées); on la rencontre dans les terrains siliceux jusqu'à 2.400 mètres d'altitude. On l'appelle également Herbe aux chutes, Tabac des Vosges, Bétoine, Arnica des montagnes, Souci et plantain des Alpes, Herbe à éternuer. . .

Son nom dérive d'un mot grec qui signifie: qui fait éternuer. Et en effet ses fleurs d'un beau jaune d'or ressemblant à une marguerite ont une odeur assez forte pour provoquer des éternuements.

Les propriétés vulnéraires des feuilles et des fleurs sont connues depuis le Moyen Age, en applications externes. Par voie interne, l’arnica est toxique et doit être administrée avec prudence car elle peut provoquer des troubles digestifs avec sueurs froides, hémorragies et troubles nerveux (convulsion et délire); à doses peu élevées, dès son absorption l'arnica provoque de façon certaine une gastro-entérite aiguë, qui peut être suivie de mouvements convulsifs et de vertiges. A haute dose, l’arnica peut être mortel.

L'expérimentation pathogénétique de l'arnica met en évidence deux modalités d'action; une activité hémorragique et une hypersensibilité à type de courbature ou de meurtrissure généralisée.

Les symptômes évocateurs de Arnica sont:

—Une douleur à type de courbature ou de meurtrissure (localisée ou généralisée) avec hypersensibilité au moindre contact, au moindre toucher, à la moindre secousse; le malade est endolori comme s'il avait été battu; il ne peut trouver une bonne position dans son lit pour dormir, son lit lui parait trop dur;

— Une tendance hémorragique, après traumatisme ou spontanément, par fragilité vasculaire; ecchymoses ou hématomes, purpuras, ou hémorragies de sang rouge;

— Un état de choc: traumatique, hémorragique ou infectieux. Faiblesse extrême pouvant aller jusqu'à la prostration, avec les courbatures généralisées caractéristiques du remède, son insomnie (par difficulté de trouver une bonne position dans le lit pour dormir), sa tendance hémorragique (des simples ecchymoses traumatiques à l'hémorragie interne—cérébrale par exemple—spontanée), un état congestif de la face qui est chaude et rouge, congestionnée alors que le reste du corps est froid (surtout le nez et les extrémités), une agitation incessante et parfois des gémissements en dormant.

Arnica est un bon remède des douleurs de traumatisme des parties molles, muscles et peau (contusions) ou articulations (foulures, entorses). Un bon remède de tendance hémorragique par fragilité vasculaire, révélée par un traumatisme même léger, par un état infectieux (avec courbatures intenses et éruptions purpuriques) ou par une hémorragie localisée spontanée (du saignement de nez à l'hémorragie cérébrale).


ARSENICUM ALBUM

L'anhydride (ou acide) arsénieux, arsenic blanc ou oxyde blanc d'arsenic est un remède très important en Homéopathie. Sa pathogénésie se confond avec celle de l'arsenic, poison cellulaire violent. L'acide arsénieux se présente sous l'aspect d'une poudre blanche cristalline assez semblable à du sucre en poudre. Inodore, il répand une odeur alliacée caractéristique après avoir été projeté sur des charbons incandescents; de saveur très faible, douce d'abord il laisse dans la bouche un arrière-goût métallique. Poison très violent, l’anhydride arsénieux a été le produit le plus souvent utilisé dans un but criminel parce qu'il ressemble à du sucre ou à de la farine, parce qu'il ne répand aucune odeur et parce que sa saveur est faible.

En thérapeutique classique l'anhydride arsénieux est utilisé comme tonique stimulant général et reconstituant (à des doses de l'ordre de 1 à 10 milligrammes par vingt-quatre heures); il agit surtout en activant les échanges nutritifs et en stimulant l'appétit. En usage externe, l’anhydride arsénieux est utilisé comme caustique pour détruire certaines tumeurs de peau, pour dévitaliser les dents; et comme poison pour les rats.

L'intoxication aiguë par l'anhydride arsénieux (dose mortelle 10 à 2û centigrammes) crée une gastro-entérite aiguë cholériforme; L'intoxication chronique crée un tableau clinique difficile à résumer ou à schématiser car tous les appareils ou organes peuvent être affectés par le poison.

L'expérimentation pathogénétique de l'anhydride arsénieux reproduit un état inflammatoire aigu avec tendance nécrosante, et des syndromes neurotoxiques avec dégénérescence des tissus, sans qu'il y ait toujours parallélisme entre l'intensité des désordres fonctionnels et la gravité des lésions tissulaires. Inflammation œdémateuse et exsudative aiguë, et irritation des fibres nerveuses avec sensation de chaleur brûlante sont les deux caractéristiques de l'activité pathogénésique du remède.

L'activité de Arsenicum album s'exerce au niveau de tous les tissus mais avec une prédilection nette pour la peau, les muqueuses et séreuses, les cellules nerveuses, le sang, le myocarde, l’appareil digestif, l’appareil respiratoire, le rein...

Arsenicum album est le remède d'une certaine souffrance des cellules soumises à une agression toxique, endogène (libération d'histamine dans un conflit antigène-anticorps au cours d'une crise allergique; ou libération de déchets toxiques d'origine métabolique) ou exogène (toxines microbiennes libérées au cours d'une infection aiguë, intestinale par exemple).

Quelle que soit leur localisation, les syndromes Arsenicum album ont en commun un retentissement psychique fait d'angoisse et d'agitation, un horaire d'aggravation nocturne remarquable, et une périodicité nette des troubles avec des alternances morbides.

Les symptômes de Arsenicum album sont les suivants:

—Agitation extrême, physique et mentale. Malade qui ne peut rester tranquille, qui éprouve sans cesse le besoin de se lever et de marcher dans sa chambre; ou qui demande à être déplacé dans son lit s'il est trop faible pour se mouvoir. Alternance d'agitation ou de dépression dans la même journée; un moment se sent très bien et plein de vie, un autre moment se sent très déprimé et d'une extrême faiblesse. Anxiété désespérée: peur de la mort et peur d'une mort soudaine lorsqu'il est seul; se croit perdu, incurable malgré les traitements et refuse obstinément de prendre les remèdes, auxquels il ne croit plus. Cette agitation anxieuse est toujours aggravée après minuit (généralement entre minuit et 3 heures du matin).

—Douleurs brûlantes. Douleurs brûlantes comme par des charbons ardents (ou douleurs brûlantes et piquantes); toujours améliorées par la chaleur, ce qui est une modalité déroutante au premier abord mais très caractéristique du remède; douleurs souvent périodiques, pires un jour, mieux le lendemain; douleurs aggravées par le froid, améliorées par la chaleur sous toutes ses formes et surtout par la chaleur locale. Douleurs brûlantes qui contrastent avec la frilosité habituelles du malade; malade refroidi qui recherche la chaleur auprès d'un feu ou sous de nombreux vêtements ou couvertures.

— Périodicité d'une même manifestation pathologique (asthme par exemple), ou alternance avec d'autres manifestations de même modalité (eczéma, névralgies..).

— Au niveau de la peau: toxicodermies, c'est-à-dire éruptions d'origine toxique, toxi-infectieuses, et même allergique ou médicamenteuse. Dermatoses sèches et squameuses: peau sèche et ridée, parcheminée, écailleuse ou d'apparence farineuse (petites squames farineuses qui se détachent facilement). Ou dermatoses vésiculeuses suintantes; ou pustuleuses avec du pus irritant et excoriant, peu épais mais fétide; ou tendance aux oedèmes localisés (surtout au niveau des paupières inférieures) avec aspect cireux et pâleur de la peau. Quel que soit l'aspect de la peau, ces lésions ont en commun un prurit intense (le malade se gratte jusqu'au sang), et une sensation de chaleur brûlante qui n'est calmée que par la chaleur, des applications chaudes, des bains presque brûlants.

—Au niveau des cellules nerveuses: douleurs brûlantes, névralgiques à retour périodique, avec agitation et anxiété, aggravées la nuit après minuit, calmées par la chaleur surtout locale. Névralgies, névrites, neurinomes.

—Au niveau de l'estomac et de l'intestin; vomissements violents et diarrhée. Tableau de gastro-entérite aiguë caractérisée par des douleurs brûlantes et par une sensation de sécheresse intense des muqueuses: bouche sèche, lèvres sèches et parcheminées, langue sèche et sécheresse du pharynx avec sensation de brûlure de la gorge. Nausées et vomissements violents aussitôt après avoir bu ou absorbé quelque chose; nausées aggravées par la vue ou l'odeur des aliments; vomissements violents qui ne soulagent pas. Diarrhée peu abondante mais foncée, brunâtre ou noirâtre; très fétide, quelquefois même d'odeur de cadavre; brûlante et irritante, excoriante; rarement sanguinolente; mais toujours suivie d'une extrême faiblesse hors de proportion avec la quantité de liquide rejetée; et aggravée après avoir bu ou mangé. Pendant les vomissements ou la diarrhée, refroidissement généralisé; le corps est glacé (le malade cherche à se couvrir) et couvert de sueurs froides. Soif vive, de petites quantités d'eau glacée qui reste comme un poids sur l'estomac et finit par être rejetée. Ce tableau correspond aux gastro-entérites aiguës, aux diarrhées cholériformes ou dysentériformes, aux toxi-infections diges­tives (d'origine alimentaire, par exemple). Complémentaires: Veratrum album, et au stade de convalescence: China;

— Au niveau de l'appareil respiratoire: coryza aqueux et brûlant, excoriant la lèvre supérieure et les narines (coryza spasmodique, rhume des foins). Et surtout asthme nocturne: asthme aggravé après minuit (entre 1 h et 3 h du matin; oppression avec respiration sifflante; avec anxiété, agitation, besoin d'air frais; aggravation en étant couché la tête basse; amélioration par le changement de position ou en étant assis dans le lit, le corps penché en avant. Toux sèche et sifflante, fatigante, avec sensation d'irritation ou de démangeaisons au larynx. Pas d'expectoration ou rejet de rares mucosités mousseuses, comme de la salive écumeuse. L'asthme Arsenicum album est toujours un asthme «sec» et nocturne. Il existe un contraste saisissant entre l'intensité dramatique de la crise d'oppression nocturne avec beaucoup d'angoisse respiratoire, de soif d'air, et le peu de signes objectifs découverts à l'auscultation du malade le lendemain dans la journée. On dit de ce malade qu'il est atteint d'un «genre d'asthme» (la famille) ou de crises dyspnéiques nocturnes d'allure paroxystique (le médecin).

— Au niveau du cœur; dyspnée aggravée après minuit; aggravée par le moindre effort ou en étant couché. Pouls rapide (surtout le matin) faible et irrégulier. Palpitations avec faiblesse et tremblements. Parfois douleur cardiaque constrictive avec oppression empêchant de respirer à fond. Besoin d'air frais, anxiété et peur de mourir sont particulièrement intenses.

—Au niveau des centres nerveux ou des troncs nerveux: paralysie progressive précédée de troubles sensitifs (engourdissements, fourmillements) et moteurs (faiblesse et lourdeur des membres affectés, tremblements et crampes); généralement bilatérale et affectant surtout les membres inférieurs, par lésion de la partie inférieure de la moelle épinière et des nerfs périphériques; avec diminution des réflexes, atrophie musculaire rapide, refroidissement des membres, rétractions tendineuses (les contractures et les douleurs brûlantes s'intensifient). Et toujours l'agitation anxieuse, l’amélioration par la chaleur, et l'aggravation des douleurs et du psychisme la nuit, de minuit à 3 heures.

Paralysie ascendante, paralysies douloureuses des membres (polynévrites toxiques ou infectieuses), pseudo-tabes, sclérose en plaques.

S'il fallait résumer en quelques mots les indications de Arsenicum album, on pourrait dire qu'il est le remède des états inflammatoires des toxi-infections ou des toxi-allergies de toutes localisations.


ARSENICUM IODATUM

L'iodure (ou tri-iodure) d'arsenic contient 83,5% d'iode et 16,5% d'arsenic et se présente sous la forme de cristaux rouge orangé dont la solution aqueuse incolore d'abord se teinte peu à peu en jaune clair par libération d'iode.

Les arsenicaux minéraux (iodure, anhydride arsénieux, arsenite de potasse, arseniate de sodium...) sont utilisés en thérapeutique classique comme stimulants de l'appétit, activateurs des échanges nutritifs, toniques et reconstituants mais aussi comme remèdes à certaines dermatoses (eczéma sec. psoriasis).

L'expérimentation du tri-iodure d'arsenic, sous l'action combinée de l'élément arsenic (action prédominante) et de l'élément iode reproduit un amaigrissement rapide avec affaiblissement progressif malgré la conservation de l'appétit, et surtout une inflammation chronique des muqueuses (surtout respiratoires) et de la peau, ainsi qu'une inflammation des ganglions lymphatiques.

Les symptômes de Arsenicum iodatum sont:

— Un amaigrissement rapide malgré la conservation de l'appétit, et un état de faiblesse extrême; quelquefois agitation anxieuse (action simultanée de l'iode et de l'arsenic) si le malade ne mange pas;

— Des sécrétions remarquables par leurs caractères: toujours irritantes et brûlantes, excoriantes, habituellement épaisses et jaune comme du miel, qu'il s'agisse des sécrétions d'un coryza aigu ou d'une otite chronique, d'une expectoration d'un bronchiteux chronique ou d'un tuberculeux ou de l'éruption suintante de certains eczémas. Ces sécrétions sont aggravées par les températures extrêmes, par la grande chaleur mais surtout par le froid; et améliorées par le grand air tempéré;

—Une tendance aux adénopathies dures et indolores; et parfois à l'hypertrophie et induration des tissus glandulaires (nodosités aux seins).

Les indications de Arsenicum Iodatum concernent un malade très affaibli et amaigri; un maigre sec à la peau parfois recouverte de larges squames (psoriasis, pityriasis, ichtyose), mais toujours un malade chronique avec tendance aux sécrétions irritantes au niveau des muqueuses.


ARUM TRIPHYLLUM

L'Arum triphyllum ou gouet à trois feuilles est une plante vivace à rhizome charnu, de la famille des Aroïdées, abondante dans les endroits humides, dans les sous-bois d'Europe.

Très toxiques, ses feuilles en fer de lance et luisantes, d'un vert sombre, sa fleur en cornet d'un blanc verdâtre, ses fruits rouges serrés en épis et son tubercule blanchâtre et féculent peuvent provoquer des accidents graves.

L'action pathogénétique du gouet à trois feuilles reproduit un état inflammatoire aigu à tendance ulcérative au niveau des muqueuses du nez, de la bouche et du pharynx avec atteinte profonde de l'état général d'allure typhique.

Les symptômes caractéristiques de Arum triphyllum sont:

— Un état de prostration proche de l'état typhoïde, avec agitation spéciale se traduisant par des mouvements incessants des doigts tantôt s'agitant sur le drap et les couvertures (comme pour les tirer), tantôt se portant au niveau des ailes du nez ou sur les lèvres pour les écorcher à vif jusqu'à ce que le sang apparaisse.

—Une inflammation ulcérative de la muqueuse de la bouche ou du pharynx, qui est rouge vif (comme la viande crue), qui saigne facilement et qui est le siège de sécrétions abondantes, fétides et corrosives. De même que les lèvres sont à vif (écorchées par les doigts du malade), de même la langue est à vif, d'aspect framboisé avec surélévation des papilles. Le larynx n'est pas épargné par cette inflammation aiguë et extensive: enrouement douloureux avec sensation de muqueuse laryngée à vif et excoriée, voix incertaine se cassant à l'effort.

Arum triphyllum est le remède des états graves qu'on peut observer aussi bien dans la scarlatine que dans la tuberculose aiguë. Les indications de Arum triphyllum sont assez proches de celles de Ailanthus qui s'en différencient par une tuméfaction de la muqueuse plus grande et par une plus forte réaction ganglionnaire sous-maxillaire ou cervicale. Soulignons que Arum triphyllum ne possède ni les courbatures intenses ni la mauvaise odeur fétide de Baptisia.


AURUM METALLICUM

L'or est un métal précieux trop connu pour être décrit mais l'or pur a peu d'utilisation, sa résistance à la traction et sa dureté étant peu élevées, d'où la nécessité de l'allier à d'autres métaux, au cuivre notamment, pour l'utiliser.

En solution colloïdale, l'or possède des propriétés antitoxiques et anti-infectieuses. L'or radioactif est utilisé pour réaliser la scintigraphie du foie, en diagnostic médical.

L'expérimentation pathogénétique de l'or réalise un état de congestion vasculaire avec gonflement induré des organes congestionnés, et des troubles psychiques: irritabilité et mélancolie profonde avec tendance obsédante au suicide.

Les symptômes de Aurum metallicum sont:

—Des troubles psychiques: d'abord irritabilité et excitation psychique, intolérance à la moindre contradiction qui provoque des colères violentes; hyper-activité physique, fébrile et hâtive; hypersensibilité au bruit et à la douleur. Puis mélancolie profonde, pessimisme, perte de confiance en soi; d'abord entreprenant et de comportement pressé, le malade devient progressivement triste et taciturne, renfermé, inactif, en proie à une introspection continuelle (scrupules et remords, auto-accusation) avec dégoût de la vie, pensée continuelle de la mort et idée obsédante de suicide (que le malade redoute et dont il a peur).

—Un état de congestion vasculaire général avec tendance hypertensive. Pléthore sanguine (rougeur de la face et couperose, congestion et hypertension oculaire, congestion du foie); hypertension artérielle avec palpitations violentes, battements visibles des artères carotides et temporales; bouffées de chaleur, maux de tête aggravés par le travail mental et améliorés la tête au chaud, par l'air chaud; et troubles oculaires: inégalité pupillaire, le malade ne voit que la moitié supérieure du champ visuel. Hypertrophie du cœur avec des douleurs angoissantes constrictives aggravées en étant couché, obligeant le malade à rester assis, le corps penché en avant; sensation de battements tumultueux du cœur; sensation d'arrêt du cœur pendant deux ou trois secondes immédiatement suivie d'un bon du cœur; sensation de constriction à la poitrine avec gêne respiratoire.

—Des douleurs osseuses ou ostéo-articulaires chroniques. Douleurs intenses, profondes, térébrantes ou creusantes, aggravées surtout la nuit et l'hiver; localisées surtout au niveau des os de la tête, et de la mastoïde en particulier (mastoïde avec écoulement purulent fétide de l'oreille).

— Des douleurs testiculaires ou ovariennes chroniques. Avec hypertrophie (congestive puis scléreuse) et induration de la glande; nodosités indurées de l'épididyme, ou induration douloureuse des ovaires.

Aurum metallicum est le remède des malades sanguins et pléthoriques, hypertendus et artério-scléreux, désespérés à la longue et obsédés par le suicide. Le remède des engorgements circulatoires localisés qui aboutissent à la sclérose ou à la nécrose du tissu glandulaire (cirrhose, foie, cardiaque, orchite) ou de l'os (caries osseuses, mastoïdite).


BADIAGA

Badiaga ou Spongilla fluvialis est l'éponge d'eau douce, pêchée en Europe.

Son expérimentation pathogénétique reproduit une irritation spasmodique des muqueuses respiratoires et une infiltration indurée de la peau, des ganglions et de la glande thyroïde.

Ses symptômes sont:

— Un coryza et une toux spasmodiques. Eternuements spasmodiques avec écoulement nasal aqueux abondant. Toux quinteuse avec sensation d'étranglement à la gorge, oppression (comme de l'asthme) et expulsion de mucosités visqueuses aussi bien par la bouche que par le nez à chaque quinte.

—Une conjonctivite aiguë (plus irritative qu'inflammatoire ou suppurée) avec sensation d'endolorissement et extrême sensibilité au toucher des globes oculaires, douleurs élançantes intermittentes derrière les yeux, et spasmes à type de tressaillements de la paupière supérieure (gauche).

—Une infiltration cellulitique douloureuse de la peau et une sensibilité douloureuse des muscles (comme s'ils avaient été meurtris et battus), surtout au niveau des jambes. La peau est non seulement épaissie, indurée et douloureuse spontanément mais aussi très sensible au toucher, au contact des vêtements et par temps froid. La peau d'aspect malsain a souvent une coloration rouge bleuâtre.

—Un engorgement induré et hypertrophique de la glande thyroïde; (et) ou une induration inflammatoire des ganglions: (et) ou une infiltration nodulaire indurée des seins.

Malgré le peu de symptômes de sa pathogénésie, en pratique médicale courante Badiaga est un remède très important: de coryza spasmodique ou de rhume des foins (lorsqu'il existe une irritation conjonctivale avec spasmes des paupières, et une toux de trachéite allergique); de séquelles de lymphangite (microbienne ou parasitaire, comme la filariose ou de phlébites, réalisant à des degrés d'intensité différents de tableau de l'éléphantiasis; de goitre nodulaire; d'adénomes bénins et douloureux du sein; et enfin d'adénopathies indurées avec frilosité et amaigrissement de cette affectation naguère appelée scrofule .

Badiaga est un remède intermédiaire entre Thuya et Carbo animalis. Dans ses indications tumorales; il est plus inflammatoire et plus induré que Thuya (remède de catarrhe subaigu chronique de muqueuse évoluant vers la fibrosclérose type fibrome utérin ou polypes de muqueuses baignant de façon habituelle dans le pus: nez et sinus, vessie, intestin...); et il est moins vasculaire que Carbo animalis (qui est un très grand remède de tumeurs à évolution cancéreuse).


BAPTISIA

Baptisia tinctoria ou Indigo sauvage est une plante de la famille des légumineuses, originaire de l'Amérique du Nord, dont on utilise en homéopathie les racines fraîches pour préparer un remède de grande valeur dans les états infectieux graves.

L'expérimentation de l’indigo sauvage reproduit chez l'homme sain une altération profonde de l'état général caractérisée par une extrême faiblesse avec confusion mentale et agitation physique entretenue par de violentes courbatures musculaires; cette atteinte de l'état général étant liée à une inflammation aiguë des muqueuses avec tendance à l’ulcération et aux sécrétions d'odeur fétide.

Les principaux symptômes évocateurs de Baptisia sont:

— Un état de prostration physique et mentale en rapport avec un certain degré de congestion cérébrale: face rouge sombre avec une sensation de chaleur générale souvent justifiée par une forte élévation de la température (39°-40°...). Prostré, le malade répugne à tout effort mental (il est incapable de fixer son attention et de penser; il s'endort au milieu de ses réponses). Il est insensible et indifférent à tout. Sa congestion cérébrale provoque une tendance à la confusion mentale et au délire: il pense qu'il est double ou triple, qu'une partie de son corps (sa tête par exemple) est détachée du reste, que ses membres sont dispersés (et il s'agite dans son lit pour essayer de les réunir), que la couverture de son lit n'est pas assez grande pour le recouvrir.

—Une grande agitation physique à la recherche d'une bonne place dans le lit, le besoin de bouger sans cesse étant lié à l'existence de courbatures intenses et même de sensations de brisure au niveau des masses musculaires sur lesquelles son corps se repose; ces sensations générales de courbature et de brisure sont aussi caractéristiques du remède que les symptômes suivants:

— Une odeur affreuse, putride, intolérable de l'haleine et de toutes les sécrétions: sueurs, salive, urine...

—Une langue d'un aspect remarquable: très blanche ou d'un jaune brunâtre, sèche: avant de prendre l'aspect classique de la «langue de perroquet», c'est-à-dire sèche et rouge recouverte de plaques noirâtres.

Ce tableau d'infection aiguë et grave, d'évolution rapide correspond généralement à trois types d'infection:

—Une angine ou une stomatite à tendance gangreneuse: muqueuse tuméfiée d'un rouge sombre, recouverte de fuliginosites (mucosités noirâtres, couleur de suie), haleine d'odeur intolérable, salivation visqueuse et fétide, abondante;

— Une infection intestinale d'allure typhique avec diarrhée peu abondante, mais foncée, indolore et d'odeur très fétide

—Ou une fièvre exanthématique qui peut être aussi bien la scarlatine qu'une fièvre éruptive très fréquente en zone tropicale: la Dengue, L'éruption revêtant l'aspect de tâches livides ou même purpuriques.

Très schématiquement on peut dire que Baptisia et Ailanthus sont les remèdes habituels des fièvres graves exanthématiques c'est-à-dire avec une éruption évoquant celle de la rougeole ou de la scarlatine; que le remède essentiel des fièvres hémorragiques (surtout tropicales) est Crotalus, qui correspond à une fièvre hémorragique par hépatonéphrite aiguë (cytolyse hépatique et insuffisance rénale aiguë); et que le remède essentiel des fièvres graves à forme encéphalo-méningée est Helleborus.

En fait, de telles fièvres requièrent toujours l'hospitalisation et la thérapeutique homéopathique n'a pas droit de cité dans les hôpitaux.


BARYTA CARBONICA

Le carbonate de baryum est un sel de baryum qui n'est pas utilisé en radiologie car l'acidité de l'estomac le transformerait en chlorure très toxique. Le sel utilisé pour les examens radiologiques est le sulfate de baryum chimiquement pur.

L'expérimentation pathogénétique du carbonate de baryum reproduit chez l’enfant ou l'adolescent des troubles de développement physique et intellectuel avec hypertrophie des ganglions et amygdales; et chez l'adulte une régression scléreuse vasculaire (hypertension artérielle) et vieillissement précoce aussi bien physique que cérébral. Baryta carbonica est un remède d'insuffisance glandulaire complexe: thyroïdienne, hypophysaire, et génitale.

Les symptômes de Baryta carbonica sont:

—Un déficit mental à tout âge. Malade lent à comprendre, lent à retenir, lent à se mouvoir. Chez l'enfant, lenteur et retard du développement physique: retard à la fermeture des fontanelles et à la marche, retard mental (dans les jeux...), retard scolaire: L’enfant est non seulement craintif et peureux, jouant seul et de façon puérile mais encore il ne fait aucun progrès en classe car il ne comprend pas et ne retient rien; physiquement il se présente le plus souvent avec une grosse tête (et un gros ventre), de gros yeux inexpressifs, des jambes grêles et incurvées, un aspect vieillot et grêle. Comme cet enfant, l’adulte est frileux et présente une lenteur fonctionnelle générale qui s'accentuera progressivement pour aboutir à un état de sénilité précoce: perte de mémoire surtout pour les faits récents ou actuels; alors que l'enfant oublie les recommandations et les enseignements par défaut d'attention, l’adulte et le vieillard se perdent dans des quartiers ou dans des rues qu'ils fréquentent de façon habituelle, ou bien oublient les noms propres et les mots usuels; tendance à l'indécision par manque de confiance, par scrupules ou par méfiance; peur de tout et surtout des étrangers (avec attitude confuse, égarée ou honteuse, avec tremblements des mains); tendance à la sclérose de l'oreille interne: dureté de l’ouïe avec bourdonnements et craquements dans l'oreille surtout en se mouchant; faiblesse des désirs sexuels et impuissance prématurée; souvent l'adulte est corpulent, avec un aspect général lourd et assez «figé» et présente des tumeurs graisseuses ou lipomes (au niveau de la nuque en particulier).

—Des hypertrophies glandulaires ou ganglionnaires chez l'enfant: grosses amygdales, indurées, s’enflammant facilement par temps froid et humide; parfois végétations adénoïdes; ou adénopathies chroniques; toujours frilosité, lenteur ou retard intellectuel, retard dans le développement physique (organes génitaux). Hypertrophie chronique des amygdales et adénopathies chroniques sous-maxillaires sont deux indications courantes du remède chez l'enfant.

— Une sclérose des parois artérielles avec hypertension artérielle, dans un contexte de vieillissement physique et cérébral, de sclérose de l'oreille, de frilosité et amaigrissement progressif. Hypertension artérielle avec risque de paralysies.


BELLADONNA

La Belladone ou Atropa belladonna est une plante vivace de la famille des Solanacées, haute de 1 mètre environ, qui croît à l'état sauvage dans les talus, les bois et les endroits ombragés, dans toute la France et dans presque toute l'Europe. On l'appelle encore morelle furieuse, belle dame, herbe au diable, cerise empoisonnée. Son nom générique dérive d'un mot grec (atropa) qui signifie «cruel») et rappelle ses propriétés vénéneuses; Belladonna rappelle que les Romaines utilisaient la plante comme cosmétique pour dilater les pupilles et obtenir un regard brillant.

Cette plante est toxique, et attirés par l'aspect de ses fruits (des baies vertes, puis noires et luisantes), des enfants peuvent encore en manger et mourir empoisonnés.

Les principes actifs de la belladone sont l'atropine et l'hyosciamine. L'atropine et la belladone paralysent le nerf pneumogastrique (diminution des sécrétions, accélération du cœur, inhibition des fibres musculaires lisses) d'où leur emploi en Médecine classique comme médicament sédatif (dans de nombreuses affections douloureuses et spasmodiques) et comme antisécrétatoire (dans les affections catarrhales). En usage externe les préparations de belladone sont utilisées comme mydriatiques (collyre d'atropine), analgésiques (en pommades complexes) et comme antiasthmatiques (fumigations) .

L'intoxication aiguë par la belladone provoque d'abord une dilatation des pupilles et une sécheresse intense des muqueuses; puis un état de congestion cérébrale avec agitation extrême et hallucinations, logorrhée; enfin une perte progressive de la sensibilité avec incoordination motrice, des paralysies, puis le coma et la mort.

L'expérimentation pathogénétique de la Belladone reproduit une violente congestion active des centres nerveux; et (ou) une inflammation aiguë localisée, avec sécheresse des muqueuses et des glandes.

Les grands symptômes évocateurs de Belladonna sont:

—D'abord les congestions aiguës fébriles, c'est-à-dire les fièvres d'apparition brutale avec rougeur congestive diffuse. L'élévation de la température est toujours brusque (39°—40°); le faciès est rouge, la tête chaude, les pupilles dilatées; le poufs est rapide, la soif vive. Intolérant aux bruits, au mouvement de la lumière et surtout au toucher, le malade très fébrile passe par des alternances d'abattement et d'agitation (avec tendance au délire loquace et aux hallucinations) et se plaint de maux de tête lancinants avec sensation de battements au niveau des tempes. Le malade n'est amélioré que par le repos complet, dans l'obscurité et dans le silence.

—Ensuite les inflammations aiguës localisées, avec ou sans fièvre. Quelle que soit la localisation de l'inflammation, celle-ci revêt toujours le même aspect: rougeur intense et brillante, sensation de chaleur brûlante, douleur aiguë et battante, gonflement des tissus avec tendance à la suppuration. Bref le tableau de toute réaction inflammatoire à une agression microbienne avec évolution vers la suppuration; avec les grandes modalités du remède: brutalité dans l'apparition des symptômes, leur extrême violence, hypersensibilité au toucher.

Les indications de Belladonna sont aussi nombreuses que peuvent être les diverses localisations d'une inflammation aiguë d'origine microbienne (de l'angine aiguë à l'abcès ou à la suppuration) .

Et Belladonna est le remède essentiel du syndrome initial brutal de la plupart des maladies infectieuses très fébriles.


BELLIS PERENNIS

Bellis perennis de la famille des Composées, est la pâquerette, encore appelée petite marguerite; autrefois très employée dans les campagnes comme vulnéraire (contre les effets des coups, des chutes, des contusions) ou comme diurétique (dans l'hydropisie, les rhumatismes, la gravelle) et comme sudorifique.

L'expérimentation de la pâquerette (ainsi appelée parce qu'elle fleurit à Pâques) reproduit un tableau de congestion veineuse ou d'infiltration sanguines des tissus assez proche de Arnica mais avec une tendance hémorragique moins prononcée.

Le symptôme essentiel de Bellis perennis est une sensation de meurtrissure, de courbature meurtrie soit localisée soit générale, avec une grande sensibilité au toucher de la région affectée et une sensation de fatigue extrême, obligeant le malade à rester couché.

Bellis perennis est le remède des ecchymoses très sensibles au toucher après contusion, après traumatisme localisé. Ou le remède des courbatures, des sensations de meurtrissure généralisée après un accouchement laborieux; avec congestion veineuse du bassin et grande fatigue générale. Ou enfin le remède des sensations de courbature généralisée et de fatigue douloureuse musculaire après surmenage physique des sportifs. Bellis perennis est le bon remède d'engorgement veineux ou d'ecchymoses au niveau d'un sein après un coup.


BERBERIS

Berberis vulgaris appelé Epine-vinette ou Vinettier, est un arbuste de la famille des Berberidacées qui est souvent utilisé pour la décoration des jardins ou planté pour faire des haies en raison de l'élégance de son feuillage, de ses fleurs et de ses fruits (d'un goût acidulé agréable; et comestible).

L'expérimentation pathogénétique de Berberis reproduit des troubles du métabolisme de l'acide urique avec formation de calculs dans la vésicule biliaire et les reins, et douleurs rhumatismales évoluant vers la goutte.

Les symptômes évocateurs de Berberis sont:

—Des douleurs aiguës, à la fois piquantes et élançantes, mais changeant constamment de place soit dans la région hépatique et vésiculaire soit dans les régions rénales lombaires; douleurs remarquables par leur irradiation dans tous les sens, tantôt irradiant du foie vers l'estomac ou en arrière vers la région lombaire, tantôt irradiant de la région rénale le long de l'uretère jusqu'à la vessie; aggravées par tout mouvement ou secousse brusque, par la pression, par la marche ou la circulation en voiture; douleurs qui ne sont calmées que par le repos. Ces douleurs sont parfois décrites comme des douleurs bouillonnantes, ce que certains malades comparent à des bulles qui éclatent;

—Des envies fréquentes d'uriner et un dépôt grisâtre ou rouge brique dans les urines qui sont peu abondantes et foncées;

— Des douleurs dans les hanches mais aussi dans les membres inférieurs, articulaires avec gonflement de l'articulation;

—Des éruptions au niveau du dos de la main ou autour de l'anus, très prurigineuses et brûlantes, aggravées par le grattage, semblable à de l'herpès ou à l’eczéma, ayant pour évolution caractéristique de cicatriser du centre vers la périphérie en s'entourant d'un liséré pigmenté durable. De telles éruptions ne relèvent de la prescription de Berberis que lorsqu'elles apparaissent chez des malades atteints de lithiase hépato-vésiculaire ou rénale.

Berberis est en effet le grand remède homéopathique de la lithiase biliaire ou rénale, soit en période de colique (hépatique ou néphrétique) soit en traitement de fond.

Ses complémentaires sont: pour le foie et la vésicule biliaire Lycopodium, pour le rein Pareira brava et Chimaphila, pour la goutte Ledum.

En période de colique le remède du spasme douloureux avec aérocolie réflexe et trouble réflexe du transit intestinal est toujours Dioscorea.


BISMUTHUM

Bismuthum est le sous-nitrate de bismuth, poudre blanche inodore et insipide, insoluble dans l'eau (mais soluble dans l'acide nitrique dilué), utilisé en thérapeutique classique comme absorbant, astringent et antiseptique contre les diarrhées, comme sédatif de la douleur et topique protecteur dans les ulcères de l'estomac ou du duodénum; et à doses massives dans le traitement de la constipation et des entérocolites.

L'intoxication aiguë par le sous-nitrate de bismuth lorsqu'il est appliqué sur de larges surfaces dénudées provoque une coloration violacée de la muqueuse buccale avec un liséré gingival de teinte ardoisé, parfois une stomatite ulcéreuse et dans les cas graves une entérite dysentériforme, une néphrite albuminurique, puis un état de collapsus avec cyanose.

L'expérimentation pathogénétique du sous-nitrate de bismuth provoque une inflammation aiguë des muqueuses de l'estomac et de l'intestin, avec vomissements et diarrhée.

Les symptômes de Bismuthum sont:

— Au niveau de l'estomac: douleur et intolérance aux liquides. La douleur gastrique est très vive, crampoïde ou brûlante, améliorée en se penchant en arrière; avec éructations fréquentes à vide, une sensation désagréable (de poids lourd, de digestion difficile) au creux de l'estomac. Le malade a soif d'eau froide mais l'intolérance gastrique est immédiate: vomissements violents et abondants aussitôt après avoir bu; L’eau froide est vomie aussitôt qu'elle arrive dans l'estomac.

— Au niveau de l'intestin: diarrhée abondante et fétide, d'odeur cadavérique, aqueuse et très irritante, émise sans douleur; avec angoisse et agitation, besoin de remuer sans cesse.

La douleur gastrique correspond à une gastrite aiguë ou à une douleur d’ulcère d'estomac; et la diarrhée avec vomissements à un tableau de gastro-entérite aiguë. Mais bismuthum est aussi un remède très important de stase gastrique, dont les manifestations sont les suivantes: douleurs pinçantes en travers de l'estomac, dans la région du diaphragme, s'étendant transversalement à travers la poitrine sous les côtes; avec sensation de digestion très lente, avec des bruits souvent dans l'estomac et un besoin d'éructation fréquente à vide. Bismuthum est un remède d'estomac hypotonique avec augmentation du résidu gastrique après la digestion, et dilatation atonique de l'estomac. Pour prescrire Bismuthum ne pas attendre les symptômes de la grande dilatation de l'estomac avec vomissements alimentaires abondants (de stase) et même de vomissements d'énormes quantités d'aliments ayant séjourné plusieurs jours dans l'estomac; avec violentes éructations fétides à goût des aliments absorbés la veille; et avec bruits à l'intérieur de l'estomac. Bismuthum correspond souvent au stade d'aggravation évolutive des troubles de type Argentum nitricum (moins d'aérogastrie mais plus de douleurs).


BORAX

Le borate de soude se présente sous l'aspect de cristaux incolores légèrement efflorescents, inodores, de réaction alcaline; et il est utilisé comme antiseptique faible en gargarismes, en collutoires ou en lavages.

L'expérimentation du borate de soude crée une irritation inflammatoire de certaines muqueuses avec tendances aux aphtes ou aux ulcérations, et une nervosité avec crainte particulière des mouvements d'inclinaison en avant.

Les symptômes de Borax sont:

—Un état d'agitation permanente (malade qui ne peut rester en place); et d'anxiété qui apparaît brusquement lorsque le malade se penche en avant (descente d'un escalier par exemple, ascenseur ou balançoire, trous d'air en avion, tangage en bateau...); peur et cris de l'enfant qu'on berce et qu'on incline en avant pour le coucher. Hypersensibilité au bruit et sursauts aux bruits brusques.

—Chez le bébé et l'enfant: aphtes dans la bouche, sur la langue ou la face interne des joues; aphtes douloureux et brûlants, l’enfant refuse de prendre le sein et crie aussitôt qu'il veut téter. L'enfant crie également avant d'uriner et pendant la miction; et s'il est assez grand, il déclare que l'urine le brûle. Borax est surtout un remède de la petite enfance.

—Chez la femme: métrite aiguë (surtout inflammation du col de l'utérus) avec pertes blanches comme du blanc d'œuf, albumineuses, abondantes et irritantes, donnant une sensation de liquide chaud s'écoulant sur les cuisses, avec sensation de chaleur du vagin, très abondantes et douloureuses; les spasmes de l'utérus apparaissent avant les règles et persistent encore quelques jours après elles.

Borax est surtout le remède du jeune enfant: aphtes et nervosité aggravée par les mouvements d'inclinaison en avant; et de la femme métritique aux règles douloureuses et à la leucorrhée comme du blanc d'œuf.


BRYONIA

Bryonia alba ou Bryone officinale, encore appelée Navet du Diable ( à cause de la forme de sa racine pivotante, de la grosseur parfois d'un bras ou d'une jambe), ou vigne blanche, rave de serpent, couleuvrie, de la famille des Cucurbitacées, est une plante grimpante de 2 à 4 mètres, qui pousse communément dans les haies ou dans les bois. La racine est la seule partie utilisée de la plante, elle est d'un blanc jaunâtre à l'extérieur et grisâtre à l'intérieur; elle présente une odeur nauséeuse et une saveur âcre et amère, désagréable.

La racine de bryone est purgative et vomitive. Les baies de la plante peuvent provoquer des accidents chez les enfants qui seraient attirés par leur couleur d'un rouge vif.

L'intoxication par le navet du diable provoque un état de stupeur remarquable par l'immobilité absolue du malade, et un état de congestion aiguë des viscères qui sont à l'intérieur d'une séreuse: cerveau (à l'intérieur des méninges), cœur (à l'intérieur du péricarde), poumons (à l'intérieur de la plèvre), appareil digestif (à l'intérieur du péritoine).

En application sur la peau, la racine de Bryone provoque une très vive rougeur (action rubéfiante) puis des phlyctènes (action vésicante) .

L'expérimentation pathogénétique de la Bryone reproduit une inflammation aiguë des séreuses et des organes qu'elles entourent, ainsi qu'une inflammation très sèche des muqueuses (surtout de l'appareil digestif: estomac et intestin, et de l'appareil respiratoire). Cette inflammation est remarquable par la fixité des points douloureux qu'elle provoque.

Le grand symptôme (pathogénétique ou clinique) de Bryonia est en effet la douleur qui mérite une longue description.

—C'est une douleur aiguë et piquante, comme par un coup de couteau; c'est une douleur fixe comme un point de côté. C'est une douleur qui est toujours aggravée par le moindre mouvement mais calmée par l'immobilité absolue ou le repos, et par une pression profonde; d'où l'attitude habituelle des malades: reposant sur le côté douloureux, recherchant une immobilité totale, et comprimant (avec les mains par exemple) la région douloureuse.

—C'est une douleur qui traduit le plus souvent une atteinte inflammatoire de séreuse, évoluant de la simple rougeur congestive (pleurite par exemple) à l'hypersécrétion et à l'épanchement liquidien (pleurésie, péricardite, péritonite mais aussi arthrites aiguës avec épanchement); mais c'est une douleur qui peut correspondre aussi à un état inflammatoire infiltrant et profond d'un tissu glandulaire (le foie, les seins, le poumon, le cerveau), évoluant vers un engorgement tissulaire, un infarcissement, peu suppuratif.

— Au niveau d'une séreuse, l’inflammation est toujours exsudative, hypersécrétante jusqu'à l'apparition d'un épanchement.

—Au niveau d'une muqueuse ou d'un organe glandulaire, l’inflammation est toujours extrêmement sèche, caractérisée par une diminution considérable des sécrétions. La bouche, la langue, les lèvres sont sèches; la toux lorsqu'elle existe est sèche, quinteuse et s'accompagne d'un point de côté; les selles sont desséchées et dures, noires, comme calcinées, lorsqu'il existe de la constipation. Bien entendu cette sécheresse des muqueuses s'accompagne toujours d'une soif intense, de grandes quantités d'eau froide prises à de longs intervalles. (mais la soif intense par elle-même n'est pas un symptôme évocateur de Bryonia; de même que Bryonia n'est pas le remède homéopathique symptomatique de la douleur comme certains le croient; l’équivalent de l'aspirine en quelque sorte. Bryonia n'est pas le remède homéopathique de n'importe quelle douleur localisée ?

Il est difficile de passer en revue toutes les indications possibles de Bryonia. On peut les classer en deux groupes:

—Les affections aiguës de séreuses: pleurésie, méningite, péricardite, péritonite (séro-fibrineuse), hydrocèle, hydarthrose.. .

— Les inflammations sèches de muqueuses ou de tissu glandulaire: trachéite, hépatite, ovarite, mammite aiguë, arthrite de type rhumatisme articulaire aigu, constipation chronique par sécheresse excessive de la muqueuse intestinale.

Il faut souligner que Bryonia n'est le remède que des seuls maux de tête provoqués par une inflammation cérébro-méningée; et n'est jamais le remède d'une toux de trachéite dans des affections aussi catarrhales que la rougeole (ou toutes les muqueuses sont le siège d'une hypersécrétion intense). Par contre dans les états inflammatoires aigus, en présence d'un malade qui souffre d'un point de côté et adopte spontanément une attitude antalgique caractéristique, quel que soit le siège de la douleur et de l'inflammation et quelle que soit la nature de la maladie en cours, il faut savoir penser à Bryonia comme premier remède d'une congestion aiguë évoluant vers une inflammation lésionnelle.

A noter enfin un dernier symptôme de Bryonia: le vertige en se levant le mati n, ou en se levant d'une chaise. Bryonia n'est pas le remède de vertige et de maux de tête que dans la mesure ou ces deux symptômes associés sont révélateurs d'une atteinte inflammatoire cérébrale ou cérébro-méningée.


CACTUS

Le Cactus grandiflorus ou cactus à grandes fleurs est une plante grasse de la famille des Cactacées, originaire de la Jamaïque et des côtes du Mexique et cultivée sur les côtes de la Méditerranée comme plante ornementale.

Son expérimentation pathogénétique reproduit un état de spasme au niveau des fibres musculaires lisses, circulaires, des vaisseaux (artères coronaires et aorte) et du cœur.

Le grand symptôme évocateur du remède est la sensation de constriction du cœur comme par un étau ou une main de fer, avec sensation d'angoisse (peur de mourir) et irradiation douloureuse dans le bras gauche (engourdissement); avec aggravation de la douleur d'angine de poitrine.

Cactus grandiflorus est—avec Latrodectus—un grand remède d'angine de poitrine mais sa prescription ne dispense pas toujours de celle des médicaments classiques (comme la Trinitrine) dans les grandes crises angineuses; et en traitement de fond il faut savoir aller au-delà, si nécessaire, du traitement du seul élément spasmodique de la maladie.

On retrouve encore l'indication de Cactus dans les grandes crises douloureuses cardiaques (le «cœur forcé») des sportifs en compétition, des sportifs qui vont au-delà des possibilités de leur muscle cardiaque au péril de leur vie parfois.

Enfin Cactus peut-être un remède utile dans les crises spasmodiques d'organe à fibres musculaires circulaires tels que l'œsophage ou l'anus; mais aussi le vagin (vaginisme).


CALADIUM

Caladium seguinum ou Arum des Antilles est une plante herbacée vivace, un arum, de la famille des Aricacées dont plusieurs espèces voisines sont cultivées comme plantes ornementales.

L'expérimentation de l'Arum des Antilles crée un état de dépression physique et mentale avec impuissance malgré une excitation sexuelle psychique.

Les symptômes de Caladium sont:

— La dépression de l'excité sexuel devenu impuissant. Dépression intellectuelle; difficulté de concentration d'esprit, perd la mémoire de ce qu'il a pu faire et perd le fil de ses propres pensées; très oublieux, il pose un objet et ne sait plus où il l'a placé. Asthénie physique, avec aversion pour l'exercice et le mouvement; ne désire que rester étendu. Par ailleurs une certaine irritabilité avec grande sensibilité au bruit. Mais surtout alors que le malade conserve des désirs sexuels violents, il est incapable de les satisfaire par absence d'érection ou par faiblesse d'érection, par impuissance physique. Son excitation sexuelle psychique avec idées lascives et désirs sexuels violents est parfois entretenu par des démangeaisons au niveau du scrotum et du pénis. Chez la femme, prurit vulvaire voluptueux qui force à se gratter, troublant le corps et l'esprit, et amène à l'onanisme. Ce prurit génital qui réveille l'homme ou la femme la nuit est aggravé par la chaleur de la chambre ou du lit et calmé par des applications froides; il ne s'accompagne pas d'hypersensibilité vulvaire au toucher; parfois sueurs odorantes des régions génitales.

—Les troubles provoqués par le tabac. Baisse de mémoire des fumeurs; nausées ou vertiges nauséeux; dépression intellectuelle avec surtout faiblesse de mémoire; faiblesse génitale par intoxication tabagique.


CALCAREA CARBONICA

Calcarea carbonica est du carbonate de calcium organique extrait de la couche interne de la coquille d'huître.

Son action pathogénétique reproduit des troubles multiples nutritionnels, métaboliques et endocriniens, plus accentués en période de croissance et qui tendent à créer un type morphologique bien différencié, correspondant à la constitution dite carbonique.

Les troubles pathogénétiques de Calcarea carbonica portent sur la nutrition générale (qui est ralentie), sur le métabolisme du calcium (avec défaut de fixation du calcium dans l'organisme), sur le métabolisme de l'eau (rétention d'eau et tendance à l'obésité molle, spongieuse), sur la circulation lymphatique (engorgements ganglionnaires), et correspondent enfin à une insuffisance glandulaire complexe: hypophysaire et thyroïdienne; parathyroïdienne, et génitale.

Le morphotype calcarea carbonica, assimilé à la Constitution Carbonique est caractérisé par:

—Un certain aspect morphologique: stature large et taille moyenne, membres courts et épais, visage développé en largeur surtout dans sa moitié inférieure, dents larges et très blanches, mains fortes et épaisses, doigts aux extrémités carrées et surtout ventre mou, proéminent, détendu. En outre aspect blanchâtre crayeux de la peau, consistance molle des tissus (surtout de la tête et de la nuque pendant le sommeil), frilosité importante (sensation de froid, de froideur du corps; température du corps basse au-dessous de la moyenne), aversion pour l'eau froide. Parfois chez le jeune enfant présence d'un lacis veineux sur la peau transparente du thorax; et tendance aux déformations angulaires des membres (pieds plats, jambes arquées, genoux varus), de la colonne vertébrale (scoliose), des maxillaires (malpositions dentaires nécessitant la pose d'appareils de prothèse correctrice). En bref: grosse tête, gros ventre mou, membres courts et trapus, chairs molles et pâles, sueurs froides, frilosité.

—Une certaine raideur ligamentaire avec rigidité articulaire. A une ossature épaisse et dense, lourde correspond un système ligamentaire rigide maintenant les articulations étroitement serrées En extension forcée le bras et l'avant-bras ne sont pas en rectitude parfaite mais forment un angle obtus ouvert en avant (alors que chez les individus de constitution différente, dite phosphorique, les axes du bras et de l'avant-bras sont dans le prolongement l'un de l'autre; et que la constitution dite fluorique, caractérisée par un relâchement des articulations, l’hyperextension de l'avant-bras sur le bras détermine un angle obtus ouvert en arrière).

—Un certain psychisme fait de lenteur, d'apathie; lenteur à comprendre, lenteur à exécuter, difficulté à fixer son attention; fatigue au moindre travail mental; fatigue à la marche, à la montée d'un escalier; anxiété avec crainte de l'avenir, appréhension d’événements tristes ou terribles. Indolence qui mène à un certain retard dans les études; mais plus tard dans l'existence: équilibre et bon sens, calme, méthode et opiniâtreté, entêtement.

Les indications de Calcarea Carbonica découlent des prédispositions morbides de ce type constitutionnel:

—Chez le nourrisson, ce beau bébé gras et gros, calme et apathique, au ventre proéminent et aux membres courts, aux chairs molles et pâles, à la transpiration abondante (surtout au niveau de la nuque pendant le sommeil), prédisposition aux troubles digestifs étiquetés «diathèse acide» en raison de l'importance des acidités stomacales. Intolérance fréquente au lait (par atonie gastrique et insuffisance hépatique): vomissements du lait en gros caillots, tôt après le repas; éructations sures, ou vomissements surs de lait mal digéré, selles aigres et mal digérées ou crise de diarrhée jaunâtre et aigre; tout le tube digestif est acide (remède complémentaire: Magnesia carbonica).

La transpiration abondante et froide du nourrisson prédispose d'une part aux éruptions de type érythème fessier (aggravé par l'acidité des selles), ou impétigo, eczéma du cuir chevelu; et d'autre part aux coryza et rhino-pharyngites aiguës par refroidissement.

L'insuffisance parathyroïdienne prédispose d'une part, par défaut de fixation du calcium, aux troubles de la dentition (retard de la dentition, maldisposition dentaire) et de la croissance osseuse (déformations osseuses, rachitisme) et d'autre part aux spasmes de la tétanie ou aux spasmes choréiformes par hypocalcémie.

Enfin le ralentissement du métabolisme général et la déficience du système lymphatique de défense prédisposent aux maladies aiguës, soudaines et très fébriles, avec risques d'accidents convulsifs: fièvre élevée et brutale à l'occasion de rhino-pharyngites à répétition, ou d'otites aiguës ou de poussées dentaires.

- Chez le grand enfant et l'adolescent, mêmes prédispositions aux infections aiguës (otites, angines, rhino-pharyngites, bronchites) et à l'hypertrophie des amygdales, aux végétations adénoïdes, aux adénopathies molles. Mêmes prédispositions aux troubles de croissance osseuse et aux caries dentaires; à la spasmophilie. En outre retard de la puberté: chez les garçons pénis petit et testicules en retard dans leur migration, retenus dans le canal inguinal; chez la fille retard d'apparition des règles et congestion des seins qui sont chauds et douloureux. Le ventre est gros et arrondi, la paroi abdominale épaisse et peu solide sont des éléments prédisposant à l'apparition de hernies. A cet âge apparaissent souvent les premières manifestations de la diathèse allergique, apanage des individus de constitution carbonique sans que le remède de leur constitution, Calcarea carbonica, ait une efficacité nette sur l'évolution de leur maladie: eczéma, asthme, coryza spasmodique, urticaire.

—Chez l'adulte et le vieillard, la tendance à l'obésité, à la sclérose, à l'hypertension artérielle se développe progressivement. Malade corpulent à gros ventre mou, très sensible au froid humide qui provoque des crises d'asthme ou d'emphysème, ou des crises de rhumatismes articulaires. Malade hypertendu artériel avec des maux de tête et des bourdonnements artériels. Malade scléreux pulmonaire (emphysème) ou vasculaire (hypertension artérielle), mais aussi insuffisant génital: froideur sexuelle, faiblesses des désirs sexuels (pénis petit, et même infantile dans le syndrome adiposo-génital; faiblesse des désirs et du plaisir chez la femme, règles abondantes et plus rapprochées, trop longues; tendance aux fibromes et polypes; tendance à la stérilité par métrite chronique avec leucorrhée laiteuse ou jaunâtre non irritante) .


CALCAREA FLUORICA

Le fluorure de calcium joue un rôle important dans la fixation du calcium au niveau du tissu osseux et de l'émail dentaire. Il est utilisé en thérapeutique classique comme antiseptique s'opposant aux fermentations microbiennes et comme reminéralisant des os, à la dose de deux à dix centigrammes par jour.

L'expérimentation pathogénétique du fluorure de calcium reproduit une dépression physique et cérébrale avec altération profonde des fibres élastiques du tissu conjonctif et des parois vasculaires, et indurations de certains tissus (surtout glandulaires) .

—Tendance dépressive: manque d'initiative et de courage à l'effort, difficulté de concentration d'esprit; indécision constante, ne peut prendre une décision aussi bien dans les petites que dans les grandes circonstances; fatigabilité physique par accès; ou permanente.

—Altération profonde des tissus: transformation fibreuse du tissu conjonctif des parois vasculaires (varices avec tendance aux ulcères variqueux à bords calleux; artériosclérose avec tendance à l'hypertension artérielle). Infiltration fibreuse dense du tissu interstitiel ou glandulaire, avec tendance proliférative aboutissant à la formation de tumeurs fibreuses telles que le fibrome, les nodules adénomateux fibreux. Epaississement fibreux des cartilages (arthrose). Sclérose rétractile des synoviales et capsules articulaires ou des ligaments (arthrite, rhumatisme déformant, tendinite rétractile, cicatrices vicieuses). Caries dentaires avec ostéite de voisinage; ou tumeurs osseuses par remaniement cicatriciel: exostoses, séquelles d'ostéites infectieuses ou d'ostéomyelites; séquelles douloureuses de fractures ou de luxations récidivantes ou de lésions infectieuses ostéo-articulaires.

— Les douleurs d'inflammation chroniques à tendance fibreuse, ou à tendance scléro-atrophique (adhérences rétractiles) ou à tendance proliférative (fibromes) de Calcarea fluorica sont lancinantes et tiraillantes, toujours aggravées par le froid (sans être frileux, le malade est très sensible au froid) et aggravées par le temps humide; améliorées par le massage et la chaleur.

Les grandes indications de Calcarea fluorica sont les lésions cicatricielles lorsque domine la densification du tissu de cicatrisation avec sclérose rétractile (adhérences, ankylose, déformations articulaires rétractiles); ou la fibro-sclérose avec perte de l'élasticité normale des tissus, varices et ulcères variqueux; artériosclérose avec hypertension artérielle; ptôse des organes: reins, estomac, utérus; lésions sténosantes des artères aboutissant à l'infarctus ou au ramollissement cérébral, tendance aux anévrismes; sténose cicatricielle des voies urinaires ou digestives après infection prolongée, entorses à répétition; ou la prolifération dystrophique (kystes glandulaires, kyste synovial, adénomes, fibromes, tumeurs osseuses de type ostéophytes ou exostoses); ou enfin la calcification des tissus (présence de calcifications cicatricielles visibles à l'examen radiologique, lésions fibro-calcifiées).


CALCAREA PHOSPHORICA

Le phosphate de chaux est un sel qui joue un rôle important dans le métabolisme du calcium et du phosphore dans l'organisme, et qui est utilisé en thérapeutique classique comme reminéralisant dans la tuberculose, le rachitisme, la consolidation des fractures, ou la neurasthénie.

L'expérimentation pathogénétique du phosphate de chaux reproduit des troubles de croissance osseuse et des troubles de dentition au moment de l'adolescence.

Les symptômes de Calcarea phosphorica (dont les propriétés thérapeutiques relèvent plus de l'activité de la base que de l'action de l'acide phosphorique) sont:

—Chez le nourrisson, des troubles de la dentition. Retard de dentition, les dents apparaissent tardivement et se carient aussitôt. Diarrhée aqueuse (parfois écumeuse, savonneuse) verdâtre, fétide, éclaboussante; avec des gargouillements intestinaux et émission de gaz abondants et fétides. Le nourrisson est plutôt grand, allongé, maigre et assez nerveux; et sa diarrhée fétide s'oppose à celle, acide, du bébé carbonique gros et gras.

— Chez l'enfant plus âgé et l'adolescent, troubles de la calcification, les os sont grêles et faibles; la croissance rapide avec fatigabilité physique; douleurs de croissance (dans les articulations et dans les muscles); manque d'appétit (sauf pour les viandes salées, le jambon, le saucisson) et une certaine maigreur. L'enfant grandit trop rapidement et ses os ont tendance à se déformer; déformation de la colonne vertébrale exagérément souple: flexion de la colonne vertébrale à convexité postérieurs (cyphose) ou latérale (scoliose), manque de développement d'avant en arrière du thorax; les extrémités des os longs (les épiphyses) sont gonflées, les caries dentaires précoses (molaires ou prémolaires).

— Fatigue intellectuelle de l'étudiant longiligne, actif et même agité, inattentif et distrait en classe; se réveillant la nuit en criant ou criant pendant son sommeil. Compréhension lente, fatigabilité cérébrale, et surtout maux de tête en étudiant. Etudiant vite épuisé par un surmenage physique et surtout mental: il ne comprend plus rien, perd la mémoire et se plaint de maux de tête (action primordiale de l'acide phosphorique).

— Développement sexuel précoce. Adolescents tourmentés par une excitation sexuelle physique et mentale, avec tendance à la masturbation.

Calcarea phosphorica est le grand remède régulateur du métabolisme phosphocalcique et ses indications se retrouvent dans les troubles osseux et gastro-intestinaux du rachitisme; ou plus simplement dans les troubles de croissance; les déformations osseuses consécutives aux infections de l'os (tuberculose vertébrale par exemple ou inflammations aiguës des os, suppuratives ou non); les difficultés de scolarité des adolescents à la croissance trop rapide.


CALCAREA SULFURICA

Le sulfate de calcium (ou plâtre, obtenu par déshydratation du gypse) est un grand remède homéopathique de suppuration chronique.

Son expérimentation pathogénétique reproduit une inflammation suppurative subaiguë ou chronique de la peau ou des muqueuses.

La suppuration de Calcarea sulfurica est différente de celle de Hepar sulfur: ni douloureuse, ni nécrosante, mais torpide, interminable dans son évolution. Le pus est épais et jaunâtre, et abondant comme celui qu'on peut voir dans les abcès fistulisés, dans la dilatation des bronches ou l'abcès du poumon, dans les fistules abdominales ou pelviennes. Les fistules post­opératoires, les fistules intarissables d'ostéomyélite ou de fractures ouvertes, les otites suppurées chroniques, les plaies suppurées qui ne cicatrisent pas. L'écoulement purulent est toujours aggravé par l'humidité et la chaleur d'une chambre; amélioré au grand air sec.

Les compléments indispensables de Calcarea sulfurica sont Silicea, Mercurius solubilis (ou Corrosivus), et Nitricum acidum (bourgeon charnu saignant facilement).


CALENDULA

Le souci des jardins, Calendula officinalis, de la famille des Composées, est une plante annuelle rustique aux belles fleurs d'un jaune-orangé lumineux, très employée jadis en Médecine populaire pour ses vertus sudorifiques, dépuratives, calmantes (contre l'hystérie et les maladies nerveuses), régulatrices des règles, enfin cicatrisantes.

En usage externe (compresses imbibées de teinture, ou pommade), le Calendula est toujours apprécié pour son efficacité dans les retards de cicatrisation; plaies infectées, brûlures, abcès, suppurations accessibles aux lavages ou aux infections dans une cavité naturelle.

L'expérimentation pathogénétique reproduit:

— Un épuisement nerveux avec irritabilité et intolérance au bruit, par excès de la douleur provoquée par une blessure ou une plaie déchiquetée, anfractueuse, infectée;

— Un retard de cicatrisation de plaies suppurées ou ulcérées, très douloureuses, négligées ou mal traitées.


CANTHARIS

La cantharide, Lytta vesicatoria ou Meloe vesicatorius, est un insecte coléoptère d'un vert doré, très brillant, possédant six pattes filiformes et de grandes antennes noires, utilisées en thérapeutique classique pour la préparation d'emplâtre vésicatoire. Sur la peau, la cantharide provoque une irritation congestive brûlante et même vésicante, et la cicatrisation de ces vésicules peut être marquée par des troubles urinaires sérieux: néphrite ou cystite, ou par des érections douloureuses.

L'expérimentation pathogénétique de la cantharide reproduit une irritation aiguë et une inflammation brûlante des muqueuses génito-urinaires et digestives, une inflammation aiguë (avec épanchement) des séreuses, et une inflammation vésicante de la peau.

Les symptômes de Cantharis sont:

—La douleur brûlante et même cuisante avec ténesme, c’est-à-dire sensation permanente de tension douloureuse entretenue par la douleur elle-même ou par le besoin (d'aller à la selle, d'uriner, ou de se gratter) que la douleur provoque sans fin.

—Au niveau de la peau: apparition de vésicules à liquide clair ou de rougeur érythémateuse à tendance vésiculeuse, avec inflammation brûlante, ou démangeaisons cuisantes; sans tendance à la suppuration croûteuse; améliorées par les applications froides et aggravées par le toucher. Brûlures; phlyctènes (ampoules) traumatises des mains ou des pieds par frottement; herpès, lorsque la sensation locale de brûlure l'emporte sur la sensation de démangeaisons; érysipèle, pemphigus... Bref tous les décollements du derme avec exsudation brûlante.

