Introduction

La Médecine est à la fois une Science, la Science qui a pour objet la maladie, et un Art, l’art de soigner les malades.  

Depuis Hippocrate, la médecine a bien changé mais l'homme est resté le même. Pendant des siècles les médecins se sont efforcés de définir et d'identifier les maladies par leurs symptômes, puis de les comprendre et enfin de les classer mais les réactions et les besoins de l'individu luttant pour assurer sa guérison et la cicatrisation de ses lésions sont restés les mêmes trop souvent incompris et négligés.

Si les problèmes de diagnostic posés aux médecins ont trouvé pour la plupart une solution satisfaisante et si beaucoup de maladies graves ont trouvé une explication étiologique exacte, il reste encore des progrès à réaliser pour assurer aux malades une guérison plus rapide grâce à des soins plus efficaces, mieux adaptés aux besoins profonds de chacun d'eux.

La maladie étant définie comme une altération dans la structure ou dans les fonctions des organes, il faut reconnaître que la médecine s'est toujours plus intéresse aux maladies lésionnelles et aux maladies graves qu'aux troubles de la fonction d'un organe et aux problèmes de santé qui sont le lot quotidien des individus.

A l'image de la hiérarchie médicale la pathologie (cette partie de la médecine qui étudie les maladies considérées en elles-mêmes) a une structure pyramidale de plus en plus accentuée. A la base: les maladies banales et bénignes, qui ne sont pas toujours les plus simples à traiter. Au sommet: la Médecine dite de pointe, c'est-à-dire la Médecine hospitalière de plus en plus spécialisée, de plus en plus scientifique et instrumentale. Et dès le premier abord on s'aperçoit que l'idée que se font de la maladie les médecins d’hôpital est très éloignée de celle que s'en font les médecins de ville.

Pour les premiers, il n'existe de maladies dignes de ce nom c'est-à-dire d'être enseignées que les maladies lésionnelles. Pour eux il n'existe de maladie que dans la mesure où les altérations qui la caractérisent peuvent être mesurées ou chiffrées en laboratoire, observées sous l'écran d'un appareil de radiologie, sous l’objectif d'un microscope ou à travers les lentilles d'un appareil d'endoscopie.

Une telle conception écarte et néglige un vaste secteur de la pathologie. Entre l'état de santé et l'état pathologique, la frontière est très difficile à fixer, et pour le médecin des familles la notion de maladie a d'autres dimensions que celles que lui reconnaissent ses confrères hospitaliers.

Pour lui, est malade tout individu qui à un moment donné éprouve la sensation qu'un changement est intervenu dans l'activité normalement silencieuse de ses organes. Est malade tout individu qui a la conscience pénible d'un état différent de son état habituel. Est malade - dans toute l'acception du mot - l’individu qui a la conscience pénible de l'être... La santé est un état d'équilibre précaire main tenu par le jeu - toujours silencieux - de phénomènes physiologiques incessants et complexes; la maladie est le résultat de toute modification bruyante de cet équilibre sous l'influence d'agressions quelconques venues de l'extérieur; et chaque maladie est caractérisée par un ensemble de symptômes adaptés à la nature de l'agression mais aussi à la forme de la réaction de défense de l’organisme.

Cette définition pragmatique est très éloignée du concept hospitalier et deux médecines semblent coexister: une médecine de ville réservée à la masse des affections réputées bénignes, aux malaises ou souffrances sans gravité apparente, immédiate ou lointaine..., et une médecine d'hôpital, très valorisée, réservée aux maladies graves nécessitant une compétence et des thérapeutiques particulières. Le prestige des uns tend à masquer injustement la compétence, l'utilité, l'efficacité quotidienne des autres.

Nul ne conteste que la diminution de la mortalité infantile et l'augmentation de la longévité moyenne de la population ne soient dues aux progrès de la Médecine hospitalière. Mais en contrepartie l'élargissement considérable du champ des connaissances dans le domaine des sciences médicales et le coût de plus en plus élevé des techniques instrumentales de diagnostic et de traitement ont précipité une évolution vers le découpage de la pathologie et le cloisonnement de la médecine par la multiplication des spécialisations; une évolution vers une centralisation excessive de la Médecine à l'intérieur des grands centres hospitaliers où les malades fonctionnels et leurs médecins traitants font figure d'étrangers; une évolution vers une thérapeutique impersonnelle visant à combattre des maladies ou des symptômes plus qu'à soigner individuellement des patients; une évolution vers une médecine chiffrée qui préfère trouver la clé du diagnostic en interrogeant des instruments plutôt que /es malades.

En réalité les progrès de la médecine ne sont pas liés à la seule amélioration des connaissances fondamentales, scientifiques de la médecine; ni au perfectionnement des manipulations instrumentales, des examens de laboratoire ou des techniques chirurgicales d'avant-garde les plus audacieuses; ni à la découverte de substances médicamenteuses plus efficaces au prix d'une toxicité accrue ou d'effets secondaires mal connus.

Il a été établi que plus de 90% des actes médicaux sont effectués hors du cadre des centres hospitaliers universitaires et les progrès de la médecine sont liés également à une meilleure connaissance de ces maladies de tous les jours qui forment la masse des motifs de consultation en ville et Pour lesquelles les malades consultent de plus en plus souvent, de plus en plus nombreux grâce à l'amélioration générale des conditions de vie. Ces maladies ne sont bénignes que rétrospectivement, en cas de guérison rapide et totale, représentent le secteur le plus vaste de la pathologie générale. Ne pas les reconnaître ni les traiter efficacement aboutit à maintenir élevé le nombre des malades voués à l'hospitalisation, malades atteints d'affections évoluées qui altèrent non plus la fonction mais la structure même des organes et des tissus. Les maladies d’hôpital sont et devraient rester des maladies d'exception.

La médecine commence au niveau du médecin praticien et la pathologie enseignée dans les centres hospitaliers et universitaires ne donne pas une idée exacte de la diversité et de la fréquence réelle des maladies graves ou bénignes traitées hors de l’hôpital. L 'expérience très vaste du médecin de ville est aussi nécessaire aux malades que les connaissances approfondies mais renfermées dans un cadre étroit des spécialistes.

Les progrès de la médecine ont permis de remonter des symptômes du malade au diagnostic des maladies mais le malade est de plus en plus considéré comme le simple support d'une maladie à traiter, et la prescription systématique des examens de laboratoire prend une place excessive dans l'acte médical au détriment de l'interrogatoire du patient. Normaliser des taux d'acide urique dans le sang, ou de sucre ou de cholestérol, ce n 'est pas traiter un malade atteint de goutte ou de diabète ou d'artériosclérose. Les résultats chiffrés des examens de laboratoire ne sont que le témoin, le reflet d'une maladie complexe; ne sont que les effets et non la cause d'une certaine maladie à étudier et à traiter. Traiter les apparences ou les effets d'une maladie ne procure que les apparences d'une guérison et une sécurité trompeuse.

Pour passer de la médecine des diagnostics qui fut celle du siècle dernier et de la thérapeutique des symptômes qui est encore d'actualité à une Médecine des malades plus proche d'eux et plus efficace, il faut préconiser une thérapeutique qui ne soit plus seulement axés sur les maladies et leurs symptômes mais qui s'intéresse enfin aux réactions de défense, aux processus de guérison et aux besoins profonds de ceux qui luttent pour leur guérison.

Il faut s'intéresser non plus seulement aux maladies mais de nouveau aux malades.


Guide d'homéopathie

du Docteur QUENTIN

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