— Au niveau du rein et des voies urinaires; violentes douleurs brûlantes et tranchantes (comme par une lame de rasoir) dans la vessie et dans l'urètre avant, pendant et après la miction; avec ténesme, avec sensation douloureuse entretenant des besoins urgents et fréquents d'uriner si peu que se soit. Au niveau des reins éventuellement: grande sensibilité de la loge rénale et douleurs rénales paroxystiques, brûlantes et tranchantes. Les urines sont toujours peu abondantes, foncées, avec présence de sang ou d'albumine ou de mucus visqueux et adhèrent. Le malade n’urine que quelques gouttes avec des douleurs intolérables; et urine presque goutte à goutte.

—Au niveau de l'intestin: diarrhée dysentériforme. Selles peu abondantes, faites de mucosités membraneuses et sanguinolentes, sans odeur, brûlantes; suivies d’une sensation de brûlure de l'anus et de besoins urgents et fréquents aussi bien d'aller à la selle que d'uriner. Abdomen ballonné et très sensible; sensation de brûlure dans tout le tube digestif; malade agité, excité.

—Au niveau de la bouche et de la gorge: inflammation aiguë à tendance ulcérative des muqueuses. La langue est enflée, à bords très rouges, brûlante comme si elle était « à vif on couverte de vésicules très douloureuses, brûlantes. Sensation de brûlures intenses au niveau du pharynx, sensation de gorge «à vif» ou « en feu »; soif ardente mais aversion pour les liquides qui ne peuvent être avalés; spasmes ou sensation de constriction de la gorge en buvant ou en essayant de boire, ou au toucher du cou. Aphtes sur la langue ou ulcérations aphteuses du palais ou de la gorge.

— Au niveau des séreuses: épanchement avec douleur lancinante ou brûlante localisée, urines peu abondantes, gêne respiratoire, agitation et anxiété. Pleurésie séro-fibrineuse ou péricardite séro-fibrineuse, lorsque le point de côté douloureux inaugural de l'affection disparaît (Bryonia) et que se manifeste l'épanchement séro-fibrineux caractéristique de l'inflammation ulcérative de Cantharis.

—Au niveau de l'appareil génital: excitation sexuelle avec douleurs brûlantes et agitation. Chez l'homme, appétit sexuel exagéré avec érections douloureuses, longues et rapprochées; chez la femme, excitation sexuelle avec inflammation brûlante et sécrétions corrosives de la vulve et du vagin. Souvent rêves lascifs agités; parfois délire érotique ou propos obscènes.

— Au niveau du mental: excitation et irritabilité, hypersensibilité et agitation physique. Accès de rage, de fureur; avec cris, hurlement, méchanceté; excitation sexuelle pouvant aller jusqu'à la manie aiguë à forme érotique. Tendance aux spasmes (surtout laryngés) et aux convulsions à la vue ou au bruit de l'eau, ou à la vue des objets brillants. Tendance au délire furieux avec impulsions à mordre ou à frapper.

Cantharis est (avec Nitricum acidum) le meilleur remède de cicatrisation des vésicules ou phlyctènes de toute origine: traumatique (ampoules), infectieuse (virale) ou physique (brûlures) .

Cantharis est le remède des infections virales aux manifestations vésiculo-bulbeuses douloureuses (herpès, zona, aphtes, varicelle) avec tendance aux complications neurologiques de type encéphalite aiguë. L'indication de Cantharis est nette dans toute les manifestations d'encéphalite ou de méningo-encéphalite lorsqu'il existe des éléments vésiculeux douloureux (de type herpès) au niveau de la peau ou des muqueuses.


CAPSICUM

Le Capsicum annuum ou piment rouge, piment des jardins, corail des jardins, poivre de Guinée, piment ou poivre de Cayenne... est une plante annuelle de la famille des Solanacées, à ne pas confondre avec le poivre noir ou piper negrum qui est une liane tropicale de la famille des Pipéracées.

Rouge à surface lisse et luisante, de forme conique, le fruit a une saveur âcre et brûlante qui le fait utiliser comme condiment et comme excitant digestif, et en applications externes comme rubéfiant et révulsif.

L'expérimentation du piment rouge reproduit une inflammation brûlante des muqueuses, surtout digestives (pharynx et intestin) mais aussi urinaires et respiratoires.

Les symptômes de Capsicum sont:

— Une sensation de brûlure dans la gorge avec sensation de constriction spasmodique, rougeur sombre de la muqueuse et gonflement; cette sensation de douleur brûlante est aggravée en buvant froid, mais calmée en buvant chaud ou par des applications de compresses chaudes sur le cou.

—Des brûlures d'estomac avec gonflement abdominal et tendance à la diarrhée (souvent muco-sanguinolente).

—Une inflammation douloureuse derrière l'oreille, au niveau de la mastoïde

—De très vives douleurs brûlantes (comme par du poivre) en urinant avec des besoins fréquents d'uriner;

— Une toux sèche et quinteuse qui provoque de façon caractéristique des douleurs à distance, surtout à la tête (sensation d'éclatement)

—Enfin et surtout une diarrhée brûlante et peu abondante faite de glaires sanguinolentes et suivie d'un besoin incessant d'une nouvelle selle (ténesme); avec ballonnement important de l'abdomen; soif après la selle et frissons aussitôt après avoir bu.

Capsicum est le remède des fausses angines (sans fièvre) des amateurs habituels des plats très épicés, ou de poivre ou de piment. Le remède de la dyspesie des alcooliques ou des buveurs de bière. De certaines toux quinteuses de coqueluche. Et surtout un remède important (avec Cantharis et Mercurius corrosivus) de l'entéro-colite muco-sanguinolente, et de certaines dysenteries.


CARBO ANIMALIS

Le charbon animal est le produit de la carbonisation des os en vase clos. Il est employé dans l'industrie pour décolorer certains liquides; il fixe par absorption (c'est-à-dire par adhésion, sans se combiner avec elles) les matières colorantes mais aussi un grand nombre de substances toxiques comme l'arsenic, le phosphore, les sels de plomb ou de mercure, les cyanures, des alcaloïdes comme la strychnine ou la morphine, la digitaline, etc...; ce qui justifie son utilisation comme antidote de tous ces poisons (après lavages de l'estomac, et son association avec un purgatif comme le sulfate de magnésie), et comme absorbant de toxines dans certaines infections gastro-intestinale aiguës.

L'expérimentation pathogénétique du charbon animal reproduit un ralentissement des oxydations et de la circulation sanguine dans les tissus, d'où un encombrement veineux par le gaz carbonique, une infiltration indurée de certains tissus (organes glandulaires, ganglions ou tissu cellulaire sous-cutané) et une tendance aux écoulements purulents fétides, irritants et parfois sanguinolents.

Les symptômes de Carbo animalis sont:

—Des infiltrations indurées (ou engorgements torpides) des tissus glandulaires (seins, utérus, testicules); des ganglions lymphatiques (bubons. adénites chroniques, adénopathies cancéreuses): et du tissu cellulaire sous-cutané (ulcères chroniques et torpides, tumeurs ulcérées, engelures ulcérées, tumeurs indurées et hypervascularisées). La caractéristique de ces inflammations torpides indurées (ou tumeurs d'évolution lente) est d'être liées à un engorgement veineux local; d'être d'évolution très lente sans tendance vers l'amélioration ou l'aggravation par manque de réaction de l'organisme; de réaliser une induration (ou tumeur) bleuâtre avec dilatation des veines du voisinage et hypervascularisation intense au niveau de la tuméfaction; d'évoluer vers l’ulcération superficielle, vers l’ulcère à bords indurés, au pourtour bleuâtre ou violacé, et très douloureux: vives sensations de brûlures, enfin cette ulcération elle-même a tendance à sécréter un liquide de mauvaise nature, purulent et fétide, irritant, parfois sanguinolent.

— Une baisse de vitalité: grande faiblesse avec manque d'énergie et de réaction; fatigabilité. Malade qui désire être seul et en paix; triste et sans force, il évite la conversation. Frileux, il se sent mieux dans une chambre chaude. Il est anxieux le soir dans l'obscurité.

— Une hyposphyxie, syndrome circulatoire caractérisé par un ralentissement général de la circulation, un encombrement du système veineux et des capillaires et une cyanose liée à la saturation du sang par le gaz carbonique (augmentation du taux de l'hémoglobine réduite dans le sang capillaire). Les muqueuses sont violacées, cyanosées; les extrémités ou le nez les joues sont le siège de varicosités superficielles avec tendance aux éruptions de teinte cuivrée ou aux ulcérations bleuâtres; les sueurs, abondantes la nuit, sont de mauvaise odeur, fétides et ont tendance à colorer le linge en jaune, surtout sous les bras.

Carbo animalis est le remède des dilatations vasculaires superficielles, (télangiectasies) avec infiltration indurée des tissus d'évolution très lente, torpide. Comme la couperose ou acné rosacé, évoluant vers l'acné hypertrophique ou éléphantiasique (rhinophyma). Mais aussi comme le léprome, cette infiltration nodulaire caractéristique de la lèpre, évoluant vers le mal perforant (surtout plantaire) ou vers l'amputation spontanée (phalange ou orteil; mais aussi métacarpe ou métatarse à travers des ulcérations palmaires ou plantaires); Carbo animalis est le remède très efficace de cicatrisation de lépromes, que tout médecin appelé à soigner des lépreux doit connaître.

Carbo animalis est encore le remède des lésions comparables (nodulaires et indurées, de coloration cuivrée, évoluant lentement vers ulcération) qu'on peut voir au cours de l'évolution de maladies graves comme la syphilis (syphilis tertiaires, lésions trophiques du tabès), la tuberculose (lupome ou lupus tuberculeux), les affections médullaires ou les cancers à manifestations lésionnelles rongeantes ou ulcéro-végétantes. La prescription de Carbo animalis (remède de cicatrisation) ne dispense pas du traitement causal lorsqu'il existe, notamment dans la syphilis, la tuberculose ou la lèpre, où la thérapeutique classique a fait la preuve de son efficacité contre l'agent agresseur sinon au niveau de la cicatrisation de la lésion.

Malgré leur vascularisation importante, des tumeurs même ulcérées ont peu tendance à saigner: tumeurs inopérables du sein, de l'utérus, des testicules, vues à un stade trop avancé chez des vieillards cachectiques.


CARBO VEGETABILIS

Le charbon végétal est le produit de la carbonisation en vase clos d'un bois non résineux. Son pouvoir d absorption c’est-à-dire de fixation est très élevé puisqu'il peut absorber de 50 à 100 fois son volume de gaz libres tels que l'acide carbonique, l’hydrogène sulfuré, l’ammoniac. Il absorbe également certains alcaloïdes et divers produits de la fermentation ou de la putréfaction des substances organiques. On l’utilise en thérapeutique classique comme absorbant et anti-putride dans les dyspepsies flatulentes, les diarrhées fétides et les empoisonnements.

Son expérimentation pathogénétique reproduit un état d'atonie digestive flatulente et surtout un épuisement vital avec ralentissement progressif des oxydations.

Les symptômes de Carbo végétabilis sont:

— La flatulence gastrique excessive. Ballonnement de la partie supérieure de l'abdomen avec éructations aigres ou putrides, après le repas; ballonnement aggravé par des aliments gras (le porc, le beurre...) ou après avoir bu du vin; ballonnement soulagé momentanément par les éructations ou l'émission de gaz intestinaux, et surtout par le grand air. Toute nourriture semble se transformer en gaz; aversion pour le lait, la viande et les graisses; désir de café. Le ballonnement de l'épigastre provoque parfois des douleurs violentes, crampoïdes, irradiant de l'estomac à la poitrine; et peut s'accompagner de gêne respiratoire.

— L'épuisement, la baisse de la vitalité qui peut être progressive (au cours d'une maladie grave) ou survenir par crise (malaise lipothymique). Extrême faiblesse, perte de forces soudaine ou progressive; malade incapable de penser, d'agir, indifférent à tout ce qui l'entoure. Perte de chaleur vitale; le corps est glacé; froideur plus marquée au niveau du nez et du front, des jambes, des genoux qui sont froids comme de la glace et des pieds; la face est pale, d'une pâleur mortelle, et couverte de sueurs froides. Même l'haleine est froide et cependant le malade a besoin d'air frais et surtout désire être éventé; la peau est froide et le malade supporte être couvert mais il tolère mal une atmosphère chaude.

— Un ralentissement de la circulation avec cyanose et tendance aux hémorragies passives. Cyanose (coloration bleu-violacé) et froideur des extrémités: mains pieds et jambes recouverts de sueurs froides. Tendance aux varices bleuâtres, et surtout aux saignements passifs: ecchymoses spontanées ou provoquées, hémorragies de sang noir foncé et épais, coagulé au niveau des muqueuses ou des orifices naturels du corps; saignements en nappe et écoulement lent de sang, écoulements sanguins d'origine digestive ou utérine, dans un contexte de maladie grave (presque désespérée) ou d'état agonique. Ne pas sous-estimer l'efficacité parfois spectaculaire de Carbo vegetabilis dans de telles situations apparemment irréversibles.

En pratique courante, Carbo vegetabilis est le remède d'une crise vasomotrice qu'il faut savoir reconnaître: malaise qui débute par une sensation de chaleur, une vague de chaleur qui monte à la tête, avec impression de syncope imminente; le visage devient d'une pâleur impressionnante, « mortelle»; le corps se couvre de sueurs froides, le malade se sent devenir glacé, et cependant il cherche désespérément à s'éventer; s'il le peut il court s'allonger au grand air, seule façon d'éviter la perte de connaissance qu'il sent venir, et que souvent il connaît bien pour l'avoir déjà éprouvé. Ce malaise aigu, toujours impressionnant pour l'entourage n'est pas d'origine cardio-vasculaire mais représente une crise vasomotrice dont les causes peuvent être variées: malaise digestif après un repas trop riche dans une pièce trop chaude; malaise neurovégétatif du mal des transports (mal de mer; malaises en avion, favorisés par le confinement et les variations de pression atmosphérique qui aggravent une prédisposition naturelle à l'aérogastrie...); malaise neurovégétatif de la femme enceinte; ou de l'enfant fatigué par une station debout dans un lieu public (église, magasin...) mal ventilé ou trop chauffé.

Carbo vegetabilis est le remède des malades qui s'asphyxient de l'intérieur, qui présentent un défaut d'oxygénation aigu ou profond, avec manifestations vasomotrices impressionnantes ou état de détresse respiratoire avec épuisement de la chaleur et de l'énergie vitale.


CARBONEUM SULFURATUM

Le sulfure de carbone est un liquide incolore très inflammable qui dissout les graisses et qui provoque à doses toxiques un tableau d'ivresse alcoolique.

Solvant des graisses, le sulfure de carbone exerce tout naturellement son pouvoir pathogénétique sur un tissu riche en lipides: le cerveau et les fibres nerveuses. Son expérimentation reproduit un état de congestion cérébrale et des troubles névritiques associés à des manifestations cutanées.

Les symptômes de Carboneum sulfuratum sont:

— Un état aigu de congestion cérébrale. Excitation cérébrale: hallucinations; entend des voix, ou a des visions fantastiques effrayantes; délire surtout la nuit. Excitation motrice: casse les objets qu'il a dans la main, essaye de mordre les objets ou les personnes qui sont près de lui. Maux de tête congestifs avec sensibilité extrême du cuir chevelu, ne peut supporter d'être peigné. Irritabilité.

—Des troubles de la sensibilité superficielle ou des troubles sensoriels. Douleurs dans les membres, vives, en éclair, apparaissant et disparaissant subitement; avec fourmillements; zones d'anesthésie ou d'hyperesthésie; secousses musculaires, crampes ou tremblements. Sous les paupières, sensation de grain de sable avec démangeaisons; tremblements des paupières; rétrécissement du champ visuel; le malade voit comme à travers un brouillard et perçoit mal les couleurs. Dans les oreilles, bruits musicaux et sifflements, bourdonnements avec vertiges. Impuissance complète avec atrophie testiculaire; inappétence sexuelle chez la femme avec atrophie des ovaires.

— Des troubles cutanés. Eruptions diverses: herpès, pustules, croûtes ou suppurations localisées; ou troubles trophiques; crevasses et gerçures de la peau. Mais toujours démangeaisons (aggravées par la chaleur du lit) et troubles de la sensibilité locale: diminution de la sensibilité ou sensations pénibles telles que fourmillements, engourdissements, picotements, douleurs vives fulgurantes.

Carboneum sulfuratum est un remède neurologique important. Le remède des troubles sensitifs périphériques des névrites ou radiculonévrites, toxiques (alcool, plomb) ou infectieuses. Le remède des insuffisances sensorielles (vision, audition) par altération du nerf.

Et le remède des éruptions avec troubles de la sensibilité locale, le remède des névrodermites (herpès surtout, ou zona) lorsque l'éruption est annoncée par des sensations de picotements, ou de brûlures, ou de fourmillements avec démangeaisons. Dans les lésions médullaires, Carboneum sulfuratum est un bon complémentaire de Causticum, qu'il s'agisse de paralysies avec troubles de la sensibilité superficielle ou de lésions très douloureuses avec fonte musculaire.


CARDUUS MARIANUS

Le chardon Marie. Carduus marianus ou Cnicus benedictus, de la famille des Composées, est encore appelé centaurée bénite, l’épithète de bénit lui ayant été donné à cause des propriétés nombreuses qu'on lui attribuait. Ce charbon est facilement reconnaissable à ses feuilles épineuses, à ses nervures blanches et saillantes, à sa tige laineuse et dressée et à ses fleurs jaunes entourées d'une couronne de feuilles plus petites.

L'expérimentation pathogénétique du charbon bénit reproduit un état de congestion du foie, avec congestion portale, état variqueux et tendance à la constipation.

La douleur congestive du foie est le symptôme essentiel de Carduus marianus. Douleur tiraillante dans l'hypochondre droit, aggravée à la pression et en étant couché sur le côté gauche; avec sensation de plénitude du foie qui est augmenté de volume (surtout vers la gauche, dans le sens transversal; la congestion porte surtout sur le lobe gauche de l'organe). Langue chargée au centre, aucun appétit, goût amer; nausées à la pression du foie ou de l'estomac; constipation habituelle, les selles sont noires, dures et en petits morceaux difficiles à expulser; parfois alternance de diarrhée et de constipation. Les urines sont jaunes d'or sans dépôt. La peau est jaune; il existe des taches jaunes au niveau du sternum. Enfin tendance aux varices et varicosités; aux plaies variqueuses, aux ulcères variqueux.

Carduus marianus est un remède de congestion chronique du foie. Hépatite (virale), lithiase biliaire, cholécystite, cirrhose.


CAULOPHYLLUM

Caulophyllum thalictroïdes ou cohosh bleu, de la famille des Berberidées est originaire de l'Amérique du Nord.

Son expérimentation reproduit des douleurs utérines et des douleurs rhumatismales affectant les petites articulations.

Au niveau de l'utérus, l’expérimentation de Caulophyllum reproduit un état d'atonie de l'utérus avec rigidité spasmodique du col. Le symptôme essentiel est représenté par des douleurs spasmodiques, intermittentes, comme des douleurs d'accouchement. En période de règles: règles en avance, peu abondantes, douloureuses, avec crampes et même convulsions; les douleurs sont localisées en arrière, dans la région lombo-sacrée, et dans l'ovaire gauche; mais peuvent irradier au loin, dans les cuisses ou dans le sein gauche (le remède présente une nette latéralité gauche retrouvée chez les malades). Pendant les règles, sensation de tremblement intérieur, nervosité hystériforme, maux de tête congestifs avec sensation de pression rétro-oculaire gauche. Avant ou après les règles, leucorrhée abondante et irritante.

Pendant l'accouchement, fortes douleurs mais inefficaces. Le col de l'utérus est contracturé, d'une rigidité extraordinaire empêchant le travail, la progression de l'enfant. Les douleurs sont courtes, spasmodiques, irrégulières, ne laissant aucun repos. Après l'accouchement, épuisement avec impression de tremblement de tout le corps: les lochies sont prolongées, l’écoulement sanguinolent peut persister pendant plusieurs jours avec des douleurs utérines spasmodiques (tranchées) irradiant aux aines.

Au niveau des petites articulations, douleurs intermittentes et paroxystiques, tiraillantes, spasmodiques, changeant fréquemment et rapidement de place, avec enraidissement articulaire. Douleurs rhumatismales affectant les petites articulations: doigts et poignets, orteils et chevilles; aggravées par le froid, et avant ou pendant les règles; améliorées par la chaleur et après les règles.

Les indications de Caulophyllum sont la dysménorrhée congestive ou névralgique, l’accouchement difficile (par rigidité du col), les suites douloureuses et prolongées de l'accouchement, et le rhumatisme mobile, erratique des petites articulations.

L'existence d'un spasme physiologique du col de l'utérus a pu être mis en évidence au cours de la deuxième phase du cycle menstruel: au cours de cette phase lutéinique, le cathétérisme du col devient difficile jusqu'au moment des règles; le col ne redevient perméable que 24 ou 48 heures avant le début des règles. Caulophyllum est le remède d'une persistance et d'une intensité anormales de ce spasme utérin lorsqu'apparaît l'écoulement.

Caulophyllum est un remède à prescrire de façon systématique un peu avant et pendant l'accouchement chez les femmes qui risquent d'avoir un accouchement anormalement long, difficile et douloureux en raison de leur âge (surtout pour une première grossesse) ou en raison d'un état de nervosité spasmodique habituelle. Caulophyllum a une action remarquable sur la progression du travail (en association avec Cimicifuga et Magnesia phosphorica): les contractions gagnent en efficacité ce qu'elles perdent en intensité douloureuse et en fréquence.


CAUSTICUM

Causticum ou Kalium causticum, hydroxyde de potasse, est une substance de composition chimique mal définie/ obtenue à partir de chaux et de bisulfate de potasse. Sa pathogénésie est proche de celle de l'ammoniac ou Ammonium causticum.

L'expérimentation de Causticum reproduit une irritation douloureuse brûlante des tissus avec évolution lente vers la fibrose locale et vers la paralysie par atteinte du système nerveux central. Les zones d'action élective de Causticum sont le larynx et la trachée, les articulations/ et les centres nerveux.

Les symptômes de Causticum sont:

- Les douleurs localisées, déchirantes ou tiraillantes; avec sensation de plaie à vif, d/écorchure à vif; sensation de brûlure comme par la chaux vive. Les douleurs sont aggravées par le froid sec, par le temps sec et clair; en quittant un lieu humide ou en sortant d'un bain pour entrer dans une pièce chaude; sont toujours améliorées par le temps doux/ humide et pluvieux.

—Au niveau du larynx: enrouement surtout le matin avec sensation que la gorge est à vif/ toux paroxystique calmée en buvant un peu d'eau froide. La voix est grave par parésie des cordes vocales. Laryngite traînante ou chronique.

— Au niveau de la trachée; toux sèche et rauque/ douloureuse/ avec sensation que tout est à vif dans la poitrine; expectoration difficile de mucosités adhérentes. Faiblesse générale du malade; la toux peut provoquer une émission involontaire d'urines. La toux peut provoquer une douleur aux hanches (surtout à droite) Aggravation de la toux par temps sec ou vent sec; amélioration par la chaleur.

—Au niveau de la peau: cicatrices douloureuses (vieilles cicatrices exubérantes, chéloidiennes, douloureuses) et verrues larges et plates, crénelées ou pédiculées, suintant et saignant facilement.

— Au niveau des articulations: douleurs tiraillantes par inflammation chronique à tendance enraidissante, puis ankylosante et déformante. Raideur douloureuse des articulations, des tendons ou des muscles. Contractures des tendons des muscles fléchisseurs avec sensation de raccourcissement des tendons. Même modalité générale d'aggravation: froid sec, vent sec; amélioration par la chaleur du lit.

— Au niveau du système nerveux: faiblesse à tendance paralytique progressive avec atteinte rapide de l'état général (dénutrition, malade amaigri et affaibli, sec et vieilli). Suivant les localisations: paralysie faciale après exposition à un vent froid et sec; parésie des cordes vocales (malade enroué ou aphone); parésie de la langue (le malade bafouille ou bégaie en parlant; parésie de l'intestin: constipation avec besoins fréquents d'aller à la selle mais inefficaces; selles demandant beaucoup d'efforts, plus faciles en position debout; selles petites et laminées, d'aspect graisseux; parésie ou paralysie des membres (surtout des muscles extenseurs; rendant la marche de plus en plus difficile); parésie de la vessie (musculature de la paroi vésicale et sphincter): incontinence d'urines en toussant, ou en éternuant; surtout par temps froid; et chez l'enfant dans le premier sommeil; miction difficile ou impossible autrement qu'en étant debout; insensibilité de la muqueuse urétrale, le malade ne se sent pas uriner.

Causticum n'est pas seulement le remède des infirmités de la vieillesse. C'est aussi le remède de base de l'énurésie infantile (de l'incontinence d'urines nocturnes) et des verrues de l'enfant. Et un bon remède des paralysies chroniques (faciales notamment), des laryngites chroniques, et des lésions scléro­inflammatoires de la moelle épinière, des articulations ou des poumons de l'adulte.


CEDRON

Le Cedron ou Simaruba, Cédron, quassia cédron, de la famille des Simarubacées, est un arbre d'Amérique (Venezuela, Colombie) où l'on utilise ses fruits contre les fièvres intermittentes, contre les morsures de serpents venimeux et contre les diarrhées dysentériques.

L'expérimentation du cédron reproduit des troubles (fièvres, douleurs migraineuses, névralgies) remarquables par leur périodicité, par la régularité de leurs apparitions.

— Fièvres intermittentes de type accès de paludisme, revenant à la même heure, avec un stade de frissons (aggravés par tout mouvement), un stade de chaleur intense (avec soif de boissons chaudes et sensation d'engourdissement des membres), et un stade de sueurs profuses avec état de faiblesse.

—Douleurs migraineuses revenant à jour fixe, ou à heure fixe; avec sensation d'augmentation de volume de la tête, engourdissement de tout le corps et agitation; douleurs surtout sus-orbitaires (à prédominance gauche).

— névralgies à retour périodique (et toujours à la même heure), faciales surtout; avec sensation d'engourdissement local ou d'augmentation de volume de la région.

—Spasmes ou convulsions revenant régulièrement. Crises d'épilepsie aux périodes menstruelles.

Cedron est le grand remède des douleurs névralgiques ou migraineuses qui ont pour caractéristique essentielle de revenir «tout le temps», et plus ou moins à jour ou à l’heure fixe. Et pour ces douleurs périodiques. Cedron n'est pas seulement un remède de crise mais un remède de fond réellement efficace à court terme.


CHAMOMILLA

Chamomilla ou Matricaria chamomilla ou Camomille commune, camomille allemande, matricaire, est une grande herbe annuelle aromatique de la famille des Composées; très abondante dans presque toute l'Europe; très utilisée en Homéopathie. Ne pas confondre avec la camomille romaine ou Anthemis nobilis (ou camomille noble, camomille double) qui est un médicament très populaire utilisé en infusion pour ses propriétés antispasmodiques et stimulantes de l'appareil digestif .

L'expérimentation pathogénétique de la camomille commune crée un état d'hypersensibilité à la douleur et d'excitation psychomotrice violente.

L'hypersensibilité ou plus précisément l'intolérance à la douleur est le symptôme majeur de Chamomilla. Quel que soit son âge, le malade de type Chamomilla présente toujours des apparences d'une douleur intolérable, inquiétant ou affolant son entourage. Ses gémissements sont hors de proportion avec le mal qui les provoque, ses souffrances sont beaucoup plus violentes que les symptômes objectifs ne peuvent le faire prévoir, ses réactions nerveuses apparaissent (et sont effectivement) toujours excessives, exagérées.

L'irritabilité caractérielle est un autre symptôme essentiel de Chamomilla. Ce qu'en disent Léon Vannier et Jean Poirier s'applique aussi bien au nourrisson qu'au jeune enfant: « enfant capricieux jamais content, jamais satisfait. Désire avec violence un objet et dès qu'on le lui donne le jette et en veut un autre. Enfant très susceptible, hargneux, ne peut supporter qu'on le regarde, qu'on lui parle ou qu'on l'approche; se met immédiatement en colère».

Et les auteurs du Précis de Matière Médicale Homéopathique ajoutent: «enfant agité, perpétuellement en mouvement, impatient, insupportable. N'est calme et tranquille que porté ou promené en voiture; ce qui définit bien le troisième symptôme important de Chamomilla: L’amélioration des troubles par le mouvement. Le nourrisson ne se calme que porté dans les bras de sa mère et crie lorsqu'on le pose dans son berceau; l’étudiant ne peut travailler que dans le bruit et l’agitation; l’adolescent n'est heureux qu'en voyage, en déplacement; l’adulte surmené est apaisé en voyant défiler les images d'un film; l’homme d'affaires ne se repose que dans le train en voyant défiler le paysage... ,

L'expérimentation de chamomilla reproduit encore un état d'hyperexcitabilité neuro-musculaire, ou plus précisément d'hyper-réflectivité cérébro-spinale qui explique l'apparition de convulsions dans certaines circonstances: à la suite de colères ou de caprices contrariés chez le jeune enfant; par intolérance à la chaleur lorsque la fièvre est très élevée (convulsions fébriles); par intolérance à la douleur (convulsions dentaires, mais aussi convulsions au début d'une otite aiguë ou par colique abdominale)...

Enfin l'expérimentation pathogénétique révèle encore un symptôme de chamomilla: une action inflammatoire et irritative des muqueuses digestives et utérines. Diarrhée liquide, aqueuse ou visqueuse, chaude et excoriante, d'aspect verdâtre (comme des épinards hachés) ou jaunâtre (comme des œufs brouillés), d'odeur fétide (d'œuf pourri), avec des douleurs intestinales de type coliques flatulentes (qui ne sont pas calmées par l'émission de gaz d'odeur fade ou aigre). Cette diarrhée est le type même de la diarrhée de dentition dont Chamomilla est le remède spectaculaire (avec Magnesia carbonica et Mercurius solubilis en cas de fièvre modérée), sans équivalent dans la thérapeutique classique.

Au niveau de l'utérus, l’action (pathogénétique ou thérapeutique) de Chamomilla correspond à des hémorragies de sang noir avec de gros caillots et des douleurs semblables à celles de l'accouchement, toujours mal supportées. Pendant les règles, exagération de l'état d'irritabilité habituelle de la femme de très mauvaise humeur, et même hargneuse. Pendant l'accouchement affolement, cris, agitation (la femme se jette de côté et d'autre dans son lit), plaintes qui paraissent excessives.

Retenir cette modalité essentielle de Chamomilla: hypersensibilité aux douleurs; les douleurs paraissent hors de proportion avec les causes qui les provoquent; le ou la malade se plaint toujours plus qu'il ne souffre en réalité. Mais cette intolérance à la douleur peut provoquer des accidents convulsifs par hyper-réflectivité cérébro-médullaire.

Chamomilla est un remède essentiel du jeune enfant; qu'aucun médecin, pédiatre ou non, n'a le droit d'ignorer. C'est le remède spectaculaire des troubles caractériels du nourrisson (qui demande à être porté ou bercé sans cesse); de la diarrhée de dentition; des accidents convulsifs de la dentition. Dans les fièvres (avec forte élévation de la température, au-delà de 39 ou de 400) du nourrisson ou du jeune enfant, quelle qu'en soit la cause, en présence de toute agitation nerveuse pouvant faire craindre un accident convulsif, toujours donner au malade Chamomilla 4CH (avec Belladonna 4CH) en prises très rapprochées d'abord (10 à 30 minutes) puis plus espacées. Mais ne pas attendre, pour donner Chamomilla (en doses de 9CH espacées de 10-15 jours, avec 2 ou 3 prises quotidiennes en 4CH) à un enfant habituellement nerveux, qu'il présente un état infectieux aigu très fébrile, exposant à des complications nerveuses prévisibles. Chamomilla est un remède à donner de façon systématique à tous les nourrissons présentant des troubles nerveux habituels (pleurs ou cris, insomnie avec agitation, nervosité calmée de façon caractéristique en étant bercé, porté dans les bras, ou promené). Plus que le degré de température atteint, c'est l'intensité et l'excès des réactions nerveuses du jeune enfant qui font la gravité des états fébriles d'apparition soudaine.

Autre indication de Chamomilla: une certaine forme d'insomnie. Alors que Coffea est le remède de l'insomnie par excitation euphorique (bonnes nouvelles, projets d'avenir, réussite professionnelle, joie sentimentale...) ou par excès de café, chamomilla est le remède de l'insomnie avec mauvaise humeur, plaintes et agitation, irritabilité grognonne habituelle ou manifestations douloureuses excessives, exagérées (surtout en période de règles). Le nom botanique matricaria de la Chamomille commune rappelle que les propriétés médicales de la plante dans les spasmes ou états inflammatoires de l'utérus sont connues depuis fort longtemps.

Enfin il faut souligner que chamomilla est plus un remède de diarrhée par spasmes et fermentation intestinales qu'un remède de gastro-entérite aiguë infectieuse (Aethusa chez le nourrisson) et à plus forte raison qu'un remède de toxicose à forme digestive ou de diarrhée cholériforme que des remèdes comme Arsenicum album, Veratrum album et (ou) Aethusa pris en temps voulu peuvent et doivent prévenir dans un nombre considérable de cas. Pourquoi l'Homéopathie a-t-elle réputation d'être une thérapeutique pour maladies bénignes sinon parce qu'elle permet de guérir de façon apparemment simple des maladies dont le potentiel évolutif de haute gravité est bien connu de tous? ce qui donne l'impression que les médecins Homéopathes ne voient—étrange coïncidence— que des formes les plus anodines de ces maladies!


CHELIDONIUM

Chelidonium majus ou Chélidoine, Eclaire, Grande Eclaire, Herbe aux verrues, herbe d'hirondelle ou felonque, de la famille de papavéracées est une herbe vivace commune sur les vieux murs et dans les décombres. Les tiges dressées sont pourvues de poils mous; les feuilles sont minces, d'un vert tendre, profondément découpées, à lobes crénelés; les fleurs sont jaunes en forme de croix. Coupée ou cassée, la tige laisse écouler un suc jaune âcre et caustique, qui est un remède très populaire contre les verrues. Diluée dans de l'eau, la chélidoine était jadis utilisée contre les maux d'yeux, pour «éclaircir», la vue.

Grâce à des alcaloïdes, la chélidoine est considérée comme un puissant cholérétique, capable de quintupler le volume de la bile, mais aussi comme un sédatif antispasmodique des voies biliaires.

L'expérimentation pathogénétique de la plante fraîche permet de confirmer son tropisme hépato-biliaire: engorgement des cellules hépatiques et des voies biliaires avec présence des éléments de la bile dans le sang.

Les symptômes évocateurs de chelidonium sont:

—Une douleur précise juste en dedans ou sous la pointe de l'omoplate droite dans un contexte d'engorgement du foie: foie congestionné et sensible, lenteur de la digestion (améliorée par des aliments chauds, désir d'aliments ou de boissons chaudes, surtout le soir), douleur au creux de l'estomac (calmée en mangeant); goût amer et langue pâteuse, jaunâtre (dont les bords sont rouges et gardent l'empreinte des dents), mauvaise haleine (réelle, ou le malade se croit poursuivi par une odeur nauséabonde, fécale):

—Alternance de diarrhée et de constipation, mais toujours les selles sont de coloration jaune d'or ou décolorées; flottant dans l'eau et sont pâteuses, argileuses; ce sont en fait des selles bilieuses.

— Par ailleurs les urines sont jaune d'or ou jaune foncé comme de la bière brune. Et la peau (jaune en cas d'ictère) est le siège de démangeaisons généralisées.

— A signaler parfois l'existence de maux de tête sus­orbitaires (surtout à droite) avec douleur des globes oculaires.

Chelidonium est le remède essentiel de l'ictère catarrhal est un bon remède de l'insuffisance hépatique et biliaire. Son complémentaire de drainages des voies biliaires est toujours Natrum sulfuricum. Dans les affections hépatiques aiguës Chelidonium est plus près de Nux vomica et China (autres éléments indispensables du traitement de l'hépatite virale) que de Lycopodium.


CHENOPODIUM ANTHELMINTHICUM

Le chénopode anthelminthique ou Chenopodium anthelminthicum, de la famille des Chenopodiacées, est une plante herbacée dont on extrait une huile essentielle par distillation des sommités fleuries et des graines: l’essence de chenopodium dont le principe actif, l’ascaridiol absorbé sous forme de capsules, est un vermifuge actif contre l'ankylostome duodénal et surtout les ascaris.

L'intoxication par le Chénopode (ou son essence) provoque des bourdonnements d'oreilles, des vertiges et une baisse de l'audition avec démarche titubante et fourmillement des extrémités.

L'expérimentation pathogénétique du Chénopode anthelminthique reproduit une congestion aiguë apoplectiforme du cerveau et de l'oreille interne, et une congestion subaiguë du foie.

La congestion cérébrale est soudaine, apoplectiforme, avec privation de la parole, respiration bruyante avec ronflement, écume à la bouche, convulsions de la moitié droite du corps (et parfois hémiplégie spasmodique droite).

La congestion de l'oreille interne produit des vertiges soudains comme par l'ivresse, avec bruits dans les oreilles (bourdonnements, tintements, ou «coups de canon»), et une diminution sensible de l'audition: mauvaise perception de la voix humaine mais perception conservée et pénible des bruits de la rue. Vertiges labyrinthiques ou Syndrome de Ménière, par trouble vasculaire (et hypertension du liquide labyrinthique). Bourdonnements d'oreille congestifs.

La congestion du foie, subaiguë ou chronique, est marquée par une douleur intense transfixiante, irradiant du foie à la gouttière entre omoplate droite et colonne vertébrale, en dedans du bord interne et de la pointe de l'omoplate droite. Les urines sont généralement abondantes et d'un jaune foncé, ictériques ou subictériques.

Les indications courantes de Chenopodium antheminthicum sont les bourdonnements d'oreille d'origine vasculaire, congestive; ou le syndrome de Ménière. Et la congestion du foie avec douleur transfixiante caractéristique et tendance à l'ictère.


CHIMAPHILA

Chimaphila umbellata ou pyrolle en ombrelles, herbe d'hiver ou herbe à pisser est une plante de la famille des Pyrolacées, qui croît en Alsace et dans les Vosges, dans le Nord de l'Europe et de l'Amérique et dans le sud de la Russie.

Son expérimentation reproduit une irritation des voies urinaires; rein, vessie et urètre, et une congestion indurée de la prostate ou des seins.

L'aspect des urines est un symptôme très important. Les urines sont peu abondantes et contiennent une grande quantité de mucus épais et filant; souvent du sang et parfois du pus. Besoins constants et urgents d'uriner, obligeant le malade à se lever plusieurs fois la nuit. Les mictions sont difficiles et douloureuses; le malade doit faire un effort pour uriner, jambes écartées, le corps penché en avant; les douleurs piquantes le long de l'urètre, du col de la vessie au méat urinaire, pendant la miction et dans l'intervalle des mictions.

L'hypertrophie de la prostate provoque une sensation de lourdeur, d'enflure du périnée et de la région du rectum, comme

si le malade s'asseyait sur une table. Les mictions sont au début difficile, lentes, et nécessitent un effort. Généralement le malade ne parvient à uriner que debout, les pieds écartés et le corps penché en avant. Les urines ont mauvaise odeur et sont généralement muco-purulentes.

Les seins, atrophiés, renferment souvent des noyaux indurés et un peu douloureux.

Chimaphila est un grand remède de colique néphrétique, d'infection urinaire (cystite ou pyélonéphrite) ou d'hypertrophie de la prostate, chaque fois qu'il existe une difficulté d'uriner avec présence dans les urines d'une grande quantité de sécrétions muqueuses (ou muco-purulentes) épaisses et filantes.


CHINA

On donne le nom de Quinquina ou de Cinchona à de nombreuses espèces de plantes appartenant à la famille des Rubiacées, et utilisées pour les propriétés fébrifuges, toniques et astringentes de leurs écorces.

Le seul Quinquina utilisé en Homéopathie est le Cinchona calisaya ou Quinquina jaune royal. Les principes actifs de l'écorce de Quinquina sont des tanins et surtout des alcaloïdes dont les principaux sont la quinine et la quinidine.

En thérapeutique classique (à doses pondérables) l’écorce de Quinquina et les sels de quinine sont utilisés comme fébrifuges dans les fièvres intermittentes et comme toniques apéritifs dans la convalescence des maladies graves.

Comme Hahnemann, le fondateur de l'Homéopathie, l’a démontré dans une pathogénésie historique en 1793, l’expérimentation du quinquina administré à doses subatomiques à un individu sain reproduit des accès de fièvre intermittents et après une excitation passagère une dépression des grandes fonctions organiques: nerveuses, nutritives, digestives et hématopoïétiques (formation des cellules sanguines).

Les grands symptômes de China sont:

—Un épuisement considérable avec apathie taciturne et en même temps une hypersensibilité psychique (à la douleur en particulier) et sensorielle: intolérance aux bruits, aux odeurs, au moindre contact. Une dépression mentale avec aversion pour le travail intellectuel; mais aussi une anémie profonde avec extrême pâleur du visage, tendance aux hémorragies abondantes par les orifices naturels du corps ou au niveau des muqueuses, bourdonnements d'oreille avec sensation que les bruits viennent de très loin, faiblesse et tremblements des jambes (genoux faibles pendant la marche, sensation de jarretelles trop serrées, engourdissements des pieds), soif de grandes quantités d'eau froide mais le malade trouve un goût amer (signe très évocateur) à toutes les boissons qu'il absorbe, même l'eau.

—Des accès de fièvre assez caractéristiques: périodiques; sans horaire fixe mais toujours dans la journée, jamais la nuit; avec des phases bien marquées: successivement frissons intenses allant jusqu'au tremblement généralisé avec claquement de dents et besoin d'être couvert; puis sensation de chaleur insupportable avec désir de se découvrir ce qui provoque de nouveaux frissons; enfin sueurs profuses avec soif, sueurs épuisantes et nocturnes, laissant le malade assoupi et prostré.

Ce type d'accès s'observe non seulement dans le paludisme (où l'accès de fièvre est déclenché par la rupture des globules rouges envahis par un parasite, l’hématozoaire), mais aussi dans d'autres maladies très fébriles de nature infectieuse et évoluant par accès: pyélonéphrites, septicémies, suppurations chroniques, certaines formes de tuberculose.

De même que dans les maladies infectieuses caractérisées par une agression massive ou une prolifération rapide de germes microbiens virulents la prescription de Belladonna ou de Mercurius solub. (entre autres remèdes indiqués) ne saurait dispenser de la prescription d'antibiotiques actifs contre les microbes eux-mêmes, de même dans les accès de paludisme ou dans les accès de fièvre intermittents par agression microbienne la prescription de China ne saurait à elle seule « débarrasser» l’organisme des agresseurs venus de l'extérieur. Comme tous les remèdes homéopathiques, China agit en renforçant un certain mode de défense spontanée de l'organisme mais il ne possède aucun pouvoir bactéricide direct ni aucune activité directe sur l'hématozoaire du paludisme.

— Enfin des troubles digestifs: fermentations gastro-intestinales et insuffisance hépatique se traduisant par une lenteur de digestion, ballonnement même après des repas légers, sensibilité de l'abdomen au toucher, abondance de gaz fétides, soif avec sensation de goût amer dans la bouche, et surtout une tendance marquée à la diarrhée (après avoir mangé des fruits notamment): diarrhée jaunâtre, sans douleur, avec beaucoup de gaz et contenant des aliments non digérés.

Les autres symptômes comme les maux de tête avec battements ou les algies dentaires, ou la tendance aux œdèmes ne sont que des symptômes mineurs qui n'ont de signification précise dans le choix du remède qu'après avoir été intégrés dans un contexte plus évocateur: anémie par hémorragie, convalescence d'états fébriles, ou diarrhée aiguë.

Les indications de China sont représentées essentiellement par:

— Tous les états d'épuisement liés à une déperdition humorale importante par les orifices naturels (hémorragies, vomissements, diarrhée), par la peau (transpiration anormale, très abondante), par les muqueuses (suppurations profondes et prolongées) ou des organes glandulaires (allaitement prolongé);

—Des états de faiblesse générale ou d'épuisement par accès de fièvre intermittents; ou au stade de convalescence;

—Certaines diarrhées aiguës abondantes provoquées par l'ingestion de fruits aqueux ou de lait.

—Enfin des états d'insuffisance digestive avec ballonnement considérable et sensibilité de l'abdomen, et sensation de goût amer dans la bouche: insuffisance hépatique, ictère...

China est un des remèdes de l'insuffisance gastro-hépatique aiguë caractérisée non seulement par l'émission de selles liquides et jaunâtres contenant des aliments non digérés (et laissant généralement sur le papier de toilette des traces huileuses jaune clair), mais aussi de façon plus habituelle une distention diffuse, généralisée de l'abdomen et des coliques flatulentes. La caractéristique de China est une accélération du transit intestinal avec excès de fermentations et non-digestion des aliments ingérés au repas précédent.

China est probablement le remède le plus souvent indiqué dans toutes les formes de diarrhée. Avant, au stade de colique flatulente avec ballonnement considérable (ingestion de fruits aqueux mais aussi de toute nourriture indigeste favorisant les fermentations). Pendant, à l'émission de selles contenant des aliments non digérés. Après, au stade de convalescence de diarrhées aiguës très abondantes, et comme remède régulateur des fonctions digestives perturbées: hépatique et gastro-intestinales.


ClCUTA

Cicuta virosa ou ciguë aquatique, Ciguë vireuse, persil des fous, de la famille des Ombellifères, est une grande plante aquatique atteignant 1,50 m; qui habite les marais et les endroits marécageux de l'Europe Centrale; dont la racine est grosse,creuse, blanche, d'une odeur vireuse et d'une saveur rappelant celle du Persil; et les fleurs blanches, disposées en grandes ombrelles.

La ciguë aquatique est une plante très toxique, provoquant des accidents convulsifs et digestifs chez le bétail qui la consomme. Son suc est âcre; et à la floraison elle répand une odeur nauséabonde. Elle agit violemment sur le système nerveux central: c'est un poison convulsant.

L'expérimentation de la ciguë aquatique reproduit un état de violente irritation du cerveau et de la moelle épinière avec apparition de crises convulsives épileptiformes; ainsi que l'apparition de lésions cutanées pustuleuses ou croûteuses.

Le tableau de la crise convulsive de type Cicuta est caractérisée par son mode de début (convulsions débutant à la face ou à la tête, puis se généralisant vite) et la localisation prédominante aux muscles extenseurs du corps d'où la raideur de la nuque, la contracture du corps et de la tête renversée en arrière, les bras et les jambes en extension (ainsi que les orteils) .

La perte de connaissance est complète et en reprenant conscience, le malade ne se souvient de rien.

Les convulsions peuvent être toniques (avec rigidité presque permanente, de plus ou moins longue durée), ou cloniques (avec série de contractions musculaires rapides produisant des mouvements désordonnés).

Cicuta n'est pas seulement un remède de convulsions généralisées par congestion ou lésion inflammatoire du cerveau et de la moelle. Cicuta est encore (avec Cuprum) un bon remède de spasmes localisés comme le hoquet, ou le spasme de paupières, les spasmes de la face, le strabisme, certains spasmes (non lésionnels) de l'intestin ou de l'œsophage.

Bien que les éruptions pustuleuses et croûteuses de la face et du menton (ou du cuir chevelu) fassent partie du tableau clinique et puissent être une indication isolée du remède, en pratique, de telles éruptions ne relèvent de la prescription de Cicuta qu'associées à des crises convulsives récentes ou habituelles.


CIMICIFUGA

Cimicifuga racemosa ou Actea racemosa, Actée à grappe, est une plante vivace de la famille des Renonculacées, abondante dans les bois frais du Canada et des Etats-Unis. La partie utilisée est le rhizome qui a une odeur narcotique et une saveur âcre et astringente, amère.

L'expérimentation de l'actée à grappes reproduit un état d'excitation neuro-musculaire caractérisé par des crampes et des contractures douloureuses et par des névralgies avec troubles psychiques, caractériels. Cimicifuga est un grand remède féminin.

Les symptômes de Cimicifuga sont:

— Une instabilité mentale à dominante dépressive; plus marquée en période de règles. Loquacité incessante: malade qui parle de tout, à tort et à travers, de façon incohérente et confuse, changeant de sujet en coq-à-l'âne. Instabilité caractérielle: malade généralement triste et très impressionnable mais passant par des périodes d'excitation mentale alternant avec des phases dépressives, des moments de désespoir larmoyant. Peur surtout: peur de tout, de la mort, de devenir fou (ou folle) par suite de l'incohérence de ses idées; peur que l'accouchement soit difficile ou que l'enfant soit anormal. Illusions extra sensorielles: sensation d'avoir la tête entourée d'un nuage lourd et épais, d'avoir le cerveau qui flotte l'estomac vide et délabré, sensation qu'un insecte court sur la peau, etc...

— Des douleurs musculaires au niveau de l'appareil locomoteur. Douleurs aiguës, lancinantes et crampoïdes, avec raideur musculaire, affectant surtout les muscles de la nuque et du haut du dos mais aussi la paroi abdominale et les muscles lombaires.

—Des douleurs du muscle utérin surtout en période de règles; contracture utérine d'autant plus douloureuse que les règles sont plus abondantes et épuisantes, mais dans ce cas l'état mental de la femme a tendance à s'améliorer passagèrement. Plus la malade souffre et plus son équilibre mental s'améliore.

—des douleurs de type névralgique: surtout thoraciques sous le sein gauche, dans la région du cœur; ou oculaires (par spasmes des muscles oculomoteurs).

Cimicifuga est un grand remède de la nervosité féminine conditionnée par le fonctionnement utéro-ovarien aux diverses périodes endocriniennes de l'existence: à la puberté, en période de règles, pendant la grossesse, pendant l'accouchement (lors­que les spasmes entravent la dilatation du col ou l’expulsion du fœtus ou du placenta), à la ménopause. Les indications de cimicifuga chez la femme vont de la simple dysménorrhée (règles trop douloureuses par spasme utérin proportionné à l'abondance de l'écoulement) à l'hystérie et à la chorée, en passant par l'angoisse au cours de la grossesse ou les états maniaques périodiques.

Qu'il s'agisse de la loquacité intarissable, des angoisses et des peurs ou des douleurs spasmodiques, les manifestations de Cimicifuga—qui correspondent à un terrain mental particulier — sont toujours particulièrement bruyantes au moment des règles.


CINA

Cina ou Artemisia contra, Artemisia maritima, ou armoise vermifuge, plus connue sous le nom de semen-contra, est un petit arbrisseau de la famille des Composées dont on utilise les capitules, les fleurs, les fruits et les rameaux en un mélange (le semen-contra) verdâtre (devenant rouge en vieillissant), d'odeur forte et aromatique, de saveur chaude analogue à celle de l'anis. Le principe actif, la santonine, et la poudre de semen-contra sont utilisés comme vermifuge contre les ascaris et les oxyures.

L'intoxication par le semen-contra et surtout par la santonine provoque des troubles de la vision (les objets paraissent colorés en jaune de façon uniforme), puis des vertiges, des nausées ou vomissements, et des convulsions. La santonine colore les urines en jaune orangé.

L'expérimentation du semen-contra reproduit des troubles spasmodiques et nerveux analogues à ceux que produisent des parasites intestinaux.

Troubles caractériels; enfant insupportable, maussade et grognon, de mauvaise humeur, irritable et capricieux; aux désirs changeants, rejetant ce qu'on lui offre. Enfant hypersensible qui ne supporte pas qu'on le regarde, qu'on l'approche ou qu'on le touche; qui n'aime pas être caressé ni réprimandé. Enfant au sommeil très agité; qui a des sursauts violents ou qui grince des dents en dormant; qui pousse des cris perçants et qui s'éveille avec des frayeurs; des cauchemars.

Troubles réflexes dus à des parasites intestinaux. Démangeaisons du nez ou de l'anus: enfant qui se frotte le nez constamment, besoin de se mettre les doigts dans le nez ou de s'écorcher les narines; prurit de l'anus surtout le soir et la nuit; prurit du nez et de l'anus aggravé à la pleine lune. Douleurs abdominales surtout autour de l'ombilic; calmées en se couchant sur le ventre; douleurs pinçantes ou tenaillantes calmées par la pression. Troubles vaso-moteurs caractérisés par des alternances de rougeur et de pâleur du visage; mais cernes profonds et bleuâtres habituels sous les yeux et autour de la bouche. Faim constante et insatiable, après les repas. Spasmes de localisations diverses: spasmes des paupières; spasmes des muscles de l'œil: enfant qui louche par moments; troubles de l'accommodation après efforts visuels ou travail mental; bâillements spasmodiques; toux sèche et spasmodique surtout la nuit, paroxystique sans signe d'examen; incontinence d'urines la nuit, inhabituelle; parfois même spasmes musculaires, secousses spasmodiques et convulsions.

Cina est un excellent remède des troubles nerveux et digestifs réflexes que provoque la présence de vers dans l'intestin, mais ce remède ne suffit pas à lui seul à assurer l'élimination des parasites intestinaux du malade, il faut prescrire en complément des vermifuges classiques.


CLEMATIS ERECTA

Clematis erecta ou clématite dressée, flamme de Jupiter, de la famille des Renonculacées est une sorte de liane grimpante différente de l'herbe aux gueux ou clématite de haies (Clematis vitalba), ou vigne blanche, plus commune.

Son expérimentation reproduit une irritation de la peau, des muqueuses oculaires et de l'appareil génito-urinaire.

Ses symptômes (et indications cliniques) sont les suivants: — L'inflammation des muqueuses de l'appareil génito-urinaire. Cystite aiguë : besoins fréquents d'uriner; mictions à début retardé, lentes à se déclencher; mictions douloureuses, douleurs à type de brûlures, d'élancements ou de picotements dans l'urètre et au méat urinaire; mictions peu abondantes, difficiles, (presque goutte à goutte), et parfois intermittentes, interruption du jet; sensation que la vessie n'est pas vidée après la miction, ou perte d'un peu d'urine après une miction. Au niveau de l'urètre: sensation d'induration profonde au palper, l’urètre est senti comme un cordon dur; l’interruption du jet en cours de miction est dû à un rétrécissement de l'urètre; douleurs urétrales brûlantes et élançantes pendant la miction, pendant les érections ou pendant l'éjaculation. Orchite: testicule augmenté de volume et induré avec sensibilité au toucher (comme une douleur de contusion); avec douleur et sensibilité du cordon spermatique; inflammation surtout chronique ou subaiguë.

—L'inflammation oculaire; conjonctivite ou blépharite avec douleurs brûlantes ou piquantes, peu de sécrétion mais tendance aux vésicules ou pustules sur les paupières ou aux ulcérations.

— Les éruptions vésiculo-pustuleuses surtout au bord du cuir chevelu; avec démangeaisons intenses (aggravées en se lavant à l'eau froide) suintement irritant jaunâtre et tendance aux croûtes et aux ulcérations.

— Les névralgies dentaires violentes aggravées par la chaleur du lit ou en buvant chaud; améliorées passagèrement en gardant de l'eau froide dans la bouche.

Clematis erecta est avant tout le remède des séquelles génito-urinaire de la blennorragie masculine mal traitée (avec infections urétrales notamment): urétrite aiguë avec difficulté de la miction ou rétrécissement cicatriciel de l'urètre; cystite aiguë; orchite avec inflammation aiguë du cordon spermatique. Remède complémentaire: Mercurius solubilis (inflammation catarrhale ou suppurative prédominante) ou Mercurius corrosivus (intensité du ténesme et de la tendance ulcéreuse et sclérosante) .


COCCULUS

La coque du Levant ou Cocculus indicus est le fruit de l'Anarmita cocculus, ou grande liane, de la famille des Ménispermacées. C'est un fruit de la grosseur d'une noisette renfermant une amande blanche d'une saveur âcre, très amère; dont le principe actif extrêmement toxique, la picrotoxine est dangereux pour l'homme à partir de la dose de deux centigrammes. La coque du Levant est surtout connue pour l'usage qu'en font les braconniers de la pêche en rivière: elle paralyse les poissons.

L'intoxication par la coque du levant provoque des crises convulsives puis le coma.

En thérapeutique classique, la picrotoxine est préconisée contre l'épilepsie et la chorée, et comme antidote vis-à-vis des barbituriques (dans les comas barbituriques).

L'expérimentation pathogénétique de la coque du Levant reproduit des troubles vagotoniques intenses (vertiges avec nausées) et une dépression du système nerveux central caractérisée par un engourdissement cérébral une irritabilité sensorielle et une faiblesse musculaire paralytique.

Les symptômes pathogénétiques de Cocculus sont:

—Un état nauséeux avec tendance aux vertiges. Le vertige est toujours nauséeux alors que la nausée peut être isolée. Vertiges et nausées sont toujours aggravées par le mouvement: en se relevant de la position couchée, en voiture, en avion et surtout en bateau; mais aussi en regardant dans le vide ou en regardant toute espèce de mouvement (un train ou une voiture qui passe). Le vertige et les nausées de Cocculus sont aggravées par le froid: en bateau le malade Cocculus va se coucher dans sa cabine alors que le malade Tabacum monte sur le pont en plein air malgré le refroidissement glacial de son corps. Cet état nauséeux s'accompagne d'une salivation très abondante, de faiblesse générale, d'aversion pour tout mouvement et même la parole, et d'aversion pour les odeurs de cuisine et la nourriture.

—Un état d'engourdissement cérébral, d'indifférence totale vis-à-vis de tout l'environnement. Lenteur et retard à la perception des impressions sensorielles, à la compréhension (lenteur de la perception sensorielle mais aussi de la coordination cérébrale); lenteur des réponses par difficulté de la liaison des idées; lenteur des réactions motrices et des réflexes.

Le tableau poussé à l'extrême de cet état nauséeux et vertigineux avec engourdissement du cerveau et de la moelle épinière est représenté par l'ivresse aiguë (le buveur titube et vomit, puis sombre dans un état de prostration complète: il « cuve» son alcool). Mais ce tableau d'intoxication cérébro-médullaire peut être réalisé par d'autres toxiques ou drogues, les barbituriques par exemple.

— Une grande faiblesse musculaire des membres, des muscles du dos et surtout de la nuque. Le malade éprouve une grande difficulté à tenir la tête droite sans l'appuyer sur un plan dur, ou à se tenir droit (dérobement des genoux), ou à réprimer des tremblements des extrémités (avec engourdissement des pieds surtout en étant assis). Les oscillations de la tête, le dodelinement, les difficultés d'idéation et d'élocution sont des signes précoces de l'ivresse débutante.

—Des maux de tête intenses, toujours localisés à la nuque et aggravés par le bruit et les secousses. Les maux de tête de Cocculus traduisent une souffrance du bulbe rachidien et du cervelet, alors que la céphalée avec troubles de la vue de Gelsemium est de nature neuro-vasculaire.

Cocculus est le remède des états de souffrance nerveuse avec inhibition psychomotrice, dont les conséquences peuvent être dramatiques. Etat de fatigue excessive qui peut mener à l'accident de travail ou à l'accident sur la route par défaut d'attention associé à une certaine imprécision dans les gestes. Etat de vertige nauséeux de l'ivrogne, qui peut le mener jusqu'au coma ou à la chute grave. Esprit d'abandon des naufragés ou des montagnards égarés qui se laissent mourir aussi bien par résignation, par indifférence au pire, que par faiblesse musculaire. En voiture sur un parcours sinueux, Cocculus est le remède des malaises des passagers; aussi bien que le remède de l'engourdissement physique et mental avec ralentissement des réflexes du conducteur ivre de fatigue (ou d'alcool).


COCCUS CACTI

Coccus cacti ou Coccinelle indiqua, cochenille du nopal est un insecte parasite du Cactus glandiflorus. La cochenille du nopal appartient à la famille de Coccidées, remarquables par leur dimorphisme sexuel: mâles très petits et munis d'une paire d'ailes, femelles globuleuses sans aile, ressemblant à des graines, vivant immobiles sur les plantes avec leurs larves, se nourrissant de la sève du cactus au moyen de leur rostre. Originaire du Mexique, la cochenille du nopal est acclimatée aux Indes, aux Canaries, en Espagne, et fournit une très belle teinture écarlate (en latin coccinus): le carmin, utilisé en teinture et pour colorer les bonbons, les liqueurs, les encres...

L'expérimentation pathogénétique de la cochenille reproduit une irritation spasmodique des voies respiratoires et urinaires avec tendance aux hémorragies.

Les symptômes de Coccus cacti sont:

— La toux quinteuse avec mucosités filantes. Toux coqueluchoïde, spasmodique, quinteuse, suffocante avec rougeur pourpre de la face; précédée par un chatouillement laryngé intense, réveillant le malade un peu avant minuit; se terminant par le rejet difficile d'abondantes mucosités blanchâtres ou incolores, épaisses et visqueuses, filantes, pendant en longs filaments de chaque côté de la bouche. Cette toux quinteuse et suffocante avec rejet difficile de mucus clair et collant est aggravée par la chaleur du lit et la chaleur de la chambre, est aggravée avant minuit et le matin au réveil; est améliorée au grand air, dans une chambre froide ou en buvant froid .

— Une tendance aux hémorragies rénales ou utérines: hémorragies de sang noir et épais, avec de gros caillots noirs; avec douleurs vives au moment de l’expulsion des caillots. Douleurs irradiant des reins à la vessie (et même parfois aux cuisses) avec besoins urgents et inefficaces d'uriner jusqu'à ce que le caillot soit expulsé. Douleurs utérines et vaginales spasmodiques lors de l’expulsion de gros caillots noirs pendant les règles, qui sont en avance, abondantes et prolongées; douleurs qui ressemblent à celles de l'accouchement.

Certaines Matières Médicales Homéopathiques mentionnent parmi les symptômes pathogénétiques de Coccus cacti (et donc parmi les indications du remède) les douleurs d'aortite ou d'anévrisme de l'aorte (mais il est douteux que ce remède puisse modifier de quelque façon que ce soit l'évolution de cette lésion) et une hypersensibilité de la muqueuse buccale au toucher: nausées ou haut-le-cœur aux travaux dentaires, au contact d'un abaisse-langue ou en se brossant les dents (en fait, il semble que ces nausées relèvent plus d'un état constitutionnel de vagotonie, prédisposant aux nausées en voiture ou en bateau, aux migraines, aux vertiges nauséeux de la grossesse.... et que le vrai traitement de ces nausées réflexes soit basé sur des prises répétées de Cocculus et de Tabacum).

La grande indication de Coccus cacti est la toux quinteuse avec rejet de mucus abondant et visqueux telle qu'on peut l'observer au cours d'une coqueluche ou de certaines trachéites catarrhales et spasmodiques.


COFFEA

Le caféier est un arbrisseau toujours vert, qui peut atteindre jusqu'à 10 mètres de hauteur; le fruit est une baie de la grosseur d'une petite cerise, successivement verte, jaune et rouge; à pulpe douceâtre; contenant deux coques minces qui renferment chacune une graine convexe sur la face dorsale, plane et creusée d'un sillon profond longitudinal sur la face interne.

Le caféier est originaire d’Abyssine et est cultivé dans les zones tropicales dont la température moyenne est de 20°, et de préférence sur les versants arrosés des montagnes.

L'expérimentation pathogénétique du café reproduit une hypersensibilité de tous les sens avec activité accrue et exagérée de l'esprit et du corps.

Les grands symptômes de Coffea sont:

—Une suractivité cérébrale avec afflux d'idées, de pensées, projets d'avenir, plus grande rapidité d'action;

—Une hyperacuité sensorielle, surtout auditive: le malade entend les moindres bruits; lit avec plus de facilité même les très fins caractères d'imprimerie; est très sensible aux odeurs;

— Une hyper-activité physique avec plus grande rapidité dans les mouvements, augmentation du tonus musculaire et du rendement;

—Une insomnie fréquente et particulière, qu'on retrouve en dehors de toute absorption de café: après un succès professionnel ou sentimental, un événement heureux, une surprise agréable. Eveillé, le malade ne peut s'empêcher de penser, de passer en revue tous les événements récents (surtout heureux), de faire des projets pour le lendemain ou les jours suivants.

Coffea est avant tout le remède de l'insomnie euphorique ou de l'insomnie par abus d'excitants sensoriels (café, thé, alcool...). Son complémentaire d'insomnie est le plus souvent Nux vomica (deux granules de chaque remède en 4CH au coucher, et la nuit éventuellement en cas de réveil).


COLCHICUM

Le colchique d'automne, Colchicum automnale, de la famille des Colchicacées, encore appelé Safrandes près, narcisse d'automne, tue-loup, tue-chien, veilleuse, safran-bâtard, est une plante très toxique connue comme telle par les Médecins grecs puisqu'elle tire son nom de la patrie de l'empoisonneuse Médée, la Colchide. C'est Dioscoride qui découvrit ses vertus S thérapeutiques contre la goutte. Le colchique fleurit en automne, longtemps avant qu'apparaissent les feuilles en hiver, le fruit—de la taille d'une noix—apparaissant au printemps.

L'intoxication par le Colchique d'automne détermine une inflammation gastro-intestinale aiguë: nausées et vomissements, coliques et diarrhée abondante, soif et agitation ou délire, ralentissement du pouls, diminution du volume des urines, et souvent la mort dans un tableau d'insuffisance rénale.

Le principe actif du Colchique, la colchicine est un alcaloïde dont la teneur peut varier dans les fleurs et dans le bulbe suivant l'époque de la récolte; c'est pourquoi la Médecine traditionnelle n'utilise que les préparations de semences sèches, à proportion constante de colchicine. La teinture de Colchique et la colchicine sont des substances médicamenteuses très toxiques, mais sont toujours très utilisées contre les crises aiguës de goutte.

L'expérimentation pathogénétique du colchique reproduit une inflammation douloureuse des muqueuses digestives (estomac, intestin) et rénales, et des séreuses articulaires ou pleurales avec tendance aux épanchements.

Les symptômes du Colchicum sont:

—Une hypersensibilité aux odeurs de cuisine. Aversion pour les odeurs fortes de poisson cuit, pour les œufs et les aliments gras qui écœurent qui donnent des nausées et font prendre la nourriture en dégoût. Désir d'aliments variés mais aversion pour eux en les voyant; ou en les sentant; et même parfois en y pensant.

— Une diarrhée dysentériforme. Selles abondantes contenant du mucus transparent comme de la gélatine, ou des petits lambeaux de muqueuse blanchâtre; avec violentes coliques calmées en étant plié en deux. Avec nausées violentes aggravées par les odeurs de cuisine, d'aliments cuits; avec sensation de froid glacé dans l'estomac; avec gonflement de l'abdomen et gargouillements intestinaux. Le malade est épuisé: grande faiblesse et prostration; corps refroidi, traits tirés; aversion pour tout mouvement, qui d'ailleurs réveille les vomissements; sensation de froid intense et tendance au collapsus cardio-vasculaire. Cette entérocolite grave correspond aux diarrhées de l'automne, aux dysenteries des pays tropicaux, aux diarrhées infectieuses dysentériformes (choléra, par exemple)

— Les douleurs rhumatismales. Douleurs tiraillantes ou déchirantes au niveau d'une articulation gonflée, extrêmement sensible au toucher et au moindre mouvement. Douleurs erratiques, qui se manifestent habituellement de gauche à droite. Douleur avec faiblesse paralytique du membre; aux doigts, le malade ne peut tenir le plus petit objet. Les caractéristiques de ces douleurs rhumatismales sont d'être associées à un gonflement inflammatoire de l'articulation et d'être aggravées de façon très aiguë par le plus léger contact et par le plus petit mouvement. Crises de goutte mais aussi poussées évolutives de rhumatisme articulaire aigu.

—Les douleurs rénales. Douleurs dans la région rénale, avec une grande sensibilité au toucher. Urines peu abondantes, laissant un dépôt jaune pâle. Tendances aux œdèmes. Tendances aux épanchements des séreuses articulaires, pleurales (hydrothorax) ou cardiaques (hydropéricarde).

Colchicum est le remède régulateur du métabolisme de l'acide urique dont l'insuffisance d'élimination peut se traduire par des crises de goutte ou des métastases cardio-rénales.


COLLINSONIA

Collinsonia canadensis, de la famille des Labiées, est une plante originaire d'Amérique du Nord, dont l'expérimentation pathogénétique reproduit un état de congestion veineuse du bassin et du système porte avec constipation et hémorroïdes.

La constipation et les hémorroïdes sont les deux symptômes essentiels du Collinsonia.

Constipation opiniâtre, atonique avec accumulation de matières fécales qui forment des selles volumineuses et dures, noueuses, peu colorées, nécessitant de gros efforts.

Hémorroïdes chroniques et procidentes, très douloureuses avec sensation de piqûre du rectum comme par des aiguilles, ou sensation de brûlures avec démangeaisons. Hémorroïdes souvent saignantes. Après la selle, sensation de lourdeur persistante de l'anus.

Collinsonia est un remède de constipation chronique avec hémorroïdes douloureuses pendant la grossesse.


COLOCYNTHIS

La coloquinte ou Cucumis colocynthis, appelée concombre amer, ou Citrelle ou encore Chicotin (on dit< (amer comme chicotin»), de la famille des Cucurbitacées, est une tige herbacée rampante ou grimpante munie de vrilles qui l'aident à s'élever sur les corps voisins; aux fleurs jaunes et aux fruits de la grosseur d'une orange, d'une teinte variant du jaune au roux, recherchée pour leur beauté décorative.

La pulpe intérieure spongieuse et très amère est un purgatif drastique très violent dont l'effet se fait sentir par simple application de la teinture sur la peau.

L'intoxication par la coloquinte provoque une diarrhée cholériforme spasmodique.

L'expérimentation pathogénétique de la coloquinte reproduit des douleurs névralgiques de localisations diverses et des crampes douloureuses dans les membres ainsi qu'une irritation spasmodique de l'intestin provoquant un tableau d’entérocolite aiguë;

Les symptômes de colocynthis sont:

— D'une part les douleurs musculaires extrêmement violentes, déchirantes, crampoïdes, provoquant une agitation extrême, toujours aggravées par l'extension du membre affecté et améliorées par la flexion ou la pression forte du muscle contracturé;

— D'autre part des douleurs viscérales très violentes, crampoïdes ou pinçantes comme si l'intestin était comprimé entre deux pierres, surtout localisées autour de l'ombilic, paroxystiques, obligeant le malade à se plier en deux. Ces douleurs abdominales surviennent après une colère, ou après avoir pris froid, ou après avoir mangé des nourritures indigestes; et sont habituellement suivies de l’expulsion de gaz (qui ne soulagent pas) et de selles diarrhéiques, dysentériformes avec besoins incessants et urgents d'aller à la selle;

— Enfin des douleurs névralgiques (toujours violentes, crampoïdes et paroxystiques), ovariennes, solaires... Et toujours provoquées par un état d'irritabilité explosive, colère ou indignation violente.

Retenir la modalité caractéristique des douleurs de colocynthis: l’amélioration par la flexion (malade plié en deux) et par la pression forte et dure.

Colocynthis peut être considéré comme le complémentaire végétal aigu de Magnesia phosphorica.


CONDURANGO

Gonobulus condurango ou Condor-Angu, est une liane du Condor, originaire de l'Equateur et de la Colombie, de la famille des Asclépiadacées.

La partie utilisée de la plante est l'écorce qui possède des propriétés analgésiques dans les maladies de l'estomac et notamment du cancer; et des propriétés toniques et stimulantes des sécrétions pancréatiques et biliaires.

L'expérimentation du Condurango reproduit une irritation chronique à évolution cancéreuse des muqueuses du tube digestif et de la muqueuse des orifices naturels du corps.

La lésion de type Condurango est fissurante et très douloureuse. Fissure à un orifice cutanéo-muqueux; aux commissures des lèvres par exemple, ou à l'anus (avec forte douleur à la défécation). Douleurs localisées brûlantes;

douleurs brûlantes derrière le sternum avec sensation de constriction de l'œsophage comme si les aliments descendaient mal (cancer de l'œsophage, rétrécissement ou ulcère de l'œsophage); douleurs dans l'estomac, brûlantes avec vomissements alimentaires.

Les remèdes complémentaires de Condurango dans toutes les lésions ulcéreuses à évolution cancéreuse du tube digestif sont Hydrastis et surtout Nitricum acidum avec Sedum acre.


CONIUM

Conium maculatum ou Ciguë officinale, grande Ciguë, Ciguë tachetée, Ciguë de Socrate, de la famille des Ombellifères, est une grande gerbe de 80 cm à 1,20 m très commune en France et dans toute l'Europe où elle pousse le long des haies et dans les décombres. Toute la plante est vénéneuse, de la tige creuse (avec ses tâches pourpres, comme des tâches de rouille) aux fleurs (nombreuses petites et blanches disposées en ombrelles) et aux fruits (très petits, ovoïdes, présentant des côtes saillantes).

Conium maculatum répand une odeur désagréable lorsqu'on la froisse. Sa toxicité, due aux alcaloïdes dont le principal est la citutine, était déjà connue dans l'Antiquité (mort de Socrate par empoisonnement); la cicutine est, après l'acide cyanhydrique, le plus redoutable des poisons, provoquant la paralysie et la mort par asphyxie.

Dans la famille des Ombellifères, il existe trois plantes médicinales appelées ciguë mais qu'il ne faut pas confondre car leurs propriétés sont différentes: Cicuta virosa ou Ciguë aquatique; Aethusa cynatium ou petite Ciguë, et Conium maculatum, la grande Ciguë (qui présente malheureusement une certaine ressemblance avec le cerfeuil, ce qui a été la cause d'accidents). A noter que la Ciguë perd de sa toxicité dans les pays septentrionaux et est plus vénéneuse dans le midi.

L'intoxication accidentelle (ou criminelle) par la grande ciguë provoque soit la mort (avec intelligence et conscience conservées intactes jusqu'à la fin) par paralysie progressive­ment extensive depuis les membres inférieurs jusqu'aux muscles respiratoires (avec troubles de la sensibilité comme des fourmillements, des engourdissements, ou des troubles neuro-sensoriels, des vertiges); soit des troubles cérébraux (délire avec hallucinations, troubles visuels et vertiges, crises de convulsions, vomissements).

L'expérimentation pathogénétique de la ciguë reproduit une paralysie ascendante progressive précédée de vertiges; et des indurations au niveau des organes glandulaires (comme les seins ou les testicules).

Les principaux symptômes évocateurs de conium sont:

—Des vertiges, avant tout. Vertiges qui ont pour modalité digne d'attention de survenir en étant couché, lors de tout mouvement capable de troubler la circulation cérébrale (en tournant la tête par exemple, en tournant les yeux, en se retournant dans le lit ou en essayant de se lever);

—Une faiblesse musculaire pouvant affecter aussi bien les muscles locomoteurs que l'appareil musculaire bronchique (toux inefficace, aggravée la nuit et en étant couché), gastrique (lenteur de la digestion avec éructations bruyantes et ballonnement), intestinal (constipation avec selles dures, nécessitant des efforts), oculaire (intolérance à la lumière avec chute des paupières supérieures, vision rouge des objets), vésicale (difficulté d'évacuer totalement la vessie, jet d'urine intermittent et miction difficile), ou génital (érections faibles et courtes, insuffisantes ou éjaculations difficiles, ou pré­maturées) .

Au niveau des membres inférieurs, la faiblesse musculaire s'accompagne de tremblements ou de secousses involontaires avec exagération des réflexes (du moins au début de la maladie) et démarche vacillante, difficile; cette parésie ou paralysie progressive est ascendante et d'origine médullaire, plus fréquente chez les vieillards qui sont de vieux garçons ou des vieilles filles, ou chez les abstinents prolongés...

— Des indurations torpides des tissus glandulaires, sous la forme de noyaux durs, hypertrophiés d'abord puis atrophiés, peu ou pas douloureux, au niveau des seins (qui très rapidement diminuent de volume et se relâchent) ou des ovaires, ou des testicules; ces indurations non cancéreuses ont très souvent pour cause un traumatisme ou une infiltration lymphatique.

En pratique courante, Conium et surtout un remède de vertiges (la nuit et en étant couché) avec faiblesse musculaire progressive (d'évolution ascendante), et sénilité (surtout chez des vieux célibataires).


CORRALIUM

Corralium rubrum ou corail rouge est le squelette calcaire arborescent d'une sorte de polypier qui vit principalement sur les fonds rocheux du littoral de la Méditerranée.

L'expérimentation du corail rouge reproduit une irritation spasmodique des muqueuses respiratoires (et une ulcération du prépuce).

La toux est le symptôme essentiel de Corralium: toux violente et spasmodique, surtout la nuit (en ayant la bouche hors des couvertures; le malade dort la tête sous les couvertures), toux par accès très violents et très rapides le jour, toux saccadée revenant à intervalles réguliers, quintes soudaines et rapprochées pendant lesquelles le malade devient très rouge (face d'un rouge pourpre); quintes parfois précédées de suffocations, et suivies du rejet de mucosités filantes; toux aggravée par l'air froid, aggravée pendant le sommeil (après minuit et le matin au réveil). Quintes suivies d'un épuisement rapide.

Corralium rubrum est surtout un remède de coqueluche et de toux coqueluchoïde.


CRATAEGUS

L'aubépine ou Crataegus oxyacantha, ou Epine blanche ou Epine de Mai est un arbrisseau épineux de la famille des Rosacées, très connu et répandu dans les bois à l'état sauvage. Ses fleurs, blanches et odorantes qui apparaissent au printemps, jouissent de propriétés tonicardiaques et hypotensives, avec un effet sédatif nerveux.

L'expérimentation de l'aubépine reproduit des troubles du rythme cardiaque avec hypotension artérielle et douleurs vers la base du cœur.

Les indications (et les symptômes) de Crataegus sont:

—Un état de fatigue du coeur au moindre exercice avec oppression, besoin de grand air (fenêtres ouvertes), aggra­vation dans une pièce chaude; le pouls est non seulement rapide mais faible et irrégulier; la tension artérielle abaissée;

—Une douleur crampoïde ou une sensation de pression douloureuse vers la base du cœur, sous la clavicule gauche.

Crataegus est le remède du fléchissement du muscle cardiaque avec tendance aux troubles du rythme et à la baisse de tension, dans les maladies chroniques du cœur ou au cours des infections graves.


CROCUS SATIVUS

Le safran, Crocus sativus ou Crocus officinalis, safran d'automne, de la famille des Iridacées, est une plante tubéreuse originaire d'Asie mais cultivée depuis longtemps en Espagne et en France (dans le Gâtinais et dans le Vaucluse, dans les environs d'Orange et de Carpentras). Ses grandes fleurs en forme de coupe, violettes et teintées de rouge ou de pourpre, apparaissent avant les feuilles linéaires et pointues qui partent directement du bulbe. Ce sont les pistils de la fleur pourvus de longs stigmatites qui après un séchage minutieux donnent les filaments longs et souples, d'un beau rouge-orangé foncé qu'on trouve dans le commerce sous le nom de Safran. La floraison donne en moyenne trois fleurs par oignon, il faut 7.000 à 8.000 fleurs pour obtenir 500 grammes de safran sec du commerce.

Le safran, bien connu des Anciens puisque Homère le citait déjà comme médicament, a toujours joui d'un grand prestige; en thérapeutique classique il entre dans la préparation de certaines pilules (de cynoglosse), de gouttes (gouttes noires anglaises) ou de lotion (Laudanum de Sydenham) pour ses propriétés reconnues: stimulant de la digestion, calmant de la toux dans les bronchites chroniques, régulateur des règles. On lui attribuait aussi des vertus aphrodisiaques, et même hypnotiques; et il entre dans la composition de certains sirops utilisés en frictions sur les gencives pour calmer les douleurs de la dentition. Est-il nécessaire de mentionner son usage culinaire: bouillabaisse et soupe de poisson ?

L'expérimentation du Safran reproduit des troubles nerveux spasmodiques, et une tendance aux hémorragies passives (de sang foncé) par troubles vaso-moteurs.

Les symptômes de Crocus sativus sont:

— Une excitation psychique instable. Malade (le plus souvent une femme) d'une grande nervosité habituelle remarquable par ses alternances: gaieté et tristesse, excitation et dépression. Humeur très changeante: passe brusquement de la plus grande hilarité ou gaieté (chantant, riant, dansant) au désespoir le plus profond (pleurant, criant, gémissant). Pendant les périodes d'excitation, très tendre et affectueuse (crises d'embrassades) et les périodes de dépression, injures et colères violentes. Instabilité d'humeur aggravée par la chaleur, en étant dans une chambre chaude, en période de nouvelle lune ou de pleine lune.

— Des manifestations spasmodiques. Contractions spasmodiques rapides et en série dans un groupe musculaire (surtout au niveau des paupières), non douloureuses. Secousses spasmodiques dans les paupières; bâillements spasmodiques après les repas; contractions musculaires rapides dans les membres provoquant des mouvements brusques (chorée électrique ou myoclonie) ou contractions lentes provoquant des mouvements amples et désordonnés (chorée); spasmes au niveau de l'abdomen et de l'intestin provoquant une sensation d'un être vivant, bougeant dans le ventre ou l'estomac (cette sensation réellement observée en pratique médicale doit faire rechercher chez le ou la malade consultant les autres symptômes de Crocus sativus): au niveau de l'anus, élancements fréquents avec sensation de torsion; au niveau de l'appareil respiratoire, accès de toux sèche et violente, calmés en appuyant fortement les mains sur le plexus solaire (au niveau de l'estomac).

— Des règles hémorragiques. Règles rapprochées (en avance), abondantes et prolongées. Pertes hémorragiques de sang noirâtre épais et visqueux, avec des caillots sous forme de longs filaments, (la Matière Médicale les décrit «<comme des ficelles goudronnées»). Règles aggravées par le mouvement; précédées d'excitation sexuelle et d'excitation nerveuse avec instabilité d'humeur, avec sensation de pesanteur du bas-ventre.

—Des saignements de nez. Epistaxis de sang noir, épais et visqueux, chaque goutte de sang se transformant en un long filament. Surtout en période de ménopause; aux dates correspondant à la période des règles.

Crocus sativus est le remède des malades excités, hystériques et névrosés, d'humeur très instable, avec tendance aux mouvements spasmodiques et aux hémorragies passives, de sang foncé et coagulé. Crocus sativus est le remède de la grossesse nerveuse; et un des remèdes de la manie et de la chorée.


CROTALUS

Le crotale horrible ou crotale des bois, Crotalus horridus est un serpent venimeux à la piqûre presque toujours mortelle; famille des Vipéridées.

L'expérimentation pathogénétique du crotale horrible provoque des hémorragies de sang noirâtre par les orifices naturels du corps, et un état de prostration profonde avec altération du foie et du sang.

Les symptômes de Crotalus sont:

—Les hémorragies de sang noir sans caillot. Ecoulement de sang noirâtre, fluide ne coagulant pas, souvent irritant et de mauvaise odeur; soit hémorragies de muqueuses, hémorragies par les orifices du corps; soit taches ecchymotiques, purpura-pétéchies (petites taches de purpura dont les dimensions varient d'une tête d'épingle à une lentille); hémorragies ou purpura dans un contexte d'état infectieux ou toxique grave; prostration profonde hors de proportion avec la quantité de sang perdu, faiblesse cardiaque avec palpitations, refroidissement du corps.

—Un état de prostration profonde avec tremblements des membres. Epuisement au moindre mouvement. Le malade ne peut qu'à grand-peine faire quelques mouvements, d'abord parce que le moindre mouvement l'épuise encore davantage, ensuite parce que ses muscles refusent tout service. Tendance au délire marmottant ou loquace avec bredouillement. Cauchemars: rêves de mort, de cadavres; ou hallucinations terrifiantes.

—Une congestion douloureuse du foie. Foie augmenté de volume, congestionné, douloureux surtout lorsque le malade est couché sur le côté droit. Douleur hépatique aggravée par les respirations profondes, par des vêtements trop serrés à la taille. Peau jaunâtre; haleine et salive fétides; vomissements bilieux ou brunâtres parfois; tendance à l'ictère.

— Des lésions diverses sur la peau. Outre les taches de purpura (ecchymotique ou pétéchial), inflammations cutanées aiguës avec rougeur pourpre ou violacée et douleur brûlante: pustules ecchymotiques, abcès très douloureux, furoncles avec nécrose des tissus surmontée d'un point noir et entourée d'une zone d'œdème très étendue, œdème infectieux vésiculeux et bulbeux de la peau avec tendance à la lymphangite ou à l'érysipèle.

Les indications de Crotalus sont les suivantes:

—Hémorragies en nappe de sang noir ne coagulant pas: hémorragies rétiniennes et sous-conjonctivales; états hémophiliques, purpura hémorragique, ou infectieux; nécroses hémorragiques par capillarité ou vascularité thrombosante.

—Fièvres hémorragiques ou plus précisément infections ou toxi-infections graves avec hémorragies: ictère grave, fièvre jaune, infection puerpérale, septicémies, variole à forme hémorragique, toutes les infections aiguës caractérisées par un état adynamique et typhique et par des hémorragies en rapport avec une atteinte du foie et des reins (hépato-néphrites, comme dans la leptospirose ictéro-hémorragique)

—Infections cutanées graves avec pustules ecchymotiques: érysipèle, infections gangreneuses ou phlegmoneuses.


CROTON

Le croton cathartique ou Croton tiglium, de la famille des Euphorbiacées est un arbrisseau qui croît spontanément en Extrême-Orient: Inde, Chine, Ceylan... On retire de ses graines une huile épaisse et transparente, d'une odeur désagréable et d'une saveur âcre et brûlante, dont les vapeurs suffisent pour irriter la conjonctive et la muqueuse nasale, ou pour produire une irritation rouge et diffuse de la peau.

Cette huile est un purgatif violent, déjà efficace à la dose de 1 ou 2 gouttes. Appliquée sur la peau, elle produit un effet révulsif intense et douloureux, avec formation de vésicules ou de pustules pouvant laisser des cicatrices.

L'intoxication par le croton ou bois des Moluques provoque des douleurs d'estomac avec nausées et vomissements, puis une dépression du système nerveux central et des convulsions.

L'expérimentation du croton provoque essentiellement une éruption vésiculeuse ou pustuleuse au niveau de la peau et une irritation intense de l'intestin avec diarrhée.

L'éruption vésiculeuse de Croton est toujours plus marquée au niveau des parties génitales mais elle affecte souvent aussi les paupières. Elle est faite de vésicules ou pustules avec démangeaisons intenses, irrésistibles; une extrême sensibilité de la peau qui est très rouge et ne supporte qu'un toucher ou un grattage superficiel.

La diarrhée de Croton est remarquable par un besoin violent d'aller à la selle aussitôt que le malade mange ou boit. Les selles sont précédées de beaucoup de gargouillements (comme si l'intestin était rempli d'eau); sont jaunes; expulsées avec force, en jet ou comme de l'eau qui coule d'un robinet.

Très caractéristique de Croton est l'association d'eczéma du scrotum et de diarrhée impérieuse en jets brusques aussitôt après avoir bu ou mangé; association à laquelle il faut penser et qu'il ne faut pas oublier de rechercher.


CUPRUM METALLICUM

L'expérimentation pathogénétique du cuivre reproduit une disposition marquée aux spasmes douloureux: crampes musculaires, spasmes viscéraux, ou convulsions.

Les symptômes de Cuprum metallicum sont:

— Les crampes et spasmes des muscles moteurs. Contractions involontaires d'un muscle ou d'un groupe musculaire; apparaissant et disparaissant subitement; violentes et douloureuses; aggravées la nuit, par le toucher; localisées le plus souvent aux fléchisseurs: mollet, muscles fléchisseurs de mains et des pieds

—Les convulsions. Convulsions surtout cloniques (contractions musculaires rapides, en série, produisant des mouvements de grande amplitude); convulsions violentes et brusques, débutant par les extrémités, par une flexion spasmodique des doigts (qui ne peuvent être étendus que par force, le pouce étant convulsivement fléchi dans la paume de la main) ou par une contracture en flexion des orteils; convulsions s'étendant progressivement à tout le corps. Convulsions aggravées par le toucher. Convulsions qui peuvent revêtir l'aspect d'une crise d'épilepsie avec aura (sensation passagère de constriction à la base du thorax, par exemple), avec début de l'accès d’épilepsie par un cri, avec révulsion des globes oculaires avec état d'hypertonie rigide cataleptique après la crise.

—Les spasmes abdominaux. Violentes douleurs gastriques intermittentes, à type de crampes, ou douleurs névralgiques de l'abdomen, gastro-intestinales, violentes et paroxystiques (d'apparition ou de disparition brusque); avec une tension dure de la paroi abdominale, de l'abdomen qui est tendu, dur et très sensible au toucher; avec souvent une sensation de coup de poignard à travers le ventre jusque dans le dos. Parfois nausées ou vomissements violents. Souvent diarrhée, peu abondante mais cholériforme avec besoins fréquents et pressants.

— Les spasmes thoraciques. Laryngo-spasme ou contracture des cordes vocales avec suffocation. Hoquet ou contraction spasmodique du diaphragme. Toux sèche et spasmodique, violente et paroxystique; avec raidissement du corps et surtout des extrémités (qui sont contracturées en flexion); avec oppression (asthme) ou suffocation (coqueluche), et une sensation de violente constriction de la poitrine; avec cyanose du visage. Spasmes respiratoires aggravés dans le milieu de la nuit, en respirant de l'air froid; spasmes améliorés de façon significative en buvant un peu d'eau froide. Dans l'asthme, l’oppression intense empêche de parler; et le malade a des difficultés pour avaler; on entend souvent de nombreux râles humides dans la poitrine, mais le malade ne crache pas ou crache peu et très difficilement.

Cuprum metallicum est un remède très important de l'hyperexcitabilité neuro-musculaire et ses indications sont fréquentes en pratique médicale courante:

— Crampes douloureuses dans les mollets et les pieds; contractions douloureuses des doigts après travaux de couture, écritures prolongées; spasmes fonctionnels des pianistes, des danseuses. . .

—Crises convulsives, épileptiformes ou non; éclampsie; tétanos. . .

—Chorée.

—Spasme de la glotte; laryngite striduleuse; hoquet...

—Toux très spasmodique, convulsante, crispante; avec attitude particulière du malade: crispé, le corps raidi surtout au niveau des extrémités (qui sont contracturées en flexion); toux calmée de façon remarquable en buvant un peu d'eau froide.

Cuprum metallicum est un remède auquel il faut penser en présence de ces toux spasmodiques plus ou moins chroniques, qui n'ont été calmées par aucun sirop et qui provoquent des manifestations de crispation du corps (penché en avant) ou des extrémités (contracturées en flexion).

—Crise d'asthme avec sensation de constriction intense de la poitrine et forte oppression empêchant de parler; avec suffocation pendant les quintes et cyanose du visage; Cuprum metallicum est le remède de l'enfant asthmatique qui se raidit sur la défensive et se crispe de tous les membres au cours de l'examen médical ( ou pendant ses quintes de toux).

— Toutes crises de suffocation du jeune enfant ou du nourrisson avec cyanose intense; spasme du sanglot; Cuprum est le remède des enfants qui se raidissent en apnée et se cyanosent au cours de leurs accès de colères ou de pleurs.

—Toutes les manifestations motrices de la tétanie (main d'accoucheur, spasme carpo-pédal); état de spasmophilie ou prédisposition constitutionnelle aux crises de tétanie;

—Spasmes abdominaux avec tension de la paroi abdominale exagérée par le moindre contact (à ne pas confondre avec la contracture chirurgicale par inflammation du péritoine); nausées ou diarrhées cholériformes (après avoir pris froid); début d'invagination intestinale...


CYCLAMEN

Le cyclamen d'Europe ou Cyclamen europaeum ou pain de pourceau, de la famille des Primulacées, est une petite plante de Savoie et du Jura qui croît dans les broussailles des forêts parsemées de hêtres. Son tubercule à saveur âcre et caustique a des propriétés vermifuges et purgatives, et peut provoquer à l'état frais de l'entérite avec hémorragies intestinales.

L'expérimentation du cyclamen reproduit des maux de tête de type migraineux avec troubles de la vue; des troubles des règles; et une dépression morale à tendance mélancolique, avec scrupules excessifs.

Les symptômes essentiels de Cyclamen sont:

— Les céphalées avec troubles de la vue. Maux de tête précédés de troubles de la vue: petites mouches devant les yeux ou sensation de brouillard, taches noires ou taches colorées, étincelles perception de deux images pour un seul objet (diplopie), diminution de l'acuité visuelle...; et accompagnés de vertiges aggravés par la marche. Ces migraines s'observent surtout chez les malades anémiques (et moroses) et chez les insuffisants digestifs qui présentent un appétit diminué avec intolérance aux aliments gras et pour qui tout même la salive, a un goût salé.

—Des troubles des règles affectant surtout le rythme (règles irrégulières, le plus souvent en avance) et l'abondance (sang noir et caillots). Règles précédées de mélancolie morose avec tendance à des scrupules exagérés.

—Un état dépressif caractérisé par une grande tristesse, un désir de solitude, une tendance aux remords et scrupules, des idées de persécution.


DIGITALIS

La digitale pourprée ou Digitalis purpurea de la famille des Scrofulariacées, encore appelée Gant de Notre-Dame, ou Doigtier, est une jolie plante bisannuelle, poussant spontanément dans les bois ( les Vosges, le Morvan, la Bretagne) en terrains siliceux; à la haute tige velue et d'un beau vert; aux fleurs d'un rouge pourpre, en forme d'un doigt de gant, pendant en grappe d'un seul côté de la tige; aux feuilles précieuses par les principes actifs qu'elles renferment, la digitaline notamment, très toxique à la dose de 1 à 2 centigrammes, et efficace à la dose de 1 à 4 milligrammes dans certaines maladies de cœur.

L'intoxication aiguë par la Digitale provoque d'abord des vomissements précoces, puis de la diarrhée, des troubles de la vue, des vertiges et des bourdonnements d'oreille, de la faiblesse musculaire et surtout de l'arythmie et un ralentissement du cœur.

L'expérimentation de la Digitale reproduit un affaiblissement du muscle du coeur avec ralentissement, irrégularité et faiblesse des contractions (et du pouls), et un ralentissement de la circulation veineuse se manifestant par des œdèmes, une congestion du foie et une diminution de la quantité des urines.

Le tableau symptomatique de Digitalis est celui de l'insuffisance cardiaque avec pouls lent; pouls très ralenti (toutes les pulsations cardiaques ne sont pas transmises au pouls radial, ce qui donne l'impression que le pouls est plus lent que le cœur; pouls faible et dépressible; pouls irrégulier, intermittent toutes les trois pulsations par exemple).

Faiblesse du myocarde avec sensation que le cœur va s'arrêter brusquement en faisant un mouvement; obligeant le malade à s'arrêter et même à retenir sa respiration.

Pâleur de la face mais cyanose bleuâtre des tissus, des paupières et des ongles.

Respiration difficile avec soupirs et besoin d'inspirations profondes. Sensation d'arrêt de la respiration en s'endormant.

Urines peu abondantes et foncées avec tendance aux œdèmes.

Enfin congestion passive du foie avec nausées à l'odeur des aliments.

Comparées aux indications classiques de la Digitaline ou de la Digitale à des doses pondérales, les indications de Digitalis (c'est-à-dire de la Digitale dynamisée à hautes dilutions) sont rares en pratique courante car elles ne correspondent qu'à des états de défaillance du muscle cardiaque avec ralentissement important du pouls, bradycardie et arythmie.


DIOSCOREA

L’igname sauvage ou Dioscorea villosa est une plante tropicale de la famille des Dioscorées; comestible; dont les tubercules pesant parfois 20 kg ont une chair qui rappelle le goût de la patate douce (après cuisson) mais qui est amère et vénéneuse à l'état frais.

L'expérimentation de l'igname reproduit un état spasmodique du tube digestif et des voies urinaires, avec irritation gastro-intestinale.

La douleur de Dioscorea est une douleur de type spasmodique ou névralgique extrêmement violente, toujours calmée par l'extension de la région douloureuse: en se tenant droit, ou les membres étendus, en s'étirant. C'est une douleur à type de torsion (comme si l'intestin était tordu par une main) ou à type de broiement, avec des irradiations au loin. C'est une douleur avec des paroxysmes intolérables, survenant de façon régulière. Quelle que soit la localisation viscérale (gastrique, intestinale, urinaire), de cette douleur, la flatulence est habituelle: ballonnement et éructations fréquentes qui soulagent, émissions de gaz intestinaux, envie continue et inefficace d'aller à la selle ou d'uriner.

Alors que la douleur spasmodique de Colocynthis survient chez un individu coléreux et est calmée par la flexion, le relâchement de la région douloureuse, la douleur viscérale de Dioscorea est toujours calmée par le mouvement et en se tenant droit (ou même cambré en arrière), ou par la pression forte.

L'attitude antalgique (malade plié en deux, flexion forcée) de Colocynthis s'explique par un effort tendant à favoriser le relâchement des fibres musculaires contracturées, alors que l'attitude de Dioscorea (en extension) tend à atténuer les effets d'une distension brutale des voies digestives (hépato-biliaires) ou gastro-intestinales) ou des voies urinaires en amont d'un calcul ou d'un obstacle au transit.

Les indications de Dioscorea se retrouvent essentiellement au cours des coliques hépatiques ou des coliques néphrétiques lorsqu'il s'agit de lever le spasme qui s'oppose à la migration du calcul; ou dans les états de subocclusion intestinale (non chirurgicale) lorsque le malade souffre d'aérocolie et d'un blocage réflexe du transit intestinal.


DROSERA

Drosera rotundifolis, ou Drosera, Herbe à la rosée, Rosée du soleil, Rossolis à feuilles rondes, de la famille des Droséracées, est une petite plante très grêle des marais et prés tourbeux siliceux de l'Europe et de l'Amérique; elle est formée de rosettes de petites feuilles arrondies étalées sur le sol, parsemées de poils glanduleux, visqueux et rougeâtres se recourbant vers l'intérieur au moindre contact d'insectes, qui se trouvent emprisonnés, englués et digérés par un liquide riche en pepsine sécrété par les glandes de la feuille (d'où le nom d'herbe à la rosée).

Le Drosera dont on utilise la plante entière est surtout utilisé comme antispasmodique contre les toux quinteuses, notamment celle de la coqueluche. D'une saveur âcre et légèrement acide, cette plante astringente est toxique pour les moutons qui peuvent en mourir.

L'expérimentation du Drosera fait apparaître des signes d'irritation de la muqueuse des voies respiratoires supérieures, essentiellement le larynx, la trachée et les grosses bronches (toux spasmodique et quinteuse), et provoque des douleurs osseuses et surtout des poussées d'adénites aiguës.

La toux de Drosera est assez caractéristique: spasmodique et quinteuse, sèche, déchirante et surtout aboyante; elle se manifeste sous forme de quintes si rapprochées que le malade a du mal à reprendre sa respiration; sous forme de quintes si violentes que le malade est obligé de soutenir son ventre avec les mains. Les quintes provoquent des accès de suffocation avec rougeur violacée du visage; provoquent des douleurs à types d'élancement ou de constriction au bas de la poitrine ou au creux de l'estomac; et enfin des vomissements alimen­taires parfois striés de sang.

La toux de Drosera est toujours aggravée la nuit (après minuit); est toujours aggravée lorsque le malade est couché, lorsqu'il pose la tête sur l'oreiller; et enfin aggravée lorsque le malade parle, rit, boit ou chante, avec sensation de chatouillement au larynx et de l'enrouement.

Enfin la toux de Drosera se manifeste dans un contexte de maladie générale (tuberculose le plus souvent) avec faiblesse et une certaine maigreur, adénopathies surtout cervicales et abdominales (mésentériques), et une atteinte inflammatoire osseuse et articulaire.

Drosera n'est pas seulement un remède de Coqueluche mais aussi un grand remède de tuberculose à localisations variées: laryngée, pulmonaire, ganglionnaire, osseuse ou articulaire.


DULCAMARA

Dulcamara ou Solanum Dulcamara ou Morelle grimpante, vigne de Judée, vigne grimpante est une plante vivace de la famille des salonnardes, très répandue en Europe dans les bois et dans les haies; elle doit son nom de Morelle douce-amère à la saveur à la fois amère et sucrée des sucs qu'elle contient. Elle est peu toxique.

L'expérimentation pathogénétique de la vigne de Judée reproduit un état remarquable d'hypersensibilisation à l'humidité froide avec tendance au catarrhe de la plupart des muqueuses et aux douleurs rhumatismales des muscles et des articulations.

Les grands symptômes de Dulcamara sont:

—Tous les troubles respiratoires provoqués ou aggravés par le froid humide. Nez bouché par des mucosités épaisses; toux de trachéite aggravée en étant couché dans une chambre chaude, avec expectoration difficile de mucosités épaisses; et même asthme provoqué par un refroidissement brusque (temps pluvieux) .

—La diarrhée après avoir pris froid dans l'humidité: selles précédées de borborygmes et de douleurs dans la région de l'ombilic; selles liquides et jaunes ou faites de mucosités jaunâtres.

—Les douleurs rhumatismales aiguës, surtout musculaires ou péri-articulaires (rarement articulaires); proches de celles de Rhus toxicodendron: à type d'enraidissement douloureux amélioré par le mouvement (besoin de bouger fréquemment la région douloureuse). Les douleurs rhumatismales de Dulcamara surviennent après un refroidissement brusque du corps (quand il est en sueur; après un travail sous la pluie; après refroidissement la nuit; ou après un changement de temps qui devient pluvieux).

—les verrues plates et lisses, larges, peu cornées, surtout localisées sur le dos des mains, au niveau des doigts et sur la figure.

En pratique, Dulcamara est beaucoup plus un remède de modalité d'aggravation qu'un remède de lésions profondes. Il correspond aux troubles ou affections provoquées ou aggravées par un refroidissement du malade; et des indications essentielles sont les douleurs rhumatismales aux changements de temps, les diarrhées après avoir pris froid, l’urticaire après la douche ou bain froid (hydroallergie) et l'incontinence d'urines des enfants qui se refroidissent la nuit (linge trempé de sueurs ou baisse de température ambiante) et qui éprouvent le besoin fréquent d'uriner par temps humide ou au contact de l'eau froide .

Une indication de Dulcamara à ne pas méconnaître en pays chauds: la toux de trachéite ou la crise d'éternuements en ouvrant la porte d'un réfrigérateur; ou les douleurs musculaires et péri-articulaires par intolérance à une climatisation mal orientée.


ECHINACEA

Echinacea augustifolia est une plante de la famille des Composées qui croît en Amérique du Nord; son expérimentation reproduit un état infectieux sévère.

Le tableau pathogénétique de Echinacea est fait d'atteinte de l'état général: grande faiblesse avec prostration, obnubilation ou délire, douleurs diffuses à type de courbatures, fétidité de toutes les sécrétions (sueur, urines, selles), tendance à la suppuration de toutes les lésions (cutanées, rhinopharyngées, intestinales, gynécologiques).

Ce tableau correspond à des états infectieux graves: septicémies à porte d'entrée cutanée, ou intestinale (fièvre typhoïde) ou génitale (fièvre puerpérale): ou suppurations chroniques et fétides (otites notamment, angines ulcéreuses, gangrène.. .) .

En pratique plus courante, Echinacea est un remède qui rend des services dans le traitement d'infections de la peau évoluant en profondeur, comme les furoncles, les anthrax et même l'acné (lorsqu'on veut éviter des traitements antibiotiques prolongés). Echinacea est plus un remède d'infection infiltrante et nécrotique des tissus qu'un remède de suppuration superficielle et fluide de muqueuse.


EQUISETUM

L'Equisetum des Homéopathes est l'Equisetum hiemale ou prêle d'hiver, espèce voisine de la prêle des champs (ou Equisetum arvense) plus connue sous le nom de petite prêle ou queue de cheval et utilisée comme hémostatique et astringente, diurétique et reminéralisante (autrefois employée pour le polissage car très riche en silice). La prêle d'hiver est une plante de la famille des Equisetacées qui pousse au bord de l'eau dans les prairies ou les marécages.

L'expérimentation de la prêle des champs reproduit un état inflammatoire des voies urinaires et spécialement de la vessie avec besoins impérieux d'uriner et tendance à la suppuration.

Les symptômes de Equisetum sont ceux de la cystite et de l'incontinence d'urines.

Sensation de plénitude douloureuse de la vessie avec besoins urgents et impérieux d'uriner (les mictions ne soulagent pas); douleurs piquantes ou brûlantes au niveau de l'urètre en urinant; urines troubles chargées de mucus, et parfois purulentes. Lorsque le malade se plaint d'une douleur sourde dans la région du rein droit, cette douleur est inséparable de l'infection aiguë de la vessie qui domine le tableau clinique.

Incontinence d'urines qui peut être diurne ou nocturne chez les enfants déminéralisés et frileux, au sphincter de la vessie défaillant. Mais Equisetum est surtout le remède de l'incontinence d'urines des femmes âgées aux sphincters atoniques et à la faiblesse musculaire générale.

Equisetum est avant tout un remède de cystite (calculeuse ou non) et de suppuration des voies urinaires (pyélonéphrite).


EUPATORIUM PERFOLIATUM

Eupatorium perfoliatum ou herbe à la fièvre, originaire des marais, huche de Sainte Cunégonde, est une plante de la famille des Composées qui croît dans les endroits humides et marécageux. Originaire de l'Amérique du Nord, cette plante était utilisée par les Indiens dans le traitement des fièvres intermittentes, d'où ses noms d'Indian weed (herbe indienne) ou Ague weed (herbe à fièvre récurrente). Ses fleurs et ses feuilles mâchées laissent un goût amer, d'une saveur particulière.

L'expérimentation de l'herbe à la fièvre reproduit un état de courbatures intenses et généralisées, aussi bien musculaires qu'osseuses, avec des accès de fièvre ou de frissons.

Les courbatures de Eupatorium perfoliatum sont généralisées, à type d'endolorissement musculaire mais aussi de brisure des os et de raideur articulaire. Tout le corps est sensible au toucher, au mouvement et en plein air; les douleurs sont atténuées par le repos, au chaud, dans la chambre. Il existe souvent une sensibilité particulière des globes oculaires associés à des maux de tête et à des douleurs osseuses péri-orbitaires.

Lorsque le malade tousse, il souffre d'une toux sèche agaçante, douloureuse. aggravée la nuit en étant couché sur le dos, mais améliorée de façon caractéristique en position génupectorale (à genoux dans le lit, la tête dans l'oreiller). Cette toux de trachéite déclenche des douleurs intercostales et des douleurs au niveau du larynx (et parfois enrouement).

La fièvre, lorsqu'elle existe, survient surtout le matin (entre 7 et 9 heures) avec des frissons et une soif intense.

Il n'est pas rare que de tels états fébriles soient marqués par des nausées ou des vomissements bilieux.

Eupatorium perfoliatum est le remède des formes très douloureuses (beaucoup de courbatures) de la grippe et surtout de la Dengue. Mais ses indications ne doivent pas être confondues avec celles de Baptisia qui est le remède des formes très graves à tendance hémorragique des maladies infectieuses: L’aspect de la langue, la mauvaise haleine et l'atteinte profonde de l'état général différencient nettement les courbatures de Baptisia de celles de Eupatorium.


EUPHRASIA

Euphrasia officinalis ou Euphraise officinale ou herbe à l'ophtalmie est une gracieuse petite plante de la famille des Scrofulariacées très commune dans les prés, les pâturages, les bruyères; elle jouit d'une grande réputation dans les maladies inflammatoires des yeux (ophtalmie, conjonctivite, blépharite, larmoiement...) d'où son nom populaire de Casse-lunettes.

L'expérimentation de l'euphraise reproduit un état inflammatoire des yeux et du nez, et des voies respiratoires supérieures (larynx et trachée).

Le larmoiement et l'écoulement nasal sont les deux symptômes caractéristiques de Euphrasia. Mais alors que le larmoiement incessant est irritant pour la conjonctive et les paupières (rougeur avec sensation de cuisson, enflure des paupières qui sont agglutinées le matin, besoin fréquent de clignoter; sensibilité à la lumière; parfois ulcération de la cornée ou des paupières...), le coryza n'est pas irritant pour la muqueuse nasale (les sécrétions nasales sont abondantes et aqueuses, les éternuements rares).

Lorsqu'elle existe dans le tableau du malade, la toux de Euphrasia est de type laryngé: coqueluchoïde avec sensation agaçante d'irritation au niveau du larynx, aggravée le matin, avec abondantes mucosités faciles à détacher par raclement de la gorge.

La grande indication de Euphrasia est la conjonctivite allergique (et l'ophtalmie des neiges).


EUPHORBIUM

Euphorbium ou Euphorbia resinifera, de la famille des Euphorbiacées est une plante ligneuse ayant la forme d'un cactus, pouvant atteindre jusqu'à 2 mètres de hauteur; dont la tige contient un suc blanc laiteux, un latex de saveur âcre et brûlante, toxique; dont les feuilles sont réduites à des épines étroites horizontales et divergentes; qui croît en massifs sur les versants des montagnes de l'Atlas au Maroc, entre 600 et 1.500 mètres d'altitude. On recueille le latex par incision des tiges en se protégeant le visage et surtout les yeux de tout contact avec lui.

Ce latex est doué de propriétés purgatives très violentes mais aussi d'une action rubéfiante et vésicante, et même corrosive. Appliqué sur la peau, il provoque l'apparition de vésicules de façon aussi intense que la cantharide. Après ingestion il provoque une gastro-entérite suraiguë, qui peut être mortelle. I l n'est plus utilisé—en Médecine vétérinaire—que sous forme d'emplâtre rubéfiant et vésicant.

L'expérimentation pathogénétique de l'euphorbe reproduit un état inflammatoire aigu de la peau et des muqueuses (digestives et laryngée).

L'indication majeure de Euphorbium est la dermite vésiculeuse brûlante, fait d'un érythème aigu avec de grosses vésicules à sérosité irritante, provoquant une vive sensation de brûlures et évoluant vers l’ulcération et même la gangrène.

Euphorbium est un remède de l'érysipèle (bulleux ou gangreneux) mais aussi du zona et de l'herpès.


FERRUM METALLICUM

L'expérimentation du fer reproduit un état d'anémie avec instabilité circulatoire, vasomotrice et tendance hémorragique.

Les symptômes pathogénétiques de Ferrum metallicum sont:

—L'instabilité vaso-motrice, marquée par des alternances brusques de pâleur du visage et de rougeur intense; sensation de bouffées de chaleur qui monte à la face, laquelle devient rouge (malade qui rougit et pique son fard pour un rien, à la moindre émotion). Maux de tête congestifs, avec sensation de battements dans la tête comme par des coups de marteau; céphalée congestive battante améliorée par un mouvement lent et continu. Etat congestif des poumons chez des malades anémiés (par la tuberculose ou une infection pulmonaire avec hémoptysie): oppression à l'effort comme si la poitrine était comprimée par la main, sensation de poids sur la poitrine, avec toux sèche et spasmodique.

—Un état d'anémie avec décoloration, extrême pâleur des muqueuses: lèvres et gencives, langue, palais; vertiges en descendant ou en regardant couler de l'eau.

—Des troubles digestifs marqués par un dégoût prononcé pour les œufs et la viande; un désir constant de pain et de beurre, des acidités, des crudités; une digestion lente (par insuffisance de la sécrétion gastrique et pancréatique) avec tendance aux régurgitations sans nausée, aux vomissements tôt après les repas, et à la diarrhée avec des aliments non digérés.

— Une tendance aux hémorragies: saignements de nez fréquents le matin, surtout en se baissant, chez un adolescent rougissant facilement aux émotions mais habituellement pâle, règles abondantes et en avance, prolongées, de sang rouge brillant chez une femme aux poussées congestives fréquentes (ou règles peu abondantes de sang pâle et fluide comme de l'eau chez une anémique peu congestive).


FERRUM PHOSPHORICUM

Le phosphate de fer n'est pas utilisé en thérapeutique traditionnelle mais l'association de l'élément phosphore et de l'élément fer confère à ce sel des propriétés thérapeutiques intéressantes en Homéopathie.

L'expérimentation du phosphate de fer reproduit en effet des états inflammatoires aigus avec congestion locale (le phosphore) et tendance aux hémorragies (le fer).

La congestion inflammatoire fébrile est le grand symptôme et la grande indication de Ferrum phosphoricum.

Fièvre irrégulière par accès, avec instabilité vaso-motrice, produisant des alternances de rougeur et de pâleur du visage; avec accélération du pouls qui est mou et dépressible.

Douleurs aiguës et par accès, lancinantes ou battantes, congestives aggravées la nuit, aggravées par le toucher, par le mouvement et les secousses, le bruit; calmées par les applications froides.

Suivant la localisation: otite moyenne au début (comme celle qu'on observe chez les enfants la nuit, avec fièvre et douleurs battantes par accès); congestion pulmonaire au début (avec toux sèche très douloureuse, provoquant une douleur à la poitrine et ramenant parfois des crachats striés de sang); maux de tête congestifs avec chaleur, et rougeur de la face, sensation de battements et bouffées de chaleur, amélioration par les compresses froides, et tendance aux saignements de nez.

Ferrum phosphoricum est moins congestif que Aconitum napellus et moins inflammatoire (moins lésionnel avec tendance à la suppuration) que Belladonna.

Les indications de Ferrum phosphoricum se situent au stade initial des affections inflammatoires douloureuses et fébriles telles que l'otite moyenne aiguë des jeunes enfants, et les congestions pulmonaires ou bronchites aiguës très congestives avec tendance hémorragique. Mais les indications de Ferrum phosphoricum sont toujours transitoires, que l'affection évolue vers l'amélioration immédiate ou vers l'inflammation à tendance suppurative caractéristique de Belladonna.

Alors que Aconitum napellus est le remède des états congestifs aigus avec une grande anxiété et une grande agitation, Ferrum phosphoricum est un remède de congestion localisée, très douloureuse comme ces congestions locales encore appelées fluxions: fluxion dentaire, fluxion de poitrine.


FLUORICUM ACIDUM

L'acide fluorhydrique est un hydracide composé d'hydrogène et de fluor, très avide d'eau, ce qui explique sa causticité.

L'expérimentation de l'acide fluorhydrique reproduit une inflammation ulcérative ou nécrosante des tissus (surtout la peau et les os) et un relâchement du tissu conjonctif (varices et varicosités) .

Les symptômes de Fluoricum acidum sont:

— La nécrose osseuse. Ostéite à tendance suppurative avec douleurs profondes, fistules suintantes (pus irritant et excoriant, fétide); élimination par la peau d'esquilles osseuses; avec démangeaisons vives au niveau de l'orifice extérieur.

—Les fistules d'abcès profonds, fistules anales, dentaires, lacrymales; ou les ulcères cutanés. Fistules toujours suintantes avec démangeaisons, ulcères variqueux ou vieux ulcères à bord rouge et induré, peu douloureux mais avec beaucoup de démangeaisons; escarres (fessières) atones et peu douloureuses.

—Les troubles trophiques par atteinte du tissu conjonctif. Apparition de varicosités ou de dilatations variqueuses surtout aux membres inférieurs. Carie rapide des dents qui sont particulièrement friables et sensibles aux boissons froides. Atonie des cheveux qui sont secs et se cassent facilement. Ptôse de l'estomac, aux parois relâchées, avec sensation de vide ou de lourdeur dans l'estomac; ptôse aggravée par la station debout, améliorée par le port d'une ceinture, d'une sangle, d'un vêtement serré à hauteur de l'estomac.

Fluoricum acidum est le remède des dystrophies osseuses (nécrose et ostéites fistulisées), dentaires (caries), veineuses (varicosités, varices et ulcères variqueux) ou cutanées (escarres, fistules, plaies ulcérées) caractérisées par une sensibilité superficielle à type de démangeaisons ou d'agacement peu douloureux. Fluoricum acidum n'est pas un remède de reminéralisation, de recalcification dans les nécroses osseuses ou les caries dentaires. Il ne saurait remplacer Calcarea fluorica et Parathyroïdinum dans leur rôle de fixateur (osseux ou dentaire) du calcium.


FRAXINUS

Fraxinus americanus ou Frêne d'Amérique est un arbre de la famille des oléacées dont les espèces les plus connues sont le Frêne à manne (Fraxinus ornus) dont on extrait le suc concret (la manne) par incision du tronc; et le Fraxinus excelsior qui peut atteindre 35 mètres de haut et vivre deux cents ans, et dont on utilise le bois pour la fabrication de tonneaux, de manches d'outils, de montants d'échelles, et les feuilles pour préparer une boisson rafraîchissante, la frénette.

L'expérimentation du Frêne d'Amérique reproduit une congestion utérine avec tendance au fibrome et à la ptôse.

Fraxinus est un remède à prescrire dans les fibromes de l'utérus (lorsque l'indication opératoire n'est pas formelle); lorsque l'utérus est augmenté de volume et induré, lorsque la femme se plaint d'une sensation de pesanteur dans le bas-ventre avec prolapsus de l'utérus, et surtout lorsqu'il existe un écoulement abondant et irritant, une leucorrhée intermittente et aqueuse.

Ses complémentaires habituels dans le traitement des fibromes de l'utérus sont Calcarea fluorica, Lapis album, Sanguinaria nitrica, et Nitric. acidum ou Mercurius corrosivus...


FUCUS VESICULOSUS

Le Fucus vesiculosus est une algue brune qui est fixée par des crampons aux rochers du littoral et se dresse verticalement dans l'eau grâce à des flotteurs remplis d'azote. Ses cendres fournissent de l'iode, du bromure et de la potasse.

Le Fucus vesiculosus est un des éléments essentiels et constants du traitement homéopathique de l'obésité; et son activité empirique est indiscutable.


GELSEMIUM

Gelsenium sempervirens ou jasmin jaune, jasmin sauvage ou jasmin odorant de la Caroline, de la famille des Loganiacées est une plante très proche de la Spigelie (Spigelia) et des Strychnées Ignatia et Nux vomica, ce qui permet de prévoir une grande activité et un grand intérêt thérapeutiques.

Cette plante grimpante est commune dans l'Amérique du Nord (Virginie, Floride et même Mexique). Sa fleur a un parfum agréable. Le principe actif du rhizome, la gelsemine, est un alcaloïde très toxique, paralysant le cœur et la respiration à doses élevées, analgésique à doses thérapeutiques, utilisé contre les douleurs névralgiques (faciales et dentaires), ou rhumatismales.

L'intoxication par le jasmin jaune produit d'abord une congestion aiguë du cerveau et de la moelle, puis une paralysie des centres moteurs du système nerveux central: paralysie motrice (bras et jambes) paralysie de l'accommodation, paralysie du pneumogastrique (mortelle par paralysie du cœur et de la respiration).

Le Gelsenium est utilisé en médecine classique comme analgésique dans les névralgies (faciales et dentaires), contre les douleurs rhumatismales, et comme sédatif dans le rhume des foins.

L'expérimentation pathogénétique du Gelsenium reproduit un état de congestion à la fois veineuse et artérielle affectant aussi bien le cerveau que la moelle épinière, et provoque un état très caractéristique d'inhibition psychomotrice par dépression du système nerveux central, cérébromédullaire.

Les grands symptômes du remède sont:

— D'une part un état d'émotivité paralysante semblable au tableau du trac d'anticipation (au moment d'un examen. en face d'une épreuve professionnelle ou en présence d'interlocuteurs intimidants...); ou semblable à l'état de choc neuro-psychique succédant à une peur violente ou à l'annonce soudaine d'une mauvaise nouvelle. Cet état est marqué par une faiblesse musculaire avec tremblements (ou sensation de tremblements internes, non extériorisés), et sensation de dérobement des jambes: par une perte des moyens et absence de réaction avec désir d'être seul. d'être en paix pour ne pas avoir à parler, à exprimer une idée; par un état d'engourdissement mental et d'assoupissement, d'abattement.

Cet état d'inhibition neuropsychique est aggravé lorsque le malade pense à des difficultés, à son émotivité ou à ses causes déclenchantes. Il s'accompagne souvent de besoins d'uriner, et peut déclencher une diarrhée impérieuse et abondante, jaune clair. Enfin le malade peut se plaindre d'une sensation de faiblesse et même d'arrêt imminent du cœur, avec pour y remédier le besoin de se lever et de marcher, le besoin de mouvement.

—D'autre part un état de congestion vasculaire du cerveau et de la moelle épinière dont la manifestation essentielle est l'apparition d'une migraine. D'abord troubles de la vue: sensation de brouillard devant les yeux, vue brouillée comme par de la fumée, perception de deux images pour un objet; pupilles dilatées ou inégalité pupillaire: une pupille dilatée et l'autre contractée. Puis apparition de la douleur: soit localisée à la nuque pour irradier ensuite et se fixer au-dessus des yeux; soit migraine diffuse d'emblée avec douleurs profondes au niveau des globes oculaires, sensation de lourdeur ou de bandeau serré autour de la tête, congestion de la face qui est rouge et chaude; aspect d'engourdissement et d'assoupissement (comme abruti); sensation très caractéristique de paupières lourdes, pesantes (comme quelqu'un qui a envie de dormir) et sensation tout aussi caractéristique de tremblements internes (comme par le trac ou par la fièvre); vertiges enfin mais sans nausée (les nausées et vomissements d'une migraine ne relèvent pas de Gelsenium mais de Cocculus ou de Tabacum). Cette migraine est généralement suivie par une émission abondante d'urine.

Congestion passive du cerveau et de la moelle épinière, et inhibition neuropsychique expliquent les troubles fonctionnels et les indications du remède.

— Etats congestifs d'allure grippale; frissons, faiblesse générale, tremblements, maux de tête congestifs et sensation de courbature;

— Aphonie soudaine des chanteurs ou des orateurs paralysie par le trac, langue engourdie et tremblante lorsqu'on la sort;

—Troubles de la déglutition après émotion;

— Sensation de ralentissement ou d'arrêt du cœur par hyperexcitabilité du nerf pneumogastrique après une phase d'inhibition marquée par de la tachycardie et des tremblements;

—Impuissance, défaillance sexuelle par appréhension, trac d'anticipation (mais en compensation, si l'on peut dire, pertes séminales nocturnes sans érection).

— Tableau neurologique de sidération paralytique avec engourdissement des facultés mentales (au cours de maladies infectieuses par exemple), mais ne pas oublier que Gelsenium est un remède (ou un poison) fonctionnel du système nerveux et qu'il n'est jamais un remède de lésions constituées telles que paralysies diphtériques, ou paralysies par compression ou infection médullaire;

— Relâchement du sphincter de la vessie avec besoins fréquents d'uriner, mictions intermittentes et incomplètes, et parfois même incontinence d'urines, d'origine émotionnelle.

Retenir de Gelsenium qu'il est le grand remède des timides, hyperémotifs, trop facilement désarmés en présence d'un étranger ou d'une difficulté quelconque, sujets au trac et aux migraines.

Que tous les troubles correspondant au remède relèvent d'un état congestif affectant le cerveau et la moelle épinière, provoqué par une action paralysante au niveau des nerfs et des centres nerveux vaso-moteurs.

Et que la migraine de Gelsemium s'explique autant par un trouble de la circulation sanguine au niveau du cerveau que par un abaissement du seuil de la douleur en rapport avec un état habituel d'émotivité anxieuse ou de tension psychique.


GLONOINUM

La nitroglycérine ou trinitrine est un liquide huileux et incolore, très toxique et explosible, détonant facilement sous un choc.

Son intoxication provoque des maux de tête, une accélération du cœur et de l'hypotension artérielle.

La trinitrine est utilisée sous forme de solution alcoolique pour ses propriétés vaso-dilatatrices puissantes dans les crises d'angine de poitrine et les aortites.

L'expérimentation de la nitroglycérine reproduit un état congestif à début brutal avec palpitations violentes, battements artériels et congestion violente du cerveau.

Les symptômes de Glonoïnum sont:

—La congestion violente et brusque du cerveau avec afflux de sang à la tête, rougeur de la face, sensation de battements, de pulsations dans le crâne. Cet état congestif de la tête est aggravé par toute chaleur rayonnante et spécialement par exposition de la tête à la chaleur d'un feu ou du soleil; est aggravé par le vin, l’alcool, les stimulants; en étant couché tête basse ou ayant la tête penchée en avant. Est amélioré au grand air, ou par le froid, les applications froides.

— Les maux de tête parfois associés à cette congestion brutale du cerveau. Céphalée battante avec sensation de pulsations dans la tête, paraissant synchrones aux pulsations cardiaques; céphalée aggravée par la chaleur et par tout mouvement ou secousse, calmée par des applications froides et en serrant fortement la tête dans les mains.

—Les battements artériels violents et visibles au niveau du cou (les carotides) et des tempes. Sensation de pulsations et de bouffées de chaleur dans tout le corps jusqu'au bout des doigts; le malade a la sensation que tout le sang monte d'un coup à la tête; le pouls, les artères carotides sont dures, tendues, non dépressibles; le malade ne peut supporter ni d'avoir le cou serré ni de porter un chapeau.

—Dans les cas extrêmes, à la limite de la crise d'apoplexie, le malade a le regard fixe, étrange; les yeux proéminents et injectés de sang; il ne peut dire où il se trouve; ni reconnaître son entourage: il se tient assis et parfaitement immobile, la tête droite et serrée entre les mains; intolérant à la lumière et surtout à la réverbération du soleil. Si l'état du malade s'aggrave et évolue vers le coma avec inconscience et insensibilité totales, l’indication de Glonoïnum disparaît pour céder la place à des remèdes comme Opium.

Les indications de Glonoïnum vont du coup de soleil à la congestion cérébrale aiguë de la ménopause ou de l'hypertension artérielle. Glonoïnum est le remède de l'encéphalopathie hypertensive aiguë, par dérèglement des centres nerveux vaso-moteurs et hypertonie cardiovasculaire.


GNAPHALIUM POLYCEPHALUM

Gnaphalium polycéphalum ou immortelle, de la famille des Composées, est une plante herbacée couverte d'un duvet laineux a ne pas confondre avec le pied de chat (Gnaphalium droicum) utilisé contre la toux et faisant partie des «fleurs pectorales», ni avec le pied de lion ou edelweiss (Gnaphalium leontopodium) dont le duvet cotonneux est d'autant plus blanc que la plante pousse à haute altitude.

L'expérimentation pathogénétique de l'immortelle reproduit des douleurs rhumatismales et névralgiques avec sensation d'engourdissement de la région affectée, et tendance à la diarrhée.

Les symptômes de Gnaphalium polycephalum sont:

—Les douleurs névralgiques, articulaires ou musculaires qui ont pour caractéristique essentielle d'être accompagnées d'une sensation d'engourdissement local ou de fourmillements. En outre, sensation de faiblesse générale ou locale; malade incapable de soulever un objet même léger. Névralgie sciatique aggravée la nuit en étant couché; améliorée en étant assis sur une chaise (le genou fléchi). Névralgie faciale bilatérale, avec douleurs intermittentes dans le maxillaire supérieur.

—La diarrhée abondante, aqueuse et irritante, fétide, avec coliques abdominales flatulentes; qui n'est évocatrice du remède que lorsqu'elle survient en alternance avec des douleurs rhumatismales accompagnées ou suivies d'une sensation d'engourdissement local ou de fourmillement.


GRAPHITES

Le graphite ou mine de plomb, plombagine est une variété de carbone cristallisé en lamelles hexagonales, d'un éclat métallique, d'une couleur gris noir, friable, gras et tendre au toucher; bon conducteur de la chaleur et de l'électricité, non fusible et insoluble dans les solvants usuels, inattaquable par les acides, enfin très résistant à la chaleur; d'où son emploi comme lubrifiant dans la confection des creusets et des charbons de lampes à arc, des balais de dynamos..., enfin ses utilisations dans l'industrie nucléaire.

L'expérimentation pathogénétique du graphite reproduit un ralentissement de multiples fonctions (thyroïdienne et génitale surtout), une diminution des oxydations et une auto-intoxication par insuffisance des éliminations et des sécrétions; L’action pathogénétique du graphites aboutit à une obésité avec constipation habituelle et éruptions à suintement épais et visqueux.

Les symptômes de Graphites sont:

—L'apathie et la frilosité d'un obèse. Tendance à l'obésité: d'apparence robuste, le malade prend du poids par infiltration cellulitique et graisseuse, il fait de la mauvaise graisse par trouble profond de la nutrition. Triste, inquiet, très impressionnable, il pleure pour un rien; incapable de prendre un décision, d'une irrésolution marquée, il n'éprouve qu'indifférence ou dégoût pour toute activité; apathique et mélancolique, paresseux même, il ne s'inquiète que de lui et se plaint sans cesse; sa sensibilité excessive peut devenir sensiblerie avec pleurs faciles surtout en entendant la musique. Sa frilosité est due à une insuffisance des oxydations qui le prive de chaleur vitale.

—L'atonie gastro-intestinale. Distension de l'abdomen qui oblige le malade à desserrer ses vêtements; flatulence au niveau de l'estomac, soulagée par des vomissements plus que par des éructations; flatulence intestinale avec tendance à la fétidité des gaz. Tendance à la constipation avec grosses selles, larges et dures, couvertes de mucosités épaisses et visqueuses. Parfois douleurs d'estomac pesantes ou crampoïdes, brûlantes ou constrictives, avec éructations putrides ou rances, ayant le goût des aliments; parfois douleurs piquantes à l'anus après la selle et suintement épais, gluant, malodorant (fissure anale); souvent enfin hémorroïdes douloureuses et saignantes, avec démangeaisons, picotements ou sensation de chaleur brûlante.

—Les éruptions caractérisées par un suintement épais et gluant, mielleux. Eczéma ou impétigo avec tendance rapide aux croûtes (écailleuses) d'un blanc jaunâtre et aux excoriations; éruptions localisées de façon assez évocatrice derrière les oreilles et sur le pavillon de l'oreille, autour de la bouche et aux commissures des lèvres, sur les lèvres et les narines qui sont gercées comme par le froid, sur les paupières (au bord des paupières et au niveau du conduit lacrymal); aux plis de flexion des membres, entre les doigts et entre les orteils, au niveau du cuir chevelu, entre les fesses, ou sur les parties génitales. Ces éruptions apparaissent sur une peau sèche et dure, rugueuse; la peau des mains notamment est calleuse et indurée, fissurée et gercée; la peau est atone et malsaine (les plaies suppurent facilement et cicatrisent mal); les ongles sont déformés, épais et mous, cassants; tendance aux ongles incarnés; pas de transpiration sauf au niveau des pieds; sueurs malodorantes avec excoriations entre les orteils.

—L'insuffisance génitale. Règles en retard, très courtes et très peu abondantes, pâles; précédées de démangeaisons vulvaires; parfois remplacées par une leucorrhée, écoulement blanchâtre, filant et visqueux, excoriant et irritant, fétide, plus abondant le matin au lever. Les seins sont gros, et durs; avec gerçures ou fissures douloureuses au niveau des mamelons; intertrigo sous-mammaire, rougeur et suintement épais et fétide sous les seins. Frigidité, aversion pour les rapports sexuels et manque de plaisir sexuel.

Chez l'homme, inappétence sexuelle et impuissance. Herpès périodique de la verge; ou eczéma du scrotum avec suintement épais et visqueux.

Cet ensemble de symptômes traduit bien le ralentissement des fonctions vitales: psychique, digestive, thyroïdienne, hypophysaire, génitale (ovarienne surtout) de ce type de malade, ainsi que la diminution des oxydations et les troubles de la nutrition générale qui le caractérisent.

Graphites est surtout le remède des malades hypothyroidiennes (myxoedémateuses) et hypoovariennes. Un remède d'obésité, d'adiposité endocrinienne. Et un remède important eczéma ou d'impétigo à localisations évocatrices.


GRATIOLA

Gratiola officinalis ou gratiole officinale, herbe au pauvre homme, séné des prés, de la famille des Scrofulariacées, est une plante qui pousse au bord de l'eau ou dans les prairies très humides, et constitue un purgatif énergique d'un emploi dangereux.

Son expérimentation provoque des troubles digestifs avec diarrhée inodore expulsée en jet.

Les symptômes de Gratiola sont:

- une diarrhée aqueuse, jaunâtre et mousseuse, écumeuse, expulsée en jet et avec force, sans douleur, suivie d'une sensation de soulagement dans l'abdomen mais d'une sensation de brûlure ou d'irritation à l'anus. Cette diarrhée correspond souvent aux diarrhées d'été des enfants qui ont bu beaucoup d'eau froide; et est remarquable par la sensation d'une pierre qui roule de côté et d'autre dans l'estomac qui l'accompagne habituellement.

- une congestion de l'utérus qui provoque une certaine excitation sexuelle; les règles sont en avance, abondantes et trop longues.


GRINDELIA

Grindelia robusta ou Grindélie robuste, de la famille des Composées, est une plante originaire de la Californie, croissant en touffes atteignant 80 à 90 cm de hauteur; d'un aspect vernissé; les feuilles et les fleurs étant recouvertes d'une substance résineuse aromatique, gluante et d'une saveur particulière, âcre et chaude. Les sommités fleuries et cette résine sont utilisées pour leurs propriétés expectorante et antispasmodique dans l'asthme, la bronchite emphysémateuse et les toux quinteuses.

L'expérimentation de la Grindélie reproduit une crise de dyspnée et de suffocation avec catarrhe bronchique, et des palpitations.

La crise de dyspnée de Grindelia est remarquable par son horaire (en s'endormant; avec peur de se rendormir), mais aussi par son évolution rapide vers un encombrement bronchique par des sécrétions abondantes. Etant couché, le malade se réveille brusquement, en sursaut, avec une respiration haletante et une accélération du coeur qui l'obligent à s'asseoir (ou à se lever), et avec des efforts convulsifs pour respirer. Très vite, cet accès d'oppression (plus que de suffocation) évolue vers une inondation des bronches par des mucosités blanchâtres, visqueuses et écumeuses, difficilement expectorées.

Ce type de réveil suffocant est caractéristique de la crise d'asthme cardiaque (avec palpitations, cyanose et hypertension artérielle) mais aussi de certaines formes d'asthme bronchique, d'emphysème ou d'oedème aigu du poumon, au cours desquelles Grindelia peut représenter un traitement de fond et d'appoint.


GUAÏACUM

Le Gayac ou gaïac, ou jasmin d'Afrique ou bois de vie, Guaïacum officinale de la famille des Rutacées-Zygophyllées est un bel arbre à la tige tortueuse, au bois résineux très dur et très compact (densité 1,33), inodore à froid mais exhalant une odeur aromatique lorsqu'on le râpe; de saveur âcre, amère, resserrant la gorge.

Son principe actif est une résine riche en acides qui exsude naturellement du tronc par les crevasses ou plaies accidentelles; et qui possède des propriétés stimulantes, antirhumatismales et antigoutteuses.

L'expérimentation du gayac reproduit une inflammation aiguë ou chronique des amygdales et des bronches; et des douleurs articulaires avec inflammation évoluant vers l'ankylose et la déformation, et des rétractions tendineuses.

Les grands symptômes de Guaïacum sont:

- des douleurs brûlantes dans la gorge, avec rougeur brillante du pharynx, gonflement des amygdales, sécheresse et oedème de la muqueuse, tendance à la suppuration autour des amygdales;

- une toux sèche mais surtout une expectoration fétide et muco-purulente avec sensation de chaleur brûlante dans la poitrine et des douleurs élançantes au sommet du poumon (surtout le gauche);

- enfin des douleurs rhumatismales, surtout articulaires et péri-articulaires. Lors des poussées aiguës, les articulations sont enflées, raides, chaudes et douloureuses: la sensation de chaleur brûlante et d'enraidissement douloureux sont améliorés par des applications froides; le malade ne peut supporter ni la chaleur ni la moindre pression. Progressi­vement les articulations deviennent moins sensibles mais s'ankylosent en se déformant, tandis que les ligaments et ten­dons péri-articulaires accentuent la déformation par leur réaction inflammatoire.

Guaïacum est le remède des pharyngites chroniques qui annoncent ou accompagnent les poussées de rhumatismes déformant.

Un remède de fond, sans égal en Médecine classique, des rhumatismes déformants, goutteux ou non; de maladies infectieuses touchant les articulations et les tendons, comme la lèpre; et enfin de maladie des tendons et aponévroses comme la maladie de Dupuytren, ou les tendinites post-traumatiques.

Guaïacum est le remède spécifique des inflammations douloureuses péri-articulaires avec enraidissement progressif provoquant une limitation douloureuse des mouvements et évoluant vers une cicatrisation rétractile responsable d'une ankylose et même d'un blocage total de l'articulation. Ses indications homéopathiques correspondent aux indications classiques des médicaments anti-inflammatoires comme la butazolidine ou la cortisone dans les inflammations rhumatismales de l'appareil osseux, ligamentaire, ou musculaire.

Ne pas oublier enfin l'indication de Guaïacum dans l'arthrite alvéolo-dentaire chez les malades à prédisposition aux douleurs rhumatismales.


HAMAMELIS

Hamamelis virginica ou noisetier de la sorcière, de la famille des Hamamelidacées est un arbrisseau d'une hauteur qui peut atteindre 6 mètres; à fleurs jaunes, à feuilles astringentes (utilisées en cosmétique) et écorce piquante et douceâtre. En extrait alcoolique ou en pommade, l’Hamamelis est utilisée pour ses propriétés vasoconstrictives contre les varices et les hémorroïdes.

L'expérimentation de l'Hamamelis reproduit un état de congestion veineuse passive avec tendance aux dilatations des parois veineuses, et une tendance aux hémorragies passives de sang noir.

L'engorgement veineux des membres se traduit par une sensation de lourdeur et d'endolorissement (à type de meurtrissure ou de brisure) de la région affectée; les veines sont dilatées, sensibles au toucher, douloureuses. Les parois veineuses sont fragiles, et les ecchymoses spontanées ou non, fréquentes. La peau est le siège de varicosités, ou d'engelures bleuâtres, ou d’ulcères variqueux très sensibles au toucher.

Les hémorroïdes sont bleuâtres et douloureuses (sensation de meurtrissure) pesantes avec sensation de plénitude, très sensibles au toucher, saignant facilement et abondamment (sang noir coagulant difficilement).

Les hémorragies passives de sang veineux sont généralement abondantes, s'écoulant lentement et en nappe, sans angoisse; à l'occasion d'un effort ou d'une contusion, ou de secousses, ou en remplacement des règles absentes: hémorragie vicariante. Localisations les plus fréquentes: le nez (épistaxis abondante avec sensation de constriction à la racine du nez et de pression entre les deux yeux), les poumons (hémoptysie avec toux d'irritation, après un violent effort ou en toussant), l’estomac (hématémèse précédée d'un goût de sang dans la bouche, après une chute), le pharynx (hémorragies de varices pharyngées), l’utérus (règles abondantes et peu douloureuses, de sang foncé, avec sensation d'endolorissement meurtri du petit bassin; métrorragies après des secousses et un choc; il existe des varices vulvaires bleuâtres, la vulve est d'une couleur rouge sombre), les yeux (après traumatisme, les yeux sont douloureux et injectés, ecchymoses sous-conjonctivales, hémorragies intra-oculaires).

Hamamelis est un remède d'hémorragies de sang noir (très peu de caillots) avec douleurs de contusion chez un malade atteint de fragilité des parois veineuses.


HELLEBORUS

Helleborus niger ou Hellebore noir, Rose de Noël, de la famille des Renonculacées est une plante qui croît à l'état sauvage dans les lieux rudes et montagneux de l'Europe (Alpes, Pyrénées, monts d'Auvergne) mais qui est aussi cultivée dans les jardins pour ses belles fleurs d'un blanc rosé, s'épanouissant en décembre. Sa racine est noirâtre à l'extérieur et d'un blanc sale à l'intérieur; d'odeur désagréable, nauséabonde, et de saveur astringente, âcre et nauséeuse.

Toxique, la plante est un purgatif violent (inusité actuel­lement).

En homéopathie, l’action de l’hellébore noir s'exerce essentiellement au niveau du cerveau et des méninges et correspond à des états aigus avec inhibition fonctionnelle neurosensorielle et motrice.

Les symptômes pathogénétiques du remède sont

- au niveau de la sphère cérébro-méningée: une perte de connaissance presque complète, qui revêt la forme d'un état de stupeur avec réponses très lentes, ou mutisme; une prostration avec absence de mouvements ou mouvements automatiques comme de se gratter les lèvres ou le nez, ou de faire constamment les mêmes gestes avec les mains (tirer ou repousser les couvertures, chercher à saisir dans l'air des objets imaginaires). Cet état d'hébétude avec immobilité parfaite (sur le dos ou en chien de fusil) avec insensibilité à la lumière (les yeux ouverts et fixes) est marqué de façon caractéristique par des cris et des gémissements involontaires, passifs en quelque sorte. Autre signe très évo­cateur: le malade roule la tête de côté et d'autre sur l'oreiller, ou enfonce la tête dans l'oreiller, ou porte machinalement la main à la tête en poussant des cris, toutes manifestations qui traduisent l'intensité de la souffrance cérébrale.

- au niveau de l'appareil urinaire: urines rares et foncées, brunâtres avec souvent un dépôt comme du marc de café; besoins répétés et inefficaces d'uriner. Il existe souvent de l'albumine dans les urines, et une tendance aux œdèmes d'apparition brusque. Localisés aux extrémités mais d'extension rapide avec atteinte des séreuses: plèvres, péritoine mais surtout méninges.

En effet Helleborus est avant tout un remède essentiel de l'œdème cérébral ou de l'œdème cérébro-méningé tel qu'on peut l'observer au cours d'une méningite aiguë de toute origine; ou au cours d'une réaction cérébro-méningée d'une maladie infectieuse ou métabolique (urémie, éclampsie) .

Helleborus correspond à des états de souffrance cérébrale ou cérébro-méningée (par œdème) carac­térisés par l'association d'une lenteur des perceptions mentales, de la compréhension des idées et d'une lenteur des réponses, avec des manifestations automatiques motrices au niveau de la tête, du maxillaire inférieur (mâchonnement ou marmottement de paroles incompréhen­sibles), d'un membre (le bras ou la jambe du côté opposé étant inerte) ou des mains.


HEPAR SULFUR

Hepar Sulfur ou Hepar sulfuris calcareum, foie de soufre calcaire ou sulfure de chaux est une préparation originale due à Hahnemann, obtenue à partir d'un mélange de fleur de soufre et de calcaire extrait de coquilles d'huîtres; mélange calciné dans un creuset de terre, puis réduit en poudre. Par trituration avec du sucre de lait on obtient les trois premières décon­centrations centésimales, les atténuations supérieures à la 4 CH sont obtenues par dilution dans l'alcool.

L'expérimentation de Hepar sulfur a reproduit des inflammations à tendance suppurative avec hypersensibilité remarquable, psychique et sensorielle.

Les symptômes de Hepar sulfur sont ceux du « Lymphatisme», avec ses troubles caractériels, ses augmentations de volume des organes lymphoïdes (amygdales, ganglions) ses suppurations chroniques ou à rechutes, l’aspect malsain de la peau qui s'infecte et suppure facilement.

— Troubles caractériels: indolence, tendance à la dépression, désir de changement (de milieu, d'ambiance); avec hypersensibilité à tout: au froid, à la douleur, au moindre contact. Hypersensibilité psychique: irritabilité, impatience, insatisfaction; s'emporte facilement sans raison; impulsion à faire du mal. Hypersensibilité au froid, surtout sec: catarrhes laryngés ou bronchiques, toux sèche et rauque en inspirant de l'air froid... Hypersensibilité sensorielle à la douleur: douleurs atroces et piquantes comme par des échardes ou des aiguilles enfoncées dans les tissus. Hypersensibilité au moindre contact qui aggrave la douleur et augmente l'irritabilité permanente du malade. Hypersensibilité à l'entourage: irritabilité avec tendance à la violence; malade toujours maussade, hargneux ou boudeur, ne supportant rien ni personne; habituellement apathique et même paresseux mais capable de se livrer à tous les excès dans une explosion de colère.

— Au niveau des voies respiratoires: hypersensibilité de l'appareil respiratoire au froid sec, au vent ou au courant d'air froid, en buvant froid ou simplement en se découvrant, ne serait-ce qu'en mettant les bras hors des draps la nuit. Coryza aigu avec sensation d'obstruction du nez et mucosités épaisses jaunâtres, de mauvaise odeur (d'odeur de vieux fromage). Toux sèche et rauque, aboyante et bruyante, avec chatouillement constant dans la gorge; aggravée en inspirant de l'air froid ou en se découvrant. Enrouement surtout le matin avec respiration sifflante et toux douloureuse de laryngite ou laryngo-trachéite. Bronchite chronique, dilatation des bronches ou abcès du poumon, avec toux grasse et suffocante, nombreux râles humides dans les champs pulmonaires, expectoration difficile muco-purulentes, visqueuses et de mauvaise odeur.

—Au niveau de la peau: tendance aux suppurations. Toute petite plaie s'infecte et suppure, guérit difficilement et laisse des cicatrices. Suppurations fétides, interminables ou à répétition, avec douleurs très vives au toucher, au moindre contact (comme par des aiguilles enfoncées dans l’abcès ou le furoncle); pus souvent mélangé de sang, fétide (d'odeur de vieux fromage); sueurs abondantes, irritantes et de mauvaise odeur, surtout la nuit.

Hepar sulfur est le remède des infections nécrosantes (furoncles) ou des foyers de suppuration fétide (abcès), ou le remède de fond des enfants toujours malades (rhinopharyngites, otites, bronchites, abcès ou plaies infectées...), à condition de retrouver chez le malade l'hypersensibilité (au froid, à la douleur et au moindre contact) caractéristique du remède.

Dans les inflammations suppuratives aiguës avec rougeur intense et douleurs atroces, ne pas donner Hepar sulfur «à chaud » mais lui préférer Pyrogenium avec des doses suffisantes d'antibiotiques (pour agir également au niveau de l'agresseur microbien). Hepar Sulfur en 4 CH favorise la suppuration, fait « mûrir» l'abcès mais peut provoquer des fusées purulentes dangereuses, en profondeur, dans les abcès profonds ou suppurations en cavité close non encore drainées de l'oreille interne, de l'abdomen ou de la cage thoracique.

Hepar sulfur est plus un remède de furonculose et de plaies infectées qui cicatrisent mal qu'un remède de furoncle; plus un remède de plaies suppurées ou de lésions cutanées croûteuses (impétigo) qu'un remède de phlegmon; plus un remède d'abcès traînant mais drainé (spontanément ou chirurgicalement), plus un remède de lésions nécrotiques, qu'un remède d'infection très aiguë en voie de suppuration enclose et fluide.

Mais dans tous les cas, le malade doit présenter l'hypersensibilité caractéristique du remède.


HISTAMINUM

L'histamine est une base animée présente dans l'ergot de seigle; et dérivant de l'histidine par décarboxylation.

L'action physiologique et pharmacologique de l'histamine est caractérisée par une vaso-dilatation périphérique (rougeur localisée et hypotension artérielle secondaire), une contraction des muscles lisses (en particulier de l'estomac, des bronches, de l'intestin, de l'utérus) et une hypersécrétion glandulaire (estomac, duodénum et pancréas, glandes salivaires, glandes sudoripares) .

En injection dans le derme, l’histamine provoque une réaction cutanée faite successivement d'une tache blanc bleuté, puis d'une auréole rouge à la périphérie, puis d'une papule urticarienne en cercle, réalisant un érythème en cocarde. Cette réaction est due à une dilatation des vaisseaux capillaires avec augmentation de leur perméabilité.

Pour un grand nombre d'auteurs, l’histamine serait un médiateur chimique et le principal médiateur responsable des phénomènes vaso-sécrétoires des réactions allergiques (œdème localisé et hypersécrétion glandulaire). Lors du conflit antigène-anticorps des manifestations d'allergie il se produit une libération massive de l'histamine au niveau des cellules et cette libération d'histamine dépasse les possibilités de protection naturelle de l'organisme. D'où les manifestations tissulaires: contraction des fibres lisses (des voies respiratoires ou digestives notamment), dilatation passive des vaisseaux capillaires avec augmentation de leur perméabilité (œdème), et hypersécrétion glandulaire (gastrique surtout).

En pratique médicale homéopathique, et de façon parfaitement empirique, Histaminum (c'est-à-dire l'histamine dynamisée et très diluée) se révèle être le meilleur remède capable de contrôler efficacement chez les malades allergiques les effets tissulaires d'une libération excessive d'histamine. Histaminum réalise un traitement du dérèglement biologique histaminique à l'intérieur des organes et des tissus.

Les indications de Histaminum, éprouvées par une longue pratique, sont essentiellement les états allergiques caractérisés par l'intensité des réactions locales, vaso-motrices (spasmes surtout des voies respiratoires: asthme, coryza spasmodique) et neuro-sécrétoires (œdèmes localisés: urticaire, œdème de Quincke; par dilatation et exsudation capillaire).

Les indications de Histaminum (en hautes et en moyennes dilutions dynamisations associées) semblent être toutes les manifestations organiques caractérisées par l'alternance ou la périodicité lorsque l'allergie joue un rôle prépondérant dans leur déterminisme: asthme, eczéma, urticaire, coryza spasmodique ou rhume des foins; et même certaines migraines dans un contexte (personnel ou familial) de manifestations allergiques.


HYDRASTIS

L'Hydrastis du Canada ou sceau d'or, racine d'or, Hydrastis Canadensis, de la famille des Renonculacées, connue en Amérique sous le nom de Yellow-root en raison de la couleur orange-vif des racines fibreuses de son rhizome, est une plante herbacée qui croît dans les sous-bois du Canada et du Nord de l'Amérique.

Son rhizome, tordu et noueux, d'une odeur désagréable et d'une saveur amère, colore la salive en jaune lorsqu'il est mâché; les Indiens l'utilisent comme colorant. Le principe actif de la plante, l’hydrastine, est utilisé pour ses propriétés vasoconstrictrice et hémostatique, et en usage externe comme astringent (dans les fissures anales et les crevasses du sein).

L'intoxication par l'hydrastis provoque une paralysie progressive du bulbe avec ralentissement du cœur, ainsi qu'une vaso-dilatation générale (hypotension artérielle, stase sanguine et hémorragies passives).

La première pathogénésie de Hydrastis a été publiée par Hale en 1867. L'expérimentation de la plante reproduit un état inflammatoire chronique des muqueuses (avec élimination catarrhale épaisse), une atonie de l'appareil digestif et une atteinte de l'état général avec amaigrissement.

Le catarrhe de muqueuse est le grand symptôme de Hydrastis. Catarrhe fait de sécrétions épaisses, visqueuses et filantes, jaunes ou jaune verdâtre, très adhérentes à la muqueuse qui les sécrète. Cette sécrétion est le résultat d'un engorgement de la glande avec un état de ralentissement circulatoire, de stase sanguine veineuse.

A la différence de Kali bichromicum, Hydrastis ne correspond pas à une inflammation douloureuse et ulcérative, mais correspond à une atteinte profonde et rapide de l'état général. Le malade est atteint de faiblesse profonde avec amaigrissement considérable; triste et maussade, mélancolique; pas d'appétit; aversion pour le travail mental.

En fonction des diverses localisations de l'atteinte glandulaire les symptômes de Hydrastis sont très nombreux:

—Paupières rouges et épaisses, agglutinées au réveil par des sécrétions jaunâtres et irritantes (blépharite et blépharo-conjonctivite);

—Nez bouché surtout dans une chambre chaude, sensation d'obstruction nasale avec mucosités adhérentes nasales et postérieures, rhino-pharyngées (rhinite et sinusites);

—Ecoulement de pus, visqueux et épais par les oreilles;

—Eczéma visqueux derrière les oreilles;

—Pharyngite chronique avec mucosités obligeant à racler constamment;

— Aphtes à répétition et stomatite avec sensation de muqueuse à vif et de brûlure; langue jaune, large et épaisse, flasque et étalée, gardant l'empreinte des dents;

— Toux pénible, toujours suivie d'une expectoration jaunâtre, visqueuse, de bronchite chronique;

—Leucorrhée abondante (surtout après les règles), irritante, jaunâtre, visqueuse et filante, gluante, avec démangeaisons vulvaires;

— Ecoulement urétral indolore, épais et jaune.

Au niveau de l'appareil digestif, les symptômes de Hydrastis sont les suivants: inappétence (avec intolérance du pain et des légumes) lenteur de la digestion, sensation de vide au creux de l’estomac avec défaillance (non améliorées en mangeant); douleurs aiguës et intermittentes dans la région du foie, irradiant aux épaules; foie augmenté de volume et sensible (par engorgement passif et insuffisance fonctionnelle); constipation sans aucun besoin, selles petites et dures, morcelées et peu colorées, recouvertes ou mélangées de mucosités épaisses.

Les éliminations catarrhales de Hydrastis au niveau de la peau sont jaunâtres, épaisses et visqueuses, et évoluent vers la formation de croûtes ou d’ulcérations brûlantes avec pus: eczémas chroniques, vieux ulcères douloureux. La peau est jaunâtre, terreuse, malsaine; les petites plaies suppurent longtemps.

Hydrastis peut être considéré comme l'équivalent végétal de Kali bichromicum l’ulcération très douloureuse en moins, l’atteinte profonde de l'état général en plus.

Dans la mesure où une inflammation chronique localisée, torpide fait le lit d'un cancer, son point de fixation, Hydrastis peut et doit être considéré comme l'un des meilleurs remèdes préventifs (connus) du Cancer.


HYOSCYAMUS

La Jusquiame noire, Hyoscyamus niger de la famille des Solanacées, encore appelée mort-aux-poules, herbe aux teignes, herbe aux engelures, Porcelet, fève à cochons (d'où son nom d'origine grecque) est une plante très toxique qui croît sur le bord des chemins et dans les décombres, qui est velue recouverte de poils laineux, épais, visqueuse au toucher et d'une odeur forte nauséeuse.

Ses propriétés hallucinatoires et anesthésiantes furent découvertes il y a bien longtemps aussi bien en Asie qu'en Afrique, et utilisées au cours des rites magiques puis comme anesthésique et antispasmodique, ou comme hypnotique et sédatif nerveux.

La Jusquiame noire, le Datura stramonium et la Belladonna appartiennent à la même famille botanique des solanacées toxiques mydriatiques (dilatant la pupille); ils ont une composition chimique voisine (les alcaloïdes principaux de la jusquiame sont l'hyosciamine et l'atropine — comme la Belladonna—et la scopolamine—alcaloïde principal avec l'hyosciamine du datura stramonium); et sont utilisées en Médecine classique de la même façon pour leurs propriétés analgésiques et antispasmodiques.

L'intoxication par la jusquiame provoque une congestion cérébrale aiguë aboutissant au coma après une phase d'agitation violente, de délire et de paralysies.

L'expérimentation pathogénétique réalise des troubles nerveux spasmodiques avec délire, hallucinations et manie érotique.

Les grands syndromes de Hyoscyamus sont:

— L'excitation psychique, l’agitation désordonnée et l'irritabilité coléreuse: tendance à mordre ou à battre, irritabilité querelleuse, méfiance et jalousie (délire de persécution ou délire de jalousie). En même temps, phobies diverses: peur d'être seul, d’être empoisonné, peur de l‘eau ( bruit de l'eau qui coule). Par ailleurs loquacité, bavardage sans fin; le malade parle beaucoup et d'une façon incohérente, avec des grimaces, des singeries, des pitreries. Son excitation est provoquée et entretenue par des hallucinations: il se croit entouré de rats ou de souris; il voit des choses ou des personnes qui n'existent pas.

— L'excitation motrice: secousses musculaires et tressaillements localisés surtout à la face (tics des paupières); sursauts brusques en dormant; spasmes au niveau du pharynx, en buvant mais aussi en entendant de l'eau couler, les liquides font fausse route: reviennent par le nez ou s'engagent dans le larynx; hoquet fréquent (surtout après les repas, ou la nuit en étant couché); toux nerveuse, sèche et épuisante, presque incessante la nuit dès que le malade est couché, améliorée lorsque le malade se redresse et est assis; enfin à un degré supérieur d'excitation motrice: convulsions avec congestion de la face, convulsions épileptiformes pendant le sommeil, après une peur, ou après avoir mangé.

— L'excitation sexuelle avec tendance caractéristique à l'exhibitionnisme: propos obscènes, excitation sexuelle, impulsion irrésistible à se montrer nu, à se tenir les parties génitales, ou à les exhiber; l’enfant se met nu pour jouer, l’adulte se fait condamner pour outrages à la pudeur.

Après cette phase d'excitation peuvent apparaître des manifestations de dépression psychomotrice: hébétude, état de stupeur avec confusion mentale (difficulté à trouver le mot propre en parlant, difficulté d'idéation, obnubilation intellectuelle); marmottements de propos incompréhensibles et confus; faiblesse des sphincters (de la vessie en particulier, avec écoulement involontaire d'urines).

Les symptômes les plus évocateurs de Hyoscyamus sont:

— Le délire loquace (moins furieux que celui de Stramonium); l’agitation physique incessante et désordonnée (incohérence de la parole et du geste); la peur de l'eau et l'intolérance au bruit de l'eau qui coule; les accès de rire nerveux ou de fou rire; la tendance à l'exhibitionnisme.

Hyoscyamus est le meilleur remède régulateur du comportement moteur utilisé pour exprimer les grandes émotions: la peur, la gaieté, l’érotisme.

Hyoscyamus est un remède de délire hallucinatoire observé dans l'alcoolisme, dans certaines maladies infectieuses graves, dans certains états maniaques.

Hyoscyamus est un bon remède de dérèglement psychomoteur des enfants en bas âge (fillette très excitée, ayant tendance aux rires nerveux, à jouer nue, cherchant à attirer l'attention par des grimaces ou des singeries, susceptible, jalouse et méchante).


HYPERICUM

Hypericum perforatum ou millepertuis, herbe de la Saint-Jean, herbe aux mille trous, chasse-diable, de la famille des Hypericacées, est une herbe vivace dont les feuilles contiennent de nombreuses poches sécrétrices à oléorésine visibles par transparence et qui ressemblent à de petits trous (d'où le nom de millepertuis).

Le millepertuis doit ses propriétés vulnéraires et antiseptiques à l'huile et au tanin qu'il renferme; en préparation huileuse c'est un remède populaire contre les coupures et les brûlures.

Son expérimentation pathogénétique reproduit un état caractéristique d'hypersensibilité à la douleur dans les affections surtout traumatiques des nerfs sensitifs.

L'hypersensibilité à la douleur est le grand symptôme évocateur de Hypericum. Après un traumatisme ou une irritation d'un tissu nerveux, le malade se plaint de douleurs aiguës, extrêmement vives, intolérables; lancinantes ou déchirantes. La douleur est localisée lorsqu'elle est provoquée par un traumatisme au niveau d'une région riche en filets nerveux; les doigts ou la main, les orteils ou la plante des pieds. La douleur irradie généralement de l'extrémité d'un membre vers les centres nerveux dans les traumatismes périphériques. Lorsque le traumatisme affecte les centres nerveux ou les troncs nerveux, elle est descendante, centrifuge.

Hypericum est le remède des douleurs intolérables par traumatisme des nerfs ou des centres nerveux; traumatisme par objets pointus, qu'il s'agisse de clous, épingles, éclats de bois ou d'aiguilles à injection médicamenteuse ou à ponction; traumatisme par objets coupants, qu'il s'agisse de plaies accidentelles ou de suites opératoires; traumatisme par contusion ou écrasement, traumatisme crânien ou médullaire.

Remède d'hyperesthésie d'un nerf ou du tissu nerveux après traumatisme, Hypericum n'est pas le remède des douleurs d'une plaie infectée (douleurs plus tardives avec rougeur inflammatoire au voisinage de la plaie). Les douleurs de Hypericum sont très précoces, très vives spontanément et au moindre toucher, et réellement intolérables (comme peuvent l'être les douleurs de membre fantôme après amputation).


IGNATIA

Strychnos ignatii ou Ignatia amara (dont on désigne les graines - du volume d'un gland de chêne - sous le nom de Fève de Saint-lgnace) est une plante grimpante de la famille des Loganiacées capable de s'élever jusqu'au sommet des plus grands arbres des îles Philippines ou du Sud-Vietnam. Elle fut décrite pour la première fois par un Jésuite (qui donna son nom aux camélias), le Père Camelli.

L'action physiologique et le tableau d'intoxication de la Fève de Saint-lgnace (encore appelée vomiquier amer, ou noix igasur) sont très proches de ceux de la noix vomique, strychnos nux vomica; les alcaloïdes sont les mêmes dans les deux graines, mais la fève de Saint-lgnace renferme trois fois plus de strychnine que la noix vomique. La fève de Saint-lgnace entre dans la composition des gouttes amères de Baumé, et sert à la préparation de la strychnine.

L'expérimentation pathogénétique de la fève de Saint-lgnace reproduit des manifestations neuro-psychiques carac­térisées par leur instabilité et un certain aspect paradoxal; manifestations d'un état d'hypersensibilité psychique et d'un état d'hyperréflectivité organique avec tendance aux spasmes.

Ces symptômes méritent d'être analysés:

— D'abord un état d'hypersensibilité émotionnelle. Emoti­vité exagérée; surtout après des chagrins, des contrariétés ou un surmenage nerveux. Avec tendance dépressive, mélancolie et tristesse, désir de solitude. Avec rumination des chagrins et des mêmes soucis. Avec angoisse qui empêche de parler, de s'exprimer clairement et qui crée un état de tension nerveuse excessive dont le malade cherche à se libérer de temps en temps par des soupirs involontaires et souvent inconscients, par de grandes respirations, profondes, par des bâillements ou par des pleurs.

— Ensuite un état d'instabilité d'humeur déroutant par ses manifestations imprévisibles, contradictoires et souvent paradoxales: réactions excessives pour une petite cause, ou légères pour une cause importante. Malade qui passe brusquement de la tristesse la plus grande, ou de l abattement à la joie la plus exubérante. Malade qui a tendance à exagérer certains soucis, à refouler et à ruminer certains problèmes réels ou dramatisés, et à entretenir sa tension nerveuse aux manifestations excessives et soudaines.

— Enfin des spasmes de localisations diverses, pouvant affecter n'importe quel organe ou appareil; très influencés par les émotions; très mobiles, superficiels et d'intensité souvent paradoxale; aggravés (comme l'émotivité et l'instabilité d'humeur) par les contrariétés et les soucis, les chagrins, mais aussi par la vie mondaine ou les excitants: le café, l’alcool, les odeurs violentes et surtout le tabac.

Suivant leur localisation, les spasmes de type Ignatia peuvent se traduire par:

— Une sensation de voile à la gorge, sensation de constric­tion pharyngée, sensation de corps étranger remontant le long de l’oesophage jusqu'au pharynx. Cette sensation de constric­tion spasmodique à la gorge est aggravée par la moindre émo­tion ou contrariété et est calmée par la déglutition (surtout d'aliments solides);

— Une sensation de vide ou de faim avec défaillance au creux de l'estomac (avec besoin de soupirer, de bâiller, ou de faire de grandes inspirations);

— Des douleurs gastriques après repas léger ou aliments sucrés (mais digestion normale de nourritures riches ou indigestes);

— Des nausées et des vomissements après absorption de liquide, mais bonne tolérance des aliments solides même lourds;

— Du hoquet et des éructations, calmés en mangeant;

— Des spasmes intestinaux superficiels, dans la région colique et iléocaecale.

— Une toux nerveuse, sèche et continuelle, qui semble ne devoir jamais finir (plus le malade tousse, plus il a envie de tousser), avec sensation de chatouillement à la gorge ou au larynx. Cette toux peut céder parfois par un effort de volonté;

— Des bâillements spasmodiques et violents; de longs soupirs; une tachycardie émotive; une diarrhée émotive; une insomnie émotive avec sursauts dans les membres, sommeil léger et agité...;

— Et enfin, une migraine temporo-pariétale avec sensation de clou enfoncé dans le côté de la tête, aggravée par le tabac ou l'odeur de tabac, et se terminant toujours par une émission abondante d'urine.


IODUM

L'iode est un métalloïde qui se présente sous l'aspect de paillettes micacées d'un noir bleuâtre émettant des vapeurs violettes à la température ordinaire. L'iode est très répandu dans la nature à l'état de combinaisons diverses, surtout dans les plantes marines: algues, varechs, fucus..

Son expérimentation pathogénétique reproduit une accélération considérable des oxydations avec amaigrissement et excitation du système nerveux central et du sympathique; et une inflammation indurée et hypertrophique des tissus glandulaires et ganglionnaires.

Les symptômes de lodum sont:

— Un état d'agitation remarquable. Constamment agité, le malade est incapable de rester en place; agitation constante et hâtive, affairée; mais aussi agitation anxieuse: malade toujours préoccupé et inquiet, surtout à jeun, lorsqu'il a faim. De plus malade susceptible et irritable, avec accès brusques de violence et impulsions soudaines à la brutalité.

— Une intolérance remarquable à la chaleur. Malade qui a toujours trop chaud; qui ne supporte ni d'être chaudement habillé, ni le séjour dans une pièce chaude; malade qui désire toujours de l'air frais et qui est amélioré en se lavant à l'eau froide.

— Un appétit vorace. Malade toujours affamé, jamais ras­sasié. L'anxiété et l'irritabilité du malade sont aggravées s'il ne mange pas lorsqu'il a faim.

— Et cependant amaigrissement progressif et considérable, bien que le malade mange souvent et beaucoup,

— Par ailleurs engorgement induré des ganglions et de certains organes glandulaires: thyroïde (avec évolution vers le goitre exophtalmique, ou maladie de Basedow), ovaires et seins, testicules, pancréas. Cette hypertrophie indurée des tissus se traduit par l'apparition de gros ganglions indurés, ou par l'apparition de nodosités dures dans le tissu glandulaire.

Iodum est le remède des malades affamés, agités, intolérants à la chaleur et qui maigrissent tout en mangeant bien parce qu'ils brûlent littéralement tout ce qu'ils absorbent comme nourriture. Iodum est le remède des maigreurs et amaigrissements avec appétit conservé, lorsqu'il existe une induration inflammatoire d'un organe glandulaire ou des ganglions lymphatiques et une augmentation considérable de la consommation d'oxygène par les cellules de l'organisme.


IPECA

Ipeca (abréviation de Ipecacuanha) ou Cephoelis ipecacuanha, de la famille des Rubiacées, est une plante avec une souche rampante qui émet de longues racines fibreuses, tortueuses, marquées de renflements circulaires séparés par de profonds étranglements; dont on extrait plusieurs principes actifs, des alcaloïdes dont le principal est l'émétine.

Cette plante, haute de 20 à 40 cm, est originaire du Brésil où elle croît dans toutes les provinces du littoral depuis l'Equateur jusqu'au Tropique du Capricorne, dans les forêts humides des vallées. On la cultive maintenant en Malaisie (notamment dans la région de Singapour), en Birmanie, au Bengale...

Au Brésil on connaît depuis longtemps les effets vomitifs de l'lpeca et son efficacité comme antidysentérique. L'lpeca est encore utilisé comme expectorant dans les affections pulmonaires congestives; comme vomitif; comme hémostatique dans les hémoptysies; comme excitant de la motricité gastrique à petites doses; enfin (avec l'émétine) comme antidysentérique.

A hautes doses, toxiques, l’lpeca provoque des nausées et vomissements et une irritation des voies respiratoires avec catarrhe bronchique; par excitation du nerf pneumogastrique.

L'expérimentation pathogénétique de l'lpeca reproduit un état nauséeux intense et une tendance aux hémorragies de sang rouge brillant, avec une irritation congestive et catarrhale des muqueuses respiratoires et digestives (innervées par le pneu­mogastrique).

Les symptômes de Ipeca sont:

— Des nausées constates et violentes, persistantes malgré les vomissements de glaires ou de mucosités; nausées épui­santes provoquant une sensation de faiblesse et de relâchement de l'estomac, une sensation de ptôse au creux épigastrique (sensation de descente de l'estomac). Cet état nauséeux s'accompagne d'hypersalivation; la langue est propre et humide; pas de soif; manque d'appétit;

—Une toux violente, et brusque, suffocante et spasmodique, avec respiration sifflante et gêne respiratoire (surtout à l'inspiration: coqueluche). Pas d'expectoration mais souvent de nombreux râles fins dans les poumons (asthme, congestion pulmonaire, bronchopneumonie). Avec souvent pâleur de la face, cyanose et sueurs froides pendant les quintes; et état nauséeux, ou tendance convulsive.

— Une diarrhée verdâtre soit liquide, fermentée et mous­seuse, soit glaireuse et visqueuse, dysentériforme et plus ou moins sanguinolente; avec douleurs tranchantes traversant l'abdomen de gauche à droite (le long du côlon transverse) ou douleurs à type de crampes autour de l'ombilic. Ni soif ni faim; la langue est propre, rosée et humide.

— Une tendance aux hémorragies de sang rouge vif et brillant, ayant peu de tendance à s'arrêter spontanément; avec nausées, pâleur de la face, oppression. Saignements de nez; crachement de sang provenant des voies respiratoires (hémoptysie) vomissement de sang, quelle que soit son origine; hémorragie utérine en dehors des règles ou pendant les règles (qui sont en avance et peu douloureuses). Les hémorragies sont liées à une congestion active des capillaires artériels d'une muqueuse, dont il importe de rechercher et de traiter la cause.

— Un état chronique de vagotonie caractérisé par une tendance syncopale et par des nausées violentes et persistantes, non améliorées par les vomissements. Avec pâleur de la face, et sensation de relâchement ou de détresse au creux de l'estomac.

Les indications de Ipeca sont nombreuses: respiratoires (asthme de l'enfant, coqueluche, congestion pulmonaire, pneumonie et broncho-pneumonie); digestives (diarrhée infantile après avoir mangé des fruits verts ou après avoir pris froid la nuit; diarrhée dysentériforme surtout chez les enfants); hémorragiques (pour arrêter l'hémorragie de sang rouge avant de traiter la cause); ou nerveuses (états nauséeux des vagotoniques: femmes enceintes, asthmatiques).

Ipeca est toujours un remède d'état aigu; soit très congestif (irritation congestive et catarrhale d'une muqueuse; ou congestion active des capillaires artériels avec tendance aux hémorragies de sang rouge vif); soit très spasmodique (excitation du nerf pneumogastrique qui provoque des spasmes dans le territoire pulmonaire ou au niveau du tube digestif).

Les complémentaires habituels de Ipeca sont: Cocculus et Tabacum dans les états nauséeux de vagotonie; China dans les suites de diarrhée ou d'hémorragies; Lobelia inflata, Arsenicum album et Cuprum dans les crises d'asthme, surtout infantile...


IRIS VERSICOLOR

Iris versicolor ou Iris hexagona, ou Iris bigarré, de la famille des Iridacées, est une herbe vivace dont on utilise le rhizome sec comme purgatif drastique et comme stimulant des sécrétions biliaire et pancréatique.

A doses toxiques, l’iris bigarré provoque une violente diarrhée et des vomissements par irritation de l'estomac et de l'intestin, et congestion du pancréas.

L'expérimentation de Iris versicolor reproduit chez l'homme sain des éruptions pustuleuses et vésiculeuses, une irritation brûlante de tout le tube digestif, des céphalées migraineuses et des douleurs sciatiques gauches.

Les symptômes essentiels de Iris versicolor sont:

—Digestifs: dyspepsie acide et vomissements. Tout le tube digestif est le siège d'une sensation de brûlure; brûlure intense de la bouche et de la langue (comme si elles avaient été échaudées); brûlure ou douleur à la pression dans la région du foie et du pancréas; vomissements très acides, brûlant la gorge et la bouche, vomissements de mucosités épaisses, visqueuses et filantes; diarrhée brûlante et excoriante, laissant une sensation de brûlure intense dans l'anus.

—Nerveux; céphalée migraineuse périodique avec troubles de la vue (éblouissement ou sensation de brouillard devant les yeux) et vomissements très acides (visqueux et filants; ou bilieux, très amers). Céphalée frontale et le plus souvent unilatérale. Souvent hebdomadaire: le jour du repos. Suivie d'une abondante émission d'urines.

—Douleur sciatique et éruptions vésiculo-pustuleuses ou croûteuses (brûlantes) ne sont évocatrices de Iris versicolor que dans un contexte de dyspepsie très acide, ou de migraine périodique bilieuse.

Iris versicolor est le meilleur remède homéopathique des affections aiguës du pancréas: douleurs localisées, nausées et vomissements (acides, amers) selles graisseuses ou huileuses.


KALI BICHROMICUM

Alors que l'anhydride (ou acide) chromique est un oxydant énergique (capable de donner des mélanges inflammables ou explosifs avec des substances comme l'alcool ou la glycérine) et donc un caustique énergique en solutions concentrées, le bichromate de potasse—qui se présente sous l'aspect de cristaux rouge-orange est un caustique plus léger mais capable encore de provoquer dans l'industrie des lésions considérées comme maladies professionnelles: ulcérations cutanées, ou muqueuses (stomatite ulcéreuse ou ulcérations nasales; lésions ulcéreuses des muqueuses digestives ou des muqueuses respiratoires). L'intoxication aiguë par absorption de bichromate de potasse (au-delà de deux centigrammes) provoque une néphrite souvent mortelle.

L'expérimentation pathogénétique du bichromate de potasse reproduit une inflammation violente et profonde avec tendance aux ulcérations et hypersécrétion de mucosités visqueuses et adhérentes, filantes.

Le symptôme essentiel de Kali bichromicum est la lésion muco-érosive douloureuse. Lésion inflammatoire chronique, ou évoluant de façon subaiguë. Lésion douloureuse: douleurs aiguës et lancinantes, bien localisées en petites zones (qu'un doigt pourrait recouvrir); mais douleurs erratiques pouvant changer de place très rapidement; et douleurs d'apparition et de disparition brusques. Lésion inflammatoire douloureuse évoluant vers l'érosion superficielle ou l’ulcération à bords réguliers, taillés à pic, comme à l'emporte-pièce. Lésion érosive ou ulcération toujours recouverte de mucosités visqueuses et filantes (s'étirant en longs filaments) ou de mucosités réalisant l'aspect d'une fausse membrane épaisse et fibrineuse; mucosités jaunâtres et adhérentes.

Au niveau du nez et des sinus: douleur et sensation de pression à la base du nez; avec écoulement de mucosités épaisses, jaunâtres ou verdâtres, adhérentes, visqueuses et filantes, évacuées difficilement par les narines, ou tombant dans l'arrière-gorge (obligeant le malade à «racler» pour les expulser). Rhinite ou sinusite (frontale ou maxillaire) douloureuse par tendance à l'érosion ou à l’ulcération de la muqueuse; l’expulsion bruyante de bouchons durs et verdâtres de consistance fibro-élastique en se mouchant laisse la muqueuse à vif avec sensation de douleur brûlante; l’ulcération de la muqueuse peut aller jusqu'à la perforation de la cloison nasale. La diminution (ou la perte) de l'odorat est fréquente.

Au niveau de la bouche et du pharynx: ulcérations de la muqueuse entourées d'une auréole rouge cuivré; ulcérations rondes et profondes, à bords nets, réguliers et à pic; tapissées de sécrétions fibrineuses épaisses et adhérentes, jaunâtres, pseudo-membraneuses. Au niveau du pharynx, parfois œdème de la luette, mais toujours mucosités adhérentes obligeant le malade à racler surtout le matin. La langue est habituellement rouge et sèche, luisante comme vernissée; ou bien couverte d'un enduit épais jaunâtre, surtout à la base. Parfois sensation d'un cheveu sur le voile du palais provoquant une toux irritante.

Au niveau des bronches et de la trachée: toux violente, rauque et métallique provoquant une douleur en arrière du sternum avec irradiation dans le dos; toux déchirante surtout à l'air froid, en se déshabillant ou dans la nuit vers 2 ou 3 heures du matin; toux calmée en étant couché, par la chaleur du lit; toux suivie d'expectoration de mucosités visqueuses et filantes (qui parfois pendent hors de la bouche en longs filaments).

Au niveau des yeux et des paupières rouges et enflées, agglutinées le matin par des sécrétions jaunâtres et visqueuses plus abondantes dans l'angle interne de l'œil. Ulcération de la cornée d'évolution lente et peu douloureuses. Blépharites, conjonctivites, kératites chroniques et ulcératives.

Au niveau de l'estomac: irritation inflammatoire de la muqueuse à tendance ulcérative (gastrite) avec douleurs brûlantes, nausées brusques pendant ou après les repas et vomissements très acides ou amers de mucosités visqueuses et filantes. Soif avec dégoût de l'eau mais désir de bière (qui est mal tolérée). Gastrite ou ulcère d'estomac; dyspepsie des buveurs de bière.

Au niveau du foie et de la vésicule biliaire: douleurs sourdes, lancinantes avec sensation de pesanteur, aggravées par le mouvement. cholécystite aiguë à tendance ulcérative; angiocholite.

Au niveau de l'intestin: diarrhée chronique, surtout le matin. Selles liquides et brunâtres, écumeuses, avec mucosités visqueuses et gélatineuses, avec besoins persistants. La langue est habituellement rouge et sèche, luisante comme vernissée.

Au niveau de l'oreille moyenne: écoulement muco-purulent s'étirant en longs filaments, avec souvent eczéma du conduit auditif externe.

Au niveau du rein et des voies urinaires: douleurs sourdes et lancinantes dans la région rénale avec urines peu abondantes et troubles, dépôt de mucus épais et visqueux; parfois présence d'albumine. Douleur dans l'urètre en urinant et après avoir uriné (avec sensation d'un peu d'urine restant dans l'urètre). Parfois en s'éveillant sensation de constriction violente et douloureuse à la racine de la verge, et méat collé par des sécrétions visqueuses et filantes.

Au niveau de l'utérus et du vagin: leucorrhée jaunâtre, visqueuse et filante, très irritante avec démangeaisons vulvaires brûlantes. Métrite et vulvo-vaginite aiguës.

Au niveau de la peau: toutes éruptions pustuleuses avec auréole rouge, sécrétion visqueuse et tendance ulcérative. Ulcérations à bords taillés à pic, profondes et tapissées d'une sécrétion visqueuse et adhérente.

Au niveau des os: périostite à tendance ulcérative, avec douleurs localisées en de petits endroits, souvent brûlantes ou lancinantes. Ostéites et ostéo-myélites; ostéo-arthrites et ostéo-chondrite. Otite moyenne chronique et mastoidite. Spondylarthrite et spondylite. Névralgie sciatique par lésion vertébrale. . .

Il est difficile d'énumérer toutes les indications de Kali bichromicum. Avec Mercurius solubilis et Hydrastis qui sont ses complémentaires fréquents sinon habituels, avec des modalités nullement contradictoires, Kali bichromicum est de ces remèdes auxquels il faut penser en de nombreuses circonstances: toutes lésions muco-érosives et purulentes (sinusites évidentes aussi bien que lésions viscérales profondes, salpingites ou métrites douloureuses, colites; ou lésions osseuses...), mais aussi les aphtes et l'herpès, les toux douloureuses et traînantes de trachéite ou de laryngite, les lésions muco-purulentes des voies biliaires ou des voies urinaires. ..


KALI BROMATUM

Le bromure de potassium est un sédatif puissant du système nerveux utilisé en Médecine classique contre l'éréthisme: épilepsie surtout, comme antispasmodique contre le tétanos ou la chorée, l’hystérie, le laryngospasme, l’asthme, la coqueluche mais aussi les vomissements incoercibles de la grossesse. Enfin en association avec le chloral, le bromure de potassium est un hypnotique efficace utilisé dans les insomnies nerveuses.

L'intoxication aiguë par le bromure de potassium provoque un état d'excitation et d'irritabilité avec brûlures d'estomac, démarche titubante et parole hésitante comme par ivresse, puis des troubles neurologiques: diminution des réflexes et diminution de la sensibilité superficielle de la peau, de la cornée, de la muqueuse pharyngée.

L'intoxication chronique, bromisme chronique, provoque des troubles digestifs, un catarrhe bronchique avec toux quinteuse, des éruptions cutanées semblables à de l'acné, des troubles psychiques à type d'agitation avec hallucinations ou à type d'asthénie avec troubles de la démarche et de l'équilibre.

L'expérimentation du bromure de potassium reproduit un état dépressif du système nerveux central avec d'une part une baisse des facultés intellectuelles et d'autre part une agitation des extrémités avec diminution des réflexes sensoriels et moteurs, et diminution de la sensibilité des muqueuses (à la douleur notamment) .

Les symptômes de Kali bromatum sont:

— L'agitation physique des extrémités. Enfant (le plus souvent) incapable de rester immobile, tranquille, agitation incessante des mains par malaise cinesthésique; inquiétudes dans les mains et dans les pieds, les mollets. Malade qui ne peut s'empêcher de remuer les doigts, de tapoter de la main sur la table. sur les bras de son fauteuil tout en parlant, ou de manipuler sans fin quelque objet.

— Les terreurs nocturnes. Cauchemars avec cris ou gémissements; enfants qui grincent des dents pendant le sommeil; réveil apeuré avec difficulté de consolation, d'apaisement. Somnambulisme. Kali bromatum est le remède de l'agitation constante (aussi bien le jour que la nuit) des enfants nerveux et des adultes surmenés ou soucieux (difficultés professionnelles, pertes d'argent...).

—Les troubles de la mémoire et de la parole. Emploie un mot pour un autre; oublie des mots dans une phrase, des syllabes dans un mot. Parole lente et difficile, bégaiement.

—Des troubles de la sensibilité. Diminution de la sensibilité de muqueuses surtout vésicale (incontinence d'urines des enfants la nuit), pharyngée, génitale (insensibilité et absence de jouissance au coït).

—Une diminution des réflexes moteurs avec faiblesse des muscles extenseurs surtout des jambes et des pieds. Démarche incertaine, vacillante par incoordination des mouvements et diminution de l'excitabilité réflexe.

—Parfois au contraire, à un stade différent de la maladie: spasmes et convulsions (par frayeur ou forte émotion chez les malades habituellement agités, de jour comme de nuit). Crises d'épilepsie, surtout à la nouvelle lune. Hoquet persistant. Et toujours l'agitation périphérique et le sommeil agité (avec peurs nocturnes) caractéristiques du remède.

— Enfin l'acné rosacée (couperose) ou pustuleuse (papulopustuleuse) de l'adolescent à la peau grasse, séborrhéique. Acné surtout localisée à la poitrine, aux épaules et au dos, et à la face. Acné indurée et violacée, livide, chez les personnes grasses.

Les bonnes indications de Kali bromatum sont les troubles de la scolarité des enfants toujours en mouvement; les terreurs nocturnes des enfants; l’incontinence nocturne d'urines des enfants agités; le somnambulisme; certaines formes d'épilepsie, dite essentielle; l’acné des enfants gras, en période de puberté; enfin bégaiement des enfants hyperagités, à la parole trop rapide.


KALI CARBONICUM

Le carbonate de potasse (ou sous-carbonate de potasse à ne pas confondre avec le bicarbonate de potasse ou carbonate mono-potassique) est une poudre blanche caustique et déliquescente qu'on trouve dans les cendres de presque tous les végétaux. Il est utilisé en médecine classique comme antiprurigineux.

L'expérimentation pathogénétique du carbonate dipotassique reproduit un ralentissement des oxydations cellulaires avec encombrement de l'organisme par le gaz carbonique, et des troubles importants du métabolisme du potassium, du carbone et de l'eau créant un état d'atonie généralisée et une infiltration œdémateuse des tissus.

Les symptômes de Kali carbonicum sont:

— Un état d'épuisement profond caractérisé par une remarquable fatigabilité au moindre effort. Malade incapable de travailler; par faiblesse des muscles locomoteurs qui l'oblige à s'asseoir penché en avant; faiblesse mais aussi douleur des muscles de la région dorso-lombaire. Faiblesse des jambes qui semblent se dérober sous le poids du malade.

—Une attitude caractéristique du malade: assis, le corps penché en avant et souvent les coudes sur les genoux. Vite fatigué et vite essoufflé au moindre effort, le malade retrouve très vite cette attitude de repos, dans l'immobilité.

—Un aspect général évocateur: malade pale, d'une pâleur d'anémie plus ou moins accentuée, plus ou moins réelle; malade bouffi par infiltration œdémateuse des tissus; malade à la peau et aux tissus relâchés, par flaccidité du tissu conjonctif et des muscles; aspect de fausse obésité.

— Une distension considérable de l'abdomen. Immédiatement après le repas ballonnement surtout au niveau de l'estomac. Flatulence diffuse, tous les aliments solides ou liquides semblent se transformer en gaz. Douleurs gastriques qui irradient au dos et sont calmées par des frictions ou le corps penché en avant. Sensation comme si l'estomac était plein d'eau. Douleurs intestinales lancinantes surtout au caecum; dans l'hypochondre gauche. Atonie digestive avec tendance à la constipation (grosses selles dures); par lenteur de la digestion et lenteur du transit gastro-intestinal. Hémorroïdes procidentes (externes), volumineuses, douloureuses (douleurs lancinantes et piquantes comme par des coups de canif, aggravées en toussant, calmées par des applications froides), très sensibles au toucher, avec tendance au saignement.

— Un essoufflement rapide à l'effort. Dyspnée au moindre effort ou mouvement. Ou crise de dyspnée la nuit de 2 h à 4 h du matin, obligeant le malade à s'asseoir dans son lit, très penché en avant, les coudes appuyés sur les genoux, immobile. Asthme bronchique ou asthme cardiaque.

— Une expectoration particulière. Crachats globuleux, difficiles à expulser; faits de petites boules rondes et grises, visqueuses, projetées brusquement hors de la bouche lors d'accès de toux sèche et suffocante; amas grisâtres de mucosités agglomérées comme des grains de tapioca. Souvent douleurs thoraciques aiguës et lancinantes, piquantes et élançantes à la base du poumon droit.

—Un état d'atonie musculaire qui intéresse non seulement le système locomoteur, la musculature bronchique ou gastro-intestinale, mais aussi le myocarde. Pouls rapide et mou, avec tendance aux intermittences. Dyspnée la nuit avec attitude caractéristique. Œdèmes prédominants aux chevilles et aux paupières.

Les modalités d'aggravation de Kali carbonicum sont:

—Pour les troubles digestifs: après les repas.

—Pour la fatigabilité anormale: après un exercice physique ou après un rapport sexuel.

—Pour la gêne respiratoire: la nuit vers 2 h. ou 3 h. du matin. La grande modalité d'amélioration du remède est la position assise en étant penché en avant avec les coudes sur les genoux.

Parmi les indications de Kali carbonicum citons: les états d'insuffisance respiratoire par ralentissement des échanges gazeux au niveau des poumons; augmentation du gaz carbonique dissous dans le plasma sanguin (insuffisance de la ventilation pulmonaire) et diminution de la quantité d'oxygène distribué aux tissus (qui ne suffit plus aux besoins de l’organisme). Kali carbonicum n'est un remède d'asthme que dans la mesure où la crise d'asthme s'accompagne d'une hypooxygénation des tissus, mais Kali carbonicum est un bon remède des états d'anoxie avec œdèmes et défaillance du myocarde (par hypokaliémie) de l'asthme cardiaque.

Les états d'insuffisance digestive caractérisée par une flatulence énorme résultant de deux mécanismes associés: une surproduction de gaz à la moindre absorption de nourriture et une insuffisance de la résorption (sanguine) et de l'élimination (par ralentissement du transit gastro-intestinal) de ces gaz.

Les états de relâchement du tissu conjonctif avec infiltration œdémateuse des tissus: faux obèses, bouffis, au thorax dilaté (par insuffisance respiratoire), à l'abdomen distendu (par fermentations et atonie), aux hémorroïdes procidentes et très sensibles au toucher, aux membres inférieurs déformés et épaissis par une infiltration spongieuse diffuse, de teinte blanchâtre, prédominant au niveau des jambes et des chevilles, aux veines apparentes et dilatées.

Les états d’insuffisance surrénale avec troubles du métabolisme du potassium (hypokaliémie): faiblesse musculaire générale, faiblesse du myocarde (tachycardie; modifications caractéristiques de l'électrocardiogramme), faiblesse des muscles respiratoires (avec essoufflement rapide), faiblesse de la musculature gastro-intestinale (à l'extrême: occlusion intestinale paralytique).


KALI IODATUM

L'iodure de potassium est un vasodilatateur et un modificateur des sécrétions utilisé en Médecine classique comme hypotenseur et expectorant.

Son expérimentation pathogénétique reproduit une inflammation catarrhale des muqueuses (surtout respiratoires et oculaires) et une inflammation lente du périoste et des os.

Les symptômes de Kali Iodatum sont:

— Un coryza aigu avec écoulement abondant, aqueux, brûlant et irritant; accompagné de larmoiement (les yeux sont larmoyants et brûlants) et de douleurs constrictives à la racine du nez, ou de douleurs au niveau des sinus frontaux.

—Une inflammation des muqueuses respiratoires, surtout la nuit de 2 à 5 heures; réveil avec toux et sensation de suffocation laryngée (enrouement et sensation de muqueuse laryngée à vif; asthme laryngé); ou réveil par une toux violente bronchique avec douleurs élançantes à travers les poumons, oppression et expectoration fluide et écumeuse comme de l'eau de savon, verdâtre et de goût salé (asthme bronchique, emphysème, œdème du poumon).

—Une conjonctivite aiguë à tendance ulcérative: les yeux sont rouges avec infection de la cornée, larmoyants et brûlants; le larmoiement est irritant et abondant. Tendance œdémateuse et ulcérative avec sécrétions verdâtres et épaisses.

—Des douleurs inflammatoires ou rhumatismales au niveau des os (surtout des tibias) et du périoste (qui est épaissi), avec souvent réaction œdémateuse de la synoviale (hydarthrose). Inflammation ostéo-périostée toujours lente, subaiguë ou chronique; aggravée la nuit (de 2 à 5 heures du matin) et par temps humide et chaud; améliorée par le mouvement et en plein air (modalité caractéristique de l'élément iode du remède).

A la différence de Kali bichromicum et de Kali muriaticum qui sont des remèdes d'inflammation microbienne muqueuse ou muco-purulente, Kali iodatum est avant tout un remède d'inflammation exsudative séreuse de nature allergique des muqueuses respiratoires: rhinite allergique, asthme laryngé à tendance œdémateuse, asthme bronchique avec expectoration fluide et écumeuse comme de l'eau de savon.

La grande indication courante de Kali iodatum est la crise d'asthme nocturne associé à un coryza spasmodique marqué par un aspect œdématié et pâle de la muqueuse nasale avec écoulement aqueux très abondant. Kali iodatum est au coryza allergique ce que Kali muriaticum est au coryza infectieux mucopurulent.

Kali iodatum est encore le remède de certaines douleurs frontales nocturnes à horaire fixe (vers 2 ou 3 heures du matin), souvent interprétées comme une migraine alors qu'elles relèvent davantage d'une inflammation osseuse ou ostéo-périostée d'un sinus maxillaire que d'un trouble vaso­moteur, d'une céphalée vasculaire.

Une bonne indication de Kali iodatum enfin est l'épanchement chronique d'un liquide séreux dans une cavité articulaire, comme l'hydarthrose du genou lorsqu'elle est entretenue par une inflammation ostéo-périostée des surfaces articulaires.


KALI MURIATICUM

Le chlorure de potassium encore appelé sel digestif est un diurétique qui favorise l'élimination du chlorure de sodium dans certains cas de néphrite hydropigène.

L'expérimentation pathogénétique du chlorure de potassium reproduit une inflammation subaiguë des muqueuses avec production de sécrétions blanchâtres, laiteuses, épaisses et visqueuses, fibrineuses revêtant parfois l'aspect de fausses membranes (ou de croûtes nasales).

Le catarrhe des muqueuses est le grand symptôme de Kali muriaticum: mucosités blanchâtres, adhérentes, visqueuses ou fibrineuses du banal rhume de cerveau mais aussi de la trompe d'Eustache et de l'oreille interne; de la cavité buccale (langue chargée à la base d'un enduit blanc grisâtre) ou du pharynx (mucosités ou fausses membranes adhérentes, difficiles à expulser, obligeant à racler souvent); de l'estomac (indigestion par aliments gras ou trop riches, avec des éructations, régurgitations et vomissements visqueux épais et blanchâtres d'une gastrite catarrhale); des bronches (toux bruyante et violente suivie du rejet difficile de mucosités laiteuses, blanchâtres, visqueuses et épaisses); de l'utérus leucorrhée épaisse et blanche comme du lait, visqueuse, non irritante) .

Kali muriaticum est un grand remède ORL; le remède des affections du nez, de la gorge et des oreilles lorsque l'inflammation catarrhale à point de départ nasal gagne la trompe d'Eustache (et le pharynx). Lorsque le malade se mouche, baisse de l'audition et bruits d'éclatement ou de craquement dans les oreilles, le malade se plaint d'être sourd ou d'éprouver une impression de résonance dans l'oreille.

Kali muriaticum est le remède des coryza qui évoluent vers une inflammation catarrhale de la trompe d'Eustache et de l'oreille interne; le remède des passagers d'avion ou des plongeurs sous-marins qui souffrent d'otite baro-traumatique à partir d'un rhume de cerveau; ou le remède de malades enrhumés qui commencent à tousser d'une toux spasmodique, violente, avec expectoration blanchâtre et visqueuse.


KALI PHOSPHORICUM

Le phosphate de potassium (dipotassique) est utilisé en Médecine classique comme reminéralisant et comme tonique du système nerveux.

Son expérimentation pathogénétique reproduit un état de dépression physique et mentale avec anxiété, irritabilité et épuisement nerveux aggravé par les rapports sexuels.

Les symptômes de Kali phosphoricum sont:

—L'épuisement cérébral: sensation de vide cérébral avec fatigabilité intellectuelle rapide et baisse de la mémoire. Malade qui n'aime ni parler, ni participer à une conversation; qui oublie des mots ou des lettres en écrivant; qui désire la solitude.

— Anxiété constante avec appréhensions sans motif; angoisse sans lendemain, faux pressentiments. Malade triste et découragé, qui pleure en parlant de son état; perte de confiance en soi; indécision, manque de volonté.

—Hypersensibilité: au bruit, au toucher, à la douleur qui provoquent une certaine irritabilité. Cette hypersensibilité provoque des sursauts au moindre bruit, des tressaillements au contact, au moindre toucher. Agitation nerveuse des pieds; ou engourdissements, tremblements des mains et des pieds.

— Peurs indéterminées; ou peur de la foule, de la solitude; terreurs nocturnes chez les enfants surmenés, sommeil agité avec parole ou cris.

—Maux de tête (des étudiants); céphalée surtout occipitale comme s'il y avait un poids lourd sur la nuque, avec troubles de la vue (troubles de l'accommodation par fatigue oculaire); maux de tête surtout le matin au réveil, aggravés par les secousses, améliorés en marchant lentement au grand air, ou en mangeant.

— Faim excessive; fringale avant de manger et aussitôt après avoir mangé, avec sensation de vide au creux de l'estomac. A noter l'aspect de la langue, qui est extrêmement sèche le matin, et recouverte d'un enduit brunâtre comme de la moutarde.

— Excitation sexuelle avec rêves lascifs; désir sexuel augmenté avec érection violente et durable, sans appétit sexuel le matin au réveil, priapisme; après le coït, prostration complète et faiblesse de la vue; le coït provoque toujours une fatigue intense, avec faiblesse des jambes (surtout au niveau des genoux), et souvent sensation d'engourdissement ou agitation nerveuse des pieds.

Les symptômes de Kali phosphoricum sont toujours provo­qués ou aggravés par les efforts intellectuels (ou physiques) prolongés; et toujours aggravés par les rapports sexuels. Cette modalité d'aggravation par le coït est si nette qu'elle suffit pour orienter le traitement d'un état psychasthénique vers Kali phosphoricum.


KALMIA

Kalmia latifolia ou Kalmia à feuilles larges, Laurier des montagnes, est une plante de la famille des Ericacées, originaire de la Caroline et de la Virginie où elle est commune.

L'expérimentation du laurier des montagnes reproduit des douleurs névralgiques et des douleurs rhumatismales, et des éruptions de type vésiculeux, herpétique.

Les caractéristiques de la douleur névralgique sont:

—D'être aiguë en éclair, fulgurante;

—De changer de place brusquement;

— De se déplacer de haut en bas, du centre à la périphérie, du tronc vers l'extrémité de la région affectée.

Cette douleur est aggravée par le mouvement. Est accompagnée ou suivie d'engourdissement ou d'une sensation de grande faiblesse de la région affectée.

Kalmia est le remède des douleurs névralgiques fulgurantes, surtout faciales et intercostales mais aussi cervico-bracchiales ou sciatiques; Kalmia est le grand remède des névralgies du zona.

Mais Kalmia est encore le remède de certaines douleurs cardiaques, aiguës et élançantes, irradiant à l'épaule gauche; avec sensation de fourmillements du bras gauche; ralentissement du pouls (pouls lent et faible) et palpitations aggravées en étant couché sur le côté gauche. Douleur d'angine de poitrine ou douleur chez un malade atteint de lésion valvulaire rhumatismale. Penser à Kalmia lorsqu'un malade se plaint de «point au cœur» (surtout s'il est rhumatisant) ou se plaint de «sentir son cœur» et d'avoir des douleurs avec sensation d'engourdissements dans le bras gauche. Mais ne pas oublier que Kalmia n'est pas un remède de troubles cardio-vasculaires ou circulatoires, mais un remède de douleurs névralgiques.


LACHESIS

Le Lachesis trigonocéphalus est un serpent venimeux de l'espèce des vipéridés. Sa morsure provoque d'abord une courte période d'excitation convulsante du système nerveux, puis rapidement un ralentissement de la respiration avec hémolyse et augmentation de la coagulabilité sanguine, puis paralysie générale progressive, ralentissement du pouls et syncope mortelle.

L'expérimentation pathogénétique du venin de Lachesis trigonocéphale provoque un état d'excitation et de congestion cérébrale et bulbaire, avec troubles de la coagulation sanguine et tendance aux hémorragies d'une part, et lésions inflammatoires cutanées ou muqueuses à tendance ulcéro-nécrotique et hémorragique, d'autre part.

Les symptômes de Lachesis sont:

— Un état d'excitation cérébrale caractérisé par une loquacité extraordinaire. Malade (le plus souvent une femme en période de ménopause) qui ne peut s'empêcher de parler tout le temps; et de parler avec précipitation et animation, en sautant d'une idée à une autre. Loquacité débordante surtout le soir, tenant le malade éveillé pendant longtemps.

— Des alternances d'agitation bavarde (surtout le soi r) et de dépression silencieuse le matin; avec jalousie sans raison; méfiance et attitude soupçonneuse même à l'égard des amis (croit que les conversations de l'entourage sont dirigées contre elle); idées de persécution; croit avoir commis des actes répréhensibles et s'en accuse constamment; parfois manie religieuse: entend des voix ou s'imagine être sous l'influence d'une force supérieure.

— Un sommeil agité avec rêves de mort; rêve de sa propre mort ou de la mort des siens. Le matin au réveil, triste et mélancolique; tremblement des mains par faiblesse; malade toujours plus mal après avoir dormi.

— Une intolérance au contact des vêtements à la taille et au cou; intolérance à tout ce qui peut serrer la taille ou le cou: ceinture et collier.

— Des bouffées de chaleur à la face, qui est congestionnée, d'un rouge pourpre ou violacé. afflux de sang à la tête à la ménopause (avant les règles, ou en cas d'absence ou de retard des règles) mais aussi après un travail mental au soleil, par la chaleur sous toutes ses formes. Bouffées de chaleur améliorées en plein air, par l'air frais, pendant les règles.

— Des altérations sanguines avec tendance aux hémorra­gies de sang noir coagulé; tendance au purpura, aux taches ecchymotiques (spontanées ou au moindre contact).

- des lésions inflammatoires de la peau remarquables par leur aspect cyanotique, d'un bleu pourpre ou noirâtre; leur grande sensibilité au contact, au toucher; l’infiltration profonde des tissus; leur tendance ulcérative et nécrosante; leur tendance à produire des sécrétions fétides et sanguinolentes, sanieuses. Ulcères saignant facilement, aux bords bleuâtres et livides; tumeurs cancéreuses; plaies gangreneuses; escarres; ulcères variqueux; anthrax; érysipèle; plaies hémorragiques ou lésions par piqûres ou morsures d'animaux venimeux, évoluant vers l’ulcère à bords livides, presque noirs.

- des spasmes cardiaques ou respiratoires. Crises d'oppression et de suffocation brusque en s'endormant ou après avoir dormi, avec intolérance à la pression ou au moindre contact (des draps, des vêtements) au cou et à la poitrine; le malade rejette brusquement tout loin de lu i en réclamant de l'air. Besoin d'air, besoin d'être éventé, besoin de faire souvent des respirations profondes. Douleurs cardiaques ou palpitations, avec angoisse, et souvent sensation d'augmentation de volume du coeur. Tendance syncopale par faiblesse du myocarde. Aggravation par la chaleur; en étant couché sur le côté gauche; en s'endormant; par des vêtements serrés à la poitrine ou au cou .

Lachesis est surtout le remède des troubles vaso-moteurs (bouffées de chaleur) de la ménopause, avec manifestations neuro-psychiatriques, hyperesthésie cutanée et tendance aux ecchymoses provoquées ou spontanées.

Mais c'est aussi un remède de psychoses diverses, (alcoolique notamment) d'hypertension artérielle, et d'infections graves à tendance ulcérative et hémorragique.


LAPIS ALBUS

Lapis albus est un silico-fluorure de calcium dont l'expérimentation provoque une hypertrophie indurée de certaines glandes (thyroïde, reins, utérus) et des ganglions lymphatiques.

Lapis albus est un bon remède des nodules adénomateux indurés des seins (douloureux en période d'ovulation et à l'approche des règles) et un bon remède des utérus fibromateux (très durs et augmentés de volume). D'un traitement à l'autre, les adénomes et fibromes diminuent nettement de dureté et progressivement de volume.

Complémentaires habituels: Calcarea fluorica et souvent Sanguinaria nitrica.


LATRODECTUS

Latrodectus mactans ou latrodectus formidabilis, de la famille des Thérididées, est une araignée d'assez grande taille, à gros abdomen globuleux; qui habite les régions chaudes d'Amérique et dont la morsure est venimeuse (Latrodectus mactans est plus connu - dans les romans policiers- sous le nom de «veuve noire)

La morsure de l'Araignée d'Amérique provoque une dépression cardiaque avec troubles de la coagulation sanguine.

Les symptômes de Latrodectus mactans sont:

— Une douleur cardiaque ou précordiale violente, constric­tive (comme une douleur d'angine de poitrine), avec irradiations à l'aisselle gauche, à l’épaule et au bras; avec sensation d'engourdissement du bras et de la main. Avec angoisse vive, peur de mourir, sensation de mort prochaine. Latrodectus est un remède de base des crises d'angor, de l'angine de poitrine.

— Une sensation de défaillance (par dépression du myo­carde) avec froideur du corps (la peau est froide comme du marbre), pouls faible et filiforme, crise de suffocation avec peur de ne pouvoir reprendre sa respiration.

Latrodectus n'est pas un remède cardiaque congestif comme Aurum metallicum ou Aconitum; ni un remède de troubles du rythme cardiaque comme Naja; ni un remède de douleurs névralgiques pures comme Spigelia ou Kalmia.

Latrodectus est le remède des crises douloureuses constrictives violentes de la région précordiale par un spasme des artères nourricières du coeur, des artères coronaires avec excitabilité réflexe des plexus nerveux cardiaques.


LAUROCERASUS

Le laurier-cerise ou laurier-amande, Prunus laurocerasus, de la famille des Rosacées-Amygdalées, est un arbrisseau toujours vert, de 5 à 8 mètres de hauteur, aux fleurs blanches en grappe, aux feuilles persistantes, épaisses et d'un beau vert, aux fruits ovales et pointus, noirâtres à la maturité.

Originaire des bords de la mer Noire, cet arbre est bien adapté aux régions méridionales. Ses feuilles et ses fleurs contiennent de l'acide cyanhydrique et u ne essence aromatique analogue à l'essence d'amandes amères.

Dangereux, le laurier-cerise est utilisé (sous forme d'eau distillée de laurier-cerise) comme antispasmodique et sédatif de la toux d'irritation. Lorsqu'on emploie les feuilles de laurier-cerise pour parfumer les crèmes, ne pas oublier que l'huile essentielle est un poison qui par hydrolyse dégage de l'acide cyanhydrique dont les effets toxiques sont des troubles cérébraux (congestion cérébrale), une gêne respiratoire, une dépression du myocarde et enfin des phénomènes convulsifs et asphyxiques précédant la mort.

L'expérimentation du Laurier-cerise reproduit des spasmes surtout localisés au niveau de l'oesophage et de l'appareil respiratoire avec faiblesse cardiaque.

Les symptômes de Laurocerasus sont:

— Des contractions spasmodiques de la gorge et de l'oesophage. Déglutition bruyante des liquides au niveau de l'oesophage, et gargouillements à l'estomac et dans les intestins. Nausées à la chaleur d'un fourneau. Bâillements spasmodiques; ou trismus.

— Des spasmes respiratoires. Accès de suffocation ou d'oppression à l'effort; ou en étant couché; en passant de la position couchée à la position assise; oppression améliorée en se recouchant la tête basse. Toux spasmodique incessante aboutissant parfois à une expectoration comme de la gelée, avec de petits filets de sang. Respiration superficielle et haletante. Souvent cyanose des extrémités et de la face. Amélioration caractéristique des troubles respiratoires en étant couché la tête basse.

— Des troubles cardiaques par faiblesse du myocarde. Le pouls est lent et faible, petit, irrégulier. Le malade porte constamment la main à son coeur. Gêne respiratoire ou suffocation au moindre effort ou en étant assis; amélioration en étant couché. Cyanose des extrémités (mains et pieds) et de la face, coloration bleuâtre des ongles des doigts. Corps froid. Veines du dos des mains distendues. Parfois déformation des doigts en baguette de tambour: élargissement de la dernière phalange et bombement de l'ongle qui est violacé (insuffisance cardio-vasculaire ou cardio-respiratoire chronique). Anxiété avec peur de mourir subitement, et besoin de soutenir le coeur avec la main. Parfois défaillances soudaines et prolongées.

— Parfois enfin des secousses spasmodiques par tout le corps. Ou des tressaillements des muscles de la face.

Laurocerasus est le remède des malades cardiaques qui ne réagissent pas. Ni le traitement ni le repos ne permettent au malade de reprendre ses forces, de surmonter sa maladie (asthme cardiaque; insuffisance mitrale; collapsus cardiaque ou apoplexie; cyanose ou asphyxie des cardiaques, et des nouveaux-nés. ..) .


LEDUM

Le Ledum palustre ou ledon des marais ou romarin sauvage est un arbuste de la famille des Ericacées, de la famille des bruyères comme le Kalmia latifolia; ne pas le confondre avec le romarin officinal (ou Rosmarinus officinalis qui est une Labiée de composition chimique très différente). C'est un arbuste toujours vert qui habite les marais du nord de l'Europe, de l'Amérique et de l'Asie, dans des régions froides et humides. Ses feuilles ont une forte odeur aromatique qui éloigne les insectes et les animaux. On en extrait une résine (qu'on appelle le camphre de Lédon) qui se concrète en masse, qui est riche en acides organiques, et qu'on utilise comme amer et astringent.

L'expérimentation du ledon des marais reproduit une inflammation aiguë (ou chronique) des articulations avec tendance aux ecchymoses et même aux hémorragies par diminution de la tonicité des capillaires.

Les symptômes de Ledum sont:

— Les douleurs articulaires ou péri-articulaires qui ont pour caractéristique essentielle de changer de place brusquement, de sauter rapidement d'une articulation à une autre (affectant surtout les petites articulations: chevilles et pieds, genoux, poignets ou mains), et d'avoir une évolution ascendante (les pieds d'abord, par exemple; puis les genoux ou les bras; ou le poignet puis l'épaule). Ces douleurs peuvent être déchirantes ou lancinantes. L'articulation est gonflée et pâle; rarement marbrée ou violacée; avec sensation de chaleur locale (mais sans rougeur). La douleur rhumatismale de Ledum est toujours aggravée par la chaleur du lit ou des vêtements; et améliorée par le froid: bain froid, ou bain de pieds dans l'eau froide, ce qui est une modalité assez remarquable pour une douleur rhumatismale. Autre modalité à souligner: l’extension du rhumatisme ne s'effectue pas seulement le long des membres (de bas en haut) mais souvent aussi en diagonale: hanche droite puis épaule gauche par exemple.

— La tendance aux hémorragies de sang rouge brillant ou aux ecchymoses (après traumatisme) par altération des capil­laires. Ledum ne provoque pas de suffusions sanguines, d'ecchymoses spontanées comme Arnica, mais favorise l'apparition d'ecchymoses après traumatismes: piqûres d/insectes. plaies par instruments piquants, ou contusions. Les ecchymoses sont d'abord rouges bleuâtres puis verdâtres et toujours longues à disparaître. Ledum est avec Arnica le grand remède de «l’oeil au beurre noir» c'est-à-dire des ecchymoses des paupières et des conjonctives; le remède aussi des hémorragies oculaires.

- l’élimination par les urines de sable rouge en grande quantité (des urates) lorsque les douleurs rhumatismales disparaissent.

Ledum est le remède de lésions œdémateuses qui ont une évolution extensive de bas en haut, vers la racine du membre qu'il s'agisse de lésions douloureuses rhumatismales, ou d'oedème toxi-infectieux et hémorragique par piqûre venimeuse d'insectes, de serpents ou de poissons.

Ledum est le remède essentiel de la crise de goutte et de certaines formes de rhumatisme articulaire. Et un remède important des ecchymoses traumatiques.


LEMNA MINOR

Lemna minor ou lentille d'eau, de la famille des Lemnacées, est une plante aquatique à feuilles lenticulaires, flottantes à la surface de l'eau en formant des nappes vertes.

Son expérimentation reproduit un coryza chronique, atrophique (ozène). Ou une rhinite avec polypes du nez.

Complémentaires indispensables (au stade encore réversible de la maladie): Hepar sulfur, Sanguinaria nitrica...


LITHIUM CARBONICUM

Le carbonate de lithium est une poudre blanche cristalline plus soluble dans l'eau gazeuse que dans l'eau; utilisée en Médecine classique en préparations effervescentes contre la goutte et la lithiase urinaire ou biliaire.

L'expérimentation du carbonate de lithium reproduit des douleurs rhumatismales chroniques localisées aux petites articulations, avec troubles cardiaques et troubles oculaires.

Les symptômes de Lithium carbonicum sont:

— Les manifestations d'un excès d'acide urique dans le sang. Urines rouges et troubles, à sédiment rouge brun; précipi­tation d'urates dans les tissus, et surtout dans les articulations.

— Les douleurs articulaires chroniques: rougeur des petites articulations et douleurs aiguës, lancinantes, intermittentes, surtout la nuit, améliorées par le mouvement prolongé et surtout par une diurèse abondante. Localisations habituelles: les petites articulations des extrémités (doigts, orteils, poignets, chevilles); les genoux ou épaules; localisations souvent croisées. Les articulations atteintes sont souvent déformées par des nodosités arthritiques ou des tophi (concrétions d'urate de soude chez les goutteux).

— Des douleurs dans la région du cœur; surtout en étant penché en avant et avant d'uriner, le matin; douleurs calmées après avoir uriné.

— Des troubles oculaires. Intolérance aux lumières vives; le rhumatisant est aveuglé par la lumière du soleil. Il ne voit que la moitié gauche des objets. Fatigue oculaire rapide.

Lithium carbonicum est un des remèdes du rhumatisme uricémique chronique.


LOBELIA INFLATA

Lobelia inflata ou Lobelia enflée, Tabac indien, herbe à l'asthme (asthma weed), herbe émétique (emetic weed) est une plante de la famille des campanulacées très répandue en Amérique du Nord, dans les champs mais surtout dans les friches et les broussailles.

C'est une plante gorgée d'un latex d'une odeur un peu nauséeuse et irritante, et d'un goût âcre et brûlant semblable à celui du tabac.

Son principe actif, son principal alcaloïde est la Lobeline utilisée en injection comme excitant du centre respiratoire bulbaire dans les syncopes respiratoires ou dyspnées d'origine centrale: asphyxie des nouveau-nés, intoxications par le gaz ou l'oxyde de carbone, intoxication par les anesthésiques...

A petites doses, la Lobeline favorise l'expectoration. A doses plus élevées c'est un vomitif énergique.

L'intoxication par la lobeline provoque une dépression grave du nerf pneumogastrique: chute de la tension artérielle, baisse de la température du corps, parésie du larynx et des bronches, faiblesse du myocarde, gêne respiratoire et nausées.

L'expérimentation de la lobeline reproduit des troubles respiratoires de nature spasmodique avec nausées intenses, vomissements et dépression générale.

Les symptômes de Lobelia inflata sont:

— La gêne respiratoire à type d'oppression avec sensation de constriction au milieu de la poitrine (et parfois sensation d'afflux de sang, de congestion) et sensation de constriction du larynx (avec sensation de corps étranger). Pas d'expectoration ou expectoration difficile. Lobelia inflata est le remède du broncho-spasme qui est un des facteurs essentiels de la crise d'asthme (sec) ou d'emphysème.

— L'état nauséeux de la crise de vagotonie. Nausées vio­lentes (surtout le matin) avec salivation abondante, pâleur de la face, sensation de faiblesse ou de défaillance au creux de l'esto­mac, sueurs froides, baisse de la température du corps et baisse de la tension artérielle, pouls faible et mou. A l'extrême, ces malades réalisent le tableau du syndrome solaire tel qu'on peut l'observer dans tous les cas d'irritation (par lésion de voi­sinage) ou d'excitation (par voie réflexe) du plexus solaire.

Lobelia inflata est un grand remède d'asthme et d'emphysème à forme sèche (beaucoup plus de sifflements que de râles bronchiques et peu de toux), lorsque le bronchospasme de l'affection l'emporte en intensité sur la réaction exsudative, catarrhale des bronches et alvéoles pulmonaires.

Lobelia inflata est aux vagotoniques asthmatiques et emphysémateux ce que Tabacum est aux vagotoniques migraineux et Cocculus aux vagotoniques vertigineux. Dans toutes les formes de vagotonie, on retrouve les signes majeurs de l'excitation du nerf pneumogastrique (ou nerf vague): la pâleur avec sueurs froides, l’état nauséeux et le ralentissement du coeur avec baisse de la tension artérielle.


LYCOPODIUM

Lycopodium clavatum ou Lycopode en massue, Lycopode officinal, pied de loup, mousse terrestre, patte de loup, de la famille des Lycopodiacées, est une plante d'un vert clair avec une tige rampante allongée, maintenue contre le sol au moyen de nombreuses racines filiformes; à la tige grêle couverte de petites feuilles espacées et dont les microspores d'un jaune couleur soufre se présentent sous la forme d'une poussière très fine, très légère, onctueuse, inodore et insipide, extrêmement inflammable (ce qui la faisait utiliser en pyrotechnie par les artificiers, d'où son nom de soufre végétal).

Cette plante qui a l'aspect d'une grande mousse est commune dans les endroits humides et ombragés, en montagne dans les landes et les bruyères.

Substance inerte, la poudre de Lycopode était utilisée autrefois pour enrober les pilules et pour saupoudrer la peau des bébés. On l'utilise encore comme topique protecteur dans certaines affections cutanées.

L'action pathogénétique de la poudre de Lycopode reproduit des troubles profonds du métabolisme général caractérisés par une insuffisance hépatique et rénale avec atonie flatulente de l'estomac et de l'intestin, et irritabilité excessive.

Les symptômes de Lycopodium sont:

—Des modifications du caractère. Malade qui devient d'une irritabilité et d'une susceptibilité extrêmes, maladives. Intolérant à toute contradiction, qui le fait exploser en termes violents; impatient en face de toute contrariété, avec accès de colère brutale au cours desquels il perd tout contrôle. Autoritarisme qui le fait s'exprimer en termes durs et véhéments.

— Par ailleurs des signes de vieillissement. Apparition de rides accentuées et prématurées qui le font paraître plus vieux qu'il n'est. Apparition de taches jaunes ou brunes dans la région des tempes et sur la visage; ou coloration jaune diffuse à la face.

— Contrastant avec un certain déclin physique, l’esprit est très vif, la physionomie très expressive et mobile, le malade fait preuve d'une très grande activité intellectuelle, et d'un goût remarquable pour le travail et pour l'action. Ce n'est que plus tard, loin dans l'évolution de sa maladie, qu'il perdra progressivement confiance en soi (dans son travail ou ses projets, il s'estimera «fini»), qu'il perdra le goût de l'action pour sombrer dans une dépression taciturne avec désir de tranquillité avec perte de mémoire, difficulté à trouver les mots justes pour s'exprimer, et difficulté à comprendre et à suivre une conversation. C'est à ce moment-là que la malade se plaindra de faiblesse sexuelle: insuffisance des érections et difficulté des éjaculations. ..

—Un appétit irrégulier. Le malade a une faim vorace (avant de se mettre à table) mais est vite rassasié après avoir absorbé les premières bouchées; c'est un malade très lent après le premier plat, après avoir mangé si peu que ce soit. Et à nouveau faim la nuit, ou faim après avoir mangé; désir très vif de sucre et de sucreries (chocolat), mais aversion pour le pain et les féculents.

— Une digestion très difficile avec sensation de plénitude (gênante sinon douloureuse) tôt après avoir mangé si peu que ce soit. Distension de l'abdomen surtout sous l'ombilic; avec bruits et borborygmes dans l'intestin par accumulation de gaz dont l’expulsion soulage; avec douleurs s'étendant de la région du foie jusqu'à l'angle gauche du colon, sous les côtes à gauche. Le foie est sensible et pesant mais n'est pas augmenté de volume. Les éructations après les repas sont nombreuses et souvent brûlantes ou acides, mais ne soulagent pas; acides, elles peuvent laisser au niveau du pharynx une sensation de brûlure intolérable et permanente pendant des heures. La constipation est chronique avec besoins inefficaces; et les selles sont petites et minces, allongées, souvent insuffisantes, difficiles à évacuer en raison d'une contraction spasmodique de l'anus; la première partie de la selle est souvent dure et la seconde molle. Enfin le malade présente des hémorroïdes procidentes, douloureuses au toucher, calmées par un bain chaud.

—Une insuffisance rénale et hépatique se traduisant par une désassimilation incomplète des réserves (par le foie, au stade de leur utilisation) et par une insuffisance de l'élimination (par le rein) de déchets organiques insuffisamment dégradés. De ce vieillissement des grandes fonctions du foie et des reins résulte une élévation importante des constantes biochimiques: cholestérolémie, azotémie et uricémie; et une nette tendance aux formations calculeuses: lithiase biliaire ou urinaire, ou à la goutte.

Dans la lithiase rénale, les urines sont claires mais laissent un sédiment uratique rougeâtre, un dépôt de sable rouge non adhérent aux parois du vase. Avant d'uriner, le malade se plaint de douleurs dans le dos, et en urinant de sensation de brûlures au niveau de l'urètre. Besoins urgents et fréquents d'uriner avec retard dans l'apparition du jet. A la fin de la miction, le malade présente parfois un grand frisson généralisé, secouant tout le corps. A souligner que l'état général du patient est toujours meilleur lorsque les urines sont rouges avec un sédiment abondant.

— Parfois une toux d'irritation, brève et sèche, comme par des vapeurs de soufre ou d'un produit chimique volatil; chez des malades qui présentent les signes précédemment décrits.

Que conclure d'une pathogénésie si riche? D'abord que Lycopodium est un grand remède fonctionnel et qu'il convient à de nombreux types de malades.

Malades hypernerveux, aux impatiences et aux accès de colère irrésistibles, à l'origine de drames non seulement dans l'intimité des familles mais aussi dans les lieux publics, sur les routes au volant de leur voiture... Patron odieux avec ses subordonnés.

Malade digestif à l'appétit capricieux, vite rassasié et aux troubles d'insuffisance gastrique et intestinale à type de flatulence et de constipation chronique.

Malade hépatique sédentaire, candidat à la colique hépatique ou à la cirrhose.

Malade insuffisant rénal, lithiasique ou goutteux.

Adulte vieillissant que l'encrassement des grandes fonctions métaboliques (foie et rein) conduit irrésistiblement aux accidents de l'artériosclérose (excès de cholestérol et de lipides dans le sang) ou de l'urémie (excès d'urée), à la goutte (excès d'acide urique) ou à l'hypertension artérielle (aggravée par la nervosité irritable).

Enfin adulte atteint de défaillance sexuelle par sénescence précoce, affection qui traumatise toujours l'individu et qui mérite l'intérêt et les soins éclairés d'un médecin.


LYCOPUS VIRGINICUS

Le Lycopode de Virginie ou marrube de Virginie est une plante de la famille des Labiacées, originaire d'Amérique, dont la pathogénésie reproduit un état d'excitabilité excessive du cœur par sympathicotonie.

L'éréthisme cardiaque est le symptôme majeur de Lycopus. Battements violents et rapides, tumultueux du cœur, qu'on peut entendre à distance. Sensation douloureuse souvent constrictive dans la région du cœur. Palpitations violentes d'origine nerveuse avec agitation et tremblement (des mains). Le pouls est violent et excessivement rapide. Parfois toux cardiaque réflexe avec douleur dans le côté gauche de la poitrine.

Cardio-modérateur, Lycopus virginicus trouve ses meilleures indications dans les manifestations cardio-vasculaires du goitre exophtalmique ou maladie de Basedow; et plus généralement dans les troubles nerveux des malades hyperthyroïdiens ou rhumatisants cardiaques.


MAGNESIA CARBONICA

Le carbonate de Magnésium ou magnésie blanche est une poudre blanche très légère, sans saveur et insoluble dans l'eau pure, dont on utilise les propriétés laxatives et antiacides en Médecine classique.

Magnesia carbonica est un remède homéopathique très important en médecine infantile courante. Son expérimentation reproduit des troubles intestinaux avec hyperacidité de toutes les sécrétions, une hypersensibilité nerveuse avec spasmes ou douleurs névralgiques, et très rapidement des troubles de la nutrition avec amaigrissement et déminéralisation.

Les symptômes de Magnesia carbonica sont:

— La diarrhée acide faite de selles aqueuses et le plus souvent verdâtres; mousseuses ou écumeuses comme du frai de grenouilles; d'odeur sûre, aigre; avec parfois des mucosités sanguinolentes adhérant au linge; avec des envies fréquentes d'émettre une nouvelle selle. Ballonnement abdominal et gargouillements, borborygmes surtout dans la région du caecum; gaz abondants et fétides. Odeur aigre du corps, des selles et de la transpiration.

—Les douleurs névralgiques à type d'élancements aigus et fulgurants le long d'un trajet nerveux; douleurs pinçantes en éclair, surtout la nuit, forçant le malade à se lever et à marcher. Hypersensibilité au froid qui fait frissonner. Douleurs toujours améliorées par le mouvement, la promenade au grand air. Localisations habituelles: névralgies dentaires aggravées par le contact de la langue sur la dent ou la gencive; névralgie cervico-brachiale.

—Lorsqu'elle se prolonge, cette dyspepsie acide retentit sur l'état général: amaigrissement et déminéralisation donnant à l'enfant un aspect émacié; frilosité constante avec frissonnements; faiblesse et irritabilité; sommeil agité avec cris.

Magnesia carbonica est le remède des diarrhées acides, fréquentes en période de dentition chez le nourrisson. Diarrhées par intolérance au lait; ou diarrhées par apport trop précoce de farines dans l'alimentation. Mais aussi diarrhées après infections microbiennes: entérocolites ou gastro-entérites avec vomissements.


MAGNESIA PHOSPHORICA

Le phosphate de magnésium n'est pas utilisé en thérapeutique classique mais son expérimentation pathogénétique a révélé des propriétés qui en font un des grands remèdes homéopathiques des états spasmodiques et des douleurs névralgiques.

Les douleurs de Magnesia phosphorica sont toujours brusques et violentes, très vives, aiguës; à paroxysmes apparaissant et disparaissant très rapidement; à type de crampes, qu'il s'agisse de douleurs névralgiques crampoïdes ou de crampes musculaires; arrachant des cris au malade par leur intensité; douleurs souvent erratiques, changeant de place rapidement. Douleurs aggravées par le froid, par un courant d'air froid ou par l'eau froide (bain froid ou simple lavage à l'eau froide). Douleurs améliorées par la chaleur locale et par la pression forte, par la friction, en étant plié en deux. Douleurs souvent provoquées par une exposition au froid, ou par des efforts prolongés d'un groupe musculaire.

Au niveau de l’abdomen: crampes d’estomac et coliques intestinales forcent le malade à se plier en deux et à s'appuyer fortement les mains sur le ventre. Crampes et spasmes gastro-intestinaux sont améliorés par la chaleur ou les frictions.

Au niveau de la tête: névralgie faciale sus et sous-orbitaire plus fréquente à droite avec spasmes des muscles de la face. Spasmes des paupières. Tics douloureux.

Au niveau des membres: crampes et spasmes musculaires, crampes des écrivains; tremblements involontaires des mains. névralgie sciatique.

Au niveau de l'utérus: dysménorrhée; spasmes utérins avant les règles, cessant dès leur apparition; douleurs vives et lancinantes, en éclair, calmées par la chaleur locale et en se pliant en deux. Névralgie ovarienne, surtout droite. Douleurs insupportables crampoïdes de l'accouchement.

Il faut rappeler que toutes les douleurs crampoides du type Magnesia phosphorica sont brusques et très violentes, arrachant souvent des cris au patient; sont aggravées ou provoquées par le froid et sont calmées par la chaleur locale, la pression forte ou des frictions, et la position pliée en deux éventuellement, le relâchement de la région douloureuse.

Magnesia phosphorica est le remède des manifestations spasmodiques d'une souffrance de la fibre nerveuse (névralgies) ou de la fibre musculaire (crampes ou spasmes douloureux) .

Une indication du remède à bien connaître: les douleurs abdominales, les « maux de ventre» de l'enfant qui ne peuvent être expliqués que par un spasme violent de la musculature intestinale lorsque l'examen approfondi du malade n'apporte pas d'autre explication; ce qui est très fréquent.


MANGANUM

L'intoxication chronique (professionnelle) par le man­ganèse provoque un syndrome parkinsonien: tremblement plus prononcé aux mains et rigidité musculaire, avec incoordination motrice.

L'expérimentation pathogénétique de l'acétate de Manganèse reproduit un état de grande faiblesse et une anémie grave avec irritation chronique de la peau et des muqueuses respiratoires; inflammation profonde des os et lésion progressive de la moelle épinière (paralysie ascendante).

Les symptômes de Manganum aceticum sont:

—Un état de grande faiblesse avec désir de rester couché (obstinément) dans son lit et de n'en pas sortir. Faiblesse progressive des membres inférieurs avec démarche lasse, traînante. Désir de solitude, de silence et surtout désir de rester tranquille allongé dans un lit ou dans une chaise longue. Progressivement paralysie des membres inférieurs avec atrophie musculaire; par atteinte des cornes antérieures de la moelle épinière.

—Enrouement chronique (ou à répétitions) aggravé par le froid humide et surtout le matin. Avec sensation d'irritation au larynx; toux sèche par accès, en parlant ou en riant, aggravée par le froid humide et le changement de temps, calmée en étant couché (sur le dos). Le moindre refroidissement, le moindre rhume évoluent vers la laryngite, l’enrouement.

— Douleurs osseuses et articulaires. Douleurs rhumatismales affectant surtout les petites articulations, qui sont gonflées, rouges et luisantes. Douleurs élançantes ou tiraillantes, pénétrantes; surtout la nuit et dans la soirée; par temps humides ou au changement de temps. Ces douleurs profondes correspondent à une inflammation du périoste ou de l'os avec tendance à la suppuration ou à la nécrose. Localisations habituelles: les petites articulations et surtout le gros orteil, mais aussi le tibia.

—Les lésions cutanées. Taches rouges surélevées et très douloureuses, siégeant surtout autour des articulations et correspondant à une inflammation aiguë des tissus péri-articulaires. Ou taches rouges surélevées et douloureuses à la face antérieure du tibia: érythème noueux. ou démangeaisons et éruptions sèches et squameuses aux plis de flexion des membres. Ou enfin tendance aux ulcérations chroniques, profondes aux bords livides, ou aux fissures cutanées dans le voisinage des articulations.

Manganum est le remède de maladies évolutives graves affectant profondément l'état général du sujet: faiblesse avec besoin de rester allongé ou couché dans son lit, anémie progressive avec pâleur de la face, et douleurs que le malade situe « dans l'os» et qu'il est nécessaire d'interpréter correctement par des examens approfondis.

Qu'il s'agisse d'une maladie à localisation laryngée, ou osseuse, ou ostéo-articulaire, ou neurologique, en présence des symptômes pathogénétiques de Manganum il faut toujours évoquer la possibilité d'une tuberculose évolutive, ou d'un cancer, ou d'un rhumatisme grave évoluant vers une lésion cardiaque; ou dans certains pays d'une lèpre neuro-cutanée (léprome, ostéite évoluant vers le mal perforant, et paralysies progressives); ou enfin d'une paralysie progressive par sclérose médullaire.

Les complémentaires habituels de Manganum sont Apis et Ledum (goutte, ou ostéo-arthrite aiguë avec inflammation des tissus péri-articulaires), Nitric acid. dans toutes les localisations osseuses ou ostéo-articulaires avec nécrose des tissus, et un organothérapique très important pour traiter le syndrome neuro-anémique de la maladie en cours: Splenine.


MERCURIUS CORROSIVUS

Le bichlorure de mercure ou sublimé corrosif est un sel de mercure très toxique, qui attaque tous les métaux et qui— même très dilué—peut être encore irritant et caustique pour les muqueuses enflammées.

L'expérimentation du sublimé corrosif reproduit une inflammation profonde et une vive irritation des muqueuses avec sensation douloureuse de brûlure, lésions à tendance ulcérative, et sécrétions très irritantes et visqueuses.

Les symptômes de Mercurius corrosivus sont:

— La douleur brûlante, très vive, à type de ténesme. Sensation locale de tension douloureuse et brûlante produite par l'irritation et la contraction spasmodique d'un sphincter: besoins constants d'aller à la selle ou d'uriner, par spasme du sphincter de l'anus ou de la vessie. Plus le malade va à la selle ou plus il a d'envies d'uriner, et plus il a de besoins (ou de faux besoins) douloureux et irrésistibles. Cette sensation de douleur brûlante peut affecter la peau également et provoquer des démangeaisons irrésistibles: plus le malade se gratte et plus il a besoin de se gratter.

—Lésion inflammatoire douloureuse évoluant rapidement vers l’ulcération phagédénique, s'étendant rapidement en surface et en profondeur. Inflammation aiguë avec rougeur foncée des tissus; avec enflure locale considérable.

—Sécrétions épaisses et visqueuses; très irritantes et même excoriantes souvent muco-sanguinolentes, fétides.

— Au niveau des yeux: paupières rouges et gonflées avec lésion inflammatoire très extensive au niveau de la conjonctivite ou de la cornée, ou de l'iris. Douleurs brûlantes très vives. Intolérance à la lumière vive, du soleil notamment. Larmoiement brûlant et irritant, corrosif même.

—Au niveau de la bouche ou de la gorge: rougeur foncée de la muqueuse avec très vives douleurs brûlantes; enflure et ulcérations au niveau de la muqueuse, salivation très abondante et souvent fétide; langue souvent enflée et rouge, douloureuse (le malade la tire difficilement); les lèvres sont souvent noirâtres, très gonflées et sensibles. Dans la gingivite: gencives enflées, spongieuses, saignant facilement. Dans l'angine: douleur constrictive brûlante aggravée par la moindre pression extérieure au niveau du pharynx et du cou, déglutition très douloureuse et presque impossible, même pour les liquides.

— Au niveau de l'intestin: selles peu abondantes mais fréquentes; faites de sang et de mucus mélangés; avec besoin constant d'aller à la selle, douleurs abdominales intenses, ténesme constant. Tendance à se tenir plié en deux; brûlures de l'anus pendant la selle; suintement par l'anus d'un liquide purulent et fétide, irritant; sensation de meurtrissure dans la région du caecum, du colon transverse, du rectum et de l'anus.

— au niveau de la vessie: douleurs brûlantes intenses, ténesme très violent. Mictions très douloureuses et fréquentes; urine brûlante et peu abondante, passant goutte à goutte.

— Au niveau de l'urètre: enflure considérable du pénis; sécrétion jaune-verdâtre, épaisse et gluante; tendance aux ulcérations d'extension rapide; douleurs très vives et brûlantes.

Mercurius corrosivus correspond à des inflammations plus violentes plus douloureuses et plus ulcératives que celles de Mercurius solubilis. Son action se rapproche de celle—peu suppurative—de Arsenicum album. Inflammations oculaires aiguës; angines et stomatites graves; entéro-colites et dysenteries: cystite et pyélonéphrite.

En dehors de ces indications classiques, ne pas méconnaître les indications suivantes, vérifiées par une longue et vaste expérience:

— Les lésions destructrices des tissus nobles: cerveau et moelle épinière, reins, foie même, avec évolution immédiate extensive et cicatrisation scléreuse lointaine (sclérose irré­versible avec lourdes séquelles).

— Les abcès fistulisés profonds et fistules pariétales, traumatiques ou postopératoires (complémentaires habituels: Nitric acidum et Calcarea sulfurica, avec Silicea).

— En neurologie, les troubles provoqués par une lésion inflammatoire très irritative, cérébrale ou méningée (convulsions, chorée, paralysies par lésions destructrices traumatiques ou infectieuses).

— En dermatologie, certaines démangeaisons irrésistibles (même sans lésion cutanée apparente); plus le malade se gratte, plus il a envie et besoin de se gratter.

— Enfin certains coryza spasmodiques avec éternuements irrésistibles entretenus par des picotements incessants au niveau des narines (qui sont irritées et même excoriées par un écoulement brûlant).


MERCURIUS CYANATUS

Le cyanure de mercure est un sel extrêmement toxique utilisé en médecine classique comme antisyphilitique, comme diurétique, et comme antiseptique.

Son expérimentation pathogénétique reproduit une inflammation des muqueuses buccales et pharyngées avec production de fausses membranes d'un blanc grisâtre et tendance à la nécrose des tissus.

Les symptômes de Mercurius cyanatus sont:

— L'angine à fausses membranes grisâtres, épaisses et adhérentes, extensives, s'étendant sur les piliers de l'amygdale et le pharynx; avec tendance à l’ulcération nécrotique des tissus; tendance à l’extension vers le larynx; avec fétidité de l'haleine.

—Un tableau d'état infectieux grave. Prostration rapide et profonde; faiblesse générale telle que le malade est incapable de se tenir debout; pâleur de la face; peau froide et moite; cœur faible; urines foncées et peu abondantes; tendance aux hémorragies nasales, à la fétidité des sécrétions.

La ressemblance de ce tableau pathogénétique avec la description clinique de l'angine diphtérique est telle que Mercurius cyanatus a toujours été reconnu par les médecins homéopathes comme étant le remède véritablement spécifique de la diphtérie à forme grave.


MERCURIUS DULCIS

Le calomel ou chlorure mercureux est utilisé en Médecine classique comme purgatif et vermifuge, comme diurétique, comme antiseptique intestinal et comme cholagogue, et enfin comme antisyphilitique.

Son expérimentation reproduit une inflammation du tube digestif et particulièrement du foie, du rectum et de l'anus, ainsi qu'une inflammation du pharynx et de l'oreille interne.

Les symptômes de Mercurius dulcis sont:

— Une diarrhée verte irritante. Selles verdâtres, bilieuses, mélangées de sang et de mucosités, peu abondantes mais avec des envies constantes. Et surtout une forte irritation brûlante de l'anus, avec tendance aux excoriations de la muqueuse.

—L'inflammation de l'amygdale droite avec salivation fétide et abondante; tendance aux fausses membranes et aux ulcérations.

—Ou une otite moyenne avec catarrhe obstruant la trompe d'Eustache.

Mercurius dulcis est surtout un remède de diarrhée verte infantile en association avec une otite moyenne ou une amygdalite droite.


MERCURIUS SOLUBILIS

Sous le nom de Mercurius, les Homéopathes utilisent aussi bien le métal lui-même (Mercurius metallicus ou Mercurius vivus) que l'oxyde noir de mercure (Mercurius solubilis) obtenu par précipitation du nitrate de mercure par l'ammoniaque. La pathogénésie de Mercurius solubilis (faite par Hahnemann) est pratiquement identique à celle du mercure métallique. Le mercure est un métal liquide, d'un blanc d'argent, très brillant, extrêmement mobile (d'où son nom de «vif-argent>*), très dense (sa densité est 13,6), émettant des vapeurs toxiques à toute température; complètement soluble dans l'acide nitrique étendu; pouvant être divisé en particules extrêmement fines par l'intermédiaire de corps gras (solides ou liquides). Il est extrait d'un minerai d'un rouge vif: le sulfure rouge de mercure ou cinabre.

Le mercure métallique et les sels mercuriels sont utilisés en thérapeutique classique: comme antisyphilitiques (en raison de leur action bactéricide sur le tréponème), comme antiseptiques (mercurochrome notamment), purgatif et cholagogue (le calomel), diurétiques (calomel, cyanure et surtout combinaisons organiques à mercure dissimulé), antiphlogistiques enfin (résolutifs dans certaines inflammations des tissus ou organes profonds).

L'intoxication aiguë par le mercure ou les composés mercuriels provoque une inflammation œdémateuse et ulcéreuse des gencives, de la bouche et de la langue (stomato­gingivite) avec salivation abondante, goût métallique dans la bouche, fétidité de l'haleine; avec fièvre, nausées et diarrhée sanguinolente (violente irritation gastro-intestinale). Enfin à un stade ultime, dans les cas graves: néphrite aiguë avec anurie (par nécrose des cellules tubulaires chargées de concentrer l'urine glomérulaire, et ischémie des glomérules), faiblesse cardiaque et mort par collapsus.

L'intoxication chronique, professionnelle habituellement, est caractérisée par des troubles digestifs: gingivite, stomatite ulcéreuse avec fétidité de l'haleine et goût métallique dans la bouche, diarrhée dysentériforme..., et surtout par des paralysies et un tremblement spécial (de la langue, des lèvres et des doigts) qu'exagèrent les émotions ou la fatigue, tremblement présentant le caractère intentionnel de la sclérose en plaques.

Sous la dénomination de Mercurius, les homéopathes utilisent indifféremment le mercure métallique (Mercurius metallicus, Mercurius vivus) et l'oxyde noir de mercure (Mercurius solubilis) obtenu par précipitation du nitrate de mercure par l'ammoniaque, ce qui donne un nitrite ammoniacal, mercureux. Pathogénésies et propriétés thérapeutiques de ces substances sont superposables.

L'expérimentation pathogénétique du mercure métallique reproduit une inflammation aiguë ou chronique à tendance suppurative de toutes les muqueuses, de la peau, des glandes. et organes glandulaires, et des os; une inflammation du système lymphatique (adénopathies); et enfin à un stade très poussé de l'expérimentation: un état de dépression psychique et physique avec tendance aux paralysies avec tremblements. Mercurius occupe donc une place considérable dans la matière médicale et dans la thérapeutique homéopathique.

L'inflammation aiguë à tendance suppurative est le grand symptôme pathogénétique de Mercurius solubilis et peut affecter toutes les muqueuses de l'organisme, ainsi que la peau et les os. Ses caractéristiques sont les suivantes: rougeur des tissus affectés, avec gonflement modéré, douleurs élançantes ou brûlantes, et surtout hypersécrétion muqueuse ou franchement muco-purulente, et tendance aux ulcérations superficielles et à la nécrose profonde.

Cette inflammation peut s'accompagner d'une élévation modérée de la température: fièvre modérée 38 à 38,5° annoncée parfois par des frissons à fleur de peau. Soif intense; sueurs abondantes, grasses et visqueuses, de mauvaise odeur, plus abondantes la nuit mais n'apportant aucun soulagement. Le malade se sent plus mal la nuit et dans une chambre chaude; il ne supporte pas la chaleur du lit.

L'inflammation locale est toujours discrète et peu intense: peu de rougeur et peu de chaleur, mais l'hypersécrétion évolue très vite vers la suppuration: d'abord muqueuses et jaunes, fluides, les sécrétions deviennent rapidement muco-purulentes jaune-verdâtre, de mauvaise odeur, irritantes ou brûlantes, et même excoriantes. Au stade de nécrose des tissus apparaît l'indication de Mercurius corrosivus.

Au niveau de la gorge: tableau de l'angine aiguë avec rougeur et gonflement de la muqueuse; douleurs élançantes dans l'oreille; besoin constant d'avaler en raison d'une salivation exagérée mais douleurs aiguës en avalant, déglutition difficile et douloureuse (les douleurs irradient aux oreilles). La salivation est excessive; salive visqueuse et parfois d'odeur fétide; salivation d'un goût métallique; en s'écoulant la nuit pendant le sommeil, la salive peut tacher l'oreiller. La langue est habituellement enflée, flasque, chargée d'un enduit jaunâtre, et garde sur ses bords l'empreinte des dents. Il peut exister au niveau de la muqueuse buccale ou pharyngée des dépôts pultacés (sécrétions crémeuses ou jaunâtres ayant la consistance d'une bouillie et se dissociant facilement dans l'eau) ou des fausses membranes épaisses (se détachant par lambeaux muco-fibrineux non dissociables dans l'eau); ou des ulcérations peu profondes entourées d'une zone rouge; ou des aphtes. L'inflammation de la muqueuse laryngée ou buccale provoque souvent une inflammation aiguë des ganglions sous-maxillaires ou cervicaux.

Au niveau des yeux: paupières rouges, gonflées, agglutinées le matin par des sécrétions muco-purulentes abondantes et brûlantes; tendance aux petites ulcérations des paupières. La conjonctive est rouge et infiltrée; larmoiement; intolérance à la lumière vive avec spasme des paupières, photophobie des skieurs, des cinéastes.

Au niveau du nez: coryza assez épais avec irritation et rougeur du bord des narines et tendance aux ulcérations.

Au niveau des gencives: gencives rétractées et enflées, spongieuses, saignant facilement au contact; suppurant faci­lement; avec salivation abondante et souvent fétide. Dents en mauvais état, de coloration noirâtre; odeur fétide de la bouche.

Au niveau des oreilles: écoulement épais, jaune-verdâtre, irritant et excoriant, avec douleur déchirante surtout la nuit.

Au niveau des bronches: toux violente, sèche et spasmodique, fatigante la nuit; toux grasse le jour avec expectoration muco-purulente, jaune-verdâtre, salée. Sensation de brûlure, de sécheresse des voies respiratoires. Douleurs aiguës et lancinantes à la poitrine, surtout à la partie inférieure du poumon droit.

Au niveau de l'intestin: selles liquides verdâtres, et parfois sanguinolentes avec des glaires. Ténesme violent, sensation que la selle n'est pas terminée; sensation de n'avoir « jamais fini » malgré tous les efforts faits pour y parvenir. Après la selle, sensation de brûlure au rectum et sensation de faiblesse considérable. Entérocolite, surtout après changement de température ou de temps, par les nuits froides de l'automne ou du printemps.

Au niveau du foie: douleurs élançantes aiguës, aggravées en étant couché sur le côté droit; sensibilité du foie au toucher; digestion lente et difficile avec nausées et régurgitations; coloration jaune de la peau et des muqueuses. Hépatite aiguë ou subaiguë.

Au niveau de la vessie: besoins fréquents d'uriner, mais le malade urine peu; brûlures au début de la miction; ténesme intense; urines troubles, rouges foncées, peu abondantes. Cystites aiguës mais aussi pyélonéphrites infectieuses.

Au niveau de l'urètre: écoulement urétral verdâtre, muco­purulent, de mauvaise odeur; douleurs brûlantes en urinant.

Au niveau de l'utérus: leucorrhée muco-purulente, jaune verdâtre, irritante et excoriante; avec démangeaisons ou érosions vulvaires.

Au niveau de la peau: suppuration irritante, jaune un peu verdâtre. Plaies infectées, suppurées. Abcès de toutes localisations. Eruptions vésiculo-pustuleuses avec tendance aux ulcérations. Adénopathies ou lymphangites aiguës. Les douleurs ou les démangeaisons sont toujours aggravées par la chaleur du lit, ou en transpirant, ou la nuit.

Au niveau des os: douleurs osseuses la nuit en rapport avec une ostéite ou une périostite avec tendance à la suppuration. Douleurs tiraillantes et déchirantes la nuit, aggravées par la chaleur du lit.

Au niveau des méninges, du cerveau, et de la moelle épinière: toute inflammation aiguë ou subaiguë à tendance exsudative ou suppurative. Avec tremblement des mains, surtout aux mouvements volontaires. Avec paresse intellectuelle, difficulté de compréhension et de concentration, lenteur des réponses aux questions, faiblesse de mémoire.

Au niveau des séreuses: toute inflammation exsudative avec tendance à la suppuration (pus jaune-verdâtre irritant et excoriant) .

Enumérer toutes les indications de Mercurius solubilis serait passer en revue la pathologie infectieuse lorsque coexistent inflammation oedémateuse et exsudative et tendance à la suppuration et aux ulcérations.


MEZEREUM

Daphné mezereum ou Mézéréon, Bois joli, Morillon, faux garou, de la famille des Daphnacées est un arbuste de 40 cm à un mètre de haut, dont l'écorce a des propriétés vésicantes et dont les fruits (sous forme de baies rouges et rondes) sont très dangereux pour l'homme: vomissements et diarrhée, vertiges et spasmes .

L'action de Mezereum, en Homéopathie, intéresse essentiellement la peau et les muqueuses; les os et le périoste, ainsi que les nerfs, et correspond à une irritation violente évoluant vers l'inflammation vésiculeuse et ulcérative.

Les symptômes pathogénétiques du remède sont:

— Au niveau de la peau: des démangeaisons intolérables par tout le corps; changeant de place après le grattage (surtout lorsqu'il n'y a pas d'éruption) associées à une sensation de chaleur brûlante. Ces démangeaisons sont d'ailleurs aggravées par le toucher ou la pression des vêtements. mais aussi par la chaleur de toute origine (chaleur du lit, de la pièce, d'un feu ou d'un moyen de chauffage, des bains chauds) et par les lavages à l'eau froide. Bien que ces démangeaisons puissent se produire en l'absence de toute lésion apparente de la peau, le plus souvent ce type de prurit n'est qu'une réaction nerveuse à des éruptions très caractéristiques: d'abord vésicules à liquide louche puis purulent, évoluant vers la formation de croûtes blanchâtres recouvrant un pus épais, gluant, irritant et de mauvaise odeur; enfin apparition d’ulcérations superficielles avec suppuration épaisse ou croûtes entourées de nouvelles vésicules (toujours prurigineuses et brûlantes) sur fond de rougeur brillante.

— Au niveau des os et du périoste: douleurs à localisation osseuse (et non articulaire), violentes, le plus souvent fulgurantes ou brûlantes, bien localisées et aggravées par le moindre contact, la pression, et la nuit; souvent associées à une sensation d'engourdissement local. Mezereum est non seulement un remède d'inflammation aiguë à tendance suppurative des os et du périoste (ostéite et ostéochondrites, surtout des os longs; ou à un degré de plus: ostéomyélite avec nécrose de l'os), mais aussi un remède dentaire très important (arthrite dentaire avec douleurs de type névralgique, c’est-à-dire irradiant dans le maxillaire avec sensation d'engourdissement ou de gonflement au niveau de la zone douloureuse). Très caractéristique du remède est la sensation de dent trop longue qui accompagne les douleurs de carie dentaire, d'alvéolite ou de pyorrhée justiciables de Mezereum.

— Au niveau des nerfs: douleurs le plus souvent brûlantes. avec sensation d'augmentation de volume de la région affectée et sensation d'engourdissement, et intolérance au toucher: contact de la langue (dans les caries dentaires avec irradiation névralgique) ou lavage (dans les névralgies faciales).

Les indications de Mezereum sont toutes les éruptions vésiculo-pustuleuses et croûteuses avec prurit intolérable, surtout lorsqu’il existe des manifestations locales (ou à distance) de type névralgique (zona, herpès) ou une tendance à des lésions ostéo-périostées anciennes ou simultanées (dont la moindre peut être une carie dentaire, une arthrite alvéolo-dentaire, un abcès de l’apex dentaire ..).

A noter un petit signe évocateur de Mezereum chez les malades atteints de démangeaisons intolérables sans éruption ou chez les malades qui se plaignent de douleurs osseuses mal définies: un spasme, une contraction spasmodique incontrôlable, des tressaillements de la paupière supérieure gauche.

Mezereum n'est un remède de douleurs osseuses qu'à condition de pouvoir rattacher ces douleurs à une atteinte inflammatoire à tendance nécrotique du tissu osseux, et (ou) de retrouver simultanément ou dans un passé récent des démangeaisons intolérables.


MILLEFOLIUM

Achillea millefolium, ou Millefeuille, Achillée-millefeuille, Herbe aux charpentiers, Herbe aux coupures, Saigne-nez, Herbe de Saint-Jean, de la famille des Composées, est une herbe vivace très commune en Europe dans les prés, les bois, sur les talus au bord des chemins.

Son usage comme plante hémostatique et cicatrisante remonte très loin dans le temps, puisque son nom lui vient du héros grec Achille à qui elle permit de guérir les blessures du roi Télèphe.

D'une odeur aromatique camphrée, d'une saveur chaude et amère, astringente et cicatrisante, le Millefeuille a de tous temps été connu comme un remède d'une grande efficacité dans les plaies ou affections hémorragiques.

L'expérimentation du millefeuille reproduit une tendance aux hémorragies de sang rouge vif brillant.

L'hémorragie peut être spontanée ou d'origine traumatique après une chute, une extraction dentaire, un effort musculaire; elle peut affecter tous les organes, tous les appareils; elle survient toujours sans douleur et sans angoisse; elle est faite de sang rouge vif et liquide, sans caillot.

Millefolium est un très grand remède homéopathique d'hémostase qui convient notamment aux malades à tendance hémorragique, à la veille d'une intervention chirurgicale ou dans les soins post-opératoires.

Millefolium est à rapprocher de Aconit. nap. pour sa tendance hémorragique d'origine congestive (agitation anxieuse en moins). Son complémentaire dans les hémorragies des voies respiratoires est Ipeca; et dans les hémorragies de sang rouge utérines: Sabina.


MOSCHUS

Le musc est cette substance odorante qui est contenue dans une poche placée sous le ventre d’un chevrotain des montagnes d 'Asie .

Son expérimentation pathogénétique reproduit un état remarquable d'excitation et d'hypersensibilité nerveuse avec manifestations spasmodiques théâtrales.

Les symptômes de Moschus sont:

— L'hyperexcitabilité et l'hypersensibilité nerveuses. Malade (le plus souvent une femme) qui a tendance à imaginer, à exagérer ou à simuler des sensations, des douleurs ou des troubles remarquables par leur étrangeté ou leur caractère changeant. Alternances de pleurs et de fou-rire. Se plaint beaucoup et est incapable de localiser la douleur. Se met en colère pour rien en réalisant le tableau d'une « crise de nerfs". Se plaint d'une sensation de constriction à la gorge ou à la poitrine avec les apparences de la suffocation; surtout après avoir ri ou mangé ou s'être énervée. Se plaint de palpitations de coeur avec anxiété. A tendance à s'évanouir, à défaillir pour la moindre cause. Humeur variable avec exagération dans les larmes comme dans les rires ou comme dans la colère. Désir de stimulants, café ou alcools.

— Une excitation sexuelle considérable par congestion des organes génitaux avec sensation de titillation des régions génitales. Tendance à défaillir par le toucher vaginal. Les troubles nerveux et les manifestations théâtrales, hystériformes ont très souvent une origine génitale.

Moschus est le remède des malades hystériques, névropathes, aux défaillances fréquentes, théâtrales ou aux crises de nerfs et aux spasmes respiratoires spectaculaires. Le remède des malades qui se donnent en spectacle pour«se rendre intéressants» et qui réussissent à simuler ou à dramatiser leurs sensations ou leurs troubles nerveux pour impressionner leur entourage.


NAJA

Les najas, encore appelés cobras sont des serpents très venimeux de la famille des Colubridées et habitant les régions chaudes d'Afrique (l’Egypte) et d'Asie (l’Inde). Leur morsure provoque un engourdissement local puis général et une paralysie du nerf pneumogastrique, et souvent la mort dans le coma.

L'expérimentation pathogénétique du venin de cobra, du venin de Naja tripudians reproduit des troubles cardio-respiratoires par dépression douloureuse du coeur et irritation du nerf pneumogastrique.

Les symptômes de Naja sont:

Les spasmes violents dans le domaine du nerf pneumogastrique et du nerf glosso-pharyngien. Spasme de la gorge avec sensation d'étranglement (le malade se prend la gorge à pleine main), sensation de cou trop serré (par la cravate ou le col). Spasme du larynx, avec sensation d'étranglement et souvent une toux suffocante et étranglante;

Les spasmes cardiaques ou cardio-respiratoires. Dou­leurs au cœur intenses, crampoïdes ou élançantes; irradiant souvent à la nuque, à l'épaule et au bras gauche; avec palpita­tions constantes empêchant de parler; avec sensation d'étouffe­ment, d'oppression, sensation d'un poids sur la poitrine; avec forte anxiété et peur de mourir. Faiblesse du cœur avec régula­rité du rythme cardiaque (et du pouls) mais irrégularité de la force des contractions et des pulsations. Toux d'origine cardiaque suffocante et étranglante. Tous ces troubles sont plus marqués au réveil ou en étant couché sur le côté gauche; aggravés par l'usage des stimulants et surtout de l'alcool. Ces malaises sont atténués en étant couché sur le côté droit. A noter un symptôme éventuel: des impulsions brusques au suicide.


NATRUM MURIATICUM

Le chlorure de sodium ou sel marin est un élément essentiel de l'alimentation et un élément indispensable à la vie physiologique par son rôle régulateur de la pression osmotique dans l'organisme humain.

Après dilution-dynamisation simultanée, le chlorure de sodium ne se comporte plus comme un aliment mais comme un agent régulateur du métabolisme des chlorures; et sa pathogénésie reproduit un état d'amaigrissement (avec déshydratation, déminéralisation et anémie) et un état dépressif avec découragement.

Les symptômes de Natrum muriaticum sont:

L'amaigrissement avec anémie, et la déshydratation. Amaigrissement malgré la conservation de l'appétit, le malade maigrit tout en mangeant bien; l’amaigrissement prédomine à la partie supérieure du corps: cou d'abord, puis épaules, thorax... Déshydratation avec sécheresse des muqueuses et soif très vive; sécheresse de la peau, sauf au visage qui est souvent couvert de sueurs grasses; les lèvres sont sèches et craquelées, avec gerçures aux commissures de la bouche, et souvent une fissure médiane (très évocatrice) de la lèvre inférieure; la bouche est très sèche avec une soif insatiable, désir de boire souvent de grandes quantités d'eau froide; les selles sont petites, sèches et dures; sécheresse des paupières avec sensation de sable dans les yeux le matin et larmoiement brûlant; sécheresse de la muqueuse vaginale avec douleur vaginale au coït; eczéma sec au bord du cuir chevelu et surtout aux plis de flexion des membres, aggravé par l'exposition au soleil et la transpiration; herpès sur les lèvres; tendance à l'acné de la face sur peau grasse, huileuse. Cet amaigrissement avec conservation de l'appétit et déshydratation est encore marqué par deux symptômes importants: L’aspect de la langue dit en carte de géographie (alternance d îlots rouges et de zones dépapillées), et un désir anormal de sel (qui pousse même certains malades à manger le sel à la cuiller).

Des maux de tête fréquents ou périodiques, surtout chez les écoliers ou étudiants surmenés. Céphalée frontale avec de violents battements comme des coups de marteau, comme si la tête allait éclater; surtout le matin au réveil mais persistant jusqu'au soir, suivant la course du soleil; maux de tête aggravés par la chaleur rayonnante comme celle du soleil. tout effort mental (comme de parler, lire ou écrire), un séjour au bord de la mer; maux de tête calmés par des applications fraîches sur le front.

— Une dépression profonde avec tristesse et décourage­ment. Malade déprimé et indifférent à tout ce qui n'est pas sa maladie. Malade triste qui ne supporte pas qu'on veuille le consoler ou le réconforter, qui préfère être seul. Malade qui pleure facilement, souvent et pour la moindre chose; qui aime ruminer ses ennuis; qui refuse toute marque de sympathie; les essais de consolation l'exaspèrent; et qu'on le regarde ou qu'on lui parle le met en colère. Malade qui ne peut uriner en présence de quelqu'un; si quelqu'un le regarde.

Natrum muriaticum est le remède des chloro-anémies, c’est-à-dire des anémies par manque d'hémoglobine, avec leurs troubles de la peau et des muqueuses, leur aménorrhée, leur tendance dépressive.

Le remède des amaigrissements avec déshydratation au cours de maladies chroniques; coryza chronique ou à répétition, otites chroniques (séreuses ou séro-purulentes), asthme des maigres ou des amaigris.

Le remède des maux de tête chroniques des étudiants surmenés et amaigris, déprimés et pleurnicheurs; des jeunes filles anémiées, tristes, déprimées et solitaires.

Natrum muriaticum est le remède de ces troubles d'assimilation du sel alimentaire qui n'ont pendant longtemps qu'une expression clinique, avant de se manifester par des variations de la biochimie et de la cytologie sanguines. Natrum muriaticum n'est pas seulement le remède régulateur du métabolisme du sodium et des chlorures d'origine alimentaire, mais aussi le remède régulateur des échanges ioniques (fer notamment) qui ne peuvent s'opérer à l'intérieur de l'estomac qu'en présence d'une quantité suffisante d'acide chlorhydrique libre dans le suc gastrique. D'où la nécessité de prêter une attention vigilante aux goûts excessifs des enfants pour le sel ou les aliments trop salés.

Les goûts et dégoûts alimentaires des enfants correspondent généralement à une réaction instinctive de leur organisme qui recherche à compenser par un apport nutritionnel supplémentaire un défaut momentané d'assimilation ou d'absorption digestive.


NATRUM SULFURICUM

Le sulfate de sodium est un purgatif d'action rapide à doses élevées (20 à 60 grammes) et un laxatif à doses plus faibles; en injections intra-veineuses il possède une action diurétique intense.

Le sulfate de soude se trouve en abondance dans l’eau de mer et dans certaines sources d'eau minérales dont la teneur en sel peut atteindre 200 grammes par litre.

L'expérimentation du sulfate de soude reproduit des troubles importants du métabolisme de l'eau. Rétention d'eau, c'est-à-dire infiltration aqueuse de la peau et du tissu conjonctif; catarrhe chronique des muqueuses; douleurs rhumatismales

Les symptômes de Natrum sulfuricum sont:

— Le catarrhe chronique des muqueuses. Natrum sulfuricum est le remède d'une rétention d'eau diffuse à laquelle l'organisme tente de remédier par un catarrhe de muqueuse aqueux et jaunâtre, ou plus souvent épais et jaune-verdâtre mais toujours abondant, inodore et non irritant. Cette élimination catarrhale est toujours aggravée par l'humidité sous toutes ses formes (atmosphériques, humidité des maisons, fruits ou légumes aqueux...) et par le voisinage de l'eau; et toujours amélioré par un temps sec et chaud.

— Des douleurs rhumatismales très influencées par l'humidité et par les changements de temps (du sec vers l'humide). Douleurs chroniques articulaires ou péri-articulaires, avec craquement dans les articulations, avec sensation de meurtrissure. Douleurs aggravées par le repos et l'immobilité, et par les premiers mouvements; mais améliorées par un mouvement continu tandis qu'un changement de position n'apporte qu'une amélioration passagère, ce qui oblige le malade à changer constamment de position. Douleurs rhumatismales chez des malades aux doigts et aux pieds gonflés par l'humidité; chez des malades qui «prennent du poids», et qui présentent une cellulite sensible et même douloureuse au niveau des os superficiels. Douleurs rhumatismales dans la nuque et le dos; ou dans les hanches en se levant d'un siège, en se penchant ou en se tournant dans le lit (amélioration par l'extension de la cuisse et à la marche). Douleurs rhumatismales toujours améliorées (ainsi que les craquements articulaires) par le temps sec et la chaleur sèche.

— Une insuffisance hépatique caractérisée par un engorgement du foie (qui est gros et douloureux, sensible au toucher et à la pression d'un vêtement serré); par un goût amer dans la bouche (qui est pâteuse); avec mucosités épaisses de goût salé; par l'aspect de la langue (qui est chargée, recouverte d'un enduit épais, gris sale ou jaune-verdâtre); par une lenteur de la digestion avec ballonnement abdominal et flatulence excessive; par des besoins impérieux d'aller à la sel le matin au réveil ou après le petit déjeuner (selle liquide et en jet, bruyante avec émission de gaz). Ce catarrhe hépato-biliaire est aggravé par les féculents (flatulence) et par les nourritures trop aqueuses (diarrhée matinale).

— Au niveau du nez: coryza chronique avec écoulement jaune-verdâtre épais, non irritant mais adhérent, souvent de mauvaise odeur; avec mucosités dans l'arrière-nez, de goût salé.

—Au niveau des yeux: conjonctivite avec rougeur et enflure des paupières; douleurs dans les yeux le soir en lisant à la lumière artificielle; larmoiement et photophobie (intolérance à la lumière vive); sécrétions épaisses et jaune-verdâtre agglutinant les paupières au réveil.

—Au niveau des bronches: catarrhe épais et abondant, jaune-verdâtre, filant et assez facile à évacuer. Avec toux grasse provoquant des élancements douloureux forçant le malade à s'asseoir en se tenant la poitrine avec les deux mains. Asthme aggravé par les changements de temps, par l'humidité et par le voisinage de l'eau, de ta mer.

—Au niveau de l'intestin: diarrhée bruyante et brusque après le petit déjeuner; selle aqueuse et jaunâtre, jaillissante, en jet; précédée et accompagnée de borborygmes douloureux; avec émission de gaz. Nux vomica est le remède de la constipation spasmodique par ralentissement du transit intestinal, Natrum sulfuricum est le remède du catarrhe des muqueuses de l'appareil digestif avec accélération du transit intestinal par les aliments aqueux ou l'humidité froide.

—Au niveau de l'utérus: leucorrhée abondante et jaune-verdâtre, non infectieuse, chez les femmes qui « prennent facilement du poids» et qui présentent de la cellulite.

— Au niveau de l'urètre; écoulement urétral épais et inodore, verdâtre, avec congestion de la prostate.

—Au niveau de la peau: sueurs de mauvaise odeur, surtout aux aisselles et au niveau des parties génitales; avec tendance aux verrues et aux petites tumeurs cutanées (condylômes) au niveau de l'anus ou des organes génitaux; et aux éruptions suintantes, vésiculeuses ou herpétiques.

— Enfin Natrum sulfuricum est aussi le remède de la tendance à la mélancolie qui peut accompagner les troubles précédents. Mélancolie profonde avec accès brusques de tristesse aux changements de temps ou lorsqu'il pleut. Mauvaise humeur et irritabilité le matin au réveil ou lorsque le temps change; malade qui devient taciturne, qui n'aime pas qu'on lui parle et qui n'aime pas parler, par temps humide.

Alors que Natrum muriaticum se comporte comme un remède régulateur des échanges ioniques dans l'anabolisme (cet ensemble de phénomènes d'assimilation et de transforma­tion des matériaux nutritifs en cellules vivantes), Natrum sulfuricum se comporte comme un remède régulateur des échanges d'eau entre les milieux extra et intra cellulaires à l'intérieur des organes et des tissus, et donc comme un remède épurateur des déchets que l'organisme cherche vainement à éliminer par des voies de suppléance, par des catarrhes divers.

Natrum sulfuricum est le remède de l'engorgement catarrhal des appareils glandulaires et des voies excrétrices: foie et voies biliaires, bronches et voies respiratoires supérieures, intestin, voies génito-urinaires.

Natrum sulfuricum est aux asthmatiques et aux rhumatisants ce que Silicea est aux malades infectés. Natrum sulfuricum est aux malades sensibilisés à l'humidité sous toutes ses formes (asthmatiques, rhumatisants, catarrheux divers) ce que Silicea est aux malades frileux et fatigués, déficients réunissant toutes les conditions propices au développement d'une infection aiguë ou à l'entretien d'une maladie suppurative chronique.

Enfin Natrum sulfuricum est le remède essentiel des excès de poids par rétention d'eau diffuse, de même que Thuya est le remède de la cellulite localisée et Kali carbo le remède du gonflement des tissus et du ballonnement abdominal des obèses. Il est au métabolisme hydrosodé ce que Natrum muriaticum est à l'anabolisme chloruré sodique.


NITRICUM ACIDUM

L'acide nitrique (ou acide azotique) est un liquide utilisé en applications externes contre les verrues et les végétations.

L'expérimentation de l'acide nitrique reproduit une inflammation douloureuse et ulcérative de la peau et des muqueuses (surtout au niveau des orifices du corps), et une inflammation à tendance nécrosante des os et du périoste.

Les symptômes de Nitricum acidum sont:

— Des douleurs remarquables par leur caractéristique: sensation d'une écharde de bois enfoncée dans la chair, quelle que soit la région affectée; et cette douleur correspond à:

—Une ulcération saignant facilement. Douleurs piquantes, ulcération et saignement facile sont les caractéristiques pathogénétiques indissociables de Nitricum acidum. Les douleurs sont aiguës et piquantes, d'apparition et de disparition brusques, aggravées par le toucher, la nuit, et par les changements de temps. L’ulcération est à bords irréguliers, à fond lardacé (aspect de viande crue ou de lard), avec sécrétion irritante et même excoriante. Le saignement est facile au toucher; le sang est rouge vif.

— Des verrues et condylômes. Les verrues (comme les condylômes) sont larges et dentelées, molles et pédonculées, localisées surtout aux orifices cutanéo-muqueux du corps (anus, organes génitaux, paupières ou sur le dos des mains).

—Au niveau de la bouche: commissures des lèvres ulcérées, crevassées; salivation irritante, abondante et fétide; gencives rouges et spongieuses avec tendance au déchaussement des dents; haleine fétide; langue rouge avec petites vésicules brûlantes, très douloureuses au contact (stomatite et glossite ulcéreuse, aphtes).

—Au niveau du pharynx: douleur intense comme si une écharde de bois était fichée dans la gorge, et douleur intense à la déglutition (angine ulcéreuse).

—Au niveau de l'intestin: diarrhée chronique faite de selles muco sanguinolentes avec ténesme et douleurs piquantes. Colite ulcéreuse. Rectocolite ulcéro-hémorragique.

—Au niveau du rectum et de l'anus: douleur pendant la selle et après la selle (même molle et peu volumineuse). Douleur aiguë, piquante comme si une écharde de bois ou des épines étaient fichées dans l'anus. Douleur avec ou sans fissure anale visible, mais saignement facile de sang rouge; il existe souvent des hémorroïdes externes extrêmement sensibles au moindre contact.

—Au niveau des yeux et des paupières: ulcération très douloureuse avec peu de rougeur; mais douleurs piquantes et brûlantes avec larmoiement irritant et intolérance à la lumière vive. Ulcération de la cornée, mais aussi conjonctivite, kératite, iritis, ou blépharite ulcéreuse.

—Au niveau des bronches: toux sèche et spasmodique avec douleurs aiguës et piquantes dans la poitrine, expectoration jaune verdâtre et fétide, et surtout fréquence des hémoptysies abondantes de sang rouge et brillant. Lésions pulmonaires ulcéreuses et hémorragiques de toutes origines.

— Au niveau des organes génitaux: ulcérations saignant facilement, au moindre contact (sang rouge vif), avec douleurs très vives et piquantes; et souvent des condylômes ou végétations aux points de jonction de la peau et des muqueuses, les ulcérations et les condylômes de Nitricum acidum ont toujours une affinité très nette pour les orifices cutanéo­muqueux du corps.

— Au niveau des os: douleurs osseuses rongeantes, apparaissant et disparaissant brusquement avec nécrose et pus fétide jaune verdâtre. Localisations fréquentes: les tibias, la mastoïde.

— Dans les maladies ulcéreuses chroniques de Nitricum acidum le malade peut présenter un état dépressif avec extrême irritabilité et humeur sombre, ne supportant aucune contrariété; avec désespoir et lassitude de la vie; tristesse et indifférence à tout ce qui n'est pas sa maladie. Mais le malade justiciable de Nitricum acidum présente toujours une modalité particulière: un besoin de mouvement ou plus précisément de déplacement en voiture, il ne se détend, ne se laisse aller qu'en étant assis dans sa voiture.

Les indications nombreuses de Nitricum acidum vont des simples érosions cutanées ou muqueuses (crevasses ou fissures des orifices naturels du corps, ou des plis de flexion) aux ulcérations très douloureuses et hémorragiques des organes profonds, ou aux lésions ulcéro-végétantes (valvulaires; ou cancéreuses).

Nitricum acidum est le remède des plaies ulcérées chroniques dont la cicatrisation difficile et lente évolue vers la formation de chéloïdes ou de tumeurs verruqueuses ou végé­tantes. Et il est certain qu'un grand nombre de tumeurs cancé­reuses sont dues à l'évolution non contrôlée de ce type de lésions.

Nitricum acidum est aussi un remède de cicatrisation des fistules douloureuses d'abcès profonds (fistules du tube digestif ou des voies biliaires) en association avec des remèdes comme Silicea, Mercurius corrosivus et Calcarea sulfurica.

Enfin Nitricum acidum est avec Manganum un remède très important des douleurs osseuses atroces des localisations secondaires osseuses des cancers comme celui du sein (que le malade soit vu au stade prémonitoire ou au stade tardif de la fracture pathologique spontanée).


NUX MOSCHATA

La noix muscade est la graine de Myristica aromatica ou Myristica moschata ou encore Myristica fragans, de la famille des Myristacées. Cet arbre, Myristica aromatica ou Muscadier aromatique (ou royal) est un arbre des régions tropicales, de 8 à 15 mètres, originaire des Moluques et de la Malaisie où il pousse spontanément mais où il est largement cultivé, ainsi qu'aux Antilles, en Amérique du Sud ou à Sumatra.

Le fruit (ou muscade) est une baie en forme de poire qui s'ouvre à maturité pour laisser échapper une graine entourée de son tégument, de la grosseur d'une petite noix. Dépouillée de son tégument, l’amande est alors réduite à la grosseur d'une olive, légèrement aplatie aux extrémités, de couleur gris rougeâtre en surface et marquée de sillons réticulés d'un blanc grisâtre. Cette noix muscade est d'une forte odeur aromatique et d'une saveur huileuse âcre et piquante; elle renferme 30 à 40 % de matières grasses (le beurre de muscade) et 8 à 10 % d'huile essentielle. La noix muscade est beaucoup plus appréciée comme condiment dans l'art culinaire que comme médicament tonique et stimulant de la digestion gastrique.

L'intoxication par la noix muscade provoque des phénomènes d'excitation et du délire: hallucinations, sensation d'avoir deux têtes ou d'avoir en soi deux personnages, dédoublement de la personnalité, vertiges comme par ivresse et soif intense. Puis délire et convulsions. Enfin état de stupeur et mort par collapsus.

L'expérimentation pathogénétique de la noix muscade reproduit des troubles nerveux (hypersensibilité sensorielle, instabilité nerveuse et tendance aux malaises à type d'évanouissements) puis une dépression des fonctions intellectuelles, sécrétoires et digestives.

Les symptômes de Nux moschata sont:

— Un état d'instabilité nerveuse fait d'alternances de moments d'excitation et de moments de dépression. Alternances de rires ou de pleurs, de grande gaieté et de tristesse, de vivacité d'esprit avec tendance à l'ironie à l'indifférence avec tendance à l'hébétude. Cette instabilité nerveuse qui peut confiner à l'hystérie est aggravée par les émotions, et les bruits, les odeurs, la douleur.

—Le ralentissement psychique, la torpeur intellectuelle avec lenteur de la compréhension, de la parole, des réponses. Le malade est engourdi, comme«absent» ou«égaré», incapable de se concentrer dans son travail et de se concentrer sur une lecture. I l se perd dans des rues ou dans un quartier qu'il connaît bien. Il vit comme dans un rêve, détaché de tout; et il vit au ralenti. Il semble n'agir que par automatisme. Si on l'interrompt dans un travail, dans une activité, il oublie immédiatement ce qu'il était en train de faire ou ce qu'il voulait faire. Si on l'arrête au milieu d'une phrase, il oublie ce qu'il voulait dire; il peut s'arrêter au milieu d'un exposé parce que l'idée qu'il voulait exprimer s'est évanouie, ou parce qu'il ne trouve pas les mots propres pour l'exprimer.

— Une somnolence invincible, remarquable. Grande difficulté à rester éveillé; tendance invincible au sommeil qu'aggrave le moindre effort mental. Malade qui peut rester des heures immobile et silencieux, somnolent, les yeux fermés.

—Une tendance aux malaises, à la perte de connaissance pour la moindre cause: émotion forte (la vue du sang), douleur (même légère), fatigue ou station debout prolongée.

— Une sécheresse anormale de la peau et des muqueuses. Sécheresse extrême de la bouche surtout la nuit ou au réveil. La salive est épaisse et cotonneuse. La langue sèche, colle au palais et se meut avec difficulté (la parole est difficile). La sécheresse des muqueuses affecte aussi bien les yeux que l'appareil digestif (atonie de l'estomac avec ballonnement, et de l'intestin avec constipation). La peau est très sèche, ne transpire pas. L'absence de soif et l'absence de sueurs sont deux caractéristiques du remède.

— Enfin des troubles digestifs à type d'atonie flatulente. Ballonnement considérable de l'estomac et de l'abdomen pendant ou immédiatement après les repas, mais sans éructation; constipation avec selles très difficiles à expulser, bien que molles.

En résumé, Nux moschata est le remède des malades somnolents et ballonnés à la peau et aux muqueuses sèches; qui vivent comme dans un rêve et au ralenti, qui souffrent d'une hypoactivité cérébrale, sécrétoire et digestive.

Nux moschata est le remède des écoliers et des étudiants d'humeur instable qui éprouvent de grandes difficultés à travailler parce qu'ils sont incapables de fixer leur attention d'une part, et parce qu'ils éprouvent une tendance irrésistible au sommeil, un besoin anormal de dormir d'autre part. Ils donnent l'impression de planer, détachés de tout et incapables de concentration volontaire. Il leur faut un temps infini pour lire un texte, pour comprendre et pour apprendre.

Nux moschata est le remède des malades digestifs atteints d'insuffisance de la sécrétion glandulaire et d'atonie du tube digestif, d'où ballonnement considérable de l'abdomen (sans éructation), lenteur de digestion avec somnolence, sécheresse de muqueuses (salive cotonneuse) et constipation (même les selles molles sont très difficiles à expulser). Remède d'atonie et d'hyposécrétion, Nux moschata ne convient jamais à des malades qui souffrent de brûlures d'estomac ou d'acidités, d'aigreurs, de douleurs. Son complémentaire digestif peut être Lycopodium mais jamais Nux vomica ni Argentum nitricum ou Iris versicolor.


NUX VOMICA

La noix vomique est la graine du Strychnos nux vomica de la famille des Loganiacées, grand arbre de 10 à 12 mètres qui croît spontanément dans l’Inde méridionale et orientale, à Ceylan, au Cambodge, au Sud Viêt-nam. Ne pas confondre le vomiquier, Strychnos nux vomica avec le Strychnos ignatia ou fève de Saint Ignace, de la même famille des Loganiacées.

La noix vomique, de saveur extrêmement amère, est très toxique; son alcaloïde principal est la strychnine qui est un poison convulsant, un excitant des centres nerveux du bulbe et de la moelle épinière.

L'intoxication massive par la noix vomique provoque des convulsions comme le tétanos, avec hyperesthésie généralisée, et la mort en toute lucidité par asphyxie provoquée par une contracture des muscles respiratoires.

A doses encore toxiques mais moindres, la noix vomique provoque un état de surexcitation nerveuse avec secousses convulsives, par hyperexcitabilité médullaire.

A doses thérapeutiques (pondérales, classiques), la noix vomique et son alcaloïde principal, la strychnine sont utilisés comme stimulants nerveux, excitants musculaires (dans certaines paralysies), toniques du cœur, constricteurs des vaisseaux, enfin comme excitants de la sécrétion gastrique et de la motricité de l'estomac et de l'intestin.

L'expérimentation pathogénétique de la noix vomique reproduit un état spasmodique de la musculature de l'estomac et de l'intestin, avec congestion du système veineux et hypersensibilité nerveuse (à irritabilité dominante).

Les grands symptômes de Nux vomica sont:

—L'irritabilité, la nervosité impatiente et intolérante. Malade qui ne peut supporter la moindre contrariété ou la moindre contradiction. Qui s'irrite et s'impatiente en face d'une difficulté ou d'un obstacle. Qui supporte mal les bruits ou la musique, une vive lumière ou des odeurs violentes. Qui est vif et querelleur, qui s'emporte facilement en perdant tout contrôle. Qui est de mauvaise humeur le matin ou après les repas, aussitôt après le réveil ou après avoir mangé (ou absorbé des épices, des stimulants ou de l'alcool).

— Des troubles digestifs en rapport avec un état spasmodique de l'estomac et de l'intestin dont les effets s'opposent aux contractions péristaltiques naturelles c’est-à-dire aux mouvements de progression de haut en bas du tube digestif. I l en résulte, assez tôt après les repas, une sensation de lourdeur à l'estomac et un ballonnement de l'abdomen au-dessus de l'ombilic avec besoin de desserrer la ceinture et intolérance à la pression, aux vêtements serrés. Besoin de sieste si brève soit-elle, par somnolence invincible; besoin d'un court sommeil qui améliore instantanément. Sensation que vomir soulagerait (et effectivement le vomissement qui est toujours acide soulage); nausées et parfois régurgitations.

Dans les heures qui suivent le repas (surtout s'il est trop copieux et trop riche, repas de famille ou repas d'affaire par exemple), la langue se charge d'un enduit blanc jaunâtre à sa partie postérieure; l’hypersensibilité et l'irritabilité habituelles du malade s'aggravent; il éprouve des besoins urgents et inefficaces d'aller à la selle, avec une sensation de n'avoir jamais fini; s'il éprouve un besoin urgent d'uriner et s'il pousse pour uriner plus vite, le jet s'interrompt; l’évacuation incomplète des selles et l'arrêt de la miction en poussant ont la même cause: un spasme des sphincters et de la musculature de l'intestin et de la vessie qui s'oppose aux mouvements péristaltiques normaux de ces organes.

Plus tard encore, ou le lendemain au réveil, état nauséeux avec sensation de <(gueule de bois» et parfois débâcle diarrhéique.

—Une congestion du foie qui est sensible au toucher et à la pression des vêtements; qui est lourd et engorgé, dur. Congestion du foie qui s'accompagne d'un ralentissement de la circulation sanguine dans le système veineux porte; tendance aux hémorroïdes qui sont douloureuses, très congestives avec sensation de douleur battante, et de picotements ou de démangeaisons, calmée par des applications froides.

— Une insomnie évocatrice. Ou bien le malade ne peut s'endormir le soir avant minuit, ou une heure plus tardive. Ou bien il s'endort rapidement pour être réveillé vers trois heures du matin sans pouvoir se rendormir avant l'aube, ou au moment de se lever. Eveillé, il ne peut contrôler l'afflux de ses pensées; et le matin au lever il est plus fatigué que la veille au coucher, et de fort mauvaise humeur, avec lourdeur cérébrale et souvent des vertiges.

—D'autres troubles encore, spasmodiques ou névralgiques. Coryza spasmodique, sec la nuit et fluent le jour (d'origine toxique digestive et non allergique, ni infectieuse); crise d'asthme déclenchée par un excès alimentaire; contractures musculaires: crampes des mollets ou des orteils, lombago qui oblige le malade à s'asseoir pour pouvoir se retourner dans son lit; douleurs névralgiques: cervico-brachiales ou sciatiques; enfin une localisation au niveau de l'utérus de la tendance générale de l'organisme à présenter un état spasmodique s'opposant aux mouvements péristaltiques normaux des voies naturelles: règles douloureuses et intermittentes (évacuation contrariée du sang et des caillots), et au cours de l'accouchement expulsion contrariée par des mouvements antipéristaltiques, déclenchés par les envies de pousser.

Retenir de Nux vomica qu'il est le remède digestif des sédentaires portés aux abus de nourriture et de boissons alcoolisées; mais aussi de l'intoxiqué par somnifères ou excitants médicamenteux. Nux moschata est un remède d'atonie et d'insuffisance sécrétoire du tube digestif; Nux vomica est le remède régulateur du transit gastro-intestinal contrarié par des spasmes antipéristaltiques dans un contexte d'hypersensibilité générale.


OENANTHE

Oenanthe crocata ou oenanthe safranée, pensacre, persil laiteux, oenanthe à suc jaune, de la famille des Ombellifères, est une plante qui pousse dans les régions atlantiques, au bord des ruisseaux et dans les prairies humides. Ses tiges épaisses et cannelées et ses tubercules (très dangereux parce qu'ils peuvent être confondus avec des racines de navet) sont pleins d'un suc lactescent qui jaunit à l'air, qui est d'odeur forte et nauséeuse, et qui est très toxique: douleurs laryngées et abdominales avec diarrhée, puis convulsions avec trismus, et mort possible en 1 ou 2 heures.

L’Oenanthe est un poison mortel pour les oiseaux (par ses graines) et pour le bétail (par ses tiges et ses racines).

L'action pathogénétique de Oenanthe est une action de congestion du cerveau avec réactions spasmodiques, convulsives, épileptiformes.

Les symptômes de Oenanthe sont remarquables par leur soudaineté d'apparition, et leur caractère dramatique; perte de connaissance complète; face pâle, livide avec les yeux dilatés et fixes; violentes secousses convulsives de tous les muscles; puis profond sommeil comateux.

Oenanthe est un remède homéopathique à prescrire avec persévérance, pendant plusieurs mois ou semaines, en hautes et en basses dilutions, associé à des remèdes comme Cicuta et Kali bromatum et surtout Cuprum metall. lorsqu’un bilan neurologique à la recherche systématique d'une affection chirurgicale (tumeur, en particulier) s'est révélé négatif.


ONOSMODIUM

Onosmodium virginicum, ou Lithospermium virginicum ou borraginée de Virginie est une plante de la famille des Borraginacées qui reproduit par expérimentation pathogénétique une dépression cérébro-médullaire et des troubles sexuels.

Les symptômes de Onosmodium sont:

— Les maux de tête avec douleurs dans les globes oculaires. Maux de tête par fatigue oculaire ou surmenage oculaire chez les myopes ou les presbytes incapables de soutenir longtemps un effort d’accommodation en raison de la fatigue des muscles moteurs de l'œil que cet effort provoque. Les globes oculaires semblent lourds et endoloris avec sensation de raideur (mais sans rougeur); les douleurs oculaires sont aggravées par la lecture et surtout par la lecture des petits caractères. La céphalée est le plus souvent frontale; parfois occipitale avec sensation de pesanteur douloureuse ou de constriction à la nuque. Cette douleur migraineuse s'accompagne d'un état vertigineux et d'une certaine lenteur cérébrale, lenteur de la compréhension et lenteur de l'idéation, difficulté de concentration .

— La faiblesse musculaire, surtout des jambes avec sensa­tion d'engourdissement et de fatigue. Alliée à un trouble cérébro-médullaire de la coordination des mouvements, cette faiblesse musculaire provoque un manque de sûreté dans la démarche (qui est chancelante) et dans les gestes; avec hési­tations et peurs, appréhensions (surtout en descendant un escalier, ou dans l'obscurité). Dans les cas accentués, la démarche chancelante ou saccadée peut faire place à une démarche titubante.

— La neurasthénie sexuelle. Forte diminution (ou absence) des désirs sexuels. Chez la femme: frigidité complète, et congestion des ovaires et de l'utérus, douleurs avec sensation constante que les règles sont sur le point de venir; règles en avance d'ailleurs, abondantes et prolongées; douleurs aggra­vées par des vêtements trop serrés à la taille.

Chez l'homme: excitation sexuelle constante, d'abord puis impuissance (érection faible et éjaculation trop rapide), enfin absence complète de désir sexuel.

Les grandes indications de Onosmodium sont: les maux de tête par fatigue oculaire avec douleurs oculaires; les troubles de la vue par difficulté d'accommodation; les troubles de la démarche par faiblesse musculaire et troubles de la coordination des mouvements; enfin l'absence de désir sexuel (impuissance ou frigidité).


OPIUM

L'opium officinal est constitué par le latex naturel épaissi des capsules du Papaver somniferum, de la famille des Papavéracées.

Les propriétés thérapeutiques de l'Opium sont multiples et bien connues: hypnotique et analgésique, sédatif de la toux, antidiarrhéique, antidyspnéique, hypotenseur et vaso-dilatateur...

L'expérimentation pathogénétique de l’opium reproduit essentiellement un état de congestion cérébrale passive avec assoupissement profond et même coma apoplectique, et une constipation chronique par atonie intestinale.

Les symptômes de Opium sont:

— Un engourdissement cérébral et sensoriel par congestion passive du cerveau. Malade engourdi qui ne se plaint de rien, qui ne désire rien, qui ne souffre pas et n'a mal nulle part. Malade endormi et d'aspect abruti (dans les cas extrêmes: sommeil profond, ou état comateux). Malade qui désire avant tout sa tranquillité.

— Une rougeur chaude du visage. La face est rouge sombre et chaude, congestionnée; les pupilles un peu rétrécies; le visage couvert de sueurs chaudes.

— Dans les cas graves: tableau du coma apoplectique. Perte de connaissance avec insensibilité et immobilité complète; la face rouge, congestionnée et chaude; les yeux sont fixes et demi-ouverts; les pupilles immobiles en myosis; la respiration est lente, profonde et stertoreuse; la face et le tronc sont couverts de sueurs chaudes alors que les extrémités sont froides; la mâchoire inférieure tombe et le malade «fume sa pipe».

— Une constipation chronique par atonie intestinale (faiblesse parétique de la musculature de l'intestin) et surtout par inertie rectale. Le malade n'éprouve aucun besoin (ni aucune douleur). Les selles sont dures et noires, arrondies (scybales); difficiles à expulser (sans lavement) car elles remontent dans le rectum au moment d’être évacuées.

Les indications de Opium sont les états de congestion cérébrale passive comme ceux qu'on peut observer dans l'alcoolisme, dans l'urémie, dans l'apoplexie, dans les fièvres dites « cérébrales», dans les comas méningés ou cérébro­méningés profonds. Et la constipation chronique par atonie et diminution des sécrétions intestinales.


PAEONIA

La pivoine officinale (Paeonia officinalis, de la famille des Renonculacées) est une plante souvent cultivée dans les jardins pour la décoration.

Son expérimentation pathogénétique reproduit une inflammation aiguë du rectum et de l'anus avec tendance aux ulcérations et aux fissures de la muqueuse, et une congestion veineuse du système porte avec hémorroïdes et varices.

Les symptômes de Paeonia sont:

— La douleur intolérable dans l'anus avant la selle et après chaque selle. Sensation d'influx et de congestion de l'anus, avec souvent sensation de cuisson. L'anus est toujours humide et suintant. Ulcérations péri-anales suintantes.

— Des hémorroïdes enflammées et douloureuses, très sen­sibles au toucher; avant et après la selle, vives douleurs à type d'élancements ou de brûlures, aggravées par le moindre toucher et contact (au point d'être obligé d'écarter les fesses avec les mains pour atténuer les douleurs).

— Par ailleurs, tendance aux ulcérations causées ou entretenues par des frottements répétés ou des compressions prolongées en des régions diverses; surtout dans la région péri­anale, au niveau du périnée, du cou-de-pied ou du talon, ou du pied et des orteils, du coccyx. Ulcérations avec douleurs aiguës et violentes, aggravées par le moindre contact, et suintement irritant et permanent.

Paeonia est un remède de fissures anales, ou de fistules, d'hémorroïdes très douloureuses, et d’ulcères variqueux.


PAREIRA BRAVA

Le pareire est la racine médicamenteuse d'une liane américaine, le Chondodendron tomentosum, de la famille des Ménispermacées, encore appelé Cocculus chondodendron ou Cissampelos abutia (Vigne sauvage). Habitat: le Pérou et surtout le Brésil, autour de Rio-de-Janeiro. Sous le nom de Pareira brava on désigne souvent à tort d'autres ménispermacées comme le Cissompelos Pareira, qui sont de faux pareira.

Le Pareira brava a la réputation d'être actif dans les inflammations des reins, des uretères et de la vessie. Il est surtout prescrit comme diurétique et comme fébrifuge.

Son expérimentation pathogénétique reproduit une crise aiguë de dysurie: besoin constant d'uriner (tous les quarts d'heure); miction très difficile avec besoin de se pencher en avant, de s'accroupir ou de se mettre à genoux (les mains appuyées sur le sol) et de pousser fortement pour uriner péniblement quelques gouttes. Vives douleurs à la vessie et à l'urètre en urinant; ces douleurs peuvent irradier aux cuisses. Parfois sensation de vessie pleine et distendue qui revient vite après avoir uriné (la miction est incomplète). Les urines peuvent être troubles (mucus épais ou sécrétions muco-purulentes) et d'odeur ammoniacale.

Pareira brava est un très grand remède de la crise de colique néphrétique, favorisant très souvent la progression et l’expulsion du calcul urétéral (en association avec Dioscorea et Chimaphila).

Pareira est aussi le remède des crises de dysurie (difficulté de la miction) chez les prostatiques ou les blennorragiques.


PARIS QUADRIFOLIA

La parisette à quatre feuilles, ou raisin de renard, étrangle­loup, de la famille des Liliacées, est une herbe rustique à rhizome rampant et à baies bleuâtres, qui pousse dans les bois humides.

Son expérimentation pathogénétique reproduit un état de congestion cérébrale avec troubles névritiques et médullaires.

Les symptômes de Paris quadrifolia sont:

— La loquacité par accès. Malade qui parle d'une façon incohérente en changeant de sujet à chaque instant, en sautant d'une idée à une autre; et qui parle même s'il est seul.

- Les maux de tête avec douleurs lancinantes dans les tempes, les yeux et la nuque; et surtout douleurs oculaires caractéristiques: sensation que les yeux sont devenus trop gros pour les orbites ou sensation que les yeux sont tirés en arrière (comme par un fil). Malade au regard égaré, aux globes oculaires proéminents. Maux de tête et douleurs oculaires aggravées par les efforts intellectuels ou la fatigue visuelle. Parfois sensation d'augmentation de volume de la tête; ou sensation d'élancements d'avant en arrière à travers les globes oculaires.

— Les douleurs névralgiques: faciale (élancements dans l'os, malaise et sensation d'engourdissement de la joue), occipitale (sensation de poids sur la nuque avec raideur du cou), bra­chiale (avec engourdissement des doigts et troubles du toucher: tous les objets lisses, les surfaces polies semblent rugueux au toucher), intercostale (souvent gauche, irradiant dans les bras), coccygienne (avec douleurs lancinantes surtout en étant assis). Ces douleurs névralgiques ont ceci de remarquables qu'elles sont toujours accompagnées d'une sensation d'engourdissement de la région affectée (troubles névritiques ou médullaires).


PETROLEUM

Petroleum est le pétrole blanc purifié ou huile de pétrole. L'intoxication chronique par le pétrole provoque chez les ouvriers qui sont exposés à son contact des troubles de la peau qui devient sèche et crevassée avec tendance aux éruptions suintantes ainsi que des troubles digestifs (perte d'appétit, nausées, et diarrhée) et respiratoires (toux et gêne respiratoire).

L'expérimentation pathogénétique du Pétrole reproduit des altérations chroniques de la peau et un état vertigineux et nauséeux aggravé par les mouvements passifs.

Les symptômes de Petroleum sont:

— Les éruptions chroniques qui apparaissent sur un fond de sécheresse rugueuse de la peau; vésicules ou pustules qui laissent échapper un suintement clair et aqueux formant des croûtes jaunâtres; les vésicules sont petites mais brûlantes et toujours suintantes, avec des démangeaisons. Localisations habituelles: les mains et les plis articulaires, derrière les oreilles, entre les orteils, au niveau des organes génitaux (qui sont toujours humides, avec une transpiration de mauvaise odeur). Ces éruptions suintantes sont toujours aggravées en hiver, par le temps froid; et améliorées par le temps chaud, l’été.

— Une sécheresse et une rugosité habituelles de la peau. La peau - surtout au niveau des mains et des doigts - est toujours sèche, épaissie et rugueuse et profondément fissurée. Crevasses, fissures ou gerçures au bout des doigts ne saignent pas; et sont aggravées l'hiver; aspect malsain, sale de la peau, la moindre petite plaie suppure.

—Un état vertigineux et nauséeux aggravé par tous les mouvements passifs en auto, en bateau et même en ascenseur ou en balançoire. L'appétit est conservé; les vomissements sont brusques et violents; nausées et vertiges peuvent être associés à des maux de tête à type de pesanteur avec sensation de battements dans la nuque. Mal de mer avec la bouche pleine d'eau amélioré en fermant les yeux et en mangeant.

— Une grande frilosité habituelle avec crainte de l'hiver et du froid. Un gros appétit; faim même la nuit, doit se lever pour manger; mais aversion pour les aliments gras, la viande et les choux (la choucroute donne la diarrhée). Soif avec désir de bière.

Petroleum est surtout le remède des peaux rugueuses et crevassées, fissurées au niveau des mains et des doigts, et des éruptions suintantes chez les ouvriers ou les ménagères qui ne supportent pas le contact avec les dérivés d'hydrocarbures: huiles minérales de graissage, carburants (essence, mazout), pétrole ou éther, et surtout les détergents utilisés pour la lessive ou le ménage.


PHOSPHORICUM ACIDUM

L'acide phosphorique est un liquide sirupeux et incolore, très soluble dans l'eau, utilisé en médecine comme stimulant et reconstituant du système nerveux, comme stimulant de la digestion, et enfin comme acidifiant dans les états d'alcalose.

L'expérimentation de l'acide phosphorique reproduit une dépression profonde du système nerveux comparable à l'épuisement nerveux provoqué par des soucis ou des chagrins profonds ou par des excès sexuels.

L'épuisement nerveux général avec indifférence à tout est le symptôme essentiel de Phosphoricum acidum.

—Malade épuisé et indifférent, après chagrin profond, soucis prolongés ou excès sexuels. Lenteur et torpeur intellectuelles: malade incapable de réunir deux idées ensemble; difficulté à parler, à trouver le mot juste pour s'exprimer; à comprendre et à suivre une conversation. Le malade ne s'intéresse plus à rien, pour ne pas avoir à penser, par fuite de tout effort cérébral. Diminution de la mémoire (des fait quotidiens). Insouciance et découragement.

— Fatigue physique avec fatigabilité; faiblesse physique plus grande le matin, prédominant aux jambes et au dos.

—Asthénie sexuelle avec perte du désir et faiblesse des érections.

— Céphalée intense avec sensation d'un poids écrasant sur le sommet du crâne; élancement violent dans la tête à chaque secousse, aux bruits; céphalée aggravée par le travail mental, le surmenage oculaire. Maux de tête des écoliers et des étudiants surmenés, aux yeux cernés, à la croissance trop rapide avec douleurs osseuses (surtout aux os longs, comme les tibias); ou après excès sexuels ou onanisme invétéré (impulsions irrésistibles) .

— Enfin sueurs faciles surtout la nuit; chute des cheveux, qui blanchissent rapidement; urines blanchâtres, laiteuses, riches en phosphates (les urines sont teintées, uniformément colorées de blanc, mais ne sont pas troubles).

Phosphoricum acidum est le remède des personnes qui manquent d'entrain, qui n'ont envie de rien, et qui offrent des apparences de la distraction alors qu'elles sont profondément épuisées. Malade incapable de lire un texte et de l'assimiler; de retenir le nom des personnes qu'on lui présente et de les reconnaître peu après (non par distraction mais par fuite de l'effort cérébral nécessaire); malade qui se perd dans les rues (en parlant à haute voix) par défaut de concentration; qui oublie ses achats dans le magasin. Nux moschata est le remède de l'engourdi mental somnolent, Phosphoricum acidum le remède du malade épuisé cérébral, indifférent à tout ce qui l'entoure.

Les indications de Phosphoricum acidum sont les maladies caractérisées par un trouble profond du métabolisme de l'acide phosphorique: troubles métaboliques des cellules nerveuses (psychasthénie), des cellules pancréatiques (diabète) et des cellules génitales (impuissance).

Par l'acide adénosine triphosphorique ou ATP (qui renferme trois molécules d'acide phosphorique), l’acide phosphorique est un élément essentiel du métabolisme énergétique des cellules, le fournisseur de l'énergie qu'utilise l'organisme aussi bien pour la synthèse des cellules que pour la contraction musculaire (et donc la locomotion et toutes les activités mécaniques) .

Phosphoricum acidum est un remède de diabète dans la mesure où la phosphorylation, c'est-à-dire la transformation dans l'organisme du glucose en glycogène ne peut se faire que grâce à l'apport d'énergie fournie par l'acide adénosine­triphosphorique; du maintien d'une production suffisante d'ATP et d'une phosphorylation correcte dépend la sécrétion régulière de l'insuline.

Phosphoricum acidum est un remède des troubles du métabolisme du glucose et du métabolisme énergétique et le glucose est l'oxygène des cellules nerveuses.

En pratique courante Phosphoricum acidum est le remède des personnes qui doivent se forcer (surtout le matin au réveil) pour faire quoi que ce soit et qui ont des urines uniformément teintées de blanc (sans dépôt ni infection).


PHOSPHORUS

Le phosphore blanc (la seule variété utilisée en thérapeutique) est un remède métalloïde extrêmement toxique, et un médicament dangereux qui n'est plus utilisé comme stimulant du système nerveux.

L'intoxication aiguë par le phosphore blanc provoque d'abord des troubles digestifs précoces (vomissements à odeur alliacée et lumineux; brûlures à l'estomac, coliques, sueurs abondantes, angoisse), puis après une période de rémission des lésions hépatiques (ictère grave avec hémorragies) et rénales (albuminurie et oligurie), enfin la mort dans le coma.

L'expérimentation du phosphore blanc provoque des congestions aiguës localisées avec tendance aux hémorragies et évolution vers la dégénérescence du tissu noble de l'organe.

Les symptômes de Phosphorus sont:

— Un état congestif aigu. Sensation de chaleur brûlante à la tête, au niveau des mains, entre les deux épaules (avec sensation d'une vague de chaleur qui monte du bas du dos jusque dans la nuque). Maux de tête congestifs avec sensation de brûlure; calmés par le froid et les applications froides. Sensation de chaleur interne brûlante; et corps chaud objectivement avec sueurs chaudes abondantes. Etat congestif aggravé par la chaleur de la chambre, et par les changements de temps, pendant un orage.

—Une tendance aux hémorragies. Hémorragies abondantes et répétées, de sang rouge; hémorragies fréquentes, qui cessent et puis reprennent; la moindre blessure saigne abondamment. Hémorragies à répétition de toute localisation; hémophilie; purpura.

— Au niveau des voies respiratoires: laryngite aiguë avec enrouement surtout le. soir, avec sensation de brûlure et douleur intense qui empêche de parler. Ou foyer congestif pulmonaire (ou pleuro-pulmonaire) avec sensation de chaleur brûlante dans la poitrine, avec oppression considérable et sensation de constriction, ou d'élancements dans la poitrine; avec toux sèche et secouante (tout le corps est secoué par la toux) douloureuse et épuisante; avec expectoration purulente, et souvent sanguinolente; avec hémorragies répétées. Soif d'eau froide; sueurs chaudes abondantes. La toux est aggravée en parlant ou en étant couché sur le côté congestionné; toux surtout le soir avant minuit; toux aggravée à l'air froid.

—Au niveau du foie et du tube digestif; douleur dans la région hépatique surtout en étant couché sur le côté droit, le foie est gros et congestionné, douloureux et sensible au toucher; tendance à l'ictère (Hépatite aiguë, ictère grave). Ou nausées et vomissements alimentaires et de sang rouge, avec douleurs brûlantes à l'estomac et sensation de vide s'étendant à tout l'abdomen (gastrite aiguë avec hématémèse, pancréatite aiguë) ou diarrhée abondante et épuisante, aqueuse jaillissant comme d'un robinet sans douleur abdominale mais brûlant l'anus (gastro-entérite aiguë).

— Au niveau du système nerveux central: paralysie progres­sive avec sensation de faiblesse de la colonne vertébrale engourdissements ou fourmillements dans les membres affectés, tremblements au moindre effort et début de mouvement, démarche chancelante.

— L'évolution habituelle des lésions inflammatoires et congestives de type phosphorus s'effectue toujours vers la dégénérescence des cellules nobles de l'organe affecté, vers la dégénérescence parenchymateuse: foie (Ictère grave, cirrhoses), pancréas (pancréatite hémorragique; possibilité de diabète), reins (néphrites, néphrosclérose), moelle épinière (paralysies), poumons (broncho-pneumonie, tuberculose), glandes surrénales (tuberculose ou maladie d'Addison), larynx (laryngite chronique).

L'arsenic est un poison fonctionnel de la cellule; le phosphore est un caustique avide d'oxygène, qui provoque des lésions destructives graves: inflammations ulcéro-hémorragiques évoluant vers la sclérose et la dégénérescence irréversibles et irrémédiables des tissus.


PHOSPHORUS TRI-IODATUS

Phosphorus tri-iodatus ou tri-iodure de phosphore est un remède qui est. plus proche de Phosphorus dans ses indications que de lodum.

L'action caustique et congestive violente du phosphore est tempérée par l'élément iode qui confère au remède une nette tendance à la chronicité et un adoucissement de son action lésionnelle mais une tendance marquée à la sclérose et à la fibrose cicatricielle. Un remède qui joint aux caractéristiques des dérivés iodés les caractéristiques du phosphore.

L'élément iode apporte les caractères de chronicité et d'induration inflammatoire subaiguë qui caractérise les sels iodés.

Phosphorus tri-iodatus est un remède qui agit profondément sur l'élément sclérose des lésions cicatricielles des tissus nobles (cellules nerveuses, cellules hépatiques, parois vasculaires) très différenciés.


PHYSOSTIGMA

Physostigma venenosum, de la famille des Légumineuses, dont la graine est connue sous le nom de Fève de Calabar, est une grande liane herbacée pouvant atteindre 15 à 2û mètres de long, originaire de l'Afrique tropicale et aimant les terrains marécageux. Très toxique, la graine du Physostigma est encore appelée Fève d'épreuve car les Africains l'utilisaient pour déterminer l'innocence ou la culpabilité des accusés.

Par ses alcaloïdes dont le principal est l'ésérine, la fève de Calabar paralyse les centres moteurs (d'où son utilisation dans le traitement du tétanos, de l'empoisonnement par la strychnine, de la chorée), excite le péristaltisme intestinal et combat la flatulence et la constipation; mais surtout c'est un antimydriatique puissant (le collyre d'ésérine est un constricteur énergique de la pupille, antagoniste de l'atropine, utilisé notamment pour diminuer la pression intra-oculaire dans le glaucome ou pour traiter les paralysies de l'accommodation).

L'expérimentation de la Fève de Calabar reproduit des troubles oculaires d'une part, et des troubles sensitifs et moteurs d'autre part en rapport avec une lésion médullaire.

Les troubles oculaires de Physostigma consistent d'abord en des spasmes dans les muscles des paupières et des yeux, qui provoquent des douleurs orbitaires (surtout après surmenage oculaire), un rétrécissement de la pupille (myosis), une intolérance à la lumière (photophobie) et des troubles de l'accommodation (vision brouillée). A un degré de plus de l'expérimentation du remède (ou de l'évolution des troubles chez le malade), cet état spasmodique fait place à une parésie, à une faiblesse musculaire de l'oeil et des paupières: chute des paupières qui sont lourdes, pesantes (ptôsis), relever les paupières supérieures est impossible, troubles de l'accommodation caractérisés par la vision de taches noires flottantes ou d'éclairs lumineux, maux de tête sus-orbitaires aggravés par les efforts visuels ou l'activité mentale.

Les troubles cérébro-médullaires de Physostigma sont marqués essentiellement par des spasmes sur un fond de faiblesse musculaire, avec troubles de la sensibilité superficielle à type d'engourdissement (des extrémités). Les spasmes revêtent le plus souvent l'aspect de secousses brusques dans les membres en s'endormant, ou de soubresauts au toucher ou à la pression de la colonne vertébrale; mais peuvent aller jusqu'aux mouvements convulsifs tétaniformes. La faiblesse musculaire ou parésie affecte surtout les membres (et les yeux): démarche difficile et faiblesse de l'équilibre aggravés par une incoordination motrice.

Physostigma est le grand remède des troubles de l'accommodation par atteinte des muscles moteurs du globe oculaire. Ses indications les meilleures sont les troubles de la vue après surmenage oculaire ou correction de la vue par de nouveaux verres de lunettes chez un myope ou un presbyte: vision troublée et rétrécissement du champ visuel, par fatigue ou faiblesse des muscles qui commandent les mouvements du globe oculaire et faiblesse de la musculature intrinsèque de l'oeil.

Physostigma trouve également des indications dans certaines parésies ou paralysies avec tremblements et incoordination motrice; maladie de Parkinson; sclérose de la moelle, ataxie locomotrice..., mais sans prétention à la guérison des lésions médullaires profondes.


PHYTOLACCA

Phytolacca decandra, ou raisin d'Amérique, phytolaque, épinard des Indes, est une grande plante herbacée, de la famille des Phytolaccacées, originaire de l'Amérique du nord (où les Indiens l'utilisaient contre les rhumatismes et les tumeurs, cancéreuses ou non) mais qu'on cultive aujourd'hui dans les jardins du midi de la France comme plante ornementale.

Le tableau pathogénétique de la Phytolaque est un exemple de processus inflammatoire ignoré ou incompris par la Médecine universitaire, et cependant très souvent observé en pratique courante. L'expérimentation de la Phytolaque reproduit une inflammation aiguë non suppurative mais à tendance proliférative pouvant affecter (simultanément, ou en alternance à diverses périodes de l'existence des organes aussi divers que le pharynx et les muscles, les glandes mammaires ou les os, les ganglions ou les nerfs. L'inflammation de type Phytolacca est caractérisée par un gonflement congestif des tissus avec évolution vers la formation de nodosités ou cicatrices indurées (kystes, adénomes, neurinomes, fibromes...).

Les symptômes de Phytolacca sont les suivants:

—au niveau du pharynx, tableau de l'angine d'un rouge sombre avec gonflement congestif de la muqueuse (surtout des piliers de l'amygdale), douleurs lancinantes constantes et sensation de brûlure et de sécheresse au niveau de la gorge; envies fréquentes d'avaler mais déglutition très douloureuse provoquant des douleurs irradiées dans les oreilles; douleurs aggravées par les boissons chaudes et tout contact ou pression extérieurs sur le cou; enfin douleurs de gorge accompagnées de sensation de courbatures généralisées: tous les muscles sont douloureux, et de lassitude, d'épuisement.

—Au niveau des seins, engorgement inflammatoire dur et très douloureux de la glande avec formation de nodosités, de kystes ou d'adénomes; ou évolution vers l'abcès. Ce processus inflammatoire très douloureux correspond soit aux poussées de congestion mammaire aiguë observée en période d'ovulation ou à l'approche des règles; soit à une infection aiguë à tendance suppurative (abcès du sein en période de lactation, par exemple); soit à une inflammation scléro-kystique affectant simultanément, en règle générale, les ovaires. A souligner la fréquence de l'association: angines rouges à répétition (chez la jeune fille), adénomes ou kystes de l'ovaire et des seins (chez la même malade à l'âge adulte).

— Au niveau des muscles, sensation de courbature ou de meurtrissure avec raideur de tous les membres; douleurs et raideurs qui accompagnent toujours de façon caractéristique les douleurs de l'angine.

— Au niveau des os, douleurs superficielles périostées, ou ostéo-articulaires; changeant de place; forçant le malade à se lever et à marcher mais sans soulagement, au contraire; douleurs osseuses aggravées la nuit, par temps froid et humide; améliorées par le repos et le temps chaud et sec. Une localisation particulière de ces douleurs est la douleur dans les talons, qui est soulagée en position jambes allongées et surélevées.

—Au niveau des nerfs et filets nerveux, douleurs névralgi­ques fulgurantes, en décharges électriques, apparaissant et disparaissant brusquement, irradiant et changeant de place brusquement.

— Enfin au niveau des gencives, douleurs de dentition lorsque l'enfant mord ses gencives ou serre ses mâchoires; et au niveau des mamelons, douleurs à la tétée, irradiant du mamelon dans tout le corps (fissure des mamelons, pendant l'allaitement)

L'inflammation pathogénétique de Phytolacca au niveau des glandes (mammaires surtout), des muqueuses (pharyngée...) et du tissu osseux est très proche de celle de Mercurius solubilis (tendance suppurative moindre mais évolution marquée vers la cicatrisation scléro-nodulaire) et justifierait de donner à ce remède le nom de Mercure végétal.

Les indications essentielles de Phytolacca sont l'angine rouge, les poussées inflammatoires scléro-kystiques au niveau des seins et des ovaires, et certaines douleurs rhumatismales aiguës infectieuses.


PICRICUM ACIDUM

L'acide picrique ou acide trinitrophénique est un acide dont les solutions colorent fortement la peau en jaune et qui est utilisé en pansements comme topique, analgésique et kératoplastique contre les brûlures, les engelures, les crevasses ou les ulcères. Appliqué sur de trop larges surfaces à vif, il peut provoquer des phénomènes d'intoxication (troubles digestifs et urinaires) .

L'expérimentation de l'acide picrique reproduit un état d'épuisement nerveux et des manifestations d'irritation de la moelle épinière.

Les symptômes de Picricum acidum sont:

— L'asthénie physique progressive: malade exténué qui est obligé de rester couché. Sensation de fatigue et de lourdeur au niveau du dos et des membres inférieurs; les jambes sont si faibles que le malade peut à peine les remuer; douleur et sensation de chaleur brûlante le long de la colonne vertébrale. Le moindre effort mental ou la moindre émotion provoque des maux de tête, une douleur occipitale s'étendant à la colonne vertébrale, le long du cou et du dos; malade incapable de penser ou d'étudier. Pieds froids et frilosité.

— Une psychasthénie progressive: malade qui n'a plus aucune volonté ni aucun courage; absolument incapable de tra­vailler; ne s'intéresse plus à rien; le moindre effort cérébral l'épuise et provoque des maux de tête.

— Une faiblesse sexuelle avec tendance à l'impuissance; mais excitation génitale physique avec érections violentes et prolongées, surtout la nuit, empêchant le sommeil, accompagnées de douleurs dans la colonne vertébrale dorso-lombaire et les testicules ou la verge. Malgré ce priapisme, le malade est impuissant; il présente des pertes séminales abondantes qui l'épuisent et provoquent une grande fatigue du dos.

Picricum acidum est un remède d'épuisement nerveux et de lésion dégénérative progressive de la moelle épinière se manifestant par une faiblesse parétique des jambes et du dos avec excitation génitale physique (mais impuissance). Myélites et paralysies; ramollissement cérébral.


PLANTAGO

Plantago major ou Plantain commun, grand plantain, de la famille des Plantaginacées, est une plante extrêmement commune, qu'on rencontre partout, sur le bord des chemins et qui a joui pendant longtemps d'une grande réputation médicinale.

L'expérimentation du plantain reproduit les troubles suivants:

— Douleurs dentaires intolérables de type névralgique ou par inflammation alvéolo-dentaire, douleur lancinante, aggravée par le moindre contact à la dent et irradiant aux oreilles; douleur péri-dentaire qui ne correspond pas à une carie mais à de l'arthrite alvéolo-dentaire.

— Une incontinence nocturne d'urines, très abondante, chez des enfants paresseux qui se sentent faibles et lourds surtout le matin au réveil et dans une chambre chaude. Qui éprouvent des besoins fréquents de s'étirer et de bâiller et qui ne se sentent mieux qu'après avoir marché au grand air (modalités qu'on retrouve dans les indications d'arthrite alvéolo-dentaire). Plantago est le remède des enfants incontinents urinaires qui traînent au lit le matin par paresse et difficulté de se lever.

Dans les névralgies dentaires à répétitions (d'apparition récente ou durant depuis plusieurs années), ne pas oublier d'associer à Plantago un grand remède d'affections périodiques, de migraines ou de névralgies qui reviennent souvent: Cedron, sans attacher une importance excessive à la plus ou moins grande régularité dans le temps des rechutes.


PLUMBUM IODATUM

L'expérimentation pathogénétique de Plumbum Iodatum reproduit l'action sclérosante du plomb sur les tissus et l'action inflammatoire chronique de l'iode.

Les indications pathogénétiques de Plumbum Iodatum sont celles de la sclérose progressive (perte d'élasticité des parois artérielles notamment) et de la tendance spasmodique très douloureuse, crampoïde (muscles et troncs nerveux, artères, intestins) de Plumbum metallicum, associées à celles de l’inflammation-induration chronique de lodum avec tendance à l'amaigrissement général et à l'atrophie des tissus.

Les indications cliniques majeures de Plumbum Iodatum, très importantes en pathologie vasculaire et médullaire sont: les artérites avec évolution vers l'ischémie (artériosclérose essentiellement, mais aussi diabète, syphilis...); et les myélites avec évolution vers les paralysies avec atrophie musculaire.


PLUMBUM METALLICUM

Le plomb est un métal toxique qui peut déterminer un empoisonnement aigu (colique de plomb, constipation opiniâtre, paralysies et convulsions) et une intoxication chronique: le saturnisme.

L'expérimentation pathogénétique du plomb reproduit des spasmes des fibres musculaires, des douleurs névralgiques, puis des paralysies progressives avec sclérose générale.

Les symptômes de Plumbum metallicum sont:

— Les douleurs violentes et paroxystiques, élançantes ou constrictives, lancinantes ou fulgurantes. Coliques abdominales; ou douleurs névralgiques; ou crampes.

—Au niveau de l'abdomen: crise très douloureuse de spasmes de l'intestin. Douleur abdominale violente, élançante et intolérable; sensation de constriction comme si les intestins étaient noués et la paroi abdominale tirée vers le dos, vers la colonne vertébrale comme par une corde. Le ventre est creux, rétracté; la paroi abdominale est dure, contracturée, et hypersensible au toucher. Les douleurs sont aggravées par le toucher et la pression légère, mais le malade est soulagé par une pression large et profonde, progressive et prolongée des mains sur le ventre.

— Au niveau des troncs nerveux: douleurs vives, paroxystiques, lancinantes ou fulgurantes en éclair; avec hypersensibilité douloureuse au toucher de la région affectée. Douleurs névralgiques aggravées le soir et la nuit, aggravées par le toucher superficiel et améliorées par la pression forte, large et prolongée. Plumbum metallicum est surtout le remède des douleurs névralgiques provoquées par une inflammation névritique avec atrophie rapide des muscles; névrites des membres supérieurs (surtout le nerf radial) et des cuisses (nerf sciatique) .

—Au niveau des muscles: crampes très douloureuses dans les membres surtout le soir et la nuit. Ces crampes sont en relation soit avec une névrite ou polynévrite, soit avec une atteinte scléreuse localisée de la moelle épinière.

— Une constipation spasmodique, avec besoins urgents et inefficaces. Selles petites et dures, en billes noires, demandant beaucoup d'efforts pour être expulsées; sensation comme si l'anus était rétracté, tiré vers le haut (contracture du muscle releveur de l'anus).

—Une tendance à la sclérose progressive et généralisée. Artériosclérose: artères dures, en tuyau de pipe; hypertension artérielle; coeur hypertrophié avec myocardite scléreuse. Sécheresse de la peau qui est jaunâtre avec des taches brunes et ridée; maigreur générale ou amaigrissement. Sclérose médullaire avec paralysies flasques progressives: paralysie affectant surtout les muscles extenseurs des membres (avant-bras et doigts; cuisses et jambes); paralysie avec douleurs névritiques ou spasmodiques, constrictives ou fulgurantes, surtout la nuit, améliorées par la pression forte et la friction; paralysie avec fonte musculaire rapide (des mains, des jambes); paralysie avec souvent des tremblements. Sclérose des reins: néphrite chronique interstitielle; albuminurie, urines peu abondantes et très foncées. Sclérose ou tumeurs cérébrales: soit ralentissement intellectuel avec perte de mémoire et difficulté à trouver les mots propres pour s'exprimer, dépression taciturne, anxiété; soit encéphalopathie convulsive: crises de convulsions semblables à l’épilepsie.


PODOPHYLLUM

Podophyllum peltatum ou Podophylle pelté, pied de canard, patte de canard, de la famille des Berbéridacées est une plante herbacée de 20 à 30 cm de hauteur, à rhizome et à tiges droites et lisses se terminant par deux branches prolongées par une feuille verte divisée en cinq à sept lobes; croissant naturellement et partout en Amérique du Nord dans les forêts humides et sur le bord des ruisseaux.

Le fruit du Podophyllum est une baie comestible jaune, globuleuse, de la forme et de la grosseur d'un petit citron, contenant plusieurs graines arrondies, disséminées dans la pulpe dont la saveur est légèrement acide. Ce fruit est consommé aux Etats-Unis sous le nom de pomme de mai (May­apple, Wild-lemon, Hog apple, Indian apple, Devil'sapple; mais aussi Duck's foot et Umbrella plant qui évoquent de façon significative l'aspect de la tige et de ses deux feuilles).

Si le fruit est comestible, par contre le rhizome renferme une résine d'un goût amer, la podophylline, qui est irritante pour la peau et a des propriétés purgatives (d'où le nom donné en Amérique au rhizome de Calomel végétal). Laxative et cholagogue à la dose de 5 à 10 centigrammes, la podophylline agit lentement en dix à douze heures, alors qu'en augmentant la dose, les selles deviennent plus précoces, plus fréquentes et bilieuses. Enfin la podophylline en émulsion huileuse est utilisée en applications externes sur les verrues et les papillomes vénériens.

L'expérimentation de la podophylle crée un état congestif du foie et des voies biliaires, avec troubles de la sécrétion biliaire et alternance de diarrhée (fréquente) et de constipation.

Les symptômes de Podophyllum sont:

—La diarrhée, le matin de bonne heure (ou dans la matinée); précédée de douleurs et de gargouillements, de borgborygmes surtout au niveau du colon ascendant et du colon transverse; diarrhée faite de selles très liquides, aqueuses et jaunâtres, très abondantes et expulsées en jet, fétides; suivies de ténesme, c'est-à-dire d'envies continuelles d'aller à la selle avec sensation de brûlure ou de tension douloureuse à l'anus; et suivies surtout d'une extrême faiblesse avec sensation de vide dans l'abdomen, modalité très caractéristique de la diarrhée de Podophyllum.

—Les douleurs abdominales diffuses calmées par la chaleur et en se penchant en avant, et calmées surtout en étant couché sur le ventre. Ou les douleurs localisées dans la région du foie, aggravées par la moindre pression, et calmées par des frictions, des massages répétés de la région hépatique;

—Une tendance au prolapsus de l 'anus, et aux alternances de diarrhée (abondante et fétide, comme ci-dessus) et de constipation (selles décolorées par insuffisance de la sécrétion biliaire, tendance aux hémorroïdes et prolapsus rectal associés) .

—Des maux de tête périodiques (dans un contexte d'insuffisance hépatique) qui ont pour modalité essentielle de disparaître lorsque le malade a de la diarrhée, ces maux de tête alternent avec la diarrhée.

Podophyllum est le grand remède de la congestion du foie avec hypersécrétion biliaire provoquant des diarrhées aux modalités très évocatrices.


PSORINUM

Psorinum est une préparation homéopathique obtenue à partir de la sérosité d'une vésicule de gale. Sa pathogénésie reproduit un état morbide dont l'importance clinique dépasse de très loin celle de la maladie parasitaire; car l'efficacité du remède est grande dans toutes les manifestations cutanées ou muqueuses de l'allergie et notamment dans l'allergie nasale et l'eczéma très prurigineux.

L'expérimentation de la sérosité de vésicule de gale reproduit un manque de réaction complète à toute thérapeutique par ralentissement des fonctions organiques, et un état d'auto-intoxication profonde avec éruptions cutanées très prurigineuses et chroniques, sécrétions muqueuses très fétides, et une très grande frilosité.

Les symptômes de Psorinum sont:

—Une très grande frilosité. Malade qui a toujours froid et est toujours très couvert même l'été. Malade toujours très habillé même dans une pièce chaude ou par un temps très chaud. Malade qui a horreur de l'eau froide; qui porte toujours de nombreux sous-vêtements: caleçons et tricots, chaussettes aux pieds la nuit, bonnet la nuit, et casquette en permanence dans la journée. Quelle que soit la température ambiante, n'a jamais trop chaud. Cette frilosité par ralentissement des combustions organiques est améliorée par la chaleur mais aussi par la nourriture: malade qui a toujours faim, faim vorace qui l'oblige à se lever la nuit pour manger.

—Une dépression morale: malade désespéré qui voit tout en noir, qui sait d'avance que tout ce qu'il entreprendra échouera. Malade désespéré de la maladie; d'autant qu'il ne réagit à aucun traitement et que les remèdes qu'on lui donne (en apparence très bien choisis) n'apportent aucune amélioration. Désespéré, triste (il pense souvent à la mort, avec parfois des idées de suicide) et anxieux (il a peur de mourir; angoisses continuelles améliorées pendant les repas).

— Une dépression intellectuelle: difficulté de penser, de travailler; faiblesse de mémoire; a besoin d'un certain temps pour reconnaître les lieux autour de lui.

—Des éruptions diverses donnant à la peau un aspect sale et malsain; soit sèche et rugueuse, soit grasse et moite. Eruptions toujours prurigineuses: démangeaisons intenses, non améliorées par le grattage, aggravées par la chaleur du lit, les lavages ou le bain, le contact de la laine, démangeaisons intolérables provoquant de l'insomnie. Eruptions surtout l'hiver ou par temps froid; disparaissant l'été. Eruptions qui peuvent revêtir tous les aspects: papules, vésicules ou pustules, acné ou furoncles, herpès, ou urticaire, eczéma ou psoriasis, pyodermite ou croûtes (avec suintement d'odeur intolérable de charogne). Eruptions chroniques qui alternent souvent avec d'autres manifestations morbides: allergiques (rhume des foins, asthme ou infectieuses (abcès, angines, diarrhées). Mauvaise odeur du corps, désagréable et tenace: entretenue par une aversion prononcée pour l'eau froide; Psorinum est avec Pyrogenium (et Baptisia) un grand remède des mauvaises odeurs corporelles (haleine, sécrétions ou éruptions).

— Des sécrétions fétides de muqueuses. Ecoulements torpides (aucune tendance vers l'amélioration ou l'aggravation) et extrêmement fétides (d'odeur intolérable de charogne). Coryza chronique avec croûtes et sécrétions épaisses: otite chronique avec suppuration très fétide; toux chronique (pharyngite, trachéite ou bronchite) avec expectoration mucopurulente fétide; diarrhée impérieuse la nuit, aqueuse et brunâtre, d'odeur très fétide intolérable d'œufs pourris; urétrite chronique interminable, rebelle aux traitements...

Psorinum est le remède de fond de toutes les manifestations d'allergie où se retrouvent la frilosité anormale, l’absence de réaction aux traitements et les alternances morbides désespérantes (notamment alternance de l'eczéma avec asthme, coryza spasmodique ou urticaire ou migraine).

L'exsudation séreuse de la vésicule de gale est retrouvée dans les indications de Psorinum représentées par les manifestations allergiques ou infectieuses avec infiltration œdémateuse ou inflammatoire des tissus, et hypersécrétion (séreuse ou purulente, fétide) des muqueuses.


PULSATILLA

Anémone pulsatilla ou Pulsatilla vulgaris, de la famille des Renonculacées, ou pulsatilla, anémone des prés, coquelourde, coquerelle, fleur de Pâques, fleur aux dames, herbe au vent.... est commune dans tous les terrains sablonneux, siliceux et secs, arides de la France et de la plupart des pays d'Europe; la Pulsatilla est une très jolie plante herbacée du printemps, entièrement poilue, couverte de longs poils soyeux, aux aigrettes agitées par le vent (d'où ses noms de pulsatille et d'herbe au vent); à la fleur d'une belle couleur violette, d'un beau violet pourpre, comprenant six grands sépales en forme de cloche, dressée d'abord puis penchée; aux feuilles soyeuses divisées en lanières atriotes; aux fruits surmontés d'une longue aigrette, d'un long stigmate plumeux.

Cette plante gracieuse qui fleurit au printemps dans les prés secs et les bois sablonneux est irritante, rubéfiante et même vésicante ou caustique à l'état frais. Après dessiccation, elle perd sa causticité et ses propriétés, car son principe actif est une huile volatile très âcre et irritante. On n'utilise que les préparations (alcoolatures) de plante fraîche fleurs et feuilles, contre les toux convulsives (action sédative et anticatarrhale) et contre les spasmes douloureux de l'appareil utéro-ovarien. L'anémone pulsatille est surtout utilisé en Médecine Homéopathique.

Inscrite au tableau des médicaments dangereux dans la Pharmacopée française, et employée fraîche, la dessiccation lui faisant perdre la plus grande partie de ses propriétés. Son principe actif acquiert une odeur forte et âcre après dissolution dans l'alcool et produit sur la langue une sensation de piqûre et d'élancement. Le simple fait d'approcher la fleur des yeux peut provoquer une conjonctivite aiguë.

L'action pathogénétique essentiel le de l'anémone pulsatille est une action de ralentissement de la circulation sanguine de retour (veineuse; vers le cœur) avec congestion passive des tissus et tendance aux éliminations catarrhales (des muqueuses et des organes glandulaires).

Les symptômes évocateurs de Pulsatilla sont:

—Une émotivité, une timidité et même une passivité de caractère remarquables. Pulsatilla est surtout un remède de jeune fille au caractère doux et accommodant, passif avec résignation facile et manque de réaction; caractère aimable et affectueux, timide et émotif, aux pleurs faciles pour un rien; mais le (la) malade est facile à consoler et recherche la sympathie. A noter dans le tableau caractériel de Pulsatilla une réserve et même une certaine crainte vis-à-vis des personnes de l'autre sexe. Les modalités essentielles du caractère de type Pulsatilla sont l'émotivité aux manifestations rapidement changeantes, la tendance aux pleurs et à la résignation, la timidité et la douceur.

—Une instabilité de la circulation veineuse qui explique une certaine frilosité ou plus exactement une instabilité thermique: coexistence de sensation de froid à certains endroits du corps et sensation de chaleur à d'autres; frissons superficiels même dans une ambiance chaude; lorsque le malade se découvre Rougeur de la face à l'émotion.

—Un retentissement marqué de la circulation veineuse aux extrémités avec engorgement des capillaires: les mains, les pieds et le bas des jambes sont violacés ou marbrés (avec pâleur momentanée à la pression). Tendance aux engelures des extrémités. Cette congestion passive des capillaires veineux est améliorée par le grand air, l’air frais, par des applications froides, par des mouvements modérés et lents.

— Un ralentissement fonctionnel de toutes les glandes à sécrétion interne: foie et pancréas, estomac et intestin, thyroïde, ovaire, glandes surrénales. Ralentissement fonctionnel sécrétoire lié à la congestion passive de l'organe, du tissu glandulaire.

—Une tendance aux réactions catarrhales de muqueuses dont les sécrétions ont pour caractéristiques d'être épaisses, jaunes ou jaune verdâtre, jamais irritantes (signe négatif très important), homogènes bien liées, et abondantes. Ce catarrhe (du nez, des bronches, des paupières; des suites d'inflammation aiguë ayant affecté les voies digestives ou génito urinaires...) est amélioré à l'air frais, au grand air; et aggravé par tout ce qui augmente la congestion veineuse: chaleur ambiante et surtout chaleur d'une pièce mal aérée; l’immobilité, surtout l'immobilité au lit et la nuit.

— Des troubles digestifs en rapport avec la congestion veineuse des organes et une insuffisance fonctionnelle sécrétoire. Lenteur de la digestion surtout après ingestion d'aliments gras (le porc) ou de pâtisseries avec sensation de satiété et de plénitude, de pesanteur, d'embarras gastriques; avec éructations et régurgitations non pas acides mais rances, ayant le goût des aliments; avec coliques et gargouillements; avec bouche sèche et mauvaise haleine, sans soif; avec enduit blanc jaunâtre, sale, épais et adhérent sur la langue. Avec parfois des frissons superficiels (en entrant dans une pièce chaude). Avec désir de boissons froides ou d'aliments froids. Les selles sont variables, de l'une à la suivante, en consistance et en coloration.

— Des troubles des règles en rapport avec l'insuffisance ovarienne. Tardives (retard de plusieurs jours) et peu abondantes, les règles sont courtes et intermittentes (s'arrêtant un jour pour reparaître); plus marquées dans la journée, cessant généralement la nuit (congestion passive en décubitus, pendant le repos allongé). Le sang est d'aspect variable mais généralement foncé et épais; coagulé. Les règles sont souvent précédées par un écoulement muqueux (leucorrhée) épais, jaunâtre et même laiteux, avec ballonnement au bas-ventre; l’écoulement est plus important lorsque la malade est couchée; et ne doit pas être confondu avec des sécrétions muco-purulentes d'infection aiguë ou chronique de l'appareil génital.

— Des troubles respiratoires: coryza et toux. Le nez est bouché surtout la nuit et dans une chambre chaude, avec formations de croûtes épaisses et adhérentes. Dans la journée et surtout au grand air, l’obstruction du nez fait place à un écoulement avec frissons, et perte de l'odorat.

La toux est sèche le soir et la nuit après s'être couché, obligeant la malade à s'asseoir pour être soulagé. La toux devient grasse dans la journée avec rejet de mucosités épaisses et abondantes, jaunâtres; de goût habituellement douceâtre ou salé. Cette toux peut s'accompagner de vagues douleurs de poitrine, changeant de place, ou d'un enrouement capricieux variable, aggravé dans une pièce chaude; ou de frissons superficiels en se découvrant.

—Des douleurs essentiellement changeantes dans le temps (d'une heure à l'autre) ou d'un endroit à un autre; apparaissant brusquement mais disparaissant lentement, graduellement; et généralement accompagnées de frissons (sans fièvre). Douleurs qui peuvent être aussi bien musculaires que rhumatismales, articulaires, mais qui correspondent généralement à un état congestif (aggravé par la chaleur et l'immobilité) localisé; douleurs qui apparaissent le matin au lever avec frissonnements en se découvrant et qui obligent le malade à s'étirer (modalités caractéristiques) douleurs aggravées si le membre douloureux (bras ou jambe) est immobile et pendant.

Les indications de pulsatilla sont innombrables et, pour un médecin, d'observation quotidienne. Par son activité sur les troubles de la circulation veineuse de retour et sur les troubles fonctionnels (insuffisance sécrétoire ou réactions catarrhales congestives) des organes glandulaires et des muqueuses, Pulsatilla est le grand remède de convalescence des inflammations aiguës, c'est-à-dire de la plupart des maladies infectieuses ou infections localisées, et un grand remède régulateur des fonctions organiques.


PYROGENIUM

Pyrogenium est le produit de la putréfaction de viande de bœuf. Convenablement préparé, dilué et dynamisé, Pyrogenium est un remède d'une grande efficacité dans les infections à tendance suppurative.

L'expérimentation pathogénétique de Pyrogenium permet de reproduire deux tableaux d'infection aiguë, de gravité différente:

—Des infections localisées avec tendance à la suppuration. Plaies infectées, suppurées ou ulcérées; abcès au pus fluide (différent du pus mal lié, épais et sanguinolent de Hepar sulfur), au pus de mauvaise odeur, fétide ou putride. Infections localisées caractérisées par une certaine accélération du pouls contrastant avec l'absence de fièvre, ou une élévation discrète de la température.

—Des états infectieux graves avec prostration et agitation (besoin de se mouvoir constamment pour soulager les régions courbatues); délire et loquacité; dissociation du pouls (très rapide) et de la température (peu élevée); sensation de courbature meurtrie, le lit semble très dur, besoin de changer souvent de position; aspect remarquable de la langue qui est rouge vif et vernissée, brillante; fétidité de l'haleine, des sécrétions (sueurs froides et visqueuses) ou écoulements (diarrhée, suppuration).

Pyrogenium est le remède des infections aiguës caractérisées par leur tendance à la diffusion et à la suppuration localisée de mauvaise odeur.

Pyrogenium est le remède des infections aiguës diffusantes; à diffusion sanguine (septicémie, infection puerpérale, péritonites aiguës, fièvres typhiques) ou lymphatique (lymphangites aiguës, adénites, adéno-phlegmons). Et le remède des infections aiguës à diffusion loco-régionale évoluant vers la suppuration fluide (moins nécrosante que celle de Hepar sulfur) et de mauvaise odeur: abcès ou phlegmons superficiels ou profonds; suppurations de séreuses (pleurésies purulentes, méningites ou péritonites purulentes...) ou de voies excrétrices (pyélonéphrites, infection des voies hépato­biliaires; suppurations cloisonnées: abcès sous-phréniques ou péri-appendiculaires, pelvi-pérétonites...

Remède de pullulation microbienne (en foyers ou diffuse), Pyrogenium a pour complémentaires habituels Mercurius solubilis (réaction cellulaire de défense) et Silicea (stimulation de l'état général).


RANUNCULUS BULBOSUS

Ranunculus bulbosus ou renoncule bulbeuse, rave de Saint Antoine, de la famille des Renonculacées, est une plante vivace très commune dans les prés et dans les champs où elle fleurit en mai et juin. On l'appelle encore bouton d'or, ou pied de corbin. En expérimentation pathogénétique, la renoncule bulbeuse aussi toxique que les autres plantes de la même famille (comme l'aconit, l’ellébore...) reproduit une violente irritation cutanée avec apparition de vésicules à tendance ulcérative; et de vives douleurs intercostales (musculaires, névralgiques ou pleurales) .

Les principaux symptômes de Ranunculus Bulbosus sont:

—Au niveau de la peau (et des muqueuses), l’apparition de petites vésicules semblables à de l'herpès, de coloration bleu foncé souvent, transparentes, avec tendance à la confluence; remarquables par la sensation de chaleur brûlante ou de prurit intense qu'elles provoquent. Cette éruption est plus volontiers localisée au niveau du thorax (zona), ou au niveau des mains et des pieds (comme le pemphigus) ou à la face (zona, mais aussi herpès). Ranunculus est plus un remède d'éruptions de maladies infectieuses (à virus par exemple: herpès ou zona) qu'un remède de poussées d'eczéma, de nature allergique par définition.

—Au niveau des espaces intercostaux (autre caractéristique du remède), des douleurs très vives, piquantes ou élançantes avec sensation de meurtrissure; aggravées par le toucher et le mouvement, ou le soir, par l'abaissement de la température, par les changements de temps (humide et orageux). Ces douleurs ne sont améliorées qu'en position assise, en étant penché en avant.

A quelle maladie peuvent correspondre de telles douleurs? En allant d'un plan superficiel cutané aux plans profonds de la paroi thoracique: d'abord aux douleurs du zona thoracique (avant, pendant ou après l'éruption); puis aux douleurs de la névralgie intercostale ou du rhumatisme musculaire thoracique; enfin à une inflammation aiguë de la plèvre, pleurite ou pleurésie, la douleur étant toujours localisée à la base du côté affecté, au niveau des derniers espaces intercostaux de l'hémithorax, avec un point douloureux associé sur le sommet de l'épaule droite où à gauche au-dessus du mamelon.

—Enfin au niveau du système nerveux, chez les alcooliques, crises d'excitation mentale pouvant aller jusqu'au delirium tremens.


RATANHIA

Ratanhia est la racine du Krameria trianda (de la famille des Légumineuses); et croît au Pérou; il est utilisé pour ses propriétés astringentes comme antidiarrhéique et comme hémostatique.

L'expérimentation du Ratanhia reproduit une irritation douloureuse de l'anus et du rectum.

Les symptômes de Ratanhia sont:

—Des douleurs aiguës, piquantes et brûlantes comme si le rectum était rempli d'éclats de verre, mais aussi constrictives et persistant longtemps après la défécation.

— Tendance aux hémorroïdes qui sont douloureuses et procidentes, surtout pendant la défécation qui est difficile, avec sensation de constriction de l'anus. Parfois fissure de l'anus.

Ratanhia est le remède des douleurs brûlantes et de la sensation de constriction localisée à l'anus, et liées à la présence de fissures anales ou d'hémorroïdes.


RHEUM

La rhubarbe officinale, dite rhubarbe de Chine, Rheum officinale, de la famille des Polygonacées, est une très grande plante herbacée, vivace par un rhizome volumineux et pouvant dépasser la taille d'un homme, aux feuilles très larges dont le pétiole et le limbe peuvent atteindre chacun jusqu'à près d'un mètre de long, bien que le limbe soit généralement plus large que long.

Originaire de Chine, la rhubarbe pousse au Tibet (vers 3.000 à 4.000m. et au sud-est de la Chine. La partie utilisée est le rhizome séparé des racines, coupé et séché en gros morceaux arrondis et très durs; son odeur est forte et spéciale, aromatique; sa saveur amère et astringente.

La poudre de rhubarbe fait partie de la pharmacopée chinoise depuis des temps immémoriaux. On lui a toujours reconnu des propriétés apéritives, toniques et eupeptiques à faibles doses (20 à 30 centigrammes) . A doses plus élevées ( 1 à 4 grammes;, la poudre de rhubarbe est laxative et purgative, d'action douce mais lente et suivie de constipation.

L'expérimentation de la rhubarbe reproduit une violente irritation intestinale avec coliques et diarrhée, et acidité des sécrétions.

Les symptômes de Rheum (remède d'enfant) sont:

—Une diarrhée aiguë remarquablement aigre, d'odeur sûre, et brunâtre; précédée de coliques intestinales avec pleurs et cris; accompagnée de frissons, et suivie de besoins constants et de sensation de brûlure. L'enfant est agité et impatient; il rejette tous les aliments qu'il avait désirés; tout le dégoûte. Il crie toutes les fois qu'il veut aller à la selle; et présente des sueurs froides autour de la bouche et du nez. Tout sent l'aigre chez lui: les selles, mais aussi la transpiration, et tout son corps même après avoir été baigné.

—Un caractère grognon et criard. Enfant irritable, impatient, capricieux (ne sachant ce qu'il veut). Et surtout pleurnichard. Très agité la nuit. Transpirant abondamment de la tête et de la face. A la différence de Chamomilla, l'enfant ne demande pas à être porté, ni bercé.

Rheum est un remède de gastro-entérite de l'enfant qui a mangé trop de prunes ou de fruits verts; ou du nourrisson en période de dentition.


RHODODENDRON

Rhododendron ferrugineum ou romarin sauvage, rhododendron des Alpes, rose des Alpes, rosage, laurier-rose des Alpes, de la famille des Eriacées—à ne pas confondre avec le Romarin officinal qui est de la famille des Labiacées—est un bel arbuste de la flore des Alpes, croissant dans les pâturages et à la lisière des forêts; aux fleurs d'un rouge écarlate, groupées en ombrelles.

Le rhododendron est très connu par son usage décoratif. Ses feuilles et ses fleurs se trouvent à l'extrémité des branches. Les feuilles d'un vert foncé, luisantes en dessus, présentent à leur face inférieure des écailles blanchâtres puis couleur rouille, d'où le nom de ferrugineux donné à la plante.

Cette plante aux belles fleurs d'un rouge vif est très vénéneuse non seulement pour les chèvres et les brebis (qui en meurent) mais aussi pour l'homme à forte dose: d'abord une sorte d'ivresse puis des douleurs avec gêne respiratoire et troubles du rythme cardiaque.

L'expérimentation du romarin sauvage crée un état d'hypersensibilité aux perturbations atmosphériques, aux variations barométriques et surtout électriques de l'atmosphère, avec douleurs rhumatismales articulaires ou osseuses.

Les symptômes de Rhododendron sont:

— Des douleurs articulaires ou péri-articulaires; des douleurs musculaires; ou enfin des douleurs névralgiques; mais toutes ces douleurs ont pour modalité commune d'être aggravées au changement de temps: par la tension électrique de l'atmosphère avant l'orage ou par les variations de la pression atmosphérique (ouragan et vent). Les douleurs sont déchirantes et tiraillantes, le plus souvent chroniques et plus ou moins aiguës; améliorées après l'orage ou par temps sec stabilisé. Rhododendron est un bon remède de névralgie faciale ou de névralgie dentaire chez les malades qui présentent un symptôme à ne pas méconnaître: le besoin d'avoir les jambes croisées pour s'endormir.

—Une inflammation douloureuse des testicules. Douleurs tiraillantes ou à type de contusion, irradiant au cordon spermatique et à l'abdomen. Avec augmentation de volume et induration du testicule. Orchite aiguë ou orchi-épididymite.

Ne pas méconnaître une petite indication de Rhododendron à une époque où beaucoup de vêtements ou de sous-vêtements sont tissés avec des fibres synthétiques: les fourmillements ou picotements à fleur de peau, surtout au niveau des pieds, par accumulation d 'électricité statique dans une atmosphère sèche, avec besoin de croiser les jambes en étant assis ou couché.

A noter que les indications névralgiques ou rhumatismales de Rhododendron disparaissent après orage, après le retour au beau temps.


RHUS TOXICODENDRON

Rhus toxicodendron ou sumac vénéneux, de la famille des Térébinthacées est un arbuste qui croît principalement aux Etats-Unis et au Japon et dont le suc brun-jaunâtre, à odeur nauséeuse, est vésicant: apparition de vésicules semblables à l'herpès, brûlantes.

L'expérimentation pathogénétique du sumac vénéneux reproduit une inflammation rhumatoïde des tissus fibreux (tendineux, aponévrotiques, ligamentaires) avec agitation extrême, et une irritation de la peau avec éruptions vésiculeuses brûlantes.

Les symptômes de Rhus toxicodendron sont:

—Des douleurs rhumatismales à type de courbature avec enraidissement localisé. Ces douleurs peuvent affecter aussi bien les muscles que des tendons, des ligaments ou des capsules articulaires. Leur caractéristique essentielle est d'être aggravées à tous les changements de position, lors du premier mouvement qui suit une période de repos ou d'immobilité; puis d'être améliorées par un mouvement continu et enfin de réapparaître à la fatigue. Ces douleurs sont à type de raideur douloureuse, de sensation de brisure et provoquent un besoin constant de changer de position, de s'étirer, de bouger afin de « dérouiller» les muscles ou les articulations, créant ainsi un état d'agitation extrême.

Ces douleurs apparaissent après un effort ou un travail physique inhabituel, prolongé ou violent; ou après un faux mouvement, une mauvaise attitude inconfortable maintenue trop longtemps (en voiture, en avion...). Retenir que c'est toujours le premier mouvement le plus douloureux et le plus difficile.

— Des éruptions à la fois rouges (érythémateuses) et vésiculeuses, à la fois brûlantes et prurigineuses (démangeaisons intenses non améliorées par le grattage). Le type de cette éruption est l'herpès, mais aussi le zona ou l'érysipèle.

Il faut savoir différencier les indications (traumatiques, infectieuses ou rhumatismales) de Rhus toxicodendron de celles de Arnica et de Eupatorium perfoliatum.

La douleur de Arnica est à type d'endolorissement permanent, empêchant le malade de trouver une bonne position, même dans le lit pour s'endormir. La douleur de Rhus toxicodendron. est surtout une raideur douloureuse qui disparaît aussi longtemps que le malade garde sa position ou son attitude, et qui réapparaît au moindre changement de position, au premier mouvement, avant d'être améliorée par un mouvement continu.

Eupatorium perfoliatum est un remède de courbatures fébriles, grippales, de sensation de brisure osseuse ou de courbature généralisée, besoin de mouvement continu pour améliorer ses raideurs douloureuses; il recherche d'instinct la position opposée à celle qui le tient contracturé, seule position (douloureuse au début) capable de vaincre ses contractures musculaires, ou son ankylose articulaire.

Le meilleur remède complémentaire (empirique) de Rhus toxicodendron dans les raideurs douloureuses après efforts musculaires est Musculosum, complémentaire également de Arnica dans les surmenages musculaires des sportifs.

A souligner que Rhus toxicodendron n'est pas le remède des lésions osseuses ou ostéo-articulaires des rhumatismes chroniques ankylosants ou déformants. L'activité du remède se limite à la contracture des muscles, tendons ou ligaments péri-articulaires.


ROBINIA

Robinia pseudo-acacia ou Robinia, acacia blanc, faux acacia, de la famille des Légumineuses, est un arbre de grande taille, originaire d'Amérique, remarquable par ses fleurs blanches très odorantes, réunies en grappes pendantes.

Les feuilles et l'écorce du tronc et de la racine sont toxiques et provoquent des vomissements. Les fleurs sont employées comme antispasmodiques. Le bois imputrescible est utilisé comme bois de pilotis et dans les constructions maritimes.

L'expérimentation du faux acacia provoque une irritation brûlante avec hyperacidité de la muqueuse gastrique.

L'hyperacidité gastrique résume le tableau symptomatique de Robinia: brûlures d'estomac; sensation de brûlure qui part de l'estomac et remonte l'œsophage jusqu'à la gorge; éructations et vomissements d'un liquide acide et brûlant, si acide qu'il agace les dents. Aggravation par les graisses. Aggravation la nuit.

Les indications de Robinia (syndrome d'hyperchlorhydrie) sont très proches de celles de Sulfuricum acidum (désir d'alcools en moins) et de celles de Iris versicolor (céphalée migraineuse en moins).


RUMEX CRISPUS

Le rumex crépu ou Rumex crispus de la famille des Polygonacées, est proche d'autres rumex plus connus comme la grande patience (rumex patiencia encore appelée parelle, rhubarbe sauvage ou patience des jardins). Les racines de rumex sont utilisées comme toniques et dépuratives.

L'expérimentation du rumex crépu reproduit une irritation des muqueuses respiratoires et intestinales, et une remarquable sensibilité à l'air frais.

Les symptômes de Rumex crispus sont:

—Au niveau des voies respiratoires: un besoin constant d'éternuer et de se moucher avec une vive irritation des narines. Une toux sèche, constante et fatigante, à la moindre inhalation d'air frais (ce qui oblige le malade à se retenir de respirer profondément), ou en ayant le cou découvert, ou en allant du chaud au froid. Cette toux est précédée d'une sensation de chatouillement incessant au-dessus du sternum et accompagnée d'une sensation de plaie ou d'excoriation de la muqueuse du larynx et de la trachée. La sensibilité du malade à l'air frais est telle qu'il porte constamment un foulard ou une écharpe autour du cou ou devant le nez et la bouche; la nuit il remonte drap et couverture sur la tête ou sur le nez. Même parler peut le faire tousser. Lorsqu'il ressent des picotements au niveau du larynx ou de la trachée, il cherche désespérément à se «retenir de tousser».

— Au niveau de la muqueuse intestinale: une diarrhée matinale impérieuse abondante et brune, sans douleur mais accompagnée de toux sèche.

—Au niveau de la peau: des démangeaisons à l'exposition de la peau à l'air (en se déshabillant par exemple). Démangeaisons surtout des membres inférieurs, calmées par la chaleur.

L'indication essentielle de Rumex est la toux sèche exaspérante de la trachéite sensible à la moindre inhalation d'air frais, qui oblige le patient à se protéger le cou ou le nez par des foulards le jour, et par des couvertures la nuit.


RUTA

Ruta graveolens ou rue odorante, ou rue fétide, rue des jardins, rue officinale, de la famille des Rutacées, est une plante vivace croissant en touffes, aux fleurs jaunes disposées en ombrelles, et qui dégage une odeur forte et désagréable, due à une huile essentielle.

La rue croît dans les lieux arides du midi de la France, de l'Europe méridionale et de l'Afrique du Nord. C'est une plante toxique, à propriétés réputées abortives mais capable de provoquer des accidents mortels avec hémorragies. Excitant la contractilité utérine, elle est parfois utilisée comme hémostatique interne et pour régulariser les règles. La rue était bien connue des Anciens qui la considéraient comme une panacée: diurétique, antispasmodique, emménagogue, antiseptique, antidote des poisons (venins de serpents en particulier), et même antiaphrodisiaque (cultivée par les moines).

Très toxique même à doses moyennes, la rue provoque de violentes inflammations du tube digestif: diarrhée et lésions intestinales, des troubles nerveux (vertige, tremblements), des hémorragies utérines, et même des accidents mortels.

L'expérimentation de la rue odorante provoque des douleurs de meurtrissure (comme après une chute) par inflammation rhumatoïde des tissus fibreux (aponévrotiques et tendineux), du tissu périosté et du cartilage. Et provoque également des douleurs oculaires (comme par surmenage des yeux) et une tendance au prolapsus du rectum.

Les symptômes de Ruta sont:

— La douleur. Douleur intense de meurtrissure ou de brisure avec agitation constante. Besoin de changer constamment de position; toutes les régions du corps sur lesquelles le malade se couche sont douloureuses comme si le malade avait été battu; malade qui ne peut rester couché tranquille sans bouger. Cette douleur est proche de celle de Rhus toxicodendron par ses modalités: aggravation par le repos et le temps humide, amélioration par le mouvement. Elle s'en différencie par le fait qu'elle n'est pas aggravée par le premier mouvement et qu'elle s'accompagne de beaucoup moins de raideur. Et surtout l'activité du Ruta s'exerce aux points d’insertion sur le périoste des muscles et ligaments ou tendons, alors que Rhus toxicodendron est le remède des contractures des tendons et ligaments dans toute leur longueur.

—La fatigue oculaire après avoir lu, après un travail minutieux (couture, horlogerie...). Les yeux sont rouges, douloureux et brûlants. La vue est brouillée, et le malade éprouve le besoin de se frotter les yeux, ce qui provoque une sensation de brûlure.

—Le prolapsus du rectum (surtout après un accouchement). Les selles sont difficiles et nécessitent de grands efforts; et le prolapsus du rectum se produit au moment de l'effort d’expulsion de la selle, lorsque le malade se baisse ou s'accroupit en se penchant en avant.

— Enfin Ruta peut être un remède de verrues lisses sur la paume des mains.

Les indications essentielles de Ruta sont les douleurs (ostéo­périostées ou ostéo-ligamentaires) d'entorse, de foulure, d'étirement ou d'arrachement d'un ligament, ou encore les nodosités des ligaments et tendons, et le kyste synovial des poignets ou des genoux.


SABADILLA

Sabadilla officinalis ou Asagraea officinalis ou Veratrum officinale, appelée Cévadille, sabadille ou varaire officinal, de la famille des Liliacées, est une plante bulbeuse de grande hauteur (près de 2 mètres), croissant dans le centre de l'Amérique, dans les prairies du Mexique; dont le principe actif, la Cévadille, est un poison (âcre et irritant) aussi bien en application sur la peau qu'ingéré accidentellement.

L'expérimentation de la cévadille provoque une irritation du nez et de la gorge; et des illusions, des troubles imaginaires.

L'irritation du rhinopharynx réalise le tableau du coryza spasmodique: crises d'éternuements fréquents et violents, en paroxysmes, avec larmoiement et écoulement nasal aqueux abondant. Le malade est très sensibilisé aux odeurs des fleurs ou des fruits; aggravé au grand air, par le froid. Sensation parfois que la muqueuse nasale est à vif et brûlante. Plus caractéristique est une sensation particulière de démangeaison localisée à la voûte du palais, provoquant des éternuements que le malade cherche à enrayer en plaquant sa langue au palais.

Sabadilla est aussi un remède des troubles imaginaires. Malade qui interprète mal ses sensations ou se fait des idées fausses sur son état de santé ou sur la nature de sa maladie. Qui par exemple s'imagine être enceinte lorsqu'elle est simplement ballonnée; qui se dit incurable lorsqu'elle a une angine banale; qui se croit le corps enflé d'un côté; qui dit éprouver des sensations bizarres, déformées ou sans aucun fondement.

Sabadilla est encore un remède de troubles nerveux provoqués par des vers intestinaux (ascaris surtout): toux spasmodique, spasmes ou coliques intestinales, prurit des narines et de l'anus. Mais l'expérience prouve que l'activité des remèdes homéopathiques sur les effets secondaires d'une parasitose intestinale (ascaris...) ou sanguiné (paludisme par exemple) ne saurait en aucun cas dispenser d'un traitement médicamenteux classique visant à l'élimination radicale du parasite.


SABINA

Juniperus sabina, ou Sabine, Genévrier, Savinier, de la famille des Conifères-Cupressinées est un arbre de 4 mètres environ, toujours vert, pyramidal, croissant sur les collines arides du midi de l'Europe et surtout de l’Italie (le nom de la plante vient du pays de l’Italie centrale appelé Sabine); on la cultive aussi comme plante ornementale dans les parcs et jardins publics.

On connaît deux variétés de sabines: la sabine à feuilles de cyprès et la sabine à feuilles de Tamaris.

On utilise les feuilles dont l'odeur est forte et aromatique, térébinthacée, pénétrante; et la saveur âcre, résineuse.

La sabine est un remède dangereux; hémostatique interne à faible dose, emménagogue à doses élevées. Elle était recommandée par les Anciens contre la jaunisse et réputée abortive, mais ses effets abortifs ne se manifestent qu'à des doses élevées et exposent à un danger de mort dans le coma avec paralysie et troubles cardio-respiratoires.

En expérimentation pathogénétique, le genévrier sabine crée un état de congestion active des organes du bassin (appareil utéro-ovarien et rectum) avec tendance hémorragique; et production de verrues ou de condylomes dans cette région ano-génitale.

Les symptômes évocateurs de Sabina sont:

— Des hémorragies pendant les règles qui sont en avance et anormalement longues (8 ou 10 jours), très abondantes avec des flots de sang rouge brillant mélangé de caillots noirâtres, aggravés au moindre mouvement; et surtout qui sont très douloureuses: douleurs à point de départ sacro-lombaire irradiant en avant à l'utérus ou au pubis; douleurs intermittentes comparables à celles d'un accouchement.

— Un état congestif dont les manifestations s’étendent de la tête (céphalée congestive avec sensation de battements, d'apparition brusque) à l'abdomen et aux régions lombaires, jusqu'au rectum (hémorroïdes saignant abondamment).

— Enfin accessoirement des verrues ou condylomes de l'anus et de la région génitale. Un autre remède important d'hémorragies et de verrues ou condylomes ainsi localisés est Nitric. acidum mais Sabina est avant tout un remède de congestion aiguë (complications d'accouchement ou d'avortement; hémorragies de la ménopause ou des métrites aiguës) tandis que Nitric. acidum est un remède de lésions ulcérées hémorragiques de muqueuses. Dans les deux cas, la formation de verrues apparaît comme un vice de cicatrisation d'une lésion cutanée souvent minime et ancienne.


SAMBUCUS NIGRA

Le sureau commun, Sambucus nigra de la famille des Caprifoliacées, encore appelé sureau noir, est. un petit arbre de 2 à 6 m de hauteur, fréquent dans les haies et à la lisière des bois, dont la tige renferme une moelle blanche très développée utilisée dans les laboratoires de micrographie; dont les fleurs sont utilisées en infusion comme sudorifiques et diurétiques, et en décoction comme cataplasme émollient et calmant; dont le suc des baies est. utilisé comme laxatif, et dont l'écorce interne a des propriétés diurétiques.

L'expérimentation du sureau reproduit une obstruction du nez et des accès de suffocation brusque la nuit par spasme laryngé ou trachéo-bronchique.

L'accès de suffocation: brusquement vers minuit le malade (il s'agit d'un jeune enfant le plus souvent) se réveille en suffocant avec une inspiration sifflante et une expiration très difficile, avec cyanose plus ou moins accentuée de la face et des extrémités, agitation anxieuse, besoin de s'asseoir dans son lit (incapable de rester la tête basse).

Il ne peut respirer parce que d'une part il a le nez très sec et complètement bouché ce qui l'oblige à respirer par la bouche; et d'autre part parce qu'il présente un spasme au niveau du larynx et de la trachée qui rend l'expiration très difficile et qui provoque des accès de toux coqueluchoïde et étranglante.

Pendant le sommeil la peau est toujours sèche et chaude. Mais dès le réveil, le malade se couvre de sueurs abondantes, de la face au reste du corps, sueurs qui disparaissent lorsque le malade se rendort.

Sambucus est l'un des remèdes essentiels de l'asthme à forme laryngée ou trachéo-laryngée (la plus habituelle) de l'enfant, et un très grand remède de laryngite striduleuse. C'est le remède des états asphyxiques et suffocants d'origine laryngée avec cette particularité que plus le nez est bouché (il existe parfois des végétations adénoïdes) plus le malade tousse, d'une toux suffocante, creuse et caverneuse ou coqueluchoïde, avec un spasme bloquant l'expiration (laborieuse) au niveau des voies respiratoires supérieures.

Son remède complémentaire habituel est Cuprum metall.


SANGUINARIA CANADENSIS

Sanguinaria canadensis ou Sanguinaire du Canada, de la famille des Papavéracées, est une plante herbacée q u i croît dans les forêts des Etats-Unis et du Canada, et dont le. nom vient du suc rouge comme du sang qui s'écoule de la racine lorsqu'on la sectionne.

L'expérimentation de la sanguinaire du Canada reproduit des bouffées congestives et des états congestifs aigus localisés, par excitation du système sympathique qui provoque à la fois une vaso-dilatation locale et une sensation de sécheresse et de brûlure au niveau des muqueuses.

Les symptômes de Sanguinaria canadensis sont:

— Les bouffées de chaleur ou accès congestifs localisés qui se manifestent le plus souvent au niveau des joues, par une rougeur circonscrite avec sensation de chaleur brûlante (surtout au niveau de la joue droite), avec turgescence des veines temporales; mais qui peuvent affecter aussi bien l'appareil respiratoire que les muqueuses qui présentent une prédisposition particulière au développement de polypes.

— La crise migraineuse, périodique (survenant assez régulièrement; généralement tous les sept jours) et très congestive; avec une douleur qui part de l'occiput pour se fixer au-dessus de l'oeil droit et dans la tempe droite; avec un horaire et une intensité qui suivent la courbe solaire: débutant le matin, au maximum vers midi et s'atténuant le soir; avec sensation de battements violents dans la tête; nausées et vomissements bilieux, amers; migraine améliorée dans l'obscurité et en étant couché, ou par le sommeil; migraine très aggravée par le bruit, la lumière, les odeurs; migraine qui est parfois améliorée par une émission d'urine ou par l'émission de gaz gastriques (rôts) ou intestinaux. Pendant la crise, les vomissements peuvent soulager la douleur migraineuse mais ne modifient pas l'état nauséeux .

— Suivant la localisation de l'état congestif: toux sèche et violente, épuisante; provoquée par un chatouillement incessant de la gorge; aggravée la nuit en étant couché, obligeant le malade à s'asseoir; calmée par l'émission de gaz (gastriques ou intestinaux); avec oppression considérable et anxiété, sensation de chaleur brûlante aux joues, dans la poitrine, au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds; avec

sensation de sécheresse des muqueuses; toux violente qui ramène une expectoration difficile, de mauvaise odeur (perçue par le malade lui-même), crachats d'aspect rouillé (striés de sang), adhérents et visqueux. Ce tableau est celui de la congestion pulmonaire ou de la pneumonie (généralement droite; les manifestations de Sanguinaria canadensis ont une nette latéralité droite ou prédominent à droite).

— Au niveau des narines: coryza abondant et corrosif avec sensation de chaleur brûlante à la racine du nez et sensation de sécheresse au niveau de la muqueuse; avec intolérance aux odeurs de fleurs, et diminution de l'odorat. Ce coryza très congestif avec vaso-dilatation intense de la muqueuse nasale évolue facilement vers la formation de polypes lorsqu'il est mal­traité par des pulvérisations nasales vaso-constrictives prolongées.

—Au niveau de l'oreille: écoulement abondant et très irritant avec rougeur congestive intense du conduit auditif externe, et évolution vers le polype de l'oreille interne.

— Au niveau de l'utérus: ulcération du col avec leucorrhée fétide et corrosive, abondante, et développement de polypes utérins saignant facilement.

— Enfin en période de ménopause, on retrouve l'ensemble des manifestations congestives du remède: la bouffée de cha­leur (avec rougeur des joues et sensation localisée de chaleur

brûlante); la sécheresse intense des muqueuses (surtout nasale et pharyngée), la céphalée migraineuse très congestive; la sensation de brûlure intense en des endroits variés mais surtout - localisation caractéristique - au niveau de la plante des pieds et de la paume des mains, obligeant la malade à rejeter ses couvertures et à rechercher des endroits frais. En cette période d'hyperactivité du système sympathique, les règles sont abondantes, de sang épais et coagulé, irritantes, avec sensibilité des seins; et la malade est irritable et d'une nervosité impatiente, toujours améliorée par le grand air frais.

Toujours penser à Sanguinaria canadensis en présence d'un malade qui se plaint d'avoir « la sang qui monte à la tête" avec pommettes rouges et bouffées de chaleur, même s'il n'existe pas de localisation évidente d'une congestion aiguë.

Sanguinaria canadensis est le grand remède des états congestifs aigus localisés sur une muqueuse avec évolution vers la formation de lésions fibromateuses ou polypeuses.


SANGUINARIA NITRICA

Le nitrate de sanguinaire est le remède des lésions chroniques développées par les poussées périodiques de congestion de type Sanguinaria canadensis lorsque cette congestion affecte une muqueuse.

Au niveau du nez, rhinite chronique caractérisée par un écoulement aqueux et brûlant par les narines, et par des mucosités épaisses et adhérentes dans l'arrière-cavité des fosses nasales; avec tendance à l'obstruction du nez la nuit. Malade qui renifle souvent dans la journée et qui dort la bouche ouverte.

L'élément acide nitrique du remède explique l'affinité de Sanguinaria nitrica pour ces lésions d'hypertrophie cicatricielle que sont les polypes: polypes du nez, ou de la vessie, de l'intestin.

Bien que ce symptôme ne soit pas mentionné dans la pathogénésie du remède, il semble bien en pratique que Sanguinaria nitrica soit le remède de l'hydrorrhée, de l'écoulement séreux abondant qui caractérise les poussées évolutives des polypes de toutes localisations: rhinorrhée, diarrhée séreuse, leucorrhée aqueuse, intermittentes et abondantes, sans douleur et sans signe d'infection aiguë.


SARSAPARILLA

Sarsaparilla, ou Smilax officinalis, ou Salsepareille, de la famille des Liliacées est une plante sarmenteuse présentant un rhizome ligneux d'où partent de nombreuses racines flexibles grosses comme une plume d'oie, et d'où s'élèvent des tiges armées d'aiguillons plats à large base; le pétiole de la feuille est muni de deux vrilles filiformes roulées en spirale; les fruits sont lisses et de couleur rouge, de la grosseur d'une petite cerise. Le nom de Salsepareille dérive de deux mots espagnols: sarza (ronce) et parilla (diminutif de para, treille) par allusion aux aiguillons de la plante et à sa forme sarmenteuse.

La salsepareille croît communément dans les forets du plateau du Mexique et de l'Amérique centrale. Les racines sont utilisées pour leurs propriétés diurétiques et diaphorétiques après avoir été employées autrefois comme dépuratives, antiscrofuleuses et antisyphilitiques.

L'expérimentation de la salsepareille reproduit un trouble profond de la nutrition avec troubles urinaires et éruptions diverses, prurigineuses.

Les symptômes de Sarsaparilla sont:

—Une mauvaise nutrition générale avec amaigrissement (surtout du cou et de la partie supérieure du corps), faiblesse générale profonde, aspect de vieillissement prématuré: enfants à la face vieillotte et triste; femmes aux seins flétris et petits, adultes à la peau ridée et plissée.

— Une mauvaise nutrition de la peau, avec déshydratation; peau sèche et ridée facilement crevassée au niveau des doigts et des orteils; retard ou lenteur de cicatrisation; tendance aux éruptions très prurigineuses (démangeaisons aggravées par les lavages, l’humidité, le temps froid et humide); éruptions sèches avec gerçures et crevasses ou éruptions à suintement irritant: herpès ou eczéma, ulcérations chroniques cicatrisant mal.

—Une insuffisance de l'élimination rénale avec troubles de la miction. Douleur intolérable à la fin de la miction avec ténesme vésical violent (besoins permanents avec sensation de tension brûlante), arrachant des cris au malade. Spasmes de la vessie plus accentués lorsque le malade est assis (urine goutte à goutte) il urine plus facilement et plus librement lorsqu'il est debout. Les urines, peu abondantes, sont habituellement troubles et floconneuses, avec dépôt blanc. Douleurs intenses dans les reins, surtout au niveau du rein droit; L’enfant dénutri, émacié crie avant la miction et en urinant, et ses urines troubles laissent un dépôt de sable blanc dans les couches.

Sarsaparilla correspond aux troubles de la nutrition caractérisés par une insuffisance de l'assimilation des aliments (amaigrissement par dénutrition) et une insuffisance simultanée de la désassimilation et de l'épuration rénale (lithiase urinaire, uricémie et goutte, mais aussi infections urinaires).

Les indications de Sarsaparilla répondent encore aux grandes maladies générales affectant la nutrition: syphilis (et surtout l’hérédo-syphilis de l'enfant), cancer.


SECALE CORNUTUM

L'ergot de seigle est le mycélium du champignon Claviceps purpurea qui parasite l'épi de certaines graminées dont le blé, l’orge et surtout le seigle. Il se présente sous l'aspect d'un corps solide ressemblant à l'ergot du coq. Toxique, il renferme plusieurs alcaloïdes (dont l'ergotamine) et des bases aminées (dont l'histamine et l'acétylcholine) qui lui confèrent des propriétés thérapeutiques reconnues depuis longtemps: excitation de la contractilité des fibres musculaires de l'utérus (surtout gravide), de la vessie, du rectum; vaso-constriction et donc action hémostatique dans les hémorragies (surtout pulmonaires ou digestives). Certains de ses alcaloïdes sont couramment prescrits dans le traitement des migraines (gynergène), des hypertensions artérielles essentielles et des troubles circulatoires des extrémités (hydergine), ou encore comme hémostatique utérin, ou comme inhibiteur du système sympathique dans les hyperthyroïdies (Maladie de Basedow).

L'empoisonnement par du pain préparé avec du seigle parasité a provoqué au Moyen Age de nombreux cas d'intoxication à forme convulsive, ou des cas de gangrène des extrémités (doigts ou orteils).

L'expérimentation pathogénétique de l'ergot de seigle reproduit une action constrictive intense sur les fibres musculaires lisses, avec évolution vers des hémorragies et des troubles vasculaires graves (gangrène notamment), ou vers des troubles gastro-intestinaux (diarrhée cholériforme).

Les symptômes de Secale cornutum sont:

— La douleur par spasme artériel. Douleur brûlante comme par des charbons brûlants, douleur comparable aux douleurs d 'engelure. Douleur brûlante aggravée par la chaleur, améliorée par le froid. Cette douleur correspond à un spasme vaso­constricteur d'une artère ou des artérioles, lequel provoque une ischémie, une insuffisance de l'irrigation sanguine du territoire sous-jacent. Et cette ischémie se traduit (au niveau des membres) par une pâleur livide de la peau, par un refroidissement du membre affecté et par des sensations d'engourdissement ou de fourmillements avec insensibilité des doigts ou des orteils. Il y a toujours un contraste saisissant entre l'intensité de la chaleur brûlante interne (et subjective) et le refroidissement réel du membre.

— L'ischémie provoquée par le spasme artériel ou artériolaire. Refroidissement du corps; qui est amélioré par la chaleur. Le froid extérieur réclamé par le malade pour soulager ses douleurs brûlantes internes aggrave l'ischémie et donc le refroidissement du membre et la baisse de vitalité des tissus. Seules les frictions légères sont à même d’améliorer simultanément les douleurs et l'insuffisance de la circulation sanguine. L'aggravation de l'ischémie peut aboutir à l'apparition de taches ecchymotiques ou purpuriques, ou au dévelop­pement d'une gangrène, le plus souvent sèche.

—Des troubles de la coagulation sanguine avec hémorragies passives de sang noir non coagulé, chez des malades le plus souvent maigres ou cachectiques, à la peau sèche et froide; qui tout en ayant le corps très froid ne supportent pas d'être chaudement couverts.

— Au niveau des membres: tableau d'artérite évoluant vers la gangrène des extrémités; Artérite oblitérante. Ou Maladie de Raynaud.

— Au niveau de la tête :spasmes artériels cérébraux (vertiges et maux de tête avec risque d'hémorragie cérébrale et de paralysie). Spasme des artères auriculaires (bourdonnement d'oreille, baisse de l'audition) ou des artères oculaires (douleurs, troubles de la vue, tendance à la cataracte).

— Au niveau de l'abdomen: diarrhée cholériforme avec atteinte de l'état général et tendance aux hémorragies; par spasmes des artères mésentériques évoluant vers l'artérite oblitérante.

— Au niveau de l'utérus: règles irrégulières, abondantes et prolongées, avec douleurs spasmodiques intermittentes; avec froideur du corps; mais intolérance à la chaleur, besoin d'être découvert, recherche du froid.

— Au niveau de la moelle épinière: syndromes de dégénérescence lorsqu'une ischémie locale peut être incriminée (par angiospasme).

— Quelle qu'en soit la localisation, lorsqu'un malade artério-scléreux se plaint d'une sensation de brûlure interne sans cause apparente ou sans explication valable, toujours penser à la possibilité d'un spasme vasculaire, avec risque d'évolution vers l'infarctus par ischémie aiguë.

A noter que Agaricus correspond souvent au facteur causal neuro-vasculaire de la crise d'ischémie. On peut considérer que Agaricus est à l'engelure ce que Secale est à la gelure.


SEDUM ACRE

Sedum acre ou Orpin brûlant, petite joubarbe, poivre de muraille, gazon d'or ou mousse jaune, de la famille des Drassulacées, est une plante grasse très résistante à la sécheresse, qui pousse sur les toits en terrasse des maisons, sur le haut des murs ou dans les terrains pierreux; aux feuilles épaisses, d'un goût âcre et brûlant; et aux fleurs jaunes, petites.

Le Sedum acre est irritant et rubéfiant, aussi bien sur la peau que par voie interne, au niveau du tube digestif.

Sedum âcre est un remède peu utilisé en homéopathie. Son activité s'exerce de façon bien précise au niveau de la région ano-rectale et correspond à une lésion inflammatoire (douleurs très vives persistants longtemps après la selle) à tendance ulcéreuse (fissure de l'anus) et même ulcéro-végétante (cancer du rectum).


SENEGA

Polygala senega ou Polygala de Virginie, de la famille des Polygalacées, est une herbe de 20 à 30 centimètres répandue dans les lieux sablonneux et les bois d'Amérique du Nord (Caroline, Virginie) et du Canada. Racine fibreuse et tortueuse, noueuse; dont la grosseur varie de la grosseur d'une plume à celle du petit doigt; odeur faible et nauséeuse; saveur d'abord douce puis âcre et amère, excitant la toux et la salivation.

La racine de polygala est utilisée comme médicament expectorant dans les bronchites, et comme tonique et dépu­ratif. C'est un vomitif à hautes doses.

L'expérimentation du polygala de Virginie reproduit un état de parésie (faiblesse musculaire) des voies respiratoires avec inflammation catarrhale des muqueuses.

Les symptômes du remède sont:

— Un état de faiblesse générale avec tremblements des membres supérieurs (la sensation de faiblesse semble venir de la poitrine).

—U n état de parésie affectant le larynx et les cordes vocales: tendance à l'enrouement avec sensation de sécheresse, de brûlure et de chatouillement constant dans le larynx; toux laryngée incessante avec tendance à la suffocation en étant couché; toux déchirant la gorge; enrouement après avoir beaucoup parlé.

— Un état de parésie bronchique. Respiration bruyante par grande accumulation de mucosités dans les bronches; râles pulmonaires généralisés, humides et sibilants; expectoration difficile ou nulle, les mucosités bronchiques sont épaisses et tenaces, filantes. Oppression considérable avec sensation d'endolorissement des parois du thorax (comme si celui-ci était brusquement devenu trop étroit); avec douleurs intercostales prédominant à l'inspiration, améliorées par le mouvement et en penchant la tête en arrière.

—Un état de parésie oculaire. Faiblesse de la vue (ne peut lire ni écrire longtemps) avec douleurs dans les yeux comme s'ils étaient distendus. La difficulté d'application soutenue de la vue s'accompagne souvent de diplopie, c’est-à-dire de la perception de deux images pour un seul objet, par fatigue des muscles moteurs du globe oculaire.

— Un état de parésie vésicale, enfin, incontinence d'urine à la toux.

Les indications de Senega sont essentiellement les affections pulmonaires catarrhales (comme Antimonium tartaricum) avec parésie des fibres musculaires lisses des voies respiratoires: bronchite chronique des vieillards, asthme catarrhal, emphysème chronique, congestion pleuro­pulmonaire, oedème aigu du poumon.

Son complémentaire neurologique (parésie et tendance paralytique) est Causticum.

Ses complémentaires d'inflammation catarrhale des bronches par lésion inflammatoire de la muqueuse sont Hydrastis et Kali bichromicum.


SEPIA

Sepia ou encre de la seiche est le produit noir sécrété par ce mollusque céphalopode; liquide colorant brun-noirâtre de formule chimique complexe renfermant des sels de calcium, de sodium et surtout de magnésium.

L'expérimentation de l'encre de la seiche crée un état de congestion veineuse portale avec faiblesse, relâchement de tous les tissus de soutien (ligaments, fibres élastiques, fibres musculaires) .

Les symptômes de Sepia sont:

—Une certaine dépression morale. Tristesse et abattement avec pleurs; malade accablé qui voit tout en noir et se sent malheureux, fatigué de tout et résigné. Indifférence et apathie, malade qui ne s’intéresse plus ni à sa famille ni à ses affaires; tout lui est indifférent; ne désire aucune distraction; rien ne l'intéresse, rien ne l'amuse. Désir de solitude; désir d'être seul car il est facilement agacé, surtout par les siens; irrité contre les autres et contre lui-même. Malade grognon, toujours de mauvaise humeur et insatisfait; susceptible, se vexant facilement.

— Une insuffisance hépatique avec congestion veineuse portale. Digestion lente et difficile; appétit faible ou irrégulier, avec désir d'acidités (surtout de vinaigre); dégoût pour les aliments et surtout les graisses, le pain et le lait (qui provoque de la diarrhée). Langue blanche chargée; teint terreux et jaunâtre surtout autour de la bouche; douleur profonde dans la région hépatique, sensibilité douloureuse du foie et de la vésicule biliaire, surtout en étant couché sur le côté droit. Nausées le matin à jeun ou à la vue des aliments; pesanteur dans l'abdomen, sensation de ptôse de l'intestin. Hémorroïdes procidentes et suintement de l'anus. Insuffisance hépatique et congestion portale.

—Une atonie de l'estomac et de l'intestin avec tendance à la ptôse. Sensation de vide dans l'estomac aussitôt que le malade pense aux aliments qu'il aimerait manger; avant les repas, sensation de vide et de défaillance à l'estomac non améliorée en mangeant. Sensation de pesanteur dans l'abdomen surtout le matin au lever, ou à chaque mouvement; aggravée par la station debout prolongée ou à genoux; améliorée par le port d'une ceinture ou d'une sangle abdominale. Constipation habituelle, atonique; selles difficiles et dures, en petites scybales brunes. Sensation constante de balle lourde dans le rectum (comme s'il était toujours plein); prolapsus du rectum; suintement presque constant de l'anus; hémorroïdes suintantes; ptôse gastro-intestinale; constipation atonique.

—Une congestion et une ptôse de l'utérus. Sensation de pesanteur de l'utérus vers le bas; sensation permanente de pression vers le bas comme si les organes génitaux allaient descendre et sortir par la vulve; sensation aggravée par la station debout, en marchant, en urinant ou en allant à la selle; sensation améliorée en croisant les jambes, en étant couché; améliorée par le port d'un pessaire. Douleur tiraillante dans la région lombo-sacrée améliorée par la pression forte ou en étant couchée sur un plan dur, améliorée après les règles. Règles irrégulières, en retard et de courte durée, peu abondantes, de sang noir. Frigidité, et même aversion pour le coït qui est douloureux (en raison du prolapsus de l'utérus). Leucorrhée avant les règles, jaune verdâtre ou blanchâtre comme du lait, souvent irritante. Prolapsus de l'utérus; métrite chronique; grossesse et suites d'accouchement.

—Des troubles urinaires. Sensation de pression vers le bas au niveau de la vessie; avec besoins fréquents et impérieux d'uriner; souvent incontinence d'urine dans la première partie de la nuit. Urines troubles et fétides, avec sédiment rouge et adhérent. Colibacillose; prolapsus de la vessie, incontinence d'urine; cystite ou métrite subaiguë chronique.

— Des troubles cutanés. Teint terreux, jaunâtre avec pigmentation brunâtre en cercle autour des yeux, ou taches foncées autour du nez ou à cheval sur le nez; taches jaunâtres ou brunes disséminées sur le dos, les épaules ou le ventre. Démangeaisons aux plis du coude, non améliorées par le grattage qui les transforme en sensation de brûlure. Eruptions diverses, le plus souvent annulaires ou circinées sèches et squameuses: pityriasis, herpès circiné, psoriasis, ichtyose.

L'importance de Sepia est considérable en pathologie abdominale et pelvienne, où son action s'exerce au niveau de l'axe vessie, vagin et utérus, anus et rectum.

Sepia est un grand remède psycho-fonctionnel: état dépressif avec indifférence à tout, désir de solitude et repliement sur soi. Tout ennuie, rien n'intéresse, rien n'amuse; crises de cafard. Ignatia est le remède de l'émotive, refoulée et angoissée; Sepia est le remède de la rétractée sentimentale (qui osent» ses organes).

Sepia est un remède à donner dans les derniers mois de la grossesse: congestion veineuse du bassin, relâchement des ligaments et muscles (paroi abdominale et région de l'anus et du rectum), troubles urinaires (envies fréquentes d'uriner la nuit).


SILICEA

La silice ou acide silicique est un composé oxygéné du silicium, présent dans un grand nombre de minéraux: quartz ou cristal de roche, silex, agate, opale...

L'expérimentation de la silice reproduit une faiblesse générale (physique et nerveuse) avec déminéralisation et amaigrissement progressifs, et des suppurations chroniques de toute localisation.

Les symptômes de Silicea sont:

—L'affaiblissement général, physique et nerveux. Manque de réaction physique, fatigabilité anormale. Manque de vitalité, d'assurance et de confiance en soi; perte de toute énergie morale, peur d'échouer dans une entreprise; timidité et peur de l'échec au moment de l'action. Frilosité et refroidissement des extrémités; frissons même au mouvement; même en étant couvert; extrême sensibilité au froid, avec éternuements au froid, aux courants d'air et à la moindre variation de température. Epuisement nerveux: ne peut plus parler, lire ou écrire sans éprouver une très grande fatigue; difficulté à penser; découragement complet.

— Un amaigrissement progressif avec déminéralisation. Caries dentaires et tendance aux caries osseuses. Ongles déformés et cassants, avec taches blanchâtres. Déformations osseuses, et notamment cyphose dorsale, thorax aplati et peu développé.

—Une tendance aux suppurations chroniques. La moindre plaie suppure. Suppuration indolente et torpide de la peau, d'une muqueuse, d'un ganglion, d'un os. Avec frilosité permanente et perte de vitalité, mais aussi avec des maux de tête plus marqués dans la nuque (calmés par la chaleur, la tête étant serrée fortement ou chaudement enveloppée), des sueurs abondantes de la tête et des pieds et une constipation avec désirs constants et inefficaces (selles difficiles à évacuer, qui sortent pendant l'effort mais remontent dès que celui-ci cesse).

Silicea est le remède des personnes frileuses et affaiblies qui traversent une période de doute et de découragement; qui manquent d'entrain, d'esprit d'initiative ou de combativité; qui sont inhibées par leur défaillance physique plus que par des difficultés extérieures qu'elles ont tendance à surestimer.

Silicea est le remède de la frilosité soudaine (qui précède et annonce une infection aiguë): sensation de pieds froids et même glacés (même dans une pièce chaude); grande sensibilité aux courants d'air ou aux variations de température qui font éternuer ou tousser; frilosité qui fait rechercher la chaleur rayonnante du soleil ou d'un appareil de chauffage.

Silicea est le remède de toute infection ou suppuration traînante avec baisse de l'énergie et de la chaleur vitale, avec amaigrissement progressif, avec diminution inquiétante de la résistance de l'organisme à la maladie, avec retard de cicatrisation des lésions et retard de guérison complète.

A noter que Silicea n'est un remède de maux de tête ou constipation que dans un contexte d'affaiblissement général ou d'infection de l'organisme.


SPIGELIA

Spigelia anthelmia, ou Spigelia anthelmintique ou poudre aux vers, de la famille des Logamiacées, est une plante herbacée originaire des deux Amériques, connue pour ses propriétés vermifuges, contre les ascaris; qui doit son nom au botaniste Von der Spiegel qui le premier l'étudia; et qui est encore appelée brinvillère à cause de ses effets toxiques, du nom de la marquise de Brinvillier, la célèbre empoisonneuse du temps de Louis XIV.

L'expérimentation de la Spigelia reproduit les effets d'une excitation du système sympathique: hyperexitabilité nerveuse, troubles cardiaques, douleurs névralgiques.

Les symptômes de Spigelia sont:

—La migraine ou plus précisément la céphalée névralgique sus-orbitaire gauche, périodique. Douleur commençant à l’occiput et irradiant à la région frontale pour se fixer au-dessus de l'œil (le plus souvent le gauche), avec des douleurs élançantes dans les globes oculaires, une sensation de forte pression dans les yeux (comme si les yeux étaient devenus trop volumineux pour les orbites). Douleur aggravée au moindre mouvement des yeux, le malade ne peut tourner les yeux mais doit tourner le corps tout entier. Douleur débutant au lever du soleil.

— La névralgie du trijumeau (généralement gauche): douleurs à l'orbite, à l'os malaire et au maxillaire supérieur, avec larmoiement du côté douloureux.

—L'excitation douloureuse du cœur. Eréthisme cardiaque: violentes palpitations, violentes contractions du cœur visibles et perceptibles à travers les vêtements, entendues par le malade (surtout quand il est couché); avec oppression et anxiété; aggravées par le moindre mouvement (tel que de s'asseoir ou de se pencher en avant); calmées en étant couché sur le côté droit et avec la tête haute (modalité très importante). Douleurs précordiales: douleurs aiguës et paroxystiques dans la région du cœur, élançantes ou constrictives, irradiant du mamelon gauche à l'omoplate et au bras gauche, aggravées par les respirations profondes.

— Chez l'enfant, quelques troubles nerveux réflexes d'origine vermineuse (ascaris...): douleurs gastriques avec éructations et nausées, boulimie; douleurs intestinales surtout autour de l'ombilic, palpitations, spasmes des paupières, insomnie avec agitation des jambes, irritabilité, bégaiement parfois. . .

Bien que Spigelia ne soit pas un remède de migraine, c’est-à-dire de céphalée vasculaire congestive, bien qu'il soit avant tout un remède de névralgies faciales, ses indications se retrouvent souvent dans le tableau de certaines céphalées migraineuses périodiques associant aux douleurs congestives d'une moitié du crâne (la gauche le plus souvent) des algies qui irradient dans le maxillaire supérieur.

Spigelia est un bon remède de palpitations (comme après avoir couru trop vite et trop longtemps) chez les malades atteints de lésion valvulaire (opérée ou non).


STAPHYSAGRIA

Delphinium staphysagria ou Staphisaigre, Dauphinelle staphisaigre, herbe à la pituite, herbe aux poux, herbe au mort, de la famille des Renonculacées, est une plante de 1 mètre qui croît dans les lieux ombragés du midi de la France (Provence et Languedoc), de l’Italie et de la Grèce, et qui présente de grandes feuilles d'un vert foncé, palmées et lobées, et des fleurs bleues disposées en longues grappes de 20 à 30 centimètres à l'extrémité des ramifications de la tige. Les graines grisâtres et à surface réticulée, d'une odeur désagréable et d'une saveur âcre, amère et brûlante sont connues sous le nom de graines des capucins.

La staphisaigre et son principe actif, la delphine, sont des poisons violents pour l'homme et les animaux (troubles de la sensibilité et paralysie). Les graines de staphisaigre ne sont plus utilisées que comme parasiticide et insecticide, par voie externe, contre les poux notamment.

L'expérimentation de l'herbe aux poux reproduit des troubles caractériels (irritabilité refoulée), une excitation sexuelle (obsessions et onanisme), une irritation de l'urètre, des éruptions très prurigineuses, des proliférations verruqueuses, des caries dentaires.

Les symptômes de Staphysagria sont:

— Les troubles du caractère: susceptibilité à la moindre remarque; mauvaise humeur et insatisfaction; irritabilité (surtout refoulée); enfant capricieux, malade rancunier; colères rentrées pendant longtemps; enfant bourru et maussade dès le réveil, qui crie pour avoir quelque chose et le rejette avec impatience aussitôt après l'avoir obtenu. Troubles du caractère qui se développent surtout dans une ambiance autoritaire, exigeante ou intransigeante; aggravés par des réprimandes ou des vexations, mais aussi à la nouvelle lune ou à la pleine lune; aggravés par l'onanisme et les excès sexuels.

— La tendance aux obsessions et aux excès sexuels. Excitation sexuelle (masculine ou féminine) à la fois psychique (idées sexuelles obsédantes) et physique, hypersensibilité des régions génitales au toucher, parfois prurit vulvaire voluptueux ou douleurs sourdes dans les testicules; plus de tendance à la masturbation qu'au coït. Après excès sexuels ou masturbation: abattement et indifférence, obnubilation mentale et faiblesse de mémoire, douleur lombaire et faiblesse des genoux, pâleur et yeux cernés, recherche de la solitude...

—Une irritation de l'urètre. Sensation de brûlure de l'urètre dans l'intervalle des mictions, cette douleur brûlante cesse en urinant. Sensation d'une goutte d'urine qui s'écoule continuellement dans le canal. Sensation que la vessie n'est pas vidée après la miction et besoins d'uriner toutes les heures chez les jeunes mariés, après le coït, ou après un accouchement laborieux. Staphysagria est le remède des «échauffements».

—Des lésions cutanées qui ont pour caractères essentiels d'être à la fois suintantes et très prurigineuses. Eruption eczémateuse avec suintement irritant (et parfois malodorant), croûtes épaisses (au contact desquelles se forment de nouvelles vésicules) et démangeaisons violentes calmées par le grattage pour reparaître immédiatement ailleurs. Ces lésions vésiculo­pustuleuses ou croûteuses siègent surtout à la nuque, sur le cuir chevelu, au niveau des paupières ou derrière les oreilles.

—Des verrues pédonculées ou en chou-fleur, sèches ou humides, surtout génitales ou anales.

—Des caries dentaires, d'un type particulier qu'il faut savoir reconnaître. Les matières médicales homéopathiques décrivent les dents staphysagria comme étant noirâtres, cariées sur les bords, friables et tombant en morceaux. Staphysagria est surtout le remède des enfants susceptibles et irritables qui présentent des caries parfaitement rondes, à l'emporte-pièce, dans l'interstice de deux dents voisines (surtout les incisives), avec un liseré noirâtre à la périphérie.

—Enfin des troubles de la cicatrisation des coupures ou des plaies linéaires par instrument tranchant: lenteur de cicatrisation et surtout tendance à la cicatrisation bourgeonnante, hypertrophique, chéloïdienne des plaies cutanées opératoires. Avec Nitricum acidum, Staphysagria est le meilleur remède préventif et curatif (dans les premières semaines qui suivent l'opération) des cicatrices hypertrophiques ou des chéloïdes qui sont la hantise des spécialistes en chirurgie esthétique.


STICTA PULMONARIA

Sticta Pulmonaria ou Pulmonaire du chêne, ou lichen pulmonaire, est un lichen qui se développe sur le tronc des vieux arbres, des chênes en particulier sous l'aspect de grandes lames lobées, membraneuses ou roussâtres, parcourues sur leur face supérieure de nervures qui rappellent plus ou moins l'aspect d'un poumon tuberculeux. A peu près inusité aujourd'hui, le lichen pulmonaire a été employé pendant longtemps contre les maladies des voies respiratoires.

L'expérimentation du lichen pulmonaire reproduit une inflammation des voies respiratoires supérieures, et une inflammation des articulations, des bourses séreuses et des synoviales.

Les symptômes de Sticta Pulmonaria sont:

—Une douleur frontale avec sensation de pesanteur à la racine du nez, sensation de plénitude ou d'obstruction à la racine du nez; sensation de sécheresse de la muqueuse nasale avec besoin constant de se moucher, sans résultat; aucun écoulement nasal mais parfois croûtes sèches et dures dans le nez ou écoulement de mucosités par le pharynx; ou éternuements.

—Une toux laryngée ou trachéo-laryngée. Toux sèche et sonore, incessante et irritante, fatigante, avec sensation de sécheresse ou d'irritation au niveau du larynx; sans expectoration; surtout la nuit et après un brusque changement de température.

—Des douleurs rhumatismales aiguës avec gonflement et rougeur inflammatoire de l'articulation (surtout des genoux), sans épanchement.

Sticta Pulmonaria est le remède des coryza, rhino­pharyngites, sinusites ou laryngo-trachéites qui surviennent après un brusque changement de temps, après un refroidissement; qui revêtent une forme sèche et obstructive; et qui sont améliorées après apparition de l'écoulement (nasal ou rhino-pharyngé) ou de l'expectoration. Coryza au début, sinusite chronique, laryngite aiguë.


STRAMONIUM

Le Datura stramonium ou Stramoine, pomme épineuse, herbe du diable, herbe aux sorciers, herbe aux magiciens, herbe aux voleurs, endormie, de la famille des Solanacées, est une plante herbacée de 30 à 80 centimètres, d'odeur forte et pénétrante, nauséeuse, de saveur amère désagréable; remarquable par sa tige arrondie et ramifiée, ses grandes feuilles d'un vert sombre à bords découpés en dents aiguës; ses fleurs blanches ou violacées, volumineuses, portées par un pédoncule court; ses fruits verts consistant en une capsule ovoïde charnue, chargée de piquants (d'où le nom de pomme épineuse) et s'ouvrant par quatre valves.

Originaire de l’Inde, le datura s'est acclimaté en Europe et croît dans les lieux incultes et sablonneux, dans toute la France, sur le bord des chemins, dans les décombres.

La stramoine est une plante vénéneuse très dangereuse et ses propriétés hallucinogènes et hypnotiques bien connues depuis l'Antiquité ont été largement exploitées par les sorciers et sorcières, et les voleurs.

Très voisine de la Belladone et de la Jusquiame par ses principes actifs la Stramoine est encore utilisée pour ses propriétés antinévralgiques et antispasmodiques (toux quinteuse, asthme), et comme sédatif du système nerveux central, à la dose de 10 à 60 centigrammes de poudre de feuilles par jour.

L'expérimentation pathogénétique du datura stramonium reproduit des troubles nerveux extrêmement violents par excitation cérébrale; délire furieux ou érotique, hallucinations et spasmes ou convulsions.

Le tableau de congestion cérébrale réalisée par Stramonium est caractéristique:

— Agitation physique considérable (même pendant le sommeil) et violent (sans aucune douleur). Les muscles de la face et des membres sont agités de mouvements constants et désordonnés. Tics ou soubresauts des muscles de la face; mouvements incessants de la tête enfoncée dans l'oreiller; mouvements choréiformes des membres supérieurs, giratoires ou gracieux; mouvements incessants des mains, de torsion ou de préhension (carphologie, ou mouvements automatiques des mains qui semblent vouloir saisir des objets dans l'air ou qui se promènent machinalement sur le lit à la recherche de couverture à tirer ou à repousser).

—Spasmes oculaires: strabisme surtout convergent, ou diplopie (vision double); spasme laryngé: voix éraillée et toux suffocante avec respiration sifflante et besoin d'air frais: spasme pharyngé ou œsophagien: constriction spasmodique des muscles de la gorge et de l'œsophage empêchant toute déglutition, aggravée par la vue des liquides qui exaspère.

— Convulsions même: convulsions générales (ou unilatérales) avec conservation de la connaissance; face rouge et chaude mais corps froid et couvert de sueurs; dilatation des pupilles qui sont insensibles; les yeux sont grands ouverts, brillants et proéminents; le regard est fixe et terrifié. Les convulsions sont très souvent provoquées par la vue d'une lumière brillante, d'un miroir; ou par la vue de l'eau (en approchant un verre d'eau des lèvres), ou par le bruit de l'eau qui coule; ou par la solitude: le malade ne peut rester seul, il a peur de la solitude comme il craint l'obscurité qui provoque en lui des terreurs. Il lui faut une lumière diffuse et modérée, et de la compagnie.

— Délire aigu avec loquacité extraordinaire; malade qui parle tout le temps et avec incohérence; il rit, il prie, il chante, et finalement très souvent il devient furieux. Le délire de Stramonium peut prendre trois aspects dominants: délire furieux (le plus fréquent) avec hurlements, injures, blasphèmes, impulsion à mordre, à frapper, à déchirer, ou à s’échapper, à fuir. Délire terrifié, par des hallucinations effrayantes: il croit voir autour de lui des animaux ou des êtres fantastiques qu'il veut fuir. Délire érotique enfin avec propos ou gestes impudiques, obscènes. Pendant le délire, la face est rouge, les pupilles très dilatées, le regard fixe et souvent terrifié, la loquacité incessante, et il existe souvent une forte élévation de la température sans que le malade souffre, se plaigne de douleurs malgré l'extrême violence des symptômes. Comme les spasmes et convulsions, le délire est toujours aggravé par la lumière vive et la vue d'objets brillants en voyant ou en entendant de l'eau couler, ou dans l'obscurité.

Le. tableau de congestion cérébrale ne regroupe pas tous les symptômes pathogénétiques (et cliniques) de Stramonium. Il faut mentionner encore, parmi les indications du remède, la fréquence d'éruptions diffuses, d'une rougeur scarlatiniforme brillante, intense, avec ou sans fièvre, mais avec délire le plus souvent (surtout lorsque la rougeur de la peau disparaît): scarlatine, mais aussi fièvre typhoïde, erysipèle grave, formes malignes des maladies éruptives, des fièvres exanthématiques

Stramonium est encore le remède du délire religieux, ou d'auto accusation avec tendance à la mélancolie religieuse. Et un remède d'excitation sexuelle ou d'obsessions érotiques avec loquacité.

Les indications de Stramonium sont nombreuses:

— Les fièvres élevées avec délire ou convulsions et absence complète de douleurs (ce qui différencie les indications de Stramonium de celles de Baptisia).

— L'ivresse méchante, de façon habituelle ou non.

— Les terreurs nocturnes des enfants: peur du noir, de l'obscurité; peur de s’endormir seul, ou dans l'obscurité; réveils terrifiés avec hallucinations effrayantes. Enfants nerveux et irritables, voire hargneux et bagarreurs dans la journée; qui se font petits le soir, par peur de la nuit.

— Les insolations caractérisées par une rougeur intense et brillante de la peau, évoluant vers une desquamation en lambeaux comme dans la scarlatine lorsqu’il existe des signes de congestion cérébrale: agitation, délire ou loquacité la nuit, température élevée sans douleur.

— Enfin, remède de l'hyperexcitabilité psychomotrice de l'enfant (comme de l'alcoolique au stade de delirium tremens), Stramonium est un remède à prescrire systématiquement lorsque la température atteint ou dépasse 40° la nuit chez un malade habituellement méchant et bagarreur dans la journée et lorsque cette élévation brutale de température provoque un délire avec hallucinations, ou une loquacité anormale, des terreurs nocturnes, ou même déjà des mouvements convulsifs.


STRONTIUM CARBONICUM

L'expérimentation du carbonate de strontium reproduit un état congestif cérébral et une hypertension artérielle aggravés par le. froid et les efforts mais améliorés de façon paradoxale par la chaleur sous toutes ses formes.

Les symptômes de Strontium carbonicum sont:

— Les bouffées congestives avec afflux de sang à la tête; sensation de battements artériels; rougeur de la face aggravée par le moindre effort, la marche, le froid; maux de tête avec sensation d'augmentation de volume du cerveau, aggravés le soir en étant couché la tête basse, améliorés par la chaleur (du soleil par exemple) ou en ayant la tête enveloppée chaudement ou les mains dans l'eau chaude, ou par des bains chauds.

— L'hypertension artérielle avec état congestif habituel. Rougeur de la face, céphalée battante, sensations de pulsations artérielles. Cette hypertension artérielle congestive est caractérisée par une intolérance au froid et surtout aux courants d'air (qui aggravent la céphalée et les bouffées congestives) et par une amélioration des symptômes par la chaleur sous toutes ses formes.

Strontium carbonicum est plus souvent encore que Baryta carbonica un remède de fond de l'hypertension artérielle.


STROPHANTUS

Strophantus hispidus, de la famille des Apocynacées, est une plante grimpante ligneuse, répandue du Sénégal au Cameroun, remarquable par ses tiges et ses feuilles poilues, ses fleurs blanches ou jaune pale tâchées de rouge ou de brun et dont les lobes sont prolongées par des appendices en forme de longues lanières atteignant 15 à 20 cm. Les graines aplaties sont couvertes de poils brun doré et prolongées par une aigrette dont la partie lisse est de même longueur que la partie velue.

Les graines de Strophantus sont très toxiques et dangereuses. El les rentraient jadis dans la composition des poisons de chasse ou de guerre dont les Africains se servaient pour empoisonner les flèches. Le principe actif essentiel de la plante, la strophantine, se prescrit par 1/10 de milligramme, mais on lui préfère la teinture de Strophantus et surtout l'ouabaïne comme toni-cardiaques.

Les symptômes (pathogénétiques et cliniques) de Strophantus sont:

— L'instabilité du pouls et de la circulation artérielle se traduisant par des alternances: pouls rapide et irrégulier, habituellement faible.

— La faiblesse du cœur avec tendance aux œdèmes et gêne respiratoire en montant les escaliers.

Strophantus en basses dilutions homéopathiques est le remède de la faiblesse du muscle cardiaque, de la baisse de la puissance contractile du myocarde déterminant des irrégularités du pouls, une instabilité de la circulation. Ces indications sont proches de celles du remède en doses pondérables classiques.


SULFUR

Le soufre, de la famille des métalloïdes, existe sous plusieurs états: soufre sublimé ou fleur de soufre, préparé par refroidissement brusque de vapeurs de soufre et se présentant sous la forme d'une poudre jaune-citron irritante (elle contient un peu d'acides sulfureux et sulfurique); le soufre sublimé lavé, obtenu par lavage du soufre précédent jusqu'à disparition de toute trace d'acide (c'est le seul soufre utilisé en Homéopathie); le soufre précipité obtenu par action d'un acide sur un polysulfure alcalin; enfin le soufre octaédrique et le soufre colloïdal.

En thérapeutique classique, le soufre et les eaux sulfureuses sont surtout recommandées dans les maladies chroniques de la peau, les rhumatismes chroniques et les affections catarrhales des voies respiratoires.

L'expérimentation pathogénétique du soufre reproduit une irritation chronique de la peau avec démangeaisons et éruptions diverses, une irritation chronique des muqueuses et des états congestifs localisés.

Les symptômes pathogénétiques de Sulfur sont:

— L'intolérance à la chaleur avec besoin d'air frais, besoin d'être peu couvert. Sensation permanente de chaleur généralisée ou localisée sur tout au niveau de la tête et des pieds. Besoin de fraîcheur; malade qui dort les pieds hors des draps et des couvertures car il ne supporte pas la chaleur du lit; malade qui aime marcher pieds nus sur le sol ou sur un carrelage froid; désire être peu couvert, peu habillé; ne peut vivre ni dormir dans une pièce chaude aux fenêtres fermées. Malade qui a toujours trop chaud, avec une impression de chaleur sur le sommet de la tête; qui a toujours besoin d'air frais et de grand air avec une sensation de poids lourd sur la poitrine; qui est aggravé par la chaleur et surtout la chaleur du lit; qui est amélioré par le temps sec et frais.

— Fatigue surtout le matin avec intolérance à la station debout. Brusque sentiment de faiblesse générale vers 11 heures du matin, aggravé par la station debout et calmé en mangeant un peu.

—Appétit très vif pour les aliments sucrés; désir de boissons alcoolisées et de sucreries. Malade qui boit beaucoup mais mange peu (mais fringale et besoin de manger vers 11 heures).

— Rougeur congestive des muqueuses. Lèvres sèches et brûlantes, rouge vif. Langue sèche, très rouge à la pointe et aux bords. Oreilles rouges et chaudes. Yeux congestionnés et larmoiement brûlant. Muqueuse anale rouge; hémorroïdes avec sensation de brûlure et de démangeaisons. Rougeur et sueurs malodorantes aux régions génitales.

— Démangeaisons ou éruptions prurigineuses et sèches; aggravées par la chaleur du lit mais aussi par les lavages à l'eau froide; malade qui a horreur de se laver, a horreur de l'eau. La peau est sèche et rugueuse; d'aspect malpropre. Peau malsaine, la moindre plaie a tendance à suppurer. Peau de mauvaise odeur parfois. Toutes les éruptions sont prurigineuses; le grattage améliore momentanément les démangeaisons mais est suivi d'un sensation de brûlure.

—Souvent diarrhée impérieuse après minuit, vers 5 heures du matin, forçant le malade à sortir très rapidement de son lit.

Sulfur est le remède des souffrances qui ont tendance à la chronicité ou qui ont tendance à reparaître; souffrances de nature congestive: veineuses (varices ou hémorroïdes) ou artérielles (hypertension artérielle, congestion cérébrale), quelle que soit leur localisation (états congestifs, pulmonaires, digestifs) .

L'intolérance à la chaleur est le symptôme majeur de Sulfur qui est le remède des états congestifs caractérisés par un production accrue de chaleur interne, c'est-à-dire par une augmentation de la consommation d'oxygène par l'organisme avec élévation thermique contre laquelle l'organisme lutte par une vaso-dilatation périphérique (peau et muqueuses) et une augmentation de la transpiration. Les causes susceptibles d'accroître la quantité de chaleur produite par le corps sont multiples: le travail musculaire d'abord; la digestion (surtout des protides; pour utiliser 100 calories de glucides alimentaires, de lipides ou de protides, l’organisme doit dépenser respectivement 5, 7 ou 30 calories; tout excès de nourritures trop riches ou de boissons alcoolisées élève considérablement la production interne de chaleur), l'abaissement de la température extérieure (qui a tendance à faire baisser la température du corps, d'où production accrue de chaleur par l'organisme); les états fébriles et toutes les maladies infectieuses qui augmentent le métabolisme et donc la chaleur dégagée par le corps par la mise en jeu des réactions de défense de l'organisme; une élévation de la température extérieure (le maintien de la température du corps à un niveau stable nécessite toujours une dépense d'énergie et donc une production de chaleur); certains troubles endocriniens enfin (hyperthyroïdie, diabète, certaines maladies hypophysaires ou sanguines...).

Sulfur est le remède des états de surcharge d'un organisme qui doit faire face à une élimination difficile de calories excédentaires et surtout à une insuffisance d'élimination des déchets de combustion, des déchets d'oxydation cellulaire par les émonctoires habituels (reins et intestins), insuffisance des éliminations naturelles à laquelle l'organisme tente de remédier par des éliminations périphériques, cutanées.

Le goût pour les sucreries et les aliments sucrés est un autre symptôme important de Sulfur et s'explique par un besoin accru de calories d'origine alimentaire pour permettre à l'organisme malade de faire face à un accroissement momentané de dépenses caloriques ou énergétiques. La thermorégulation et la lutte contre la maladie sont deux opérations coûteuses en énergie. Le goût de Sulfur pour les sucreries est différent de celui que manifestent les malades atteints d'un trouble de l'utilisation cellulaire du glucose ou d'un trouble de la sécrétion de l'insuline, comme les diabétiques.

En pratique, sulfur est le remède des malades congestifs, intoxiqués par leurs propres déchets métaboliques. Et ses indications vont de tous les états de congestion vasculaire aux maladies de peau ou de muqueuses très prurigineuses.


SULFURICUM ACIDUM

L'acide sulfurique ou huile de vitriol (ou plus simplement vitriol) est un liquide huileux, incolore et très avide d'eau, sans utilisation en thérapeutique classique.

Son expérimentation reproduit une grande faiblesse, une irritation inflammatoire des muqueuses avec tendance aux ulcérations (aphtes) et à la nécrose, et des troubles sanguins avec tendance aux hémorragies (troubles de la coagulation).

Les symptômes de Sulfuricum acidum sont:

— Un état de faiblesse et même d'épuisement physique avec sensation de tremblement intérieur, non apparent; état de faiblesse contrastant avec un comportement toujours précipité, hâtif. Malade impatient, toujours pressé, désirant que tout soit fait rapidement. Mais aussi tristesse avec dégoût de la vie et pleurs faciles.

—Manque d'appétit mais soif vive et désir d'alcool ou de boissons alcoolisées; désir d'alcool qui amène des habitudes d'alcool, aboutissant à l'alcoolisme chronique.

— Des troubles digestifs à type de dyspepsie acide: sensation de brûlure à l'estomac et surtout éructations acides ou vomissements acides qui agacent les dents; pyrosis, c’est-à-dire sensation de brûlure qui part de l'estomac, remonte l'œsophage jusqu'à la gorge avec renvoi d'un liquide acide et brûlant. Inflammation irritative de la muqueuse de l’estomac avec tendance aux ulcérations. Sensation de vide, de délabrement et de ptôse à l'estomac. Pas d'appétit sauf pour les fruits aqueux et juteux; aversion pour l'odeur de café; salivation abondante; désir de boissons alcoolisées; acidités et sensation de brûlure améliorées en buvant chaud. Gastrite éthylique.

— Des aphtes, ou ulcérations de la muqueuse buccale et pharyngée avec exsudat blanchâtre ou jaunâtre, gonflement des gencives (qui saignent facilement), mauvaise haleine.

— Une tendance aux hémorragies; hémorragies passives en nappe, de sang noirâtre et fluide, coagulant mal; ecchymoses, pétéchies, purpura hémorragique. Ecchymoses persistantes après un traumatisme; cicatrices anciennes qui deviennent rouges et douloureuses; ulcères douloureux et atones saignant facilement chez les malades cachectiques alités ou chez les alcooliques délabrés. Il faut insister sur l'aspect noirâtre et fluide du sang de Sulfuricum acidum (hématémèse, meloena, hémoptysie) et sur la lenteur habituelle de résorption des ecchymoses et infiltrats sanguins de ce type.

Sulfuricum acidum est un grand remède de l'alcoolisme aux différents stades de cette intoxication: besoin d'alcools, habitude d'alcool, gastrite éthylique avec éructations et vomissements si acides qu'ils agacent les dents; tremblements des alcooliques avec faiblesse des jambes (et chutes), tendance aux hémorragies et au purpura.


SULFUR IODATUM

L'expérimentation de l'iodure de soufre reproduit une inflammation subaiguë ou chronique des muqueuses, de la plèvre, des ganglions lymphatiques et de la peau (action localisée de l'élément soufre) avec amaigrissement (action prédominante de l'élément iode).

Les symptômes de Sulfur iodatum sont:

—Des troubles de la nutrition et de l'état général, amaigrissement ou maigreur; faiblesse physique et nerveuse, surtout le matin ou après un exercice (tel que monter les escaliers); intolérance à la chaleur avec sensation de chaleur interne; mais frilosité, malade qui désire à la fois l'air frais et la chaleur. Manque d'appétit, le plus souvent.

— Les adénopathies ganglionnaires chroniques, surtout cervicales; l’hypertrophie chronique des amygdales avec rougeur congestive.

— Le coryza irritant et épais; la toux violente et fatigante, spasmodique, produite par des mucosités trachéales, épaisses et abondantes, difficiles à expulser; toux aggravée par la chaleur, besoin de respirer de l'air frais; toux aggravée au réveil et en parlant, calmée par l'expectoration.

— Les éruptions chroniques où l'on retrouve (comme dans Arsenicum iodatum) les modalités caractéristiques des sels iodés: la tendance à la chronicité, l’aspect rouge sombre des éléments éruptifs, leur tendance au suintement irritant. Démangeaisons intenses, aggravées par la chaleur, améliorées à l'air frais. Acné, dermites chroniques ou folliculites, sycosis, furonculose, eczéma chronique...

Les indications de Sulfur Iodatum sont essentiellement les inflammations chroniques de la peau, des ganglions et des voies respiratoires lorsqu'il existe une tendance à l'amaigrissement.


SYMPHYTUM

Symphytum officinalis ou grande consoude, herbe à la coupure, oreille d'âne, langue de vache, consoude, de la famille des Boraines est une herbe vivace, hérissée de poils nombreux, qui aime les lieux humides, le bord des mares et des ruisseaux, la lisière des bois. On utilise la racine qui est noire à l'extérieur, et très blanche, charnue à l'intérieur, visqueuse et douceâtre.

Les Anciens lui attribuaient la propriété de souder (consolidare) les chairs et même les fractures. Grâce au tanin qu'elle renferme, elle est astringente et recommandée dans les hémoptysies ou hémorragies utérines bénignes, la diarrhée. Elle est encore utilisée en applications externes pour soulager rapidement la douleur des brûlures, pour activer la cicatrisation des plaies, pour guérir les gerçures du sein, pour soigner les ulcères variqueux, les fissures anales.

L’expérimentation pathogénétique de la grande consoude provoque des douleurs osseuses ou périostées extrêmement vives, piquantes comme celles qui sont provoquées par une fracture ou un traumatisme osseux; et des douleurs au niveau des protubérances osseuses comme les condyles du fémur, l’épitrochlée ou l'épicondyle, les malléoles, le maxillaire inférieur, que ces douleurs soient d'origine traumatique ou rhumatismale.

Les indications de Symphytum sont représentées par les retards de consolidation des fractures ou par les séquelles douloureuses des traumatismes osseux. Mais aussi par les séquelles douloureuses des traumatismes, des contusions du globe oculaire par un coup de poing ou un objet mousse par exemple, les parties molles restant intactes.


TABACUM

Le tabac, Nicotiana tabacum ou nicotiane ordinaire, grand tabac, Pétun, herbe à la reine, de la famille des Solanacées, est une grande plante annuelle, de 2 mètres et plus, couverte sur toutes ses parties de poils visqueux, très courts; d'odeur désagréable; aux feuilles très larges, ovales, lancéolées, molles, d'un beau vert; aux fleurs en corymbes d'un rose plus ou moins foncé.

Le Tabac qui est de la même famille que la Belladone, le datura stramonium, la douce-amère, mais aussi la tomate et la pomme de terre, est originaire de l'Amérique tropicale et est maintenant cultivé dans presque tous les pays, même de climats tempérés froids.

Les feuilles de tabac renferment une huile volatile ayant l'aspect du camphre (la nicotianine) et surtout un alcaloïde très toxique: la nicotine, liquide incolore oléagineux de saveur caustique (provoquant une sorte d'engourdissement au niveau de la muqueuse pharyngée), d'odeur âcre et vireuse rappelant celle du tabac, existant en proportion variable dans la plante (entre 2 et 8% en poids de la plante). C'est un poison extrêmement violent, comparable par sa violence à l'acide cyanhydrique ou à l'aconitine: deux gouttes sur la langue d'un chien peuvent provoquer une mort foudroyante; la dose mortelle chez l'homme est de cinq centigrammes. La nicotine agit sur le système nerveux autonome qu'elle excite puis déprime. L'intoxication accidentelle provoque d'abord une gastro-entérite aiguë, puis dans les cas graves des troubles du rythme cardiaque, des tremblements et des convulsions, une paralysie respiratoire, une tendance aux syncopes et un état de choc; enfin la mort peut survenir dans des convulsions et le collapsus.

Le tabac n'a pas trouvé d'applications en médecine bien qu'il soit capable d'exciter la sécrétion salivaire et gastrique (activant la digestion) et que son action au niveau des fibres lisses de l'intestin puisse combattre certaines formes de constipation.

Le tableau pathogénétique de Tabacum reproduit une crise de vagotonie aiguë, comme celle qu'un enfant peut éprouver à la première cigarette, ou celle qu'éprouve un passager victime du mal de mer, ou celle qu'éprouve une personne émotive victime d'un malaise syncopal, ou comme certains malaises nauséeux de grossesse...

Le syndrome vagotonique aigu est fait des symptômes suivants:

— Pâleur intense, « mortelle» de la face avec sueurs froides et visqueuses, refroidissement glacial du corps, surtout des extrémités et des membres, et cependant besoin de grand air frais et besoin en particulier d'avoir le ventre découvert malgré une sensation de froid dans l'abdomen.

—Vertiges et nausées constantes, qui aggravent la pâleur et les sueurs froides. Les vertiges sont aggravés au moindre mouvement: en se levant, en regardant en haut, en ouvrant les yeux surtout; ils sont calmés au grand air et par les vomissements. Les nausées sont aggravées par la chaleur et au moindre mouvement, avec impression de défaillance: et améliorées à l'air froid, en découvrant l'abdomen, au grand air frais, et en fermant les yeux, l’état nauséeux et vertigineux peut aboutir à des vomissements violents comme ceux du mal de mer ou de la grossesse. Le malade présente souvent des crachotements continuels pendant les nausées avec hypersalivation.

— Faiblesse du pouls et baisse momentanée de la tension artérielle.

Lorsque le malaise vagotonique survient chez un cardiaque victime d'un crise d'angine de poitrine, les symptômes qui prédominent sont:

—Des palpitations violentes (calmées en étant couché sur le côté droit) avec une douleur transfixiante au niveau du sternum et du dos entre les omoplates; avec une sensation de constriction de la poitrine, du haut de la poitrine; ou une sensation de constriction de la gorge; avec une tendance à perdre connaissance, tendance aux lipothymies;

— Et toujours la pâleur de la face et la froideur du corps; la faiblesse du pouls; l’amélioration des troubles par l’air frais, leur aggravation par le moindre mouvement.

Lorsque le malaise vagotonique accompagne certaines migraines intenses, on retrouve de façon constante les nausées, la pâleur intense du visage avec refroidissement glacé de la peau (qui peut être couverte de sueurs froides et visqueuses), et l'état vertigineux; et toujours l'aggravation des troubles par le moindre mouvement (passif ou actif) et leur amélioration en plein air.

Les indications de Tabacum sont faciles à reconnaître: les malaises de transports (mal de mer, malaises en avion, en voiture), les vomissements ou nausées de la femme enceinte, la plupart des migraines très nauséeuses, l’angine de poitrine ou les malaises neurotoniques des artérioscléreux..., toutes les affections caractérisées par une crise vasomotrice et sécrétoire, causées par une hypertonie neuro-végétative à prédominance vagale, et réalisant un état de pâleur syncopale avec refroidissement du corps.

La vagotonie étant une maladie organique par son expression (asthme, migraine, mal des transports, malaises de grossesse, angine de poitrine...) et une maladie souvent psychique par ses facteurs déclenchants sinon par son origine, il n'est pas surprenant que beaucoup de malaises lipothymiques ou de syncopes «blanches» soient dus à une hyperémotivité habituelle brusquement aggravée par la vue du sang, une injection médicamenteuse, une prise de sang, un pansement de plaie à refaire, la représentation au cinéma ou à la télévision d'une intervention chirurgicale, l’annonce d'une mauvaise nouvelle, bref par une émotion violente, l’intensité du malaise vagotonique n'étant pas liée directement à la violence de l'agression émotionnelle mais plus souvent à la violence ou à la gravité exagérée de la représentation mentale que le malade s'en fait.

Gelsemium et Tabacum représentent les deux façons de réagir des individus vagotoniques face à un danger ou à une situation dramatique.

Chez les vagotoniques, la réaction aux émotions violentes est toujours une réaction d'inhibition; une réaction non pas active telle que la fuite ou la lutte, mais une réaction passive, d'inhibition paralysante. Lorsque la représentation mentale d'un danger (réel ou exagéré), lorsque la gravité d'une situation provoquent un sentiment d'angoisse panique, le vagotonique réagit de deux façons possibles:

- l’inhibition psychomotrice, ou trac, que connaissent bien étudiants, orateurs, chanteurs, etc. (Gelsemium);

- ou la crise vaso-motrice, neuro-vasculaire: à manifestations syncopales, lipothymiques ou plus simplement migraineuses que connaissent bien les personnes très sensibles aux injections médicamenteuses et (ou) à la représentation de films chirurgicaux, etc. (Tabacum).

A noter que dans les malaises nauséeux ou lipothymiques de longue durée le remède complémentaire de Tabacum (crise vasomotrice par hypertonie neuro-végétative avec prédo­minance vagale) est Carbo vegetabilis, le remède des malaises neuro-végétatifs par (ou avec) hypo-oxygénation de tissus. Tabacum est à la syncope neurotonique ce que Carbo vegetabilis est à l'état de détresse ou d’insuffisance respiratoire aiguë par hypo-ventilation pulmonaire.


TARENTULA CUBENSIS

Tarentula cubensis est une grosse araignée encore appelée Mygale de Cuba (Mygale cubensis) dont la piqûre provoque une violente inflammation locale indurée et parfois même phlegmoneuse avec atteinte rapide de l'état général, faiblesse cardiaque et tendance aux malaises lipothymiques.

Les indications (intéressantes) de Tarentula cubensis en Homéopathie sont les infections localisées atrocement douloureuses (douleurs brûlantes et piquantes forçant le malade à marcher), avec induration en profondeur des tissus enflammés et coloration rouge pourpre ou bleuâtre, violacée de la peau. Tendance extensive rapide des lésions et évolution vers la suppuration locale, ou vers l'érysipèle et la septicémie. Agitation physique au début, avec évolution vers une prostration rapide et intense; angoisse, sensation de froid glacial au niveau des doigts et sueurs abondantes surtout la nuit.

Tarentula cubensis est un bon remède de furoncles ou d'anthrax extensifs, ou d'abcès à évolution phlegmoneuse (en association bien entendu avec des antibiotiques et d'autres remèdes homéopathiques comme Belladonna et Mercurius solubilis toujours, et Lachesis lorsque la coloration violacée des tissus et la tendance hémorragique—ecchymoses—sont très marquées) .

Apis mell. et Ledum sont les remèdes de piqûres d'insectes avec oedème (et tendance à l'ecchymose localisée).

Lachesis et Tarentula cubensis sont les remèdes de lésions inflammatoires par piqûres ou morsures d'animaux venimeux avec prédominance pour Lachesis de troubles de la coagulation sanguine et prédominance pour Tarentula cubensis de lésions profondément indurées et atrocement douloureuses.


TARENTULA HISPANA

Tarentula hispana ou Lycose Tarentula est une grosse araignée (encore appelée Tarentula) répandue en Espagne et dans le sud de l'Europe.

L'expérimentation de la Tarentula reproduit des troubles nerveux caractérisés par une extrême agitation, une excitation psychique et sensorielle, et une certaine excitation sexuelle.

Les symptômes de Tarentula hispana sont:

— Une grande agitation physique. Malade constamment en mouvement; ne tient pas en place, ne peut rester tranquille; besoin de marcher, besoin de s'occuper. Désir de courir, de sauter, ou de danser; mouvements choréiformes: agitation incoercible des mains et des pieds, toujours en mouvement.

— Une hypersensibilité sensorielle qui peut aller jusqu'aux hallucinations. Voit des animaux ou des monstres, ou plus simplement des étrangers dans sa chambre. Hypersensibilité au contact au niveau des doigts, de la colonne vertébrale ou des organes génitaux.

— Une excitation mentale avec humeur instable, hypersensibilité aux émotions, tendance à l'anxiété ou à la violence.

— Des spasmes de localisation variable: respiratoires à type de suffocation, cardiaques (palpitations violentes et douleurs avec angoisse), utérine (douleurs comme d'accouchement).

— Excitation sexuelle. Chez l'homme: désirs violents non contrôlés et peu satisfaits par le coït, tendance à l'onanisme. Chez la femme: démangeaisons et hypersensibilité au contact au niveau de la vulve; nymphomanie (non calmée par le coït).

— Aggravation des troubles nerveux par le bruit et en particulier par la musique bruyante ou excitante; amélioration par la musique douce, le calme et l'obscurité.

Les indications de Tarentula hispana sont les tics et les mouvements violents et incessants de type chorée; l’hystérie avec excitation sexuelle.


TELLURIUM

Le tellure est un corps simple, métalloïde qui se rapproche du soufre et du sélénium au point de vue chimique. Ses oxydes, l’anhydride tellureux et l'anhydride tellurique se combinent à l'eau pour donner des acides dont les sels, les tellurites et les tellurates, sont analogues aux sulfites et aux sulfates. Il s'unit à chaud à l'hydrogène pour donner de l'hydrogène telluré ou acide tellurhydrique, gaz incolore, d'odeur forte et très toxique.

L'intérêt du Tellurium en Homéopathie est d'ordre dermatologique: c'est un bon remède de maladies de la peau inaccessibles par voie générale en thérapeutique classique: éruptions vésiculeuses à suintement irritant et d'odeur fétide (rappelant la saumure de poisson) et surtout mycoses sèches et circinées (pityriasis, herpès circiné) chez des sujets à la transpiration de mauvaise odeur, alliacée. Complémentaires habituels: Sulfur et Psorinum, avec Tegumentum 4 CH.


THUYA

Thuya occidentalis ou Thuya d'Occident, Cèdre blanc, arbre de vie, de la famille des Conifères, est. un arbre résineux à la cime conique et aux feuilles toujours vertes, dont l'écorce et les feuilles présentent de nombreuses callosités disséminées à leur surface. Originaire de la Virginie et du Canada, il est utilisé en France dans les jardins comme plante d'ornement; il peut atteindre quinze à vingt mètres de hauteur; il offre une certaine ressemblance avec le cyprès.

La médecine classique utilise ses feuilles sous forme de teinture dans le traitement prolongé des verrues.

L'expérimentation du Thuya reproduit des inflammations subaiguës de muqueuses avec catarrhe chronique et épais, et des tumeurs de toute nature: polypes, fibromes, adénomes, kystes, condylomes ou verrues...

Les symptômes évocateurs de Thuya sont:

— L'aspect gras et luisant de la peau, surtout à la face; des varicosités au pourtour du nez et aux pommettes; l’infiltration de la peau par de la cellulite et un empâtement diffus prédominant au niveau des hanches et des lombes;

— Des sueurs épaisses et de mauvaise odeur: sueurs grasses, localisées surtout aux parties découvertes ou au niveau du périnée et des parties génitales; sueurs nocturnes, pendant le sommeil; sueurs d'odeur douceâtre (d'odeur de soupe de poireaux) .

— Des sécrétions jaune-verdâtre, épaisses et d'odeur fade ou fétide: coryza chronique épais, muco-purulent, verdâtre avec expulsion de bouchons verdâtres ou croûtes douloureuses. Bronchite chronique avec toux aggravée en buvant ou en mangeant froid, et accumulation de mucosités dans les bronches. Otite chronique avec écoulement d'odeur putride et tendance aux polypes. Paupières agglutinées le matin par les sécrétions épaisses, ou orgelets. Pyorrhée avec carie du collet et déchaussement dentaire; douleurs névralgiques dentaires, les dents sont très sensibles au froid. Ecoulement urétral chronique peu abondant, jaunâtre et gluant, avec légères douleurs urétrales à la fin de la miction et sensation de gouttes d'urine s'écoulant encore dans le canal. Leucorrhée irritante et verdâtre, et grande sensibilité du vagin, qui empêche le coït...

Des proliférations glandulaires ou excroissances molles: adénome ou fibrome, polypes, condylomes, végétations en chou-fleur dans les régions génitales ou anales; naevi, verrues molles, taches cutanées brunâtres ou rubis.

- Des petits symptômes évocateurs: accentuation des plis au pourtour du nez et au menton; lèvres violacées avec un liseré transversal blanchâtre à la lèvre inférieure; ongles mous et cassants; cheveux secs et cassants, bifides, tendance à la chute des cheveux; veines très apparentes du dos des mains; mains froides et visqueuses; taches brunâtres sur les mains; aspect «peau d'orange» de la peau.

— Un psychisme particulier. Malade qui voit tout au pire, qui a tendance à grossir ses ennuis et à se faire une montagne de tout. Malade hyperémotif, hypersensible, qui pleure en écoutant la musique. Malade soucieux pour son avenir, sa santé. Et sur­tout: tendance aux idées fixes (basées sur des illusions senso­rielles): croit qu'une personne étrangère est à son côté, marche à son côté dans la rue, ou le poursuit; a la sensation que quelque chose remue dans son ventre; pense que son corps est en verre fragile et que le moindre choc peut le briser; peur d'être atteint d'une maladie vénérienne, etc...

— Une insomnie vers 3 ou 4 heures du matin avec impossibilité de se rendormir.

Les deux grandes indications de Thuya sont: d'une part les écoulements muco-purulents chroniques des malades infectés qui ne présentent plus ni fièvre ni poussée évolutive aiguë; et d'autre part les malades à peau grasse luisante, à empâtement cellulitique localisé autour du bassin, hypersensible, inquiet et à idées fixes, qui ont dépassé le stade d'inflammations sécrétoires chroniques pour développer des lésions prolifératives de type adénomes ou tout simplement verrues, bourgeons charnus de panaris ou d'abcès fistulisés. Cette prolifération tumorale bénigne est l'évolution normale d'une inflammation chronique de tissus baignés par des sécrétions irritantes ou purulentes: polypes du nez (sinusite), de l'intestin (entérocolite), de la vessie (cystite), de l'utérus (métrite), etc...

Thuya est le remède des engorgements glandulaires avec catarrhe chronique, évoluant vers l'infiltration fibreuse ou la prolifération tumorale.


T.K. ou TUBERCULINUM

La tuberculine de Koch, Tuberculinum ou T. K., est préparée à partir de bacilles tuberculeux.

L'expérimentation pathogénétique de la Tuberculine reproduit un état d'affaiblissement rapide avec amaigrissement, troubles ou symptômes rapidement changeants et mobiles, et grande sensibilité au froid et aux changements de temps.

Les symptômes de Tuberculinum ou T. K. sont:

— La fatigabilité pouvant aboutir à l'extrême faiblesse; avec besoin constant de bouger, de changer de place; malade qui ne se trouve bien nulle part. Vite fatigué à la station debout, ou par un exercice.

— L'amaigrissement important, ou la maigreur.

— Le caractère mobile (changeant de place rapidement) et variable (dans le temps) des symptômes: douleurs erratiques musculaires ou articulaires, céphalée des étudiants (aggravée par le travail intellectuel ou la fatigue oculaire), alternance de troubles respiratoires (coryza à répétition, enrouement intermittent douloureux, toux irritante surtout le soir à l'air froid

et de troubles digestifs (diarrhée brusque et impérieuse le matin de bonne heure vers 5 heures) ou nerveux (irritabilité surtout au réveil, anxiété dès le crépuscule jusque vers le milieu de la nuit; malade qui se plaint et gémit pour la moindre cause).

— Une grande sensibilité au froid (surtout au froid humide) et au moindre changement de temps. Malade qui s'enrhume facilement; éternuements à l'air froid, toux irritante à l'air froid; mais besoin de respirer de l'air frais. Les douleurs et la nervosité sont aggravées par le changement de temps, et surtout avant l'orage.

— Enfin une transpiration abondante au moindre exercice physique ou mental; et parfois la sensation d'avoir des vêtements humides au niveau du dos.

T. K. est plus souvent un remède de convalescence de tuberculose ou de mauvais état général prédisposant à une infection tuberculeuse qu'un remède de tuberculose évolutive. T. K. est en particulier un remède à donner aux enfants nerveux, fragiles et amaigris atteints d'hypertrophie des amygdales ou de végétations adénoïdes.


TUBERCULINUM RESIDUM (ou T.R.)

La Tuberculine Résiduelle est une préparation de Tuberculine décrite par Koch en 1897. Elle est préparée par trituration de bacilles tuberculeux émulsionnés ensuite dans l'eau distillée puis desséchés sous vide et enfin centrifugés. Ces opérations sont renouvelées jusqu'à disparition de bacilles intacts, le résidu de trituration étant alors additionné de glycérine. La Tuberculine résiduelle représente donc une émulsion des divers constituants (non solubles dans l'eau) du bacille tuberculeux.

La tuberculine résiduelle utilisée en homéopathie est préparée de façon un peu différente: L’éclatement des corps microbiens est obtenu non pas par broyage mais par Iyse microbienne au cours de congélations et décongélations successives.

Tuberculinum résiduum est un remède important des lésions rhumatismales chroniques avec douleurs articulaires tiraillantes, raideur articulaire au réveil et aux premiers mouvements (amélioration par le mouvement continu), et surtout tendance à l'ankylose et aux déformations articulaires par évolution vers les rétractions tendineuses et les nodosités.

Les indications de Tuberculinum residumm s'étendent aussi aux lésions chroniques comme l'acné dans sa forme tubéreuse (épaules et dos); ou récidivantes comme l'herpès; ou anciennes non évolutives comme la tuberculose au stade de calcification ou de fibrose.


URTICA URENS

Urtica urens ou ortie brûlante, petite ortie (par opposition à la grande ortie, Urtica dioïca qui ne présente qu'une lointaine ressemblance avec l'Ortie blanche ou Lamium album, dépourvue de poils urticants) est une plante annuelle de la famille des Urticacées, très commune en France; qui fleurit de mai à octobre; plus petite que l'ortie dioïque; couverte de poils qui provoquent une sensation de piqûre brûlante.

L'ortie brûlante est réputée avoir les mêmes propriétés— nombreuses—que la grande ortie: hémostatique (saignements de nez, hémoptysies, règles trop abondantes...); vulnéraire, astringente; dépurative, stimulante sur toutes les sécrétions digestives; tonique et antianémique; diurétique; antidiabétique (fait baisser le taux du sucre dans les urines); active dans l'incontinence nocturne d'urine; enfin active en lotion contre la chute des cheveux. .. En plus, la petite ortie est galactogène sous forme de teinture d'ortie.

L'expérimentation de l'ortie brûlante reproduit des crises d'urticaire ou de rhumatismes qui ont tendance à se répéter chaque année à la même date.

Les symptômes de Urtica urens sont:

— Une enflure rouge ou rosée avec démangeaisons brû­lantes intolérables aggravées par le toucher, l’eau ou les lavages, le froid humide ou la neige.

— Des douleurs rhumatismales, surtout goutteuses, aggra­vées par le froid humide ou la neige, et les lavages.

Les indications de Urtica urens sont essentiellement les crises d'urticaires; les piqûres d'abeilles, de guêpes ou d'araignées; les engelures aggravées par temps neigeux; enfin les crises de goutte chez un malade au taux d'acide urique élevé dans le sang et aux urines acides et chargées d'urates, surtout lorsque les crises de goutte alternent avec des crises d'urticaire.


VERATRUM ALBUM

Veratrum album ou Hellebore (ou Ellebore) blanc, appelé aussi Veratre, varaine, de la famille des Colchicacées, est une plante vivace des prairies de montagnes (1.800 à 2.000 mètres), assez abondante dans les Alpes; son nom provient de deux mots grecs qui signifient nourriture mortelle, et sa ressemblance avec la gentiane a pu provoquer des accidents. Ses fleurs, blanchâtres intérieurement et verdâtres à l'extérieur, sous la forme de grappes peuvent atteindre 60 cm de longueur.

En fait son nom de Hellebore est impropre car ce nom générique est à réserver à plusieurs plantes de la famille des Renonculacées dont la Rose de Noël (ou Hellebore niger) et l’hellébore fétide (ou Helleborus foetidus); alors que le. vératre, plante très toxique, est de la famille des Colchicacées. Son principe actif, la vératrine, extrait de la racine, est rarement employé comme analgésique dans la goutte; c'est une poudre blanche qui irrite vivement les muqueuses et provoque de violents éternuements; et a des effets purgatifs et émétiques violents.

Très vénéneuse, cette plante peut tuer le bétail et provoquer chez l'homme des accidents graves: lésions inflammatoires du tube digestif, diarrhée avec sueurs froides, dyspnée et cyanose, ralentissement du coeur, paralysie, et même évolution mortelle.

L'expérimentation du vératre blanc provoque un état neurodigestif aigu caractérisé par un refroidissement intense du corps avec prostration rapide, et par une diarrhée très douloureuse et très abondante (cholériforme).

Les symptômes de Veratrum album sont:

— La diarrhée aiguë ou suraiguë. Diarrhée très abondante, faite de selles aqueuses et profuses, sans odeur (les selles de Arsenicum album sont foncées et très fétides), précédées de violentes coliques intestinales, crampoïdes; évacuées avec violence, avec sueurs froides et tendance au malaise lipothymique; toujours suivies d'une extrême faiblesse, d 'épuisement extrême et d'une sensation de vide dans l 'abdomen. Les selles peuvent être verdâtres, ou couleur «eau de riz». La diarrhée peut être associée à des vomissements violents et abondants, surtout après avoir bu. Le malade qui présente souvent une soif insatiable pour de petites quantités d'eau glacée la rejette aussitôt absorbée. Pendant l'évacuation des selles, le malade est très pâle, d'une pâleur bleuâtre avec les traits tirés; son front est couvert de sueurs froides, ses mains et ses pieds glacés, et il se plaint d'une sensation de froid dans l'abdomen ou d'une sensation d'eau glacée coulant dans les veines. Enfin au cours de cette diarrhée profuse et algide, les crampes dans les mollets ne sont pas rares.

— Les violentes coliques utérines, crampoïdes pendant les règles. Règles en avance et abondantes, très douloureuses, épuisantes; avec sueurs froides et refroidissement du corps, pâleur de grande faiblesse générale; parfois nausées et vomissements.

— Des troubles psychiques. Soit tendance dépressive: besoin de se plaindre, de se tourmenter sans raison, mélancolie religieuse, scrupules de conscience; malade taciturne et désespéré avec pleurs, gémissements, anxiété dans la solitude. Soit agitation physique et loquacité, excitation psychique: cris, hurlements, blasphèmes; ou veut déchirer ses vêtements, mordre ou frapper l'entourage; ou excitation sexuelle avec propos obscènes, embrassades... Ces troubles maniaco-dépressifs sont nettement aggravés par les règles ou la grossesse. Ils ne relèvent de Veratrum album que si l'on retrouve pendant les crises la pâleur, la froideur glaciale du corps et les sueurs froides au front qui sont les symptômes caractéristiques du remède.

Veratrum album est avant tout le remède des diarrhées infectieuses (ou toxi-infectieuses; de l'intoxication alimentaire au choléra) qui s'accompagnent de violentes réactions neuro­végétatives pour réaliser un tableau de diarrhée cholériforme.


VERATRUM VIRIDE

Veratrum viride ou Helleborus viridis, ellebore vert, veratre ou varaire vert, de la famille des Liliacées, est ainsi appelé en raison de la couleur verdâtre, ou d'un vert-rougeâtre de ses fleurs. Encore appelée ellébore des marais, le veratre vert possède à peu près les mêmes caractéristiques et les mêmes usages en Médecine classique que le vératre blanc ou Veratrum album, alors que la préparation de leurs rhizomes par dilutions­dynamisations successives leur confère en homéopathie des propriétés thérapeutiques fort différentes que l'expérimentation pathogénétique peut révéler.

L'expérimentation du veratre vert reproduit un état congestif aigu et violent dont la forme majeure est la congestion cérébrale aiguë.

Brusquement le malade ressent un mal de tête intense, avec rougeur et sensation de chaleur à la face qui est livide. Les yeux sont injectés, les pupilles dilatées, la tête lourde et battante. Le malade se plaint de battements des artères du cou; de malaises lorsqu'il essaye de se lever; de voir rouge à travers les paupières fermées; se plaint de bourdonnements d'oreilles; de sécheresse de la bouche et des lèvres, de sueurs chaudes abondantes; se plaint enfin de sentir ses pulsations artérielles dans tout le corps. Cet état de congestion cérébrale peut être marqué par du délire furieux; agité et querelleur, le malade hurle et veut se battre.

Veratrum viride est surtout un remède de maux de tête très congestifs avec battements artériels perçus au cou et même dans tout le corps.


VIPERA

La morsure de vipère provoque localement une réaction inflammatoire intense, avec douleur brûlante, œdème de voisinage, avec des taches ecchymotiques et une tendance évolutive vers la gangrène. En outre, faiblesse générale avec sueurs froides et accélération du pouls, troubles de la coagulation sanguine (hémolyse) et paralysies ascendantes pouvant atteindre le bulbe.

L'expérimentation du venin de vipère reproduit une inflammation œdémateuse localisée affectant particulièrement les veines, une congestion du foie avec subictère et tendance hémorragique, enfin des paralysies progressives ascendantes.

Les symptômes de Vipera (Vipera redi ou Vipera torva) sont:

— Un œdème inflammatoire très douloureux affectant les veines et les téguments, enflure localisée, bleuâtre et livide, avec infiltration des tissus; douleurs vives, donnant une sensation de brisure, d'éclatement; pas de sensation de chaleur, parfois même froideur de la peau; aggravation des douleurs au toucher, par la pression et surtout en laissant pendre le membre; amélioration légère par surélévation du membre.

— Une congestion du foie, qui est augmenté de volume, spontanément douloureux et très sensible au toucher; avec jaunisse, urines très foncées et diminuées de volume; tendance hémorragique (ictère hémolytique).

— Une faiblesse paralytique progressive, ascendante, avec diminution (ou abolition) des réflexes. Faiblesse du myocarde avec baisse de la tension artérielle et tendance aux malaises lipothymiques.

Vipera est surtout le remède des inflammations veineuses (phlébite, périphlébite) et d'une façon plus générale des vascularites thrombosantes (artérites, thrombophlébites) avec réaction œdèmateuse locale douloureuse et évolution vers les accidents hémorragiques ou cérébro-médullaires (paralysies).


ZINCUM

Le zinc est un métal peu utilisé en thérapeutique classique mais les sels de zinc sont antiseptiques (et même caustiques lorsqu'ils sont solubles).

L'expérimentation du zinc reproduit une dépression du système nerveux central (surtout psychique) avec hyperexcitabilité neuro-musculaire périphérique se traduisant par des mouvements incontrôlés des extrémités, des spasmes et des tremblements dans les membres.

Les symptômes de Zincum metallicum sont:

— Un épuisement nerveux comme après une période de surmenage ou après une maladie grave, ou après des études prolongées ou des veillées nocturnes, ou comme après une intoxication par abus de somnifères, de tranquillisants ou d'analgésiques. Le malade est lent à comprendre et à répondre; difficulté de coordonner les pensées; baisse de mémoire, baisse de volonté avec parésie et dégoût pour le travail.

— Une hyperexcitabilité musculaire: le moindre bruit fait sursauter; agitation incessante des pieds surtout au repos, en étant assis (et même la nuit en dormant); spasmes et tremblements dans les jambes, tressaillements musculaires; sensation permanente d'énervement, d'impatience dans les jambes qui oblige à les remuer sans cesse. Mouvements convulsifs ou choréiformes des extrémités, de la tête.

— Des troubles de la sensibilité, à type de fourmillements au niveau des jambes et des pieds comme si un insecte se promenait sur la peau. Des douleurs profondes dans le dos, au niveau des vertèbres dorso-lombaires, douleurs tiraillantes et brûlantes (comme des névralgies). Des douleurs brûlantes le long du tibia, ou douleurs perçantes dans un talon.

— Une intolérance au vin et au bruit qui aggravent les trou­bles nerveux et l'hyperexcitabilité neuromusculaire. Les troubles dépressifs sont aggravés par tout exercice physique ou travail intellectuel, par le manque de sommeil, les veillées nocturnes, la conversation .

Zincum metallicum est un remède important de l'épuisement nerveux avec troubles de la sensibilité superficielle et hyperexcitabilité musculaire.

Guide d'homéopathie

du Docteur QUENTIN

